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   B L A C K R A I N

Juillet 2013



BlackRain (fierté ou honte française selon les affinités politico-religieuses de chacun) ayant signé avec Sony, c'est dans les beaux locaux parisiens du label qu'ils sont invités à faire la promotion de leur album « It Begins », et UltraRock est convié à s'entretenir avec Swan Hellion, leur virulent vocaliste, et « Franck F », batteur accueilli dans le quatuor après la sortie de « Lethal Dose », troisième et dernier album de ce qu'il convient désormais de qualifier d'« ère pré-France a un incroyable talent » du groupe…

(UltraRock) Et bien moi je vais commencer par la question qui fâche : que diable êtes-vous allés faire à « La France a un incroyable talent » ? Plus d'un fan de BlackRain l'a très mal pris !

(Franck F) Ils l'ont pris comment ?

(Swan Hellion) [ndlr : en tirant vraiment la gueule] Bah mal, quoi. C'est vachement dommage.

(UR) Et des fans dont des die-hard des débuts…

(SH) Nous on est super contents d'avoir fait l'émission, ce n'était que bénéfique, tu vois. C'est pour ça qu'aujourd'hui on fait l'interview ici chez Sony… Donc si on n'avait pas fait ça, déjà, on n'aurait pas passé la marge du dessus, et donc je ne sais pas si on serait encore en train de jouer. Parce que je ne sais pas si tes amis qui sont déçus sont bien aware de comment ça se passe quand on fait de la musique aujourd'hui : c'est pas facile, on n'a pas de taff, on galère grave. On a tout lâché, nous, pour faire ça, et il faut bien se dire que c'est vraiment la merde. Donc si on n'avait pas fait ça et qu'on ne signait pas avec Sony à la sortie de l'émission, on arrêtait de faire de la musique, clairement… !

(FF) On a bien réfléchi, avant de faire cette émission, avant même de faire les castings : et en pesant le pour et le contre, en ayant l'équipe qu'on avait, on avait tout à gagner. Et maintenant, tu vois, on a bien gagné parce qu'on a passé le premier tour, les finales…

(SH) Il faut te dire que, quand on nous a proposé ça on était sceptiques, on ne savait pas, vu l'image que M6 donne aux groupes de Metal, aux gothiques, à tout ce que tu veux… Enfin, ils les font souvent passer pour des débiles, des gars stupides, donc on avait vraiment cette appréhension. Et après c'est passé parce qu'ils nous ont dit, en discutant avec la production, qu'on pouvait jouer nos chansons de la manière dont on les joue d'habitude – à part la durée de la chanson qu'on était obligés de réduire, mais bon ça, pour n'importe quelle émission télé, tu es obligé.

(FF) Et puis si ça peut faire plus de Rock sur les chaînes, c'est tout bénef'. Ça peut démocratiser encore un peu plus…

(UR) Mais ça revient à légitimer ces émissions, raison pour laquelle je fais partie de ces gens qui l'ont mal pris.

(SH) Non pour nous c'était vraiment le seul moyen de toucher un public plus large. Parce que tu ne peux pas vivre de ta musique ici en faisant du Rock en touchant uniquement la fan-base de Hard Rock qui ne lit que les magazines spécialisés, ou les webzines spécialisés, ce n'est pas possible. En même temps, dans tous les autres pays, nos potes qui ont des groupes ou des gens qu'on connait, ils passent aussi à la télé et ça ne pose aucun problème.

(FF) Même les bons vieux groupes là, Mötley Crüe, sont un peu passés par des choses similaires… Mais bon, on finit par oublier ce genre de choses après.

(UR) Bon, j'ai beau l'avoir mal pris aussi, ça ne m'a pas empêché d'écouter « It Begins » et ça va être notre sujet du jour…

(SH) C'est surtout ça qui est important en fait !

(UR) Mais ça en a poussé certains à le boycotter, tu sais ?

(FF) … chacun ses goûts, hein.

(UR) Donc : on a donc un album produit par Jack Douglas et mixé par Warren Huart dans leur studio, ce qui nous fait exactement l'équipe du dernier Aerosmith ! Il y a des chances que vous l'ayez écouté : vous en pensez quoi ?

(SH) Moi personnellement je trouve que la prod est super. Après je ne suis pas total fan des chansons, enfin il me semble qu'il n'y a pas vraiment les tubes qu'ils ont fait par le passé, du genre tous les tubes qu'il y avait sur par exemple un album comme « Get A Grip ». Je trouve que c'est bien mais que c'est pas… génial.

(FF) Il y a un super son, il y a des bonnes idées, mais il y a des morceaux un peu…

(SH) Moi je trouve quand même que c'est même vachement bien d'arriver à faire un album comme ça à leur âge, quand ils n'ont – j'imagine – pas la même façon de travailler que dans les vieux jours, où ils étaient tout le temps ensemble en studio, en tournée… Je pense que c'est quand même pas mal, quoi. Après, je ne pense pas que ce soit un album bourré de tubes, voilà.

(UR) De ce que j'ai suivi de la genèse de « It Begins », Jack Douglas a été assez impliqué, participant notamment à la sélection des titres destinés à figurer sur l'album…

(SH) Oui, au départ on est arrivés avec pas mal de démos. Donc déjà, nous, on a trié (avec plusieurs personnes autour de nous) pour savoir lesquelles garder. Donc au final on a eu 15 morceaux qu'on était tous d'accord de garder et qu'on trouvait vraiment tous bien. Au final on n'en a gardé qu'onze sur l'album que tu as écouté, et il y en a 3 autres qui restent en tant que bonus pour d'autres pays. Et oui, il a donné son avis sur certaines chansons avant l'enregistrement, parce qu'il y en avait qui étaient peut-être moins à la hauteur que d'autres.

(FF) Il y en a qu'on a remaniées avec lui, même, qu'on n'a pas forcément mis sur l'album…

(SH) Mais bon, c'est un choix, à chaque fois c'est collectif hein, c'est pas Jack Douglas arrive et dit « ça oui, ça non »…

(FF) Il y a toujours le pour et le contre qui sont pesés.

(SH) Tout le monde s'est investi dans la décision finale.

(UR) L'album a été mis en route avant votre passage chez Sony, mais c'est un gros changement, après trois disques auto-produits… Comment envisagez-vous l'après-« It Begins » ?

(SH) On nous a tellement annoncé de choses qui, chaque fois à la dernière minute, étaient annulées, on a tellement eu de déceptions, que maintenant on ne s'emballe plus du tout, quoi. Là on vient de signer, l'album sortira le 10 juin, donc ça fait quand même dans 2 mois [ oui, ça date  J ] … on verra, quoi. On ne s'emballe pas plus que ça, mais on est contents d'avoir franchi le pas et d'être sur une major, c'est sûr. Ce qu'on voit pour le moment c'est qu'il y a une grosse structure, maintenant on a des gens qui nous encadrent, si on a besoin de quelque chose on peut demander, on nous aide, pour tout, pour les clips, pour… enfin ça nous évite de tout faire par nous-mêmes comme on l'a fait tout le temps avant. Donc c'est quand même un gros soulagement par rapport à ça. Après, on va voir après la sortie de l'album comment ça va se passer.

(UR) Vous mentionnez les clips, vous en finalisez justement un…

(SH) Oui ,il sortira ce soir sur l'Enorme TV en avant-première à 20h50, et donc c'est pour la 1 e chanson « Blast me up ». Donc c'est avec des images de Live, et d'autres qu'on a tournées dans un endroit qu'on fréquente souvent à Paris, avec un ring, donc voilà… après faudra regarder le clip ! Donc les images de Live c'est tiré du Bataclan et du Splendid à Lille, deux dates qu'on a faites en janvier.

(UR) Rentrons dans le vif de l'album avec ce titre, tiens : « Blast me up », ainsi qu'un ou deux autres titres peut-être, est même beaucoup plus Rock que vos standards, Rock dans le sens AC/DC.

(FF) Un peu plus simple…

(SH) Peut-être pas plus simpliste mais en tout cas ça fait une peu penser à AC/DC parfois, c'est sûr je suis d'accord. Enfin c'est pas fait exprès non plus, ce sont des chansons, tu sais, on les fait comme ça…

(UR) Mais même sur le plan plus général, ce disque est un cran au-dessus dans le Hard Rock pur, alors que les 3 précédents étaient chacun un cran en dessous dans le Heavy.

(SH) Si tu prends le 1 e album…

(FF) Le premier, là, ouais…

(UR) Sur « Lethal Dose » déjà il n'en reste plus que des lambeaux.

(SH) Mais bon tu remarqueras qu'à chaque album c'était différent de toute façon je pense…

(UR) Il y avait des éléments qui disparaissaient comme le Heavy, d'autres qui apparaissaient comme ce Rock, par doses…

(FF) On fait plus du Rock parce qu'on le sent bien, mais il y a des morceaux qui ont des ambiances complètement différentes, il y a des ballades et puis il y a, comme tu disais moins Heavy, le morceau « Tell me » [ndlr : certes pétardant mais pas Heavy pour un sou] qui rappelle un peu justement tout ce coté là qui était d'avant, bien rapide, avec un refrain qui prend bien…

(SH) Mais il y a une évolution, moi je l‘ai toujours dit, à chaque fois, à chaque sortie d'album, ce n'est pas voulu, c'est la manière de composer.

(UR) Un élément bien nouveau, lui, est l'orchestration très théâtralisée de « Re-evolution / new generation ».

(SH) Oui ! ce n'est pas non plus forcément voulu, c'est Max [ndlr : guitariste] qui avait ce riff du départ en guitare acoustique, ça m'a tout de suite inspiré puis en une après-midi on avait fait à peu près le morceau, et après on a mis beaucoup de temps à le finaliser, ça changeait…

(FF) … pour l'orchestration sur le pont surtout.

(SH) Puis on a demandé à Jack d'intervenir d'ailleurs parce que ça a un côté vachement musique de film. Comme il fait beaucoup de ça on l'a laissé rajouter pas mal d'instruments sur le pont, et c'est vrai que ça ressort vraiment, il y a un gros côté musique de film au final. Mais j'espère qu'on va faire plus de chansons comme ça dans le futur [ndlr : en voilà une bonne idée], moi c'est une de mes préférées… J'aime vraiment ce côté-là, et puis je trouve que ça ne ressemble à rien d ‘autre, ce n'est de la copie de rien, donc je trouve ça vraiment très bien.

(UR) C'est la plus intéressante, c'est sûr… Et elle vient donc de Max à l'origine, qui signe aussi « Dancing on fire » : il a la forme en ce moment.

(SH) Oui, tout le monde essaie de ramener ses idées. C'est vrai que je compose plus de chansons que les autres, mais dès que les autres ont des idées, des trucs… Bon après faut que ça me parle, parce que en général ils ramènent des choses mais pas forcément finies, donc il faut que je puisse travailler dessus, et pour ça il faut que ça m'inspire ! Donc ce n'est pas le cas pour tout ce qu'ils ramènent, mais en tout cas plus ils en ramènent, mieux c'est ! C'est bien que tout le monde ramène ses idées, qu'il y ait de tout dans l'album.

(UR) Ce disque apparaît après quasiment 10 ans de BlackRain…

(SH) Et oui ça passe vite !

(UR) Vous êtes désormais bien loin d'Annecy…

(SH) Ah oui, ça fait 3 ans qu'on a bougé.

(UR) Est-ce que des échos vous parviennent de là-bas sur BlackRain aujourd'hui ? Annecy n'étant pas la ville à avoir vu naître le plus grand nombre de groupes de Hard, on peut penser que les gens vous ont suivi avec intérêt…

(SH) Non c'est sûr, mais il y a quand même énormément de formations Metal et Hard Rock, Rock et tout ce que tu veux là-bas. Et bien les échos ça va, on a énormément de fans là-bas ! Il y en a forcément des comme toi qui étaient peut-être mécontents quand on a fait l'émission télé, mais c'est quand même une minorité. Je conçois que ça ne plaise pas à tout le monde, et quand ça ne plait pas, il faut pas suivre et puis voilà.

(FF) Il y aura pas mal de concerts pour se rattraper tu vas voir ! On va bouger t'inquiète pas!

(SH) En tout cas les échos de là-bas moi je sais quand on y retourne c'est toujours très…

(FF) … vachement contents, quoi.

(SH) En tout cas moi je sais que les gens me reconnaissent plus là-bas que à Paris.

(FF) Surtout qu'en général il y en a tout le temps qui disent qu'ils se sentent impliqués et tout…

(SH) Exactement. Quand tu fais une émission comme ça, que tu es à Paris et que les gens d'où tu viens regardent, il y a tout de suite un côté patriotique, les gens sont contents… ils sont fiers, quoi.

(FF) Même en allant à St Denis, d'ailleurs ! Ouais ouais ça nous est arrivé ! Ils étaient contents aussi là-bas.

(SH) Non c'est plutôt positif, par rapport à là-bas.

(UR) Vu de Paris, Annecy est très associé à BlackRain, donc je me demandais comment les gens le voyaient de l'autre côté.

(SH) Euh, je ne sais pas… Nous on est de là-bas donc c'est dur de dire parce qu'on n'a pas le recul nécessaire je pense, parce que nous on connait tout le monde donc on sait qu'il y a plein de groupes. Enfin tu vois il y a Dominique Leurquin, le bassiste de Rhapsody [ndlr : guitariste occasionnel de 2000 à 2011, à part entière dans le Rhapsody de Turilli] … il y a quand même pas mal de monde à Annecy. Et puis après, juste à côté, à Genève tu as l'excellent guitariste [Christophe] Godin.

(UR) J'ai une question plus anecdotique : en février ou mars vous avez croisé Lordi au Hard Rock Café.

(SH) Ouais, complètement. C'était très court mais c'était juste histoire de faire une photo, donc on a juste discuté quelques minutes mais c'était marrant, il m'a tout de suite demandé comment ça s'était passé la télé parce que, même si ce n'était pas la même émission, c'est quasiment le même genre d'expérience, donc on a discuté un peu de ça, et on ressent à peu près pareil, quoi. Donc je ne sais pas par exemple toi ce que tu en penses ?

(UR) Lordi à l'Eurovision ? A la base ça me gêne autant ! Après, ils l'ont remporté… c'est tellement énorme que j'ai tendance à prendre ça au second degré : des Hardos vainqueurs de l'Eurovision ! Une vaste blague, quoi…

(FF) Il y avait Keep Of Kalessin aussi, je crois là-bas à l'Eurovision [ndlr : en 2010] , groupe de Black Metal, encore au-dessus dans le monde des puristes !

(SH) Mais bon c'est quand même important qu'il y ait des passages télé je pense, parce qu'autrement ça restera ce que ça reste dans ce pays, et le Rock ne sortira jamais, et puis il n'y aura jamais un groupe qui sortira. Les années passent et à un moment les groupes abandonnent tous parce qu'ils ne peuvent pas en vivre. Donc c'est dommage, je trouve, d'enfermer ça dans l'underground total. C'est d'autant plus dommage qu'en fait dans les autres pays ça ne se passe pas comme ça, et c'est pour ça qu'il en sort de partout, voilà !

(UR) Bon, pour finir, je vous propose deux questions, très générales, qu'UltraRock aime poser à ses interviewés : la première est de recueillir vos récentes découvertes musicales.

(SH) Moi c'est justement ce qui me manque en ce moment tu vois ?

(FF) Ben on connait bien Hardrock Superstar mais on a été…

(SH) Hardcore ! mais pourquoi pas…

(FF) C'est l'association de Ultrarock et Hardcore Superstar ! Mais enfin voilà c'était cool d'entendre des nouveaux sons d'eux.

(SH) Mais c'est le nouvel album, pas un nouveau groupe. C'est de nouvelles découvertes dont tu parles vraiment ?

(UR) … plutôt des nouveaux groupes mais pas que, aucune importance.

(SH) A chaque fois qu'on me pose cette question sur le coup je sais jamais répondre, car il n'y a rien qui me vient. En tout cas en ce moment je peux te dire que je suis assez en dech' de nouveauté, et j'aimerais bien découvrir de nouvelles choses.

(UR) En France ou à l'étranger?

(SH) De n'importe où, moi ça m'est égal. De nouvelles choses qui te donnent envie de bouger, de faire de la musique… C'est important en tout cas régulièrement, parce qu'après on ressasse les vieux trucs…

(FF) Bon après on peut aussi voir dans des trucs un peu plus Rock, un peu plus Blues mais bon… Pour reprendre les influences à la source et pour ensuite rajouter du BlackRain dessus. Ça aussi c'est bien.

(SH) Ce qu'il faut te dire c'est qu'on n'écoute pas que du Metal ou que du Rock, on écoute vraiment de tout. On peut trouver des bonnes choses partout.

(FF) [un bon gros Rap s'élève de la pièce d'à côté] Bon ça c'est pas le dernier album hein ! Ça n'a rien à voir.

(UR) C'est pas l'un des trois bonus dont vous parliez ?

(SH) Mais bon ça par exemple c'est des choses que je n'aime pas découvrir !

(UR) Oh non moi non plus. En revanche le Blues que tu mentionnais évidement que oui : écoutant du Hard Rock…

(FF) [avisant les ongles à ma main droite] Bon toi déjà à mon avis tu dois être un guitariste classique.

(UR) Bien vu ! Bon, passons à ma seconde question : votre opinion sur le téléchargement illégal ? Notre « Monsieur UltraRock » s'intéresse à la question…

(SH) C'est vrai ? c'est quoi sa position ?

(UR) Lui c'est un anti ! C'est donc intéressant de recueillir les avis de groupes variés.

(FF) Nous on regarde de temps en temps, il y a des sites où tu peux trouver énormément d'albums, de tout, et j'ai fait une recherche aussi sur BlackRain on trouvait pas mal de noms. Donc…

(SH) MatH [ndlr : leur bassiste, fortement impliqué dans le management] est assez calé là-dessus, mais nous ce qu'on en pense c'est que les maisons de disques – et tout le monde en fait – pourraient très bien bloquer tout ça et, s'ils ne le font pas, je ne sais pas mais c'est qu'il doit y avoir une raison. Alors il est peut-être trop tard, mais ils auraient pu bloquer. Il y a des pays où c'est bloqué. Quand on avait été tourner au Japon – il y a quand même déjà des années – c'est impossible de télécharger là-bas. Et enfin je ne vois pas pourquoi ce n'est pas illégal ici, il y a bien des raisons économiques ou quelque chose quelque part… Voilà, tout le monde se plaint, mais peut-être qu'ils auraient du faire des choses avant...

(FF) Tu peux trouver de la musique sur tous ces sites-là, sur les sites où tu vas télécharger des logiciels, sur youtube où tu trouves des albums entiers…

(SH) Après, est-ce que vraiment les gens qui téléchargent auraient acheté l'album ? Tu ne sais jamais vraiment.

(FF) S'il y en a dans le tas qui après viennent aux concerts, qui veulent soutenir le groupe en portant nos couleurs, et tout… C'est assez délicat comme question à se poser finalement, parce que c'est vrai que les disques se vendent moins…

(SH) Moi je pense que celui qui veut vraiment acheter l'album il l'achètera. Après ça fait forcément perdre quelques ventes, c'est sûr, mais je sais que pour moi il y a des bons côtés aussi : à l'époque j'achetais plein de CDs et j'étais souvent déçu parce qu'il n'y avait qu'une chanson de bien. Maintenant, je les télécharge d'abord et après je vais acheter si le reste du truc est comme le single. Il y a du bon et du mauvais… mais en tout cas je suis persuadé que s'ils voulaient, les plates-formes pourraient être bloquées ! Et ça arrivera sûrement de toute façon à un moment ou à un autre.

(UR) Et à votre niveau vous avez déjà pâti – ou profité – de la situation ?

(SH) Non je ne pense pas, on n'est pas assez gros comme groupe pour ressentir des effets nocifs…

(FF) On ne sait pas combien ça pourrait amputer les ventes ou l'implication des fans, pas encore.

(SH) On ne vendait pas assez avant que ça arrive pour sentir une perte ou un truc comme ça, au contraire. Nous ça va comme ça pour le moment mais c'est quand même petit... C'est pas comme si on gagnait des millions et qu'on faisait une grosse perte de bénéfices, c'est pas du tout notre cas… Nous au contraire ça a été bénéfique pour nous parce que les gens peuvent découvrir plus facilement la musique, au départ.

(FF) Après c'est sûr que les gros groupes et les groupes de taille plus modeste, eh bien… ça peut être imputable. En même temps les gros ils ont déjà fait leur carrière. Les nouveaux artistes, eux j'en sais rien.

(SH) C'est sûr que pour les gros groupes comme ça qui perdent de l'argent, c'est dur, parce que comme je te disais tout à l'heure le public ne se rend pas vraiment compte de ce qu'est le travail d'un groupe, ce que c'est que de faire des chansons et de ce qu'il y a tout autour parce qu'il n'y a pas que faire des chansons ! Et puis c'est beaucoup beaucoup d'heures en studio, chez toi à faire des trucs, et c'est beaucoup plus d'heures, en fait, la plupart du temps, que pour quelqu'un qui travaille à l'usine, tu vois ? Mais ça les gens ne s'en rendent pas compte du tout et ils n'en sont pas conscients. Et c'est sûr que si tu perds encore de l'argent après au final… tu le prends mal, quoi ! Je le conçois tout à fait.

(UR) Oui vous n'êtes pas les premiers à faire ce retour, en plus de l'aspect financier : la mécompréhension du public qui ne voit pas ce que coûte un disque.

(SH) Bah non les gens ne se rendent pas du tout compte ! Et puis, en fait, ça ne sert à rien de leur montrer l'envers de la scène parce que le but aussi c'est de faire rêver les gens et de leur donner une image positive. Alors si tu leur montres toute la merde derrière, ce n'est plus marrant, non plus. Mais c'est vrai qu'ils n'en ont absolument pas conscience, ils croient que c'est de la branlette et que tu gagnes direct des millions. Mais ce n'est pas le cas… Déjà pour gagner un peu d'argent tu mets des années et des années! Après, c'est sûr que si tu commences à en gagner et que derrière les gens téléchargent comme ça et qu'ils te niquent ton travail, et bah c'est un peu vexant quoi.

(UR) Bon, sujet moins polémique : avez-vous déjà des projets post-signature ?

(SH) On a le planning promo, on commence à travailler avec un tourneur, il y a déjà une date parisienne qui est annoncée [ndlr : le 22 novembre au Divan du Monde] , donc il faut qu'il y ait une tournée après qui arrive derrière… Ça ne va pas être tout de suite.

(FF) On va voir suivant les ventes de l‘album. En tout cas il y a de très bonnes perspectives… on ne peut pas parler de tout, étant donné que tout n'est pas figé…

(SH) Et puis on attend aussi les résultats, parce que pour l'instant c'est Sony France, on attend de voir ce que disent Sony en Allemagne, en Suède, dans les autres pays, pour voir s'ils vont faire la promo aussi de leur côté. De toute façon après, ce qu'on espère c'est de voir si on a une tournée européenne avec un gros groupe, ça serait vachement bien. Donc on verra, on ne va rien dire tout de suite… On ne dit plus rien à l'avance comme ça ! Pour l'instant on est dans la promo. On va sûrement refaire des clips.

(UR) Niveau clips, justement ? Tu disais tout-à-l 'heure t'attendre à ce que ce soit plus facile…

(SH) On va en discuter tous ensemble… On a nos idées, on espère au moins en faire un ou deux, qui seront beaucoup mieux encore que celui qu'on va sortir ce soir… Et voilà, pour l'instant c'est surtout de la promo – ce qui est normal.

(UR) Eh bien rendez-vous dès ce soir pour le clip !

Et voilà, sur ces incessantes notes rappées s'échappant d'à-côté (nous sommes bien chez Sony) s'achève une interview parfois tendue vu le « sujet qui fâche », mais assez enrichissante sur ce groupe à la réputation pas franchement agréable, réputation qui se révèlera à mes yeux bien peu méritée à en juger par cette expérience, le groupe prenant même le temps d'échanger quelques mots avant de nous quitter (m'apprenant à ma grande déception qu'ils n'ont même pas pris le temps d'échanger avec Jack Douglas sur son expérience d' « Imagine » en tant qu'ingé-son… ah c'est bien la peine de foutre aux gens des producteurs légendaires !).

THE OUTCAST 

 

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