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B L A C K R A I N

Propos receuillis par Stone en Février 2016


Le 25 Mars prochain sortira « Released », le nouvel album de Blackrain. A cette occasion, les quatre Rockeurs se sont prêtés au jeu de l'interview afin de nous présenter le successeur d' « It Begins ». C'est donc à l'arrière d'un van aux couleurs du groupe que Frank (Batterie) et Math (Basse) ont répondus aux questions d'Ultrarock dans une ambiance détendue.

UR : Du coup, vous sortez un nouvel album en mars prochain…

Math: Oui c'est ca, tu es bien au courant dis donc! (rire)

Première chose, vous l'avez financé via une campagne Pledge ce qui était une première pour vous, de plus ça a cartonné, est ce que vous vous y attendiez ?

Math: Et bien non en fait, au départ quand tu fais ça tu jettes un peu une bouteille à la mer parce que tu te dis: « bon bah là il va falloir financer un nouvel album… », et on voulait absolument le faire avec Jack Douglas donc il fallait partir aux Etats Unis, ce qui coûte quand même une somme. Les labels ne donnent plus rien donc on s'est dit, bon bah on va demander, et on s'y attendait pas parce que ça a été super rapide en fait. Ca fait super plaisir de te dire qu'il y a autant de monde qui te suit et qui est prêt à mettre de l'argent dans tes projets. Il y a une fille qui a mis 1000 euros pour une chanson, putain quand même c'est une somme énorme !!

Frank: Il y a aussi eu une guitare de vendue, et c'est une guitare de luthier (Capelli,) donc assez chère. On sait qu'on a des fans mais on ne savait pas qu'ils étaient à ce point-là dévoués.

Il y a quelque chose que j'ai bien aimé quant à cette campagne, c'est que vous avez vraiment pris le temps d'expliquer en détail via une vidéo pourquoi vous la faisiez, est ce que vous ne trouvez pas ça dommage que certains groupes choisissent ce moyen par facilité sans s'en donner les moyens ?

Math: Et bien écoute, c'est quand même notre cinquième album, les moyens nous nous les sommes donnés et il faut bien dire que l'argent que nous avons récolté via Pledge n'est qu'un pourcentage de l'album. Quand tu pars aux Etats unis et que tu enregistres avec un mec comme Jack Douglas ça coûte bien plus, donc c'est un supplément car il y a une grosse partie qui a été mise de notre poche. En fait je trouve qu'il n'y a même pas de polémique parce qu'actuellement c'est pour moi le meilleurs système qui existe, c'est à dire que de plus en plus, on se dirige vers ca. Par exemple je ne sais pas si tu as entendu parler des AMAP, quand tu veux acheter de la nourriture Bio. Et bien il y a des agriculteurs passent par des sites où tout le monde va prépayer quelque chose et puis il va savoir combien il a exactement besoin de produire et ça lui permet d'être totalement indépendant du système de distribution. Je trouve que c'est l'avenir, donc c'est vachement bien qu'on fonctionne comme ça.

Frank: Il y a aussi le fait d'être proche, les gens peuvent tout de suite agir avec toi. Même si ce n'est pas la même chose, c'est un peu comme les podcasteurs sur Youtube, t'as de la proximité avec le public, c'est complètement dans l'ère du temps, donc finalement ce n'est pas une issue facile parce que tu dois déjà avoir des gens qui te connaissent et qui veulent t'aider.

Math: Non et puis ça doit être comme ça, ce qu'il faut comprendre c'est que l'ancien business il est fini, c'est tout. (rires)

Et justement : ça vous a aidé à anticiper la sortie de voir que vous aviez autant de personnes à vous suivre ?

Math: Ca a aidé comment dire… Déjà ça te met une pression, bon, on donne des dates, là on est en retard mais c'est toujours un peu le cas. Mais ça met une pression pour faire les choses vraiment bien et dans les temps. C'est bien de travailler sous pression quand tu as des dates comme ça, parce que quand tu as un label... Enfin déjà nous n'allions pas continuer avec notre ancien label donc tu dois t‘en trouver un nouveau et ça peut durer deux ou trois ans si tu te mets pas des obligations.

Niveau son j'ai trouvé que cet album à beaucoup évolué, était-ce voulu ou est-ce que ça c'est fait naturellement ?

Math: Nous de toute façon nous sommes toujours en perpétuelle recherche de sons.

Frank: Il y a toujours des morceaux qu'on a envie de faire, de créér, des instruments qu'on veut mettre dedans etc..

Math: Oui et puis au fils des années tu testes pleins de trucs et puis tu te dis: « bon, là on va partir là-dessus ». Sur le prochain album je suis sûr qu'on ne va pas du tout faire ça. On en discute déjà, ce qui est sûr c'est qu'on ne va pas partir aux Etats Unis, on va s'équiper d'un studio et le faire nous-même cette fois-ci. A chaque fois ce sont des étapes à franchir, mais là c'est déjà plus abouti d'aller directement enregistrer dans un studio avec le mec qui va mixer, c'était la première fois qu'on le faisait. D'habitude on enregistrait nous et on l'envoyait au mix dans un second temps. Sur « It Begins », on a enregistré avec Jack à Paris et il l'a mixé quand on était pas là. Là on a suivi toute la chaine directement dans le studio, et ça je pense que ça fait aussi la qualité du son.

Est ce que vous aviez la pression après l'excellent « It Begins » ?

Math: Non parce qu'à chaque fois que tu fais un album tu trouves que finalement, c'est nul. (rires)

Frank: Tu vois tes propres défauts, c'est un peu comme quand tu joues en live, en tant que musicien tu vois ou tu as fait des erreurs et ce qu'il y a à améliorer. C'est cool que tu le trouves parfait, nous même  « Released » on en est super fiers mais si ça se trouve dans deux ou trois ans on va se dire qu'il est plein d'imperfections.

Personnellement il y a certaines parties qui m'ont fait penser au tout premier Blackrain, plus heavy avec pas mal de double pédale.

Math: Ah oui complétement! On est revenu à des trucs qu'on aime bien.
Frank: On se fait plaisir en plus de faire plaisir aux autres!

Math: Non mais tu fais le tour, c'est qu'à un moment tu te dis: « Tiens je vais tester autre chose » et puis à la fin tu te dis: « finalement si on a créer un groupe c'était aussi pour mettre de la double à fond à des moments».

Vous venez de signer chez UDR qui est un label majeur sur le marché du métal, quelles sont vos attentes ?

Math: Nos attentes.. Alors en fait l'histoire c'est qu'on a discuté avec notre tourneur Gérard Drouot juste avant l'album parce qu'on veut tourner plus, on tourne pas assez. Et il nous a dit: «Bon les gars c'est simple, déjà en France si vous voulez tourner je peux vous trouver au maximum 15 dates, mais c'est tout. Et si vous voulez aller plus loin il faut que votre musique passe à la radio, c'est comme ça que les festivals vous prendront ».

Frank: On a envoyé plus d'une centaine de mails auprès des festivals et on a jamais eu de réponse, il faut vraiment passer par ce circuit là.

Math: Oui et il nous a dit que la seule solution était de trouver une structure étrangère, un gros label indépendant à l'étranger. Donc on a frappé à toutes les portes et on a eu de la chance parce qu'UDR c'est vrai que c'est quand même assez énorme, ça a beau être le label de Mötorhead, bon c'est fini c'est vrai mais il y a toujours Alice Cooper. Mais c'est aussi les patrons du Wacken, ce qui est quand même énorme.

Donc Blackrain au Wacken.

Math: On espère bien ! (rire)

Concernant l'artwork, est ce que les menottes ouvertes symbolisent une prise de liberté par rapport au passé ?

Math: Oui totalement, c'est le but, c'est un petit clin d'śil vis à vis du passé. On a en effet changé une partie de l'équipe autour de nous. Cependant, ça parle de ca mais pas que. Je pense que c'est aussi parce qu'a un moment donné tu vieillis quand même un tout petit peu et.. Au départ tu veux faire comme tes idoles, nous quand on a commencé, on était vraiment les Mötley Crüe de Haute Savoie, c'est à dire que les gens nous connaissaient tous, quand on allait dans les bars c'était de la folie, on a engrangé plein de monde au début, mais après t'arrive à Paris et c'est plus pareil. Comment dire, l'ambiance n'est plus à la même fête, déjà Paris ne se prête pas à ça. Et puis tu veux ressembler à tes idoles mais à un moment tu te dis que tu vas juste faire ce que tu aimes, que tu vas être comme tu es et tu mets du temps à devenir toi-même finalement. Je pense que c'est aussi ça. Cet album vu la variété, c'est assez dur de le classer, une chanson comme « Killing Me » est vachement différente de tout ce qu'on a fait avant, on a fait vraiment notre truc et c'est aussi une libération artistique !

Au niveau du look aussi..

Math: Oui voilà pareil!

Frank: C'est plus simple.

Vous étiez associés à un look qui ne vous correspondait pas ?

Math: Disons qu'à un moment on s'est retrouvé dans un truc qui n'était même plus ce qu'on voulait faire et puis on en était à un point ou les gens n'allaient même pas écouter notre musique à cause du look. Alors tu as les fans qui connaissent le truc etc. Mais aujourd'hui t'es classé dans tel ou tel style et j'ai horreur de ça parce qu'il n'y a plus de possibilités. T'existes donc t'existes là, ou là, et tu ne peux plus aller ailleurs. A un moment quand c'est trop marqué et qui plus est marqué d'une époque ancienne etc. et bien les gens ne viennent même pas écouter ta musique.

Frank: Déjà rien que le fait d'avoir les cheveux longS, on a encore eu un cas la semaine dernière d'un barman qui nous disait « Ah bah tiens j'aime pas trop ce que vous faites
- Mais t'aimes bien AC/DC ?
- Ouais j'aime bien AC/DC mais pas ce que vous faites.
- Et t'as écouté ?
- Non en fait j'ai pas écouté. »

Et tout ça à cause de l'apparence, même ce dont Math parlait, j'ai été au Japon et j'en ai profité pour aller voir quelques labels, il y en a certains qui n'ont même pas pris la peine d'écouter juste par rapport au look. Alors après, c'est sûr, quand on portait des plumes et plein de conneries ça peut ennuyer des gens.

Math: C'était marrant aussi à un moment !!

Frank: C'était marrant mais c'est tombé dans l'outrance.

Oui, votre passage télé a aussi été jugé là-dessus plus que sur l'actuelle musique.

Math: Oui un peu trop. Mais voilà quand tu veux passer à la télé tu te dis que tu vas en faire un maximum. La réalité c'est que ça bloquait pour la musique !! Et nous à la base on est des musiciens donc ce qui nous importe c'est que les gens écoutent notre musique. A la limite qu'on ne retienne pas notre gueule c'est pas grave mais c'est un plus, quand tu te présentes sur scène, tu ne te présentes pas comme si tu allais au boulot, c'est à dire que t'as un respect pour le public, pour la scène, pour le show.. Qui fait que tu fais des efforts mais là c'était des efforts qui n'avaient plus de sens parce qu'on en était arrivé à un point ou de toute façon dans la vie réelle on ne s'habillait pas comme ça. Donc on s'est dit qu'on allait retourner à ce qu'on est dans la vie de tous les jours.

Au niveau des clips, je sais que c'est toi Math qui fait beaucoup de vidéo et de montage, comment t'y prends tu ? J'ai beaucoup aimé le clip de « One Last Prayer » avec la chorale gospel etc, on est bien loin de « Rock Your City ».

Math: Bah écoutes moi j'ai trouvé ça cool, on s'est dit.. Bon il y aura d'autres trucs aussi, il y aura des choses un peu plus trash mais j'ai trouvé que la première que l'on ait faite, « Back In Town » était un peu un clin d'śil à « Rock Your City ».

Oui c'est vrai, mais la dernière fait plus style « November Rain ».

Math: Oui car la chanson s'y prête, mais ça ne s'est pas trop fait de jouer avec un Gospel. Et puis ce qui est assez marrant sur cette histoire c'est que les Gospels généralement c'est lié à des églises, et quand au départ on en a cherché un, le chef de Gospel nous a fermé la porte en nous disant qu'on était sataniste. Vraiment, on ne s'est retrouvés qu'avec des portes fermées.

Frank: Oui, encore à cette époque-là, le Rock c'est Satan.

Math: Voilà, on nous a dit qu'on prêchait Satan donc que ça n'était pas possible. Nous on ne comprenait pas trop du coup on a pris des musiciens et on a fait notre propre Gospel. Il est créé de toute pièce, parce que c'est impossible de trouver un Gospel existant, aujourd'hui, au 21ème siècle qui accepte ce genre de choses. C'est marrant tu vois parce qu'on parle d'intolérance religieuse, en ce moment la mode c'est de parler de l'Islam, mais il y a une intolérance plutôt protestante à laquelle on a fait face, c'est incroyable. On nous a dit à chaque fois qu'on était Satanistes. Bon, OK. Pratiquement on peut vous brûler mais bon, voilà. Du coup on a fait notre propre chorale, après l'idée c'était de mixer les genre et puis de dire que voilà, généralement dans la musique il n'y a pas de barrières, c'est ça qui est intéressant.

Vous parliez des concerts, vous avez réalisé cet hiver votre première vraie tournée depuis un certain temps, comment l'avez-vous ressenti après tout ce changement ?

Math: On avait besoin de ça.

Frank: C'était super, on s'est bien amusés et il y a eu une bonne réception du public ! Ça n'aàpas forcément été la bonne période sur la fin avec les attentats. Il y a eu moitié moins de personnes que prévu mais ça ne nous à pas empêché de faire la fête. Les gens nous ont dit que l'on avait bien joué, ca a bien fonctionné et on aimerait bien faire ça fois deux cent par an !

Math: Après il faut trouver les dates. Là on part en Angleterre en Mars puis il y aura une vraie tournée en Septembre, et entre les deux il y a toute la période estivale. On a pas mal de touches donc c'est cool, ça se met en place !! De toute façon notre but c'est de tourner beaucoup plus, tout le temps, à l'étranger comme en France mais de rejouer énormément parce qu'on n'a pas eu du tout l'occasion de le faire. « It Begins » on n'a pas vraiment eu l'occasion de le défendre.

C'est pas un peu frustrant justement ce qui s'est passé avec cet album ?

Math: Mais si c'est ultra frustrant!

Frank: Tu m'étonnes..

Math: Nous c'est pour ça qu'on a changé beaucoup de choses dans notre entourage. Parce qu'il y a un moment tu fais confiance, tu te dis que tu bosses avec des professionnels etc, et puis tu te rends compte que les choses ne viennent pas et ça fait chier, parce que toi t'es comme un lion en cage, t'attends de jouer, tu répètes pour ça et au final tu le fais pas. Donc voilà, on a repris un peu les choses en main pour pouvoir se retrouver plus souvent sur scène.

Vous avez aussi l'air d'avoir retrouvés tout un public suite à ça.

Math: C'est clair, on a retrouvés plein de potes, plein de gens, ça fait plaisir!

Et si sur l'album vous pouviez choisir un morceau qui à vos yeux représente le nouveau Blackrain ?

Math: C'est dur parce que tous les morceaux ont quelque chose.

Frank: Oui, je pense qu'on a tous notre morceau préféré donc on ne répondra pas tous la même chose, tu dirais quoi toi?

Math: Non mais moi sérieusement c'est le premier album que je mets dans mon Iphone et que j'écoute en boucle. Ça fait un an qu'on l'a enregistré donc ça fait un an que je l'écoute et je ne m'en lasse pas !! Celle que je mets le plus c'est «Run Tiger Run », je trouve qu'elle est vraiment super aboutie, après je les aime toutes !

Frank: Moi j'aime bien les morceaux qui vont vite comme le dernier: « Rock My Funeral », qui est très festif'. C'est le genre de titre qu'on va vraiment aimer jouer en live, autant que « Rock Your City » ou « Oh Hey Hey Hey » !

D'ailleurs ça ne devient pas un peu dur avec les set-lists en live ?

Math: Et ben là ouais, on commence à faire des choix. Je trouverai ça génial si on pouvait jouer deux heures parce qu'on en a pas toujours la possibilité avec les salles et les orgas. Et là on en arrive à un point ou on a une bonne set-list de deux heures.

Frank: Il y a pas mal de morceaux qu'on enchaine les uns à la suite des autres donc effectivement avec des tempos au-dessus de 150 BPM ce n'est pas facile à tenir, heureusement on a plein de ventilateurs maintenant, donc si on peut jouer tous les soirs avec des sets de deux heures ? On va finir bodybuildé !! (Rire)

J'avais trouvé ça bien justement sur votre dernière tournée de mixer « Oh Hey Hey Hey » avec « Rock Your City » !!

Math: C'est le but, le live ça n'est pas simplement jouer les morceaux, c'est aussi de trouver des moments comme ceux-là où tu fais participer les gens parce que c'est là que la fête prend son sens. On essaye toujours de trouver de nouvelles idées, parfois c'est des petits trucs à la con mais de toute façon tout le monde participe. Personnellement sinon mois je me fais chier. Si tu vas dans le genre de concert ou t'es assis dans ta chaise et que tout est beau et que tout se passe bien, c'est chiant !! Moi j'ai toujours adoré Twisted Sister, il y a pas au-delà au niveau show. Je les avais vu au Wacken en 2003 pour leur retour sur scène, les mecs ils étaient pas sur l'affiche trois semaines avant et Dee Snider a réussi à tenir une foule comme jamais, il peut prendre tout le public et faire sauter, danser.. Je trouve ça génial!

Du coup vos projets pour la suite tournent autour de l'album et des tournées ?

Frank: Oui, tourner à mort!!!!

Math: Yes, l'album va bientôt sortir et les interviews aussi. Et puis après oui tourner, il y aura également d'autres clips. A la sortie de l'album il y aura « Killing Me » et « One Last Prayer ». Puis plus tard « Mind Control », c'est le bordel mais on est en train de la faire, « Rock My Funeral » et là j'en parlais, j'ai eu une idée avec un invité de marque pour « Run Tiger Run », ça serait génial si ça pouvait aboutir. On verra !

Stone.

 





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