B U L L R U N
Interview du guitariste Gaël Berton réalisée par Vic De Sable, le 20 novembre 2020

 
 

Ultrarock : Bonjour, nous avions déjà fait une interview de Bullrun en 2017 mais peux-tu quand même redire un petit mot sur le groupe et sa genèse stp ?
Gaël : Bullrun est né en 2011 des cendres de Kwartz, ancien groupe de thrash de Marc (Batterie) et Rémy (Chant et Basse). J’ai intégré le projet rapidement. L’idée était de faire du rock typé sudiste, style Molly Hatchet, Lynyrd Skynyrd, etc. De fil en aiguille, nos influences Heavy Metal ont pris plus de place. En 2016, nous avons rencontré Symheris et Jelly Cardarelli (ex-Adagio, Disconnected). De cette collaboration est née une vraie alchimie. Ils nous ont permis d’évoluer et d’envisager notre musique de manière plus globale et professionnelle. Nous avons donc enregistré avec eux nos deux EP « Dark Amber » en 2016 et « Wilderness » en 2020.

Ultrarock : Wilderness est donc votre second EP, il comporte six titres. Pourquoi ne pas avoir enregistré un LP ?
Gaël : En fait, nous avons bénéficié d’un coaching d’un an à l’empreinte de Savigny en 2018/2019. Ce travail a permis une prise de recul qu’il aurait été dommage d’occulter. En mettant à profit les différents conseils retenus pendant cette année, un changement de direction s’est opéré avec une orientation Heavy Metal plus marquée. Symheris et Jelly ont réussi à nous convaincre que six titres percutants, bien produits et bien pensés seraient plus efficaces et une bien meilleure carte de visite qu’un LP non totalement abouti. Ainsi, tout le travail et la réflexion menés pour « Dark Amber » et Wilderness nous ont permis de peaufiner notre vision artistique, comme des pierres angulaires pour l’avenir de BullRun. Ce qui va nous permettre d’être plus sereins quand viendra l’heure d’enregistrer un LP.

Ultrarock : D’où vient le nom du groupe ?
Gaël : Rémy est féru d’histoire. Etant donné que notre volonté première était d’incorporer des sonorités sudistes dans notre musique, Bullrun évoque la bataille du même nom pendant la guerre de sécession aux Etats-Unis. Cela nous a permis de faire une pierre deux coups.

Ultrarock : D’après ce que j’ai pu comprendre, c’est plutôt Rémy qui est à l’origine des compositions. Quelle est la part de créativité des autres membres et comment celle-ci intervient-elle et influe-t-elle sur les versions finalisées ?
Gaël : Avant d’entamer les compositions qui figurent sur « Wilderness », nous participions tous au processus créatif. Pour l’écriture de « Wilderness », Rémy nous a demandé la possibilité d’écrire seul les idées principales, riffs, mélodies et textes afin de gagner en cohérence. Marc et moi avons accepté cette manière de travailler qui s’avère effectivement plus pertinente. Cela nous permet d’avoir du recul sur les compositions de Rémy en y apportant notre contribution en termes d’arrangements.

Ultrarock : Je vous ai découvert quelques jours avant la proposition d’interview via le post d’un ami sur Facebook. J’ai tout de suite accroché au titre « Fire and hate » qui instantanément m’a fait penser à l’énergie du groupe français Bukowski. J’ai enchaîné avec le petit documentaire sur youtube et suis allé faire mon curieux pour voir ce qui se disait de vous sur la toile. La référence à Metallica période Load et Reload y est unanime. Comment vivez-vous cette comparaison inévitable ?
Gaël : Nous assumons totalement cette référence qui fait partie intégrante de notre univers. Personnellement, quand, à l’âge de 13 ans, j’ai découvert le titre Battery, instantanément je savais que c’était cette musique que j’aimais. Il est donc évident qu’on retrouve cette référence chez Bullrun. Mais nous avons aussi d’autres influences. Je suis fan de death, de djent et d’Iron Maiden par exemple.

Ultrarock : Je trouve que c’est surtout le timbre et le phrasé de Rémy qui sonnent Metallica.
Gaël : Effectivement, impossible de se cacher, Rémy est un grand fan de James Hetfield.

Ultrarock : Rémy semble être totalement passionné par l’univers du studio ? Aujourd’hui, l’enregistrement maison de qualité est quasi accessible à tous. Personnellement, je trouve que cet aspect dénature un peu la musique de manière générale dans le sens où tout est édité, propre, chirurgical et donc un peu froid et mécanique. « Wilderness » revêt une certaine chaleur qui fait beaucoup défaut aux productions actuelles. Comment procédez-vous au sein de Bullrun ? Enregistrez-vous tout en numérique version copier/coller, le mode analogique est-il aussi de la partie ?
Gaël : En studio, nous privilégions l’approche live et rock n’ roll et ne sommes pas trop fan de copier/coller. Notre objectif est de progresser en tant que musiciens. Nous avons la chance grâce au partenariat et à l’amitié qui nous lient à Symheris et Jelly de ne pas être trop dépendants du facteur temps en studio. Nous pouvons donc prendre le temps justement de bien faire les choses. De plus, nous bénéficions de l’expérience et de l’oreille aguerries de Symheris qui est un peu notre Bob Rock à nous. Et franchement, tous ces petits détails, comme par exemple ajouter ou enlever une harmonie, modifier un mot, une fin de ligne de chant etc., font au final une grosse différence.

Ultrarock : Jouer en trio représente beaucoup d’avantages à mon sens. Néanmoins cela demande des moyens et certaines techniques pour préserver l’énergie et la puissance délivrées sur album. Tout le monde n’est pas Motörhead et pour certains trios, le cap du live peut être périlleux. Qu’en est-il chez Bullrun ?
Gaël : Pour être honnête, aujourd’hui nous préférons les petites et moyennes salles. Je trouve que la configuration de l’Olympia par exemple est juste parfaite. Le coaching de l’empreinte nous a permis de travailler l’aspect scénique afin d’occuper au mieux l’espace. Pour ce qui est du son, nous avons opté pour des samples pour pallier le manque de guitare sur scène et pour préserver l’énergie de la formule trio. Nous jouons tous aux ears, sur Torpedo et Two Nutes. Cela nous permet d’être rapidement pluggés, d’être le plus professionnel possible et de nous adapter rapidement à toute situation en fonction du lieu qui nous reçoit.

Ultrarock : Aujourd’hui avec les plateformes numériques, on peut découvrir un nombre incalculable de formations par jour sans se donner vraiment l’envie de s’imprégner de l’univers en zappant très rapidement. Quelle est votre façon d’écouter de la musique au sein de Bullrun ?
Gaël : Comme pour le studio, nous sommes plutôt des gens à l’ancienne. On achète toujours des CD et on aime l’objet qui fait partie du tout. Après, il ne faut pas cracher dans la soupe, le streaming permet la découverte et contribue à faire émerger des groupes comme Bullrun.

Ultrarock : J’ai découvert « Fire and Hate » à travers votre vidéo sur Youtube. D’emblée, j’ai trouvé cela très pro. On sent que vous y avez mis les moyens, peux-tu nous raconter l’histoire de ce clip ?
Gaël : Merci, ça me fait plaisir d’entendre ça. Effectivement, nous avons mis un budget assez conséquent mais nécessaire. Nous avons travaillé avec le réalisateur Julien Metternich avec qui le feeling est tout de suite passé. Il est passionné par ce qu’il fait. Il n’a pas vraiment compté son temps. Il y avait au moins vingt personnes sur le tournage qui a duré dix-sept heures. Toute cette bonne énergie contribue sans doute à ce que le clip soit de qualité.

Ultrarock : Aujourd’hui, il est effectivement très difficile d’exister sans l’image et les réseaux sociaux. Quelle est votre manière d’appréhender cette réalité au sein de Bullrun ?
Pour nous trois mais aussi pour nos compères Jelly et Symheris, c’est l’artistique qui prime. A la base, l’image ne fait pas partie de la culture chez Bullrun. J’avoue que l’on se fait un peu violence en utilisant tous ces outils tout en sachant qu’ils sont devenus indispensables pour exister. Nous échangeons énormément, parfois pendant des heures, type café philo, pour savoir ce que l’on met en ligne ou non et éviter le contenu poubelle.

Ultrarock : Difficile de ne pas évoquer le contexte sanitaire et les répercussions désastreuses sur le monde de la culture. Pouvez-vous nous en dire un mot ? Comment envisagez-vous l’avenir ?
Gaël : A mon sens, il faut s’attendre au pire et à mon avis les concerts ne sont pas pour tout de suite. Il faut donc trouver des moyens pour survivre tout en faisant preuve de créativité. Des formules vont sûrement apparaître pour rendre le streaming plus vivant et de meilleure qualité que ce qui est proposé pour le moment.

Ultrarock : Quel est le titre que tu préfères sur Wilderness ?
Gaël : Spontanément, je te réponds « Roller Dice » grâce à son côté chantant.

Ultrarock : Un dernier mot pour les lecteurs d’Ultrarock ?
Gaël : Allez voir le clip, n’hésitez pas à commenter et si ça vous plaît, allez écouter le reste … Merci !

Ultrarock : Merci à toi, bonne continuation.

Le site : http://www.bullrunofficial.com/

Vic De Sable



 

 
 
 
 

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