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D E A T H  A W A I T S



Interview réalisée par Doro', le 16 janvier au Black Dog, Paris.
 

Deathawaits était en journée promo à Paris, pour nous présenter « Rapture Smites ». Nous avons rencontré Olivier pour en discuter.


Bonjour et merci de m’accorder cette interview. Peux-tu nous dire qui tu es et comment ça se passe dans DEATHAWAITS ?

Je suis Olivier et je suis guitariste dans le groupe. On fonctionne sur un principe assez humain finalement, on est une bande de potes, dans laquelle il faut que tout le monde se sente bien et participe à la hauteur qu’il l’entend.
Dans le principe, on compose tous dans le sens où chacun peut apporter des modifs et des éléments qu’il veut.
En pratique, sur cet album, typiquement, c’était Jordan qui a composé [Ndlr : le second guitariste]. Quand je suis arrivée dans le groupe en 2018 l’album était déjà composé mais on m’a dit que je pouvais faire ce que je voulais. Que si je voulais mettre le nez dans les compos, je pouvais, que si je voulais changer quelque chose c’était possible, qu’on pouvait en discuter, qu’on pouvait virer des morceaux et en refaire ensemble pour avoir ma patte dans le truc…

Du coup, tu as tout refait ! (rires)

Oui tout à fait ! (rires) Non absolument pas. Par contre j’ai apporté des modifications surtout sur mes parties à moi et on a rajouté un morceau qui était de moi à la base, le « bonus track ». Du fait, je ne me sens pas étranger à cet album.

Comment peux-tu définir DEATHAWAITS en 3 mots ?

Moderne… Riche… et Thématique.

Pourquoi « thématique » ?

Il y a clairement un thème qui régit tout l’album. Ça se voit, ça s’entend et ça se lit. On a ce thème des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse qui est une image assez lyrique mais en fait c’est juste un constat du climat actuel, sous les angles de ces cavaliers. C’est pouvoir ramener au capitalisme certains de ces aspects, par leur biais, les catastrophes environnementales, la mort, la guerre…

Le clip « Evergreen House » (Oct.2019) semble dénoncer une certaine vision de l’écologie, juxtaposée à des extraits de concerts du groupe et des enregistrements. Pourquoi avoir choisi de mélanger toutes ces parties sans en cibler une en particulier ?

On avait déjà pensé à faire un playthrough de cette vidéo. Autrement dit, mettre des caméras et la jouer. Puis comme c’est une chanson qui est assez « imageable », un ami nous a suggéré de mixer des parties live et enregistrements. Il n’y a pas d’intention artistique derrière, on a juste fait simplement les choses.

« Loot Thy Neighbour » semble être axé sur le contexte de la société de consommation. Quel est ton point de vue sur cette question ?

Là c’est plus l’idée du capitalisme et sa tendance à presser le citron, d’un point de vue individualiste. La soif de pouvoir et d’argent pressent le citron de l’individu en fait.

On voit bien que ces deux grandes idées, l’écologie et la société de consommation, sont deux thèmes importants que vous abordez dans cet album, ce qui me pousse à te demander comment tu vois l’avenir de l’industrie de la musique en général, dans les années à venir, avec cette recrudescence des formats digitaux qui a tendance à manger le reste ?

Je ne sais pas en fait. C’est un peu le bon côté et le mauvais côté du truc. Aujourd’hui, pour faire large, on est dans le streaming c’est donc facile de se diffuser. A l’inverse, c’est difficile de rester. Quand tu as un abonnement Deezer, Spotify etc, tu écoutes ton truc mais c’est perdu dans le reste. Tu n’as pas l’objet chez toi, le disque en lui-même. Ça montre une certaine façon de consommer. Après, est-ce que ça montre ce que ça va devenir vraiment ? je ne sais pas. Ce n’est pas vraiment écoresponsable non plus. Il n’y a pas vraiment de lien avec la consommation de la musique aujourd’hui et les messages qu’on a voulu partager dans l’album. C’est plus un constat général. On devient vorace, dans le sens où consomme peut-être moins de papier dans les livrets des CD, peut-être moins de plastiques pour les emballages, mais on consomme plus de groupes. Est-ce qu’on consomme les groupes en électricité ? Si tu veux tu peux faire le ratio, mais je ne suis pas sûr que ce soit valable en fait (rires).

Tu es plutôt format physique ou numérique ?

Dans mon quotidien, je suis digital à fond. J’aime le streaming pour sa simplicité, je travaille dans certaines conditions qui font que c’est facile pour moi d’utiliser le support digital. Après j’aime bien l’objet quand même, tant pour des groupes plus importants que moins importants. J’aime le côté support aussi. Quand tu achètes le CD d’un groupe que tu aimes bien, tu l’aides. Evidemment, quand tu achètes un Metallica ou un Slayer, c’est pas qu’ils s’en foutent mais ça ne va pas changer grand-chose à leur quotidien. Mais pour les groupes plus petits, quand tu achètes un CD, tu fais un geste de soutien. Vaut mieux acheter sur un BandCamp, qui est une plateforme et non pas le groupe direct, mais tout ou presque tombe dans la poche du groupe. Ça coute de l’argent de faire un album, d’aller jusqu’au concert… donc effectivement, si tu veux soutenir un groupe, achète lui un CD directement, ou par des biais qui sont plus directs. Quand le CD est déjà dans les bacs d’une Fnac ou d’un Leclerc, il n’appartient déjà plus au groupe, ce n’est plus lui qui le vend.

Si « Rapture Smites » était un animal, ce serait lequel ?

Une chimère, voilà ! Débrouille-toi avec ça (rires).

J’ai cru apercevoir des tentacules sur la pochette du disque, cachée derrière les chevaux. Peux-tu m’en dire plus sur cette créature ?

Oui c’est une espèce de monstre. Tu pourrais l’interpréter comme la racine du pourquoi les Cavaliers sont là. Ce ne serait pas le Mal absolu mais une espèce de gangrène à tous les niveaux : les croyances de chacun, la politique, l’économie… Il y a cette espèce de vice récurrent, cette part sombre, ce serait ce truc-là.

Et si toi tu étais un animal ?

On me l’a déjà fait celle-là (rires). J’étais un ourson. Mais j’aimerais bien être un renard.

Ah non, c’est moi le renard ! On ne peut pas être deux renards (rires)

Bon, alors il faut que tu changes (rires). Je ne sais pas. Un ourson ou un sanglier. Je reste là-dessus ! En plus on n’a pas dû te le dire souvent. Je suis auvergnat, ça me représente bien (rires).

Que peux-tu nous dire sur la réalisation de ce nouveau disque ?

Comme je t’ai dit, quand je suis arrivé dans le groupe l’album était déjà composé en grande partie, il y avait déjà le script du projet. Pour ce qui est des paroles c‘est plutôt Flo, notre chanteur, qui les a écrites. Tommy, le batteur qui est aussi traducteur, nous a apporté des reformulations, des corrections, ce genre de trucs…
Concernant la musique tout était déjà tout fait, il restait juste à réarranger, vérifier que tout le monde était d’accord… J’insiste là-dessus mais c’était hyper important que tout le monde soit fier de ce qu’on fait. Qu’il n’y ait pas de frustrations même si il y a eu certains désaccords minimes.
Et ensuite, d’un point de vue technique, on a enregistré, mixé et masterisé les prises chant par HK au Vamacara Studio à Clisson, et tout ce qui est prises guitares et basses, ça a été fait à la maison, chacun chez soi. Pour l’enregistrement de la batterie c’est Kévin Paradis (Benighted, ex-Svart Crown…) qui s’en est occupé.

Ça fait beaucoup d’endroits différents pour l’enregistrement…

C’est plus confortable. Tu as plus le temps de faire les choses, tu as plus de recul sur ton travail. Tu te rajoutes juste une étape en fait. Tu fais les prises chez toi, et avant d’envoyer au studio tu peux déjà faire une petite mise à plat de tout.
C’est une très bonne production au final. J’ai trouvé que l’album est extrêmement varié en matière de structures et de compositions. Où puisez-vous vos influences ?
Le line-up a pas mal évolué donc forcément les influences évoluent, la scène globale évolue aussi. Les style Tech Death, Death Mélo, etc… prennent plus de place donc forcément ça prend plus de place dans nos écoutes et donc ça prend plus de place dans la musique qu’on écrit aussi parce qu’on est impactés par ça. On se sent bien avec ça, on n’a pas suivi un courant, on fait la musique qu’on aime. Le point important c’est qu’on fasse de la musique. Est-ce qu’elle plait à tout le monde ? Est-ce que c’est toujours Deathawaits ? Si ces deux conditions sont remplies, on fait ce qu’on veut en fait.

Comment s’est passé l’accueil de ce 4ème album, sorti le 11 Octobre dernier ?

On n’a vraiment eu que des bons retours. On est super contents, d’autant plus qu’on a la chance d’avoir une fan base vraiment fidèle, autour de Lyon notamment mais pas que. On a cette fan base hyper solide et hyper proche de nous, qui n’aurait pas du tout hésité à nous dire si quelque chose n’allait pas sur cet album. C’est notre jauge en fait, on se fie à ça. Si on fait écouter quelque chose à ces gens-là et qu’ils nous disent « Les gars ça me plait, je suis content de votre nouveau contenu » alors c’est qu’on est dans le vrai par rapport à ce qu’est Deathawaits. Même si dans le style on a changé un peu des trucs, ça a évolué, ça reste une jauge fiable qui nous tient vraiment à cœur.
On a la chance qu’elle soit très solide et très impliquée, on a des fans qui sont aussi des amis, qui nous aident, que ce soit en roadies, pour le merch, qui sont toujours là aux concerts… Le Deathawaits Crew ça existe vraiment ! (rires) C’est la Deathawaits Army !

Et du coup, vous êtes 3.000, c’est parfait !

Oui voilà (rires). Bon peut-être pas autant mais en tous cas on a un noyau solide. C’est énorme et on s’estime chanceux de ça.

Quand as-tu commencé à faire de la musique ?

Je sais exactement ce qui m’a motivé à prendre une guitare électrique ! Chez ma grand-mère, il y avait un vinyle qui appartenait à ma mère, du premier album de Van Halen. Je l’ai écouté plusieurs fois et je me suis dit que je voulais faire pareil. C’est aussi simple que ça, c’est le cliché de base mais c’est arrivé comme ça. Je me souviens n’avoir jamais arrêté de jouer de la musique depuis, j’ai intégré quelques groupes aussi, et le jour de mon premier vrai concert, devant un vrai public Metal. C’était avec mon groupe Heavylution, on jouait devant 700 ou 800 personnes, en première partie de Paul Di’Anno. C’était mon vrai premier concert Metal et je suis sorti de scène en me disant « Voilà. C’est ça que je veux faire. C’est tout. »

Tu arrives à en vivre du coup ?

Non. Pas vraiment. C’est avant tout une passion. J’aimerais bien en vivre mais j’adore aussi mon boulot à côté. Ce serait génial de pouvoir en vivre mais pas dans l’optique d’un boulot, plutôt dans tout ce que ça implique. C’est-à-dire partir en tournée tout le temps, jouer partout, rencontrer pleine de gens… pour ça oui. Après pour le côté pro, financier etc.. j’ai mon boulot.
Tu as vu le regard qu’on a sur les groupes qui tentent des trucs ? Je vais prendre un cliché et je vais citer la France a un incroyable talent. Les mecs tentent un truc et toi tu vas les voir là-bas et te dire « Ouais mais en fait ce sont des vendus, on s’en fiche ». En fait, on ne veut pas être aidés de cette façon, parce que si c’était le cas ce ne serait plus une culture underground, car justement la place de cette musique dans notre état d’esprit et notre culture peut difficilement être autrement sinon ce n’est plus la même chose.

Comment vois-tu l’avenir du Metal en France dans 10 ans ?

J’avoue que je ne sais pas trop parce qu’on a cette facilité aujourd’hui à sortir de la musique, je ne parle même pas de faire des groupes, juste sortir de la musique. Aujourd’hui c’est facile d’enregistrer, enfin disons que c’est accessible, et c’est facile de la diffuser. Donc de ce point de vue-là, on continuera à sortir de nouvelles choses, à créer de nouveaux groupes, mais après si il n’y a pas plus de force derrière pour aider ces groupes à émerger, je pense que ça ne changera pas trop. Ça restera un vivier parce qu’en France c’est vraiment ça, il pop un nouveau groupe de Metal tous les quatre matins, aux quatre coins de la France, de qualité la plupart du temps, et puis au bout d’un moment les groupes arrêtent parce qu’ils ont fait les quatre coins de la France. Tant qu’il y aura pas plus d’engouement à faire émerger les groupes, je pense que ça ne changera pas trop.

Avez-vous un dernier message que tu souhaites partager avec nos lecteurs ? Ou Tommy, qui vient de nous rejoindre ?

Tommy : J’arrive comme un cheveu sur la soupe… (rires)
Olivier : T’es quoi comme animal toi ? T’as pas droit au renard (rires)
Tommy : C’était une de tes questions ? Moi je serais un dauphin. Regarde… (à ce moment-là, Tommy imite le sifflement d’un dauphin, ma foi très réaliste).
Olivier : Tu sais que c’est des **** les dauphins ? (rires)
Tommy : Je m’en fous. Moi j’arrive à imiter le dauphin, pas toi.
Est-ce que tu sais faire l’ourson ? (rires)
Tommy : Heu non. Pas du tout.
Olivier : J’avoue je ne sais pas non plus. Mais sinon oui, le mot de la fin ce serait qu’on ne va pas s’arrêter là, qu’on tourne jusqu’à 2021, avant d’enregistrer un album pour 2022. Ça c’est une certitude car ce sera les 20 ans du groupe en 2022. Donc on fera les choses en grand c’est sûr. Donc Deathawaits ne va pas s’arrêter maintenant, on a des belles choses à annoncer rien que pour cette année déjà, en termes de concerts, de festivals, de merch…

Une raison de plus pour que j’aille liker votre page Facebook !

Olivier : Exactement ! En plus, tout se fait sur FB. On centralise toute notre actualité ici.

Et pour ceux qui ne sont pas sur les réseaux sociaux ?

Tommy : On a des numéros de téléphone ! (rires)
Olivier : On va sortir un site internet bientôt même si aujourd’hui je trouve ça anecdotique pour un groupe de musique, car effectivement ça se tourne vers ces personnes-là, qui n’ont pas FB.
Il y a notre BandCamp où on ne voit pas vraiment les dates mais plutôt les sorties de merch, où on peut aussi écouter notre musique et voir les prochaines sorties qu’on va faire. Et on a aussi Instagram où on met quelques news.

Pour en savoir plus sur Deathawaits, c’est par ici : https://www.facebook.com/deathawaitsband/

Doro’

 

 


   

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