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D R A G O N F O R C E

6 JUIN 2014


Rencontre Avec Sam Totman, le maître à penser de DragonForce depuis plus de 10 ans maintenant. Un Sam très gentil et presque timide que je sors de quelques heures de repos forcé pendant lesquelles Fred Leclerc et Heman Li répondaient aux interviews en français. Un peu endormi au début, il deviendra de plus en plus cool au fur et à mesure de l'interview.

UR  : Bonjour Sam, comment te sens-tu juste avant la sortie de “Maximum Overload”, votre, déjà, 6 ème album ?
Sam  : Vieux ! (rires) Non, en fait, c'est super cool ! Nous sommes très contents du résultat. Et j'espère que les gens le seront eux-aussi.
Tu sais, on ne pensait pas réussir à vivre de notre musique, c'est quelque chose que l'on n'avait jamais planifié. Au début, on pensait juste que certaines personnes aimeraient notre musique parce que nous prenions plaisir à la jouer. Mais maintenant c'est notre métier. Donc si les gens aiment cet album, cela voudra dire qu'on n'aura pas à chercher un autre travail !
A chaque sortie d'album, on est aussi toujours inquiets de savoir si le producteur et le staff aiment le résultat. Mais, comme c'est le cas, nous avons bon espoir pour la suite.

UR  : Comme déjà dit, il s'agit déjà de votre 6 ème album. Avec un rythme d'un album tous les 2 ans. Ma question est donc : n'est-ce pas trop difficile de trouver de nouvelles idées pour de nouveaux titres de DragonForce ?
Sam  : C'est définitivement de plus en plus difficile, mais ce n'est pas impossible ! Au début de ta carrière, tu as plein d'idées parce que tu n'as jamais rien fait. Maintenant, ça prend plus de temps, mais tu finis toujours par trouver quelque chose.

UR  : Peux-tu nous expliquer comment un titre de DragonForce est créé et arrangé ?
Sam  : En gros, dans le passé, j'écrivais la majeure partie des chansons tout seul. Cette fois-ci, on a coécrit les titres avec Fred (Leclerc - Basse).
Nous commençons toujours par choisir le tempo. On se dit : Allez, écrivons une chanson avec ce tempo, avec ce rythme : « de-de-de-ba-de-de-de-de-de-ba-de-de » et ça sera la base du morceau. Et ensuite, en général, la 1 ère chose que nous créons c'est le refrain parce que c'est la partie la plus importante.
De mon côté, je réunis des idées dans des répertoires sur mon ordinateur. Y a un répertoire refrain, un répertoire couplet, un répertoire intro… Après j'essaie des combinaisons : ce refrain là avec ce couplet là, avec cet intro, etc.

UR  : Comme un Tetris en fait ?
Sam  : Oui exactement ! Et c'est plaisant quand tu trouves que ce truc là fonctionne avec tel autre.
Concernant Fred, je ne sais pas s'il fait pareil, s'il a ses idées sur un ordinateur ou dans sa tête, mais ce que je fais, par exemple c'est que si j'ai 3-4 parties d'un titre, je vais le voir et je lui demande s'il peut réfléchir à mettre quelque chose au milieu. Il répond « oui OK pas de problème » et ça fonctionne bien comme ça !

UR  : Vous avez utilisé le passé de Dave (Batterie, ex-batteur en fait, il vient de quitter le groupe) dans le black metal pour certaines parties, comme sur l'intro de l'album ?
Sam  : Oui, il y a quelques Blast-beats mais nous faisons ça depuis longtemps, depuis le 2 ème album. Nous avons toujours pensé que le Power Metal avait juste besoin de quelque chose de plus. Tout ressemblait à Stratovarius et Helloween et faisait « Toum-bak-Toum-bak-Toum-bak-Toudoudoudou - Toum-bak-Toum-bak-Toum-bak-Toudoudoudou »…
J'aime bien ça mais je pensais qu'il fallait quelque chose de plus rapide, quelque chose en plus.
On aime les rythmes Trash, Death, Black… on s'est dit mettons tout ça ensemble. Prenons les bons groove de chaque style.

UR  : Quand on écoute Dragonforce, la seule chose qu'on a envie de faire est de courir, sauter, crier… Est-ce que tu sais que vous êtes sans doute responsables de pas mal d'amendes pour excès de vitesse?
Sam  : Mais on ne les paiera pas ! (rires) C'est amusant car, il y a quelques temps, nous étions en train de répondre aux quelques milliers de cartes postales que l'on reçoit et on s'ennuyait beaucoup. On s'est alors dit « tiens mettons l'album, on ne l'a pas encore écouté beaucoup », et en l'écoutant et en mettant les chansons les plus speeds, c'était beaucoup plus fun !

UR  : A quoi ressemble une répèt avec Dragonforce ?
Sam  : C'est très ennuyeux ! On est juste là debout avec nos instruments ( NDUR : il mime un mec qui s'ennuie en jouant )… Parce que, en fait, on n'aime pas vraiment répéter. Parfois c'est sympa, on boit un coup, on fait des nouvelles chansons, c'est fun, mais sinon ce n'est pas vraiment une expérience très joyeuse ! Mais on doit bien y aller en fin de compte !

UR  : Et tout le monde dans le groupe est capable de retenir les structures des morceaux très rapidement ?
Sam  : Oui, en fait, tout le monde apprend les titres à la maison donc en général, nous n'avons pas à attendre que quelqu'un en répèt se souvienne de la structure ! Donc, la plupart du temps, ça va.

UR  : Quelques structures sont quand même assez complexes, surtout au niveau des soli.
Sam  : Oui, et parfois c'est drôle, car quand tu joues les morceaux tous les jours, ça va, mais si nous avons par exemple 2 day-off, on commence à oublier certaines choses. On doit donc jouer tous les jours pour s'en souvenir.
Et puis, pour des chansons que nous n'avons pas jouées depuis 4 ou 5 ans, je me souviens de quelques accords mais j'ai oublié presque tout le reste !

UR  : Le son Dragonforce est reconnaissable immédiatement. Sam, en tant que membre le plus ancien du groupe avec Herman, te souviens-tu du jour où vous vous êtes dits “nous avons trouvé notre propre son” ?
Sam  : Oui, je pense que c'était lors du 2 ème album. Le 1 er était déjà un peu différent car il était plus rapide que ce que faisaient les autres groupes mais sur le 2 ème album on s'est dit « On ne retrouve pas ce son ailleurs » car on y avait rajouté quelques « extra ». C'est un sentiment très agréable.

UR  : Avec Herman vous êtes toujours en recherche de nouvelles techniques guitaristiques pour créer de nouveaux sons comme par exemple le fameux « cri d'éléphant » (cf. Vidéo Youtube d'Herman). Avez-vous essayé d'autres astuces de guitares pour cet album ?
Sam  : Il y en a quelques-uns oui, mais c'est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux sons. C'est vrai quoi : Combien de sons peux-tu faire avec une guitare ? Mais nous essayons toujours d'en trouver. Je pense que c'est sur « Inhuman Rampage » que nous en avions utilisé le plus.
Après, je pense qu'il ne faut pas non plus trop chercher des bruits bizarres. A l'époque de « The Power Within » nous nous sommes dits qu'on était allé déjà très loin niveau « bruit » sur les précédents albums « Ultra Beatdown » et « Inhuman Rampage », ce qui était cool mais nous avons voulu à ce moment revenir à quelque chose d'un peu plus organique comme un bon vieux groupe de metal ! Sur ce nouvel album, je pense qu'on est entre les 2.

UR  : Depuis “The power within” les chansons sont plus courtes qu'avant. Etait-ce quelque chose que vous vouliez ou bien est-ce que ça a juste été naturel ?
Sam  : C'était assez naturel. En fait, je me suis rendu compte que je pouvais toujours écrire facilement des parties chantées, un nouveau refrain, un nouveau couplet, mais que c'était plus difficile d'écrire des parties instrumentales. Du coup, comme c'est moi qui ai écrit la plupart des titres de « The Power Within », les chansons étaient donc plus courtes.
Je n'arrive plus à écrire de longues parties instrumentales. C'est très difficile pour moi.
Ceci dit, en même temps, je me suis rendu compte que c'était bien aussi de revenir à l'essentiel. Dans une chanson, j'ai envie d'entendre le refrain et pas nécessairement une intro de 2 minutes, une longue partie au milieu… Donc en fait, ça me va comme ça.

UR  : Oui, et en plus vous aviez déjà beaucoup fait ça sur « Inhuman Rampage » ?
Sam  : Oui exactement, et puis j'ai changé et évolué. Je n'ai plus forcément envie de ces longues parties instrumentales, et je me suis dit que les auditeurs pensaient peut-être la même chose !
Donc pourquoi écrire des chansons longues si finalement, la moitié des gens appuie sur « avance rapide » pour aller jusqu'au refrain ! Donc c'est un peut tout ça qui fait que les chansons sont plus courtes aujourd'hui.

UR  : Avez-vous déjà pensé à reprendre un titre de Doom à la façon DragonForce ?
Sam  : Un titre doom?.... Hmm, je n'écoute pas vraiment de Doom. Est-ce que Paradise Lost est classé dans le doom ? Tu penses à quoi ?

UR  : Quelque chose comme « Reverend Bizarre », qui fait des titres très long et très très lent ?
Sam  : Je ne connais pas… Hmm… Si Paradise L… bon en fait je vais te répondre simplement : Non ! (rires)

UR  : Ou bien enregistrer des versions acoustiques de vos titres les plus speed ?
Sam  : On a déjà testé avec nos morceaux mid-tempo, pas avec les morceaux les plus speed, mais ça serait facile tu sais. Au final, tu reprends les accords et les mélodies de chant et ça se fait tout seul. On pourrait le faire, mais on ne l'a jamais fait.

UR  : Tu as dit qu'aujourd'hui tu écrivais beaucoup les chansons avec Fred (Leclerc, Basse), est-ce que Marc (Hudson, Chant) écrit aussi des choses ?
Sam  : Oui, il peut apporter…euh… bon, en fait, non. (rires) J'ai essayé de dire qu'il apportait des trucs ici et là, mais en fait non !... En fait, sur « The Power Within » on savait ce qu'on voulait, on lui disait : « fais ci, fais ça ». Il pouvait venir avec des propositions, on lui disait : « vas-y fais écouter ». Parfois des trucs étaient bien, parfois non. Aujourd'hui, il sait bien ce qui nous plaît c'est plus facile, il arrive en disant tiens j'essaierais bien un truc envoyé là qui fait « Aaaah » ( NDUR : il imite un chanteur qui fait une note très aigüe ) et puis on voit si ça le fait.

UR  : L'ambiance semble être très bonne entre vous tous ?
Sam  : Oui, nous sommes heureux ! 

UR  : Tu as déjà en partie répondu à la question suivante qui était de savoir si aujourd'hui vous viviez de votre musique.
Sam  : Oui, et nous ne nous attendions pas à ça. On voulait juste jouer pour le plaisir. On pensait faire ça avec un job à côté. Donc c'est super d'avoir ça, surtout que nous ne l'avions pas prévu.

UR  : Mais vous avez beaucoup travaillé pour ça.
Sam  : Oui, mais ce n'était pas vraiment du travail tu sais, ça a toujours été du fun. C'est peut-être du travail, mais c'est facile ! Si je veux, je vais boire quelques bières gratuites et je viens parler avec toi, c'est pas un travail très difficile !

UR  : Sûr ! J Le titre « Extraction zone » contient pas mal de parties originales, c'est une sorte de mix entre du “vrai” DragonForce, du Metal allemand Old school et un instrumental à la fois sympa et étrange. Comment ce titre a-t-il été écrit ?
Sam  : Elle vient du jeu « Donkey Kong », tu connais ? Un jeu de 1991. Et quand le personnage saute au dessus d'un baril tu as un son qui fait « Tudududup – Tudududup » et ensuite « tanananana tananana - belele-i-up belele-i-up ». On joue beaucoup à ce jeu en tournée.
Et si tu écoutes l'intro d'Extraction Zone, le « Ta-nana-na-na », ça vient de là !
Quant à la partie instrumentale, c'est Fred qui l'a écrite. Je ne sais pas où il a eu l'idée de cette partie. J'imagine… quelque part ! Quelque part dans sa tête.

UR  : Comment vois-tu DragonForce dans 20 ans ?
Sam  : Hmmmmmmm… Pas très populaire ! (rires) Ah, je ne sais pas ! Nous sommes déjà vieux aujourd'hui ! Ça serait sympa d'être encore là dans 20 ans. J'ai pas vraiment envie de me trouver un autre travail, donc si on peut encore jouer et ne pas paraître trop ridicules, j'aimerais bien y être encore.
Je ne sais pas ce qu'il en sera, mais j'aime jouer de la musique donc j'aimerais que ça continue ! On va continuer à enrôler des gens de plus en plus jeunes dans le groupe, comme notre nouveau batteur, pour maintenir la moyenne d'âge assez basse.

UR  : Donc, c'est toi le plus vieux maintenant ?
Sam  : …Je sais…C'est nul ! (rires) Dave était plus vieux, maintenant c'est moi le plus vieux…

UR  : Jusqu'ici, aucune date n'a été annoncée en France, une chance de vous voir en concert en France ?
Sam  : Oui, probablement d'ici la fin de l'année. Nous avons des choses de planifiées, mais ce n'est pas encore confirmé, donc je préfère ne rien annoncer. Mais c'est très probable vers novembre/décembre. Ça devrait être annoncé d'ici une semaine ou deux sur notre site web.

UR  : En tête d'affiche ?
Sam  : Oui probablement. Mais ce n'est pas encore entièrement sûr, nous avons 1 ou 2 idées…

UR  : Vous avez joué au Hellfest en 2009 et au Sonisphere en 2013. Un mot à propos des festivals français en comparaison avec leurs homologues européens ?
Sam  : La nourriture est meilleure !... C'est vrai ! Quand on a le catering en France on se jette dessus ! Pour le reste, c'est pareil. Des gens dans un champ ! Des mecs sympas et du fun. Mais sinon, la principale différence, c'est la nourriture.

UR  : Tu as déjà réalisé beaucoup de choses avec Dragonforce. Quel serait le prochain rêve ?
Sam  : Pour être simple et ennuyeux, ce que je veux c'est juste continuer à faire ça. On ne s'est jamais dit ( NDUR : il prend une grosse voix ) « on veut être le plus gros groupe du monde ».
Bien sûr ça serait bien, mais nous n'attendons pas vraiment quelque chose et on se dit toujours : « oh y aura personne au concert », « ça va pas être bien », on est toujours très négatifs, c'est peut-être très anglais.
Mais nous sommes finalement contents de faire ce que l'on fait et on aimerait continuer à le faire.
On ne veut pas se fixer d'objectifs trop élevés sinon, on est souvent déçus, donc, on prend ce qui vient et on est content avec ça !
Ça sonne un peu comme de la philosophie mais… pfff (sourire).

Johann

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