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   G A M M A   R A Y

Juillet 2013



Le passage du Hellish Rock Tour à Paris fut l'occasion pour UltraRock de traîner un peu dans les très colorés coulisses de l'Olympia, afin d'échanger quelques mots avec Gamma Ray. Après avoir croisé Kai Hansen, méconnaissable hors-scène sous ses allures de petite frappe encapuchonnée dans son sweater, nous nous asseyons pour une petite demi-heure avec Dirk Schlächter afin d'évoquer - aussi brièvement que possible - le concert de ce soir avant son coup d'envoi…

Le bassiste débarque tout droit d'Allemagne, apparemment retenu par une histoire avec son fils, et semble tellement mort de fatigue qu'il est difficile de l'imaginer sur scène dans moins d'une heure… Cependant, dès l'arrivée d'une bière sans laquelle il semblait bien refuser d'entamer toute interview, on peut échanger avec un musicien d'une simplicité extrême et franchement amical.

(UltraRock) Je vais, assez naturellement, commencer par une question sur Daniel Zimmermann… Comment donc Gamma Ray perd-t-il aujourd'hui son batteur historique ?

(Dirk Schlächter) Tout ceci est venu avec l'usure des tournées… Daniel est de Nuremberg, alors que nous sommes tous sur Hambourg, ce qui l'oblige toujours à se déplacer pour les répétitions et les enregistrements. Et chaque fin de journée, quand nous rentrions dans nos familles et passions la soirée à faire les courses, cuisiner, mettre les enfants au lit, Daniel se retrouvait tout seul, ce qui l'ennuyait au plus haut point. Il vit à Nuremberg, il y a son amie, et aimait donc de moins en moins monter sur Hambourg. Avec le temps, il en a tout simplement eu marre. Les tournées ont joué aussi : particulièrement lors des cinq dernières, il ne supportait plus les trajets incessants. Il grognait tout le temps « Et nous revoilà coincés à l'aéroport, et il faut toujours attendre et j'en ai marre »… Pourtant il adorait jouer, il l'a toujours dit : « Je prends toujours mon pied sur scène, mais bon sang les aéroports, attendre, attendre, attendre… attendre devant une stupide porte qu'elle s'ouvre »… Récemment, on lui a proposé d'intégrer un groupe nommé Justice [qui officie depuis 2010], un coverband de Death et Black, styles assez costauds niveau batterie, donc en tant que batteur je pense qu'il y trouvait réellement son compte. Puis finalement est venue notre dernière date au Japon, et il a tout simplement refusé de s'y embarquer avec nous, à cause de cette catastrophe nucléaire [Fukushima, donc mars 2011]. Les 70.000 Tons Of Metal et la Sweden Rock Metal Cruise l'ont également fatigué : il avait sans cesse le mal de mer ! C'était devenu continuellement « Je ne veux pas faire ci, je ne veux pas ça », donc à un moment il nous a enfin dit « il vaut mieux que je vous laisse ». Musicalement, ça collait, mais il y avait trop de problèmes pratiques, des choses purement matérielles.

(UR) Comment avez-vous intégré Michael Ehré ?

(DS) Il a longtemps tenu la batterie de Metalium [où il remplace Mike Cross depuis « Chapter Three »], donc la double-pédale ça le connait ! Il a également joué pour Uli Jon Roth [2008-2009], et c'est d'ailleurs là qu'on l'a connu. En 2011 on nous a proposé un show à Berlin pour la télévision, c'est un show très improvisé auquel on devait répondre immédiatement pour y participer, et j'ai donc contacté très vite tout le monde, sans trop de problèmes… sauf Daniel que je n'ai pas pu joindre, et lorsqu'il m'a répondu c'était « Je ne peux pas participer à l'émission car j'ai du travail en studio », super… L'occasion de jouer à la télé allemande sur une grosse chaîne, une occasion comme Gamma Ray en connaîtra peu ! On s'est finalement décidés à le faire quand même, de notre côté, et je me suis tourné vers Kai pour dénicher un batteur susceptible de remplacer Daniel à temps pour l'émission... Il y avait bien-sûr les « usual suspects », comme Mike Terrana, avec qui on avait déjà joué lorsque Daniel avait eu son accident de moto. Mais il était indisponible, et j'ai donc pensé à Michael Ehré que j'ai proposé à Kai : « Que penses-tu de lui ? moi je l'ai adoré dans Uli Jon Roth, j'accroche vraiment à son style »... Kai était OK donc on le contacte, on lui explique la situation, et sa réponse ne se fait pas attendre : « Je peux vous assurer votre show sans problème ». Ouf ! Les choses se sont re-compliquées au départ de Daniel, car il devait initialement nous quitter à la fin de l'année, et nous avions quatre shows bookés avant ça pour 2012, qu'on avait donc prévu de faire avec lui. Mais finalement, il a décidé de vraiment prendre un break total de Gamma Ray, c'est-à-dire arrêter l'aventure d'un coup. On s'est ainsi retrouvés dans la même situation de nécessité immédiate, et nous nous sommes de nouveau tournés vers Michael. On lui demande donc de participer à ces shows, qui étaient tout de même des gros festivals, le Wacken, et autres, Monsters Of Rock je crois… enfin ce genre de grosses dates. « Est-ce que tu peux assurer ça comme pour l'émission, Michael ? », et il a accepté de suite. On s'embarque donc avec lui, et il ne m'a fallu que deux dates pour me sentir comme avec un collège de longues années sur scène ! On avait donc vraiment envie de retravailler avec lui, et l'occasion s'est présentée avec ce Hellish Rock Tour. On voulait enregistrer avant, et j'ai donc proposé à Kai : « pour moi ces festivals sont suffisants, je prendrais bien Michael, pas besoin d'auditionner qui que ce soit, qu'est-ce que tu en dis, on lui propose le job direct ? », et ça lui allait : « Hm ? euh, ouais ouais ça me va, hm » [Dirk prêtant là à Kai un bel accent jmenfoutiste qui, je le crains, était très réaliste]… On lui a donc juste dit : « Salut Michael on voudrait te prendre dans le groupe, on est déjà décidés ! », et effectivement il n'y a eu ni audition ni autres batteurs. Le gars habite pas loin de Hambourg, en plus, il partage notre humour… il est un peu plus jeune mais pas tant, et on partage la même vibe, c'est tout ! Qu'est-ce qui nous empêchait de l'intégrer ?

(UR) Pas d'objection… ! Ce EP, donc : il nous propose deux nouvelles compositions, représentatives de deux facettes différentes de Gamma Ray mais toutes deux indéniablement ultra-classiques. C'est ce que vous vouliez ?

(DS) Sur chaque album de Gamma Ray, il y avait un titre comparable à « I want out », un classique de Helloween écrit par Kai, et l'on retrouve un titre écrit comme ça par album.

(UR) Disons même « au moins » un…

(DS) Si tu veux... C'est devenu une private joke pour nous : « ce titre est écrit dans l'orthodoxie du livre des lois de I Want Out ! », c'est-à-dire un titre sans claviers, avec des guitares empilées, des mélodies fortes, des progressions d'accords simples… voilà un titre pondu dans la droite lignée de notre « livre des lois » ! « Master of confusion », c'est Kai qui m'a présenté le titre, il l'a joué dans la salle de répétition, on a commencé à le répéter ensemble, puis on l'a enregistré. Il disait « c'est un peu plus fou que I Want Out », mais on aimait bien son feeling. C'est un Power Metal typique, très mélodique… que veux-tu de plus ? Ensuite on s'est mis à « Empire of the undead » : lorsque Kai a commencé à m'en jouer le riff, j'ai commencé à tilter : [claquements de doigts à répétition] « Mec, je connais ce riff, ce connais ce riff », puis [claquements de doigts accélérés] « Je connais cette mélodie ! », puis il en est venu au refrain [Dirk mime la ligne de guitare] et là : « Ah ça, ça ne me dit rien ». Il me dit donc OK, au moins le refrain est neuf [Kai, je te déteste] Tu sais, tout ceci n'est pas si évident, quand tu prends ta guitare pour faire du Metal, pas facile de sortir un riff qui n'a pas déjà été joué ! Il ne faut donc pas s'arrêter au simple riff, mais à la chanson que tu bâtis avec. Si te titre, au final, donne quelque chose de spécial, c'est bon, et ça n'a pas de sens d'adresser des critiques comme « Hm, ce riff me rappelle Exciter [c'est le moins qu'on puisse dire…], ou autre chose », c'est vrai, oui, tu as ça [et il nous refait la ligne de gratte], et le mouvement, l'harmonie monte de la même façon… mais ensuite le refrain c'est autre chose. Le solo aussi. C'est juste un titre Speed Metal, voilà tout, son feeling est bon, et le résultat sonne. Tant de nos titres sont accusés de plagiat, tu sais… ouvres-en un sous youtube et tu verras au dessous les commentaires « Cette partie du morceau est de Black Sabbath, cette autre partie est cela »… Oui, c'est vrai, mais nous sommes des humains, on ne fait pas exprès [pas convaincu par ta défense, perso], nous écrivons nos propres titres et évidement des riffs préexistants reviennent. Combien de guitaristes de Rhythm & Blues ont joué des titres qui venaient en fait de Bluesmen ? et personne ne perdait alors son temps à dire « Hey mais j'ai déjà entendu ce schéma »…

(UR) C'était le Blues, un autre style, une autre époque et surtout un autre contexte, sans les mêmes structures, la même diffusion ni le même background…

(DS) Mais c'est pareil dans le Metal ! C'est pareil ! On reprend tous les mêmes schémas, on prend telle chose à Iron Maiden, on aime leurs progressions d'accords en Mi, Ré, Do, et forcément les gens vont dire « Ah ça ressemble à Iron Maiden »… c'est du Metal, quoi ! Enfin voilà. Bon, à part ces deux compositions [tout de même franchement classiques, j'insiste], on a deux cover-songs. Celle de Sweet [« Lost angels »], on l'avait déjà enregistrée pour « Land Of The Free Pt II » avec Daniel, mais on ne l'a jamais utilisée, on n'en a pas eu l'utilité. Généralement on nous demande un bonus pour une édition japonaise, ou autre chose, mais on avait tout ce qu'il fallait. On l'a donc réenregistrée pour le EP, Kai est un des plus gros fans de Sweet que je connaisse, et avait toujours voulu en faire une cover. L'autre est de Holocaust [« Death or glory »], c'est un groupe qui n'a pas tant percé que ça, mais qui ne se basait que sur ses riffs, sans coordination… je ne sais même pas s'ils étaient musiciens à la base ! Mais ils se contentaient de jouer. Ils te balançaient des harmonies inattendues, toi en tant que musicien tu te demandes comment ils peuvent jouer telle chose sur tels accords… Mais ils le font, et c'est cette naïveté qui me plait. On écoutait donc encore cet album, « The Nightcomers » [leur premier, un délice], et on se disait « ce titre a quand même un sacré groove »… On est donc allés en salle de répèt' et nous l'avons joué 3-4 fois, en nous accordant deux demi-tons plus bas… et c'est vrai que ce titre a une sacré attaque ! [il nous mime la rythmique de façon irrésistible]… On s'est dit « on doit l'enregistrer… et ça sera bon pour le Hellish Rock Tour » ! Haha ! Non mais on ne pouvait pas enregistrer l'album avant, on n'avait pas le temps, il n'aurait jamais été produit à temps. On le finira après l'été, et il sera prêt à sortir pour le début de l'année 2014. Puis on s'embarquera pour notre propre tournée en tête d'affiche, alors.

(UR) Les six titres Live ont probablement été captés sur la tournée « Skeletons & Majesties », n'est-ce pas ? Il y a une raison particulière pour avoir choisi la date de Bochum ?

(DS) C'était juste le plus simple pour nous, car ces titres avaient déjà été travaillés pour être proposés sur notre DVD : c'étaient les bonus. Le CD audio Live correspondant ne les contient pas, donc on s'est dit que c'était l'occasion de proposer les versions audio de ces titres, pourquoi chercher ailleurs… on avait de la place sur cet EP alors autant le remplir !

(UR) J'ai une question plus personnelle : tu as peu composé pour les derniers albums, sauf pour le tout dernier où tu as écrit « No need to cry », et c'était une chanson très personnelle…

(DS) Très personnelle, oui, c'est écrit après la mort de mon père. J'avais vraiment besoin de sortir ça, et la meilleure façon de le faire que j'avais à ma disposition était de composer. C'est ça que tu retrouves dans cette partie acoustique assez agressive au milieu, triste et colérique en même temps… enfin voilà, qu'ajouter de plus ? C'est juste un regard jeté sur la relation que j'avais avec mon père, sur la mort, et mon impuissance devant elle.

(UR) Venons-en à ce soir… Vous avez déjà tourné avec Helloween pour une affiche partagée [le premier Hellish Rock en 2007-2008], et avec Freedom Call [2010]. C'est un type de tournées que vous souhaitez multiplier ? [Dirk ne va pas saisir la question, mais sinon Roland Grapow nous apprendra plus tard qu'il y a bien un tel projet, avec Masterplan!]

(DS) Moi j'ai un autre projet, depuis que Kai s'est lancé dans Unisonic. Il a un peu mis Gamma Ray en pause avec ça, donc j'ai également pris de temps de faire autre chose, pas par colère, mais par désarroi. Il n'en avait pas parlé, alors qu'il aurait dû, et l'on s'est d'un coup retrouvés sans lui, incapables de finir le travail sur notre album Live. On a toujours des corrections à faire sur un album Live, il y a toujours des fausses notes, qu'on retouche en studio, ça ne nécessite même pas de réenregistrer. On peut le faire sur la voix également, ça se retouche aussi sur ordinateur, c'est du pitch-correct… Kai n'avait même pas besoin de reprendre le micro ! Juste faire une repasse sur ses lignes et corriger note-à-note, mais il était avec Unisonic ! [re-claque frénétiquement des doigts] « Eh, oh ! Et notre album Live ? », « Ah, je suis sur Unisonic, là »… J'étais vraiment sur les nerfs, une fois que Henjo avait terminé sa partie et que Kai n'était toujours pas là j'en ai eu assez : « Marre de cet album Live, ça suffit, fais ce que tu veux et laisse-moi faire ce que je veux de mon côté ». Et je me suis mis à m'occuper de mon côté : j'ai eu l'opportunité de rejoindre un projet, Neopera. Tu connais ? [Non, mais ça date de 2010] L'album va sortir sur notre même label, EarMusic, et c'est du Metal orchestral. Il y a deux chanteurs classiques, entre alto, soprano et baryton, et un chanteur Metal. Trois chanteurs en tout, et c'est du Power Metal avec une instrumentation Musique Classique. Bon, d'accord, tu en as déjà entendu, même Nightwish touche à la Musique Classique , mais là ça a quelque chose de particulier, grâce à ces trois chanteurs : il se passe toujours quelque chose. Je les ai rejoints pour leurs premières démos et nous avons fait vraiment pas mal de boulot. Ils sont désormais signés, et d'ailleurs grâce à moi : après avoir fini la démo je l'ai amenée à la maison de disques pour la leur faire écouter, « Hey, il y a des chances que ça vous plaise écoutez, si vous êtes tentés je suis de la partie », et nous avons donc pu réaliser notre album, qui sortira après l'été, et si nous le pouvons nous partirons pour un petit tour sur les routes, nous cherchons justement des possibilités. Cette année, je vais être très pris par Gamma Ray, et l'année prochaine aussi sur le début, mais ces gars-là sont vraiment impliqués… et ça me plait. C'est bien pour ça que je les ai rejoints. Je me suis occupé de l'enregistrement et la production de la chorale, de l'enregistrement des guitares rythmiques et de ma basse. La production principale est de Eike Freese, le guitariste de Dark Age… il s'est installé dans la salle d'enregistrement de nos studios, où il y a deux salles de contrôle : l'une est la sienne. Il y travaille tout le temps… [là tu lui jettes des fleurs ou tu t'en prends à Kai ?] C'est là que nous avons enregistré pour Neopera et on va lancer ça maintenant, nous verrons ce que ça donne, je ne sais pas, ça peut marcher… tous les musiciens sont bons, et ont extrêmement bien travaillé là-dessus. Je ne peux pas te décrire la musique en détail, tu dois écouter. C'est réellement Classique et réellement Metal en même temps, c'est très riche, très bien mélangé… c'est Neopera !

(UR) Je ne connais pas mais comme ça c'est engageant [après avoir écouté un extrait en ligne je ne vous découragerais pas de faire de même, l'orchestration est effectivement très soignée]

(DS) On va commencer à promouvoir ça, la maison de disques se prépare à diffuser un CD avec trois titres donc on va commencer à se faire de la pub… Tu pourrais même recevoir le CD bientôt !

(UR) Concernant Unisonic en tout cas, je crois que Kai projette un album pour l'an prochain ?

(DS) Oui ils le feront, ils vont y travailler pour l'été, et essaieront de partir en tournée après… après l'été si ils veulent le faire avec Kai, car de l'été à l'automne il doit bosser pour Gamma Ray ! Ils vont se retrouver avec le même problème que Gamma Ray : c'est-à-dire que Kai les a rejoints sans se préoccuper du reste, et que maintenant il les oblige à changer leurs plans constamment. Pff, dans sa vie c'est pareil, il a trois gosses, une ex-femme et une copine, et tout ce monde est logé à la même enseigne… ce n'est pas possible de bosser avec un gars qui fait une chose maintenant et une autre le lendemain ! On n'a pas réussi à finaliser un album de Gamma Ray en deux ans, on n'a pas pu mener à bien les processus de composition, de production, les planifications de tournée… tout cela prend deux ans en temps normal ! Donc tu imagines bien le temps que ça doit prendre si tu as deux groupes… c'est juste impossible de boucler ça en deux ans.

(UR) Même en dehors de Unisonic, Kai et Michael Kiske travaillent de plus en plus ensemble… Ils pourraient monter d'autres projets ? Il a invité Kiske sur scène avec vous…

(DS) Non. Il y a toujours des rumeurs sur Helloween, blablabla… Ils sont ensemble dans Unisonic, il y aura bien un prochain album, Kai compose très vite donc deux ou trois semaines off lui suffisent à pondre trois titres, ils enregistreront bien cet album, et voilà.

(UR) J'ai une autre interrogation concernant le concert de ce soir : vous tournez souvent avec des claviéristes. Vous aviez celui de Masterplan sur la tournée précédente, qu'en est-il de celle-ci ?

(DS) Cette tournée n'est pas un headlining tour, et notre budget ne nous permettait pas d'employer un claviériste. Tu sais, le Metal avec des claviers, c'est bien, c'est parfois même nécessaire, voire pour une bonne moitié, mais pour l'autre il y a des passages où le clavier est appréciable mais pas nécessaire. Donc on emploie l'ordinateur, on joue au click et l'ordinateur nous offre les claviers et les chœurs. C'est juste une question financière, nous offrir un claviériste sur la tournée n'aurait pas été rentable pour nous, et je ne peux pas passer toute une tournée sans rien y gagner… j'ai un loyer à payer moi aussi, tu sais. Voilà la raison. Lorsque nous repartirons en tournée en tant que headliners nous en reparlerons, car je préfère effectivement avoir des claviers Live, j'apprécie évidement le côté humain… c'est souvent un sujet que j'ai avec Kai d'ailleurs, qui dit toujours « Oh, on peut très bien avoir ci et ça sur scène, et avec l'ordinateur on peut avoir ci et jouer ça »… [il tape du poing sur la table] Non, il y a des choses que je ne veux pas jouer au click ! Certaines doivent être jouées Live ! Je veux pouvoir jouer là un peu plus vite, telle partie plus lentement… avec le click tu ne peux que jouer linéairement comme dans un studio, je déteste ça… Donc, tant pis pour les claviers sur cette tournée, mais on verra ça pour la suivante. On a un gars qui enregistre l'album avec nous en studio, hein, et qui est réellement excellent, l'un des meilleurs claviéristes que je connaisse personnellement. Il jouait de la Fusion – c'est ce que je jouais aussi dans le temps – et il peut vraiment tout faire. Et il est d'une rapidité… Lors de la Sweden Rock Metal Cruise Henjo était à l'hôpital pour son œil et nous ne pouvions assurer le show, alors j'ai dit « faisons un Deep Purple, avec claviers, guitare et basse », et il avait deux Marshalls derrière lui, avec son orgue dessus, et il s'est mis à jouer… et l'ingé-son nous dit, après le concert (qui était réussi) : « je n'ai jamais entendu pareil son d‘un clavier »… J'aimerais vraiment réemployer ce gars, et ça le ferait : c'est un gars bien, très sympa, qui ne boit pas ni ne fume… que demander de plus ?

(UR) Et Alex Mackenrott, vous ne projetez donc pas de retravailler avec lui ?

(DS) Je ne pense pas, non… Alex a l'inconvénient de ne pas chanter, alors qu'on a besoin de voix pour nos chœurs. Je préfère donc quelqu'un qui puisse chanter… Alex, c'est un mec sympa hein sinon, on s'entend très bien et on se voit encore, il se pointe parfois au studio comme ça, on va prendre une bière et on parle agréablement de tout, du vieux temps etc… Mais je ne pense pas qu'on retravaillera ensemble.

(UR) Je voudrais aussi que tu m'éclaires sur un point : il y a un certain flou sur le nom de l'album, selon les sources… Ça sera « Empire Of The Undead » ou bien « Master Of Confusion » comme le EP ?

(DS) Ce sera « Empire Of The Undead », « Master Of Confusion » n'est que le single. Le nom « Empire Of The Undead » vient du fait qu'on a déjà utilisé pas mal de thèmes de Science-Fiction, d'Illuminati, d'histoires de Fantasy sur le passé et le futur, avec toujours une imagerie Comics, Marvel, ou bien des Contes de la Crypte, avec nos pochettes typiques qui nous faisaient toujours bien rire… des trucs pas sérieux, quoi… Pour « Empire Of The Undead » on change un peu, c'est une image un peu plus spirituelle, sage, voire sérieuse, on pense au nombre d'humains qui peuplent la planète et luttent quotidiennement, qui se comportent déjà comme des morts-vivants en fait ! De leur vivant… Il n'y a guère de vie là-dedans, il n'y a qu'à voir les grandes villes qu'ils ont créées, et c'est à ça que nous pensions. Donc, pour une fois, on n'a pas de titre joyeux, c'est un peu plus une idée sur la société, et ça nous fournit matière à pas mal de textes de chansons. L'album ressemblera donc un peu à ça et c'est pourquoi nous l'intitulons « Empire Of The Undead », malgré la présence du titre sur l'EP. Et « Master of confusion », c'est Monsieur Hansen ! L'homme toujours en retard, l'homme exactement comme le dépeignent les paroles ! Ecoute-les, c'est bien lui, ce n'est pas une invention mais la triste réalité… Et il est également comme ça avec son amie, tout le monde… tout ce que tu lui dis c'est « Ah… » [sur le même ton jmenfoutiste que tout à l'heure], tu l'appelles tout le temps et… bref, c'est le personnage des paroles. Et la maison de disques y a droit aussi : « Oh non, on est sur les masters mais on n'a pas fini ». Il apparait dans la salle, rend tout le monde fou, repart et ne laisse que des problèmes derrière lui. Il est vraiment, vraiment comme ça. « Empire of the undead » est bien mois réaliste, même si ça se veut un commentaire social imagé.

(UR) Je n'aurais pas interprété « Master of confusion » ainsi ! Sinon, vous avez une pochette particulièrement travaillée pour l'EP. Qu'en est-il de celle de l'album à venir ?

(DS) Elle n'est pas encore prête. Celle de « Master Of Confusion » n'est pas mal. Tu sais sans doute qu'on travaille avec un français [le fameux Hervé Monjeaud, le « Derek Riggs » français…], qui nous design nos t-shirts et pas mal de choses, tout notre merchandising, il nous a fait beaucoup de pochettes… On aime sa façon de travailler, il commence par des esquisses puis il peint. Je le préfère à tous ces artistes qui viennent nous demander de nous faire des pochettes, et on se retrouve toujours avec un truc fait sur ordinateur. Lui, il travaille à la main, ça nous convient bien mieux, et puis nous travaillons ensemble depuis si longtemps… pourquoi changerions-nous ? … Pour « Empire Of The Undead » il aura eu le temps de réfléchir !

Après cet échange très sympathique et bien volontiers accordé (qu'il semblait même prêt à continuer, ce qui fait plaisir), Dirk repart en trainant la patte tel un blessé de guerre… à peine reposé après cette demi-heure de break. On sort donc des coulisses, qui mériteraient pourtant une visite à elles seules vu leur déco, on croise un Michael Weikath geekant tristement sur son iPhone aux 1001 applications, et l'on remonte pour voir ce show dont on vous disait tant de bien il y a peu, et où l'on retrouve un Dirk régénéré comme au premier jour... Il n'y a pas à dire, il y en a qui savent assurer.

THE OUTCAST 

 

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