CHRONIQUES      INTERVIEWS      LIVE REPORTS        AGENDA       EMISSION

    
i   n   t   e   r   v   i   e   w   s
 
H Y P N O 5 E





Interview réalisée par Adel, le 3 octobre au Black Dog, Paris.
 

Au crépuscule de cette année 2019, les prodiges de HYPNO5E nous proposent un nouveau disque, un film qui s’écoute, une nouvelle perle progressive nommée « A Distant Dark Source ».
Pendant que le chanteur et compositeur Emmanuel Jessua donne une interview par téléphone à l’extérieur du Black Dog, nous avons un moment privilégié avec Jonathan Maurois, le guitariste du groupe.


ADEL : Est-ce que tu pourrais me dire à quel moment a commencé le processus d’écriture de ce nouvel album ?

Jonathan Maurois (guitare) : c’est difficile à définir parce que Manu (Emmanuel Jessua) compose tout le temps. Et quand on monte tous en studio, autant on peut utiliser des idées qui ont des années et qu’on n’a pas réussi à placer sur d’autres albums, mais le plus gros a été fait dans l’année. Avec le processus de mastering et tout ça, ça fait peut-être un an et demi. Entre le début de la composition et le pressage, c’est allé vite, mais la composition en elle-même c’était trois sessions de deux semaines. Avec Manu, c’était à deux : j’enregistre toutes ses prises, on regarde, il compose des riffs et tout est fait en direct. C’est pas tout à fait académique parce que, normalement, tu arrives au studio en connaissant tes prises alors que là, on cherche et on monte comme ça. Après, Théo (Begue) s’occupe de la batterie et Cédric (Pages) de la basse.

Ça arrive souvent comme procédé non ?

Moi je l’avais pas vu comme ça, et je trouve ça intense. Sachant que parfois la prise qu’on choisit c’était la pré-maquette et ça devient la prise finale. Je réenregistre les guitares derrière parce que forcément il y a des phases techniques, si tu les connais pas c’est pas forcément très propre, même s’il y a de l’idée. Et on fonctionne comme ça. Moi j’avais juste l’habitude de faire une pré-maquette, bien connaître tes morceaux et puis tu vas les enregistrer au studio proprement parce que tu payes cher ta journée alors il faut aller vite et ne pas perdre de temps. Mais maintenant on produit presque tout nous-mêmes jusqu’au mixage, alors on se le permet.

Je comprends que ça puisse mettre une pression.

C’est lourd. Parce que des fois tu fais trente prises pour un petit passage technique et t’as envie de l’avoir un peu propre, t’es genre « Ouais allez, on va faire comme ça. Super, maintenant on enregistre ! Aïe ! » (rires) Et donc de 14h à 4h du matin on fait des prises… je me rappelle de « Shores of the Abstract Line », en quatre jours j’étais à 1500 prises bonnes sur le projet, parce qu’ils comptent que les prises bonnes et pas les mauvaises. Le rythme est costaud. Et vu qu’on n’habite pas ensemble, on a des périodes définies pour faire ça, et du coup on fait que ça.

Vous habitez dans des villes différentes ?

Manu il est à Paris, moi je suis à Avignon, Théo à Bordeaux, et Cédric dans les gorges du Sartre ! On a acquis une méthode de travail maintenant. On n’a pas besoin de répéter tant que ça, on a l’habitude d’être un peu de notre côté et de se retrouver avant une tournée pour faire quelques répétitions, surtout là, puisque c’est pour un nouvel album, donc on a beaucoup de temps de résidence pour tout mettre en place et après on se voit pas pour répéter, on se voit que pour les tournées. Voilà. Je me suis un peu éloigné de la question (rires).

Mais pas du tout ! Du coup, tout ça est arrivé juste après votre film et sa B.O : « Alba ». Comment vous êtes-vous sentis à l’issu de ce projet ?

Moi j’étais satisfait de montrer la concordance entre les projets. C’est à dire que sur « Shores » tu as des samples de voix tirées du film, donc d’abord tu as eu Shores et les gens entendaient les samples sans savoir exactement quelles étaient les références, du coup ça a collé après avec « Alba ». Et l’album c’était la bande originale du film, avec d’autres parties du film, et avec des passages clean de « Shores », donc les trois sont mélangés finalement. Là c’était l’occasion de réunifier Backward Glance On A Travel Road (groupe) et Hypno5e qui sont le même projet donc on s’est dit « on arrête Backward Glance à côté et ça passe en Hypno5e acoustique » parce que c’est presque la même musique. Au moins, on centralise le tout et ça évite d’être dispersés.

Pourquoi ne pas avoir mis l’album de « Alba » au nom de Backward Glance on a Travel Road, du coup ?

Parce que, justement on voulait que Backward Glance ne soit plus un projet parallèle et que ça devienne Hypno5e, pour rassembler le tout. Ça n’a pas été très bien compris parce qu’il n’y a pas eu plus de communiqués que ça, il y en a qui pensaient qu’on se servait d’Hypno5e pour la promo du truc… mais on voulait vraiment tout centraliser, et avoir la même base de fans. On a hésité à le faire et on l’a peut-être un peu mal précisé (rires).

Du coup, dernière petite question sur Backward Glance mais comment l’idée de former ce groupe parallèle est venue, à l’origine ?

Là du coup c’est plus Manu qui te répondra, je pense que c’est quelque chose qui lui a toujours tenu à cœur, l’envie d’explorer d’autres horizons, juste la partie calme de Hypno5e. Quelque chose de plus cinématographique encore parce que, du coup, ça peut vraiment faire une bande originale de film, c’est pour ça qu’on l’a fait par la suite. Mais moi j’étais pas dans le groupe à cette époque-là, à l’époque du premier album de Backward, donc je ne peux te répondre que ça sur cette formation, moi je les ai rejoints plus tard. Mais je sais que ça lui tient à cœur, comment lui est venue l’idée, je ne sais pas, certainement de partir de Hypno5e pour aller vers quelque chose de moins violent, de plus cinématographique, parce qu’il vient du cinéma. Donc je pense que c’était pour réunir tout ça.

Pour toi, que représente « A Distant Dark Source » dans le schéma de votre discographie ?

L’issue de notre évolution, je pense, à tous niveaux, c’est à dire apprendre à travailler ensemble. Shores, c’est l’album qu’on a vraiment composé ensemble avec les nouveaux du line-up, Théo et moi. On a appris à travailler ensemble, ce qui fait que, sur cet album, on a pu réaliser ce que ça nous apporte, ça nous a permis d’aller là où on voulait et je pense que, pour tout le monde, c’est l’album le plus abouti au niveau du sens de chaque morceau. Moi, j’ai rien à redire dessus, j’en suis satisfait, j’aime l’écouter. Quand je te parlais d’évolution, c’est l’expérience entre nous, l’évolution technique à propos de matériel, de trouver les bonnes personnes pour le son, parce que c’est une évolution sonore dans le mixage. Donc je suis content de le sortir et de proposer cet album ! Je sais pas si ça répond trop à ta question. (rires)

Si totalement, et ça fait plaisir à entendre ! J’imagine que vous annoncerez tout ça vous-même mais est-ce que vous avez d’ores et déjà des plans de tournée pour promouvoir l’album ?

Oui, il y a la tournée pour la sortie de l’album qu’on attaquera fin janvier. Une tournée française puis européenne, limitrophe. Et après, on repart au Mexique pour une petite tournée sur place, pour un gros festival, et après il y a d’autres trucs qui sont en cours de booking qui devraient être intéressants. Y a une belle tournée qui se prépare !

En Bolivie peut-être ? Vu que Manu vient de là-bas...

Je ne sais pas pour l’instant. Moi je n’y suis jamais allé, Manu aimerait bien. On va essayer d’y aller pour « Alba » et faire toute l’Amérique du Sud, j’espère. Là, de sûr, je sais qu’il n’y a que le Mexique qui est envisagé. Le festival Hell & Heaven, qui fait le double de la capacité du Hellfest, c’est un truc énorme ! Et puis, selon le promoteur, l’affiche est dingue !

En plus de dix ans de carrière musicale quel aura été ton plus grand apprentissage en tant qu’artiste ?

Il y en a plein ! Il y a cette précision qui pousse à travailler son instrument, sa technique. Je pense que je l’aurais pas eue sans le groupe, j’aurais peut-être pas continué la guitare, je serais resté à côté, au même stade qu’avant. C’est le plus grand apprentissage, lié au groupe, je veux dire. Après, il y a l’apprentissage du plateau, faire des scènes comme ça… surtout l’apport de la technique à tous les niveaux : que ce soit la création, la scénographie, la technique du spectacle jusqu’au show.

Tu as joué dans beaucoup de groupes avant d’intégrer Hypno5e ?

Je viens du Metalcore, j’avais un groupe de Metalcore sur Avignon. Et on avait le même ingénieur du son qu’Hypno5e, c’est comme ça que je les ai rencontrés. C’est devenu mon groupe préféré et, deux ans après, je remplaçais le guitariste ! Je les avais vus à Montpellier, j’avais pris une claque ! Et après j’écoutais plus que ça…

Finalement, passer du Metalcore à Hypno5e, ça n’a pas dû trop te dépayser. D’ailleurs, en parlant de style, Hypno5e brasse énormément de styles, musique folk, latine, mais on entend aussi du Metalcore, du Djent… est-ce que cette diversité de styles, vous la retrouvez aussi dans le public ?

Oui je pense. Je pense que le public est bien hétérogène, il y a de tout. C’est dur de l’identifier et de le savoir vraiment mais oui. Et surtout, au-delà de ça, on a même une partie du public qui n’est pas forcément dans le Metal au départ, qui vient vraiment d’autre chose et qui est quand même pris par le live, comprendre pourquoi les cris et cette violence-là… ça, j’ai pu l’identifier parfois. Après, on connaît certains fans qui sont devenus des potes maintenant et qui aiment différents styles. Comme tu le dis, il y a de tout dedans, donc c’est assez vaste. Je pense que c’est pas bien compliqué de se prendre au jeu même si on est à fond Metalcore, faut vraiment être un extrémiste de l’étiquette pour se dire « Non ». (rires)

Est-ce que votre volonté c’est plutôt que l’aspect cinématographique serve la musique ou que la musique serve l’aspect cinématographique ?

Le côté cinématographique, on l’a par les clips, qui sont parfois longs, ça devient presque des courts-métrages. Mais sinon par le live, les images viennent appuyer la musique donc c’est plutôt la musique. Le côté cinématographique, c’est surtout dans le fait de percevoir la musique comme un film que tu entends, en fait. Et chacun fait le film dans sa tête. C’est la musique qui ouvre ce côté cinématographique qu’on va pouvoir appuyer par le clip et certaines vidéos qu’on a pu mettre en ligne, et même la façon dont sont montés les clips. On s’est compris. (rires)

Tout à fait ! J’aurai une dernière question : quel message tu voudrais pouvoir adresser à n’importe qui ?

Ce serait un message d’amour, moi c’est ce qui me porte tout le temps, même quand c’est difficile parce que des fois on se prend des bombes dans la gueule donc c’est pas facile tout le temps ! Ce sont les messages des fans, l’ébullition qu’il y a autour, qui te pousse à continuer et ne pas te décourager. Donc un grand merci pour ça, parce que ça me porte ! Et de venir partager un moment avec Hypno5e !

On transmettra, on fera au mieux pour partager tout ça ! (rires) Merci beaucoup Jonathan.


Le site : https://www.facebook.com/hypno5e/

Adel

 


   

CHRONIQUES      INTERVIEWS      LIVE REPORTS        AGENDA       EMISSION