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   K L O G R

Juin 2013



Après la sortie de « Till You Decay », un premier album Rock / Metal Alternatif assez intéressant, le combo italien KLOGR tente une transformation assez osée : leur maître à penser, « Rusty », se dispense de tous ses ex-collègues pour enregistrer avec le line-up entier de TimeCut, autre formation italienne. De cette décision est né « Till You Turn », un EP regroupant quatre nouvelles compositions enrichies de versions Live de trois titres de l'album, ainsi qu'un single consistant en fait en une version allégée du EP. KLOGR étant de passage à Paris pour quelques dates en notre triste mois de mars (quelle idée de franchir les Alpes pour ça), nous nous entretenons au Hard Rock Café avec « Giampi » et « Joba », respectivement guitariste et bassiste de « Rusty », respectivement volubile et réservé, mais tous deux très ouverts…

(UltraRock) Comme pas mal de monde, j'en ai peur, je vais commencer par une question sur votre nom. Internet m'a appris qu'il retranscrit une formule reliant un stimulus à la sensation produite… Du coup j'a i une question : le précédent groupe de « Rusty » se nommait SenzAzionE, pourquoi ces deux noms sur le même thème ?

(Joba) Le nom signifie bien ça. Rusty avait avant le groupe SenzAzionE, qui signifie bien-entendu « sensation » en italien. Mais il ne s'est jamais satisfait de chanter en Italien, ni d'appartenir à la scène italienne. Donc en 2011 il se décide à quitter le pays et lancer un projet anglophone. Il était au NAMM à Los Angeles [La « National Association of Music Merchants » est une association de sociétés musicales à but promotionnel] avec Todd Allen, un ami de San Diego, avec qui il a lancé le premier line-up de KLOGR. Un ami italien fut leur premier guitariste, et Rusty a voulu réutiliser, tout simplement, le concept qu'il avait élaboré dans SenzAzionE, et est tombé sur cette formule psychophysique de la sensation, et a ainsi forgé le nom KLOGR. En écrivant le logarithme ainsi (en majuscules comme le reste) il n'aide guère à la compréhension du nom, et quelqu'un qui ne nous connait pas nous appellera « Klogr », ce qui est incorrect [et assez disgracieux à l'oreille, ajouterais-je]. La sensitivité, c'est le concept des titres du premier album, « Till You Decay », un thème cher à KLOGR : la position de l'individu face à son environnement social. Tu sembles avoir lu ce que signifiait la formule : K est l'individu, R la société, l'environnement, qui conditionne tes choix, ta façon de penser, et ils sont reliés par un logarithme. La plupart des textes de « Till You Decay » parlent de ce sujet.

(UltraRock) Je vous pose quand même la question, même si je pense que j'ai tort : ce n'est pas un clin d'œil à la riche scène Progressive seventies de votre pays où ce genre de noms était particulièrement affectionné ? C'est sans doute le fait que j'en écoute beaucoup qui me met cette idée en tête, mais on ne sait jamais…

(Joba) Aucune référence à une quelconque scène Prog, je peux te le dire à la place de Rusty, car il est étranger à ce style. Nous [TimeCut] sommes même plus Prog que lui, bien que nous ne puissions pas nous considérer membres de la scène Prog Italienne … mais après tout c'est le cas de nombreuses autres formations un peu Prog. Non, les références de Rusty sont Alterbridge et le vieux Metallica.

(Giampi) Il a des références plus Metal que nous, et surtout moins italiennes [Joba acquiesce], il est plus proche de la scène américaine et des autres scènes européennes.

(Joba) Du coup, il ne faut pas chercher de références de ce côté-là… Ou alors pour des raisons purement fortuites !

(UltraRock) Je m'y attendais, j'avoue… Parlons alors plus en détails du son de KLOGR. J'ai envie de commencer par le chant, sans doute un des atouts du groupe par rapport à la scène Alternative  : il tient quand même des 90s, du Grunge… moi je pense beaucoup à Chris Cornell… Vous en pensez quoi ?

(Joba) C'est vraiment ça, sa voix comme sa manière de chanter rappellent Chris Cornell. La musique est différente, on y retrouve plutôt du Alterbridge comme je t'ai dit, ou du Creed, même du Metallica, donc son ressenti musical doit peu à Soundgarden. Encore une fois, on retrouvait plus de Soundgarden chez nous. Mais pour son chant je suis d'accord, moi aussi ça me rappelle Chris Cornell…

(UltraRock) On peut parler de bien d'autres choses, autant pour le chant que pour la musique même : on peut parler de Metal Alternatif pour certaines choses, ou de Rock pour d'autres… Même pour le chant parfois je pourrais évoquer Brian Molko. Donc à part le Metal, quelles influences lui prêteriez-vous ?

(Joba) Bonne question… En fait tu as raison et on s'en rend de plus en plus compte : en ce moment on tourne avec des groupes Metal, et la plupart, même les premières parties, ont un chant tellement growlé et crié que nous nous rendons peu à peu compte que KLOGR est un groupe très mélodique, au final… Donc oui on est plus proche de Brian Molko que d'un musicien Metal. On est un groupe de Metal Alternatif, mélodique, de Rock Alternatif même, avec de simples influences Metal… En tout cas on ne peut pas se qualifier de groupe Metal…. Non. Donc tu parlais d'influences dans le Rock et non le Metal, je te répondrais : d'abord, tous les groupes 90s de Seattle, ils nous ont tous marqués. En premier lieu Alice In Chains. Mais aussi Metallica… en tout cas plus que Slayer. Quand tu entends Rusty tu ne peux pas penser à Slayer, ou Ministry, ou ce type de groupes. Donc oui je citerais Alice In Chains. Je peux rajouter Creed…

(Giampi) Ah oui Creed c'est clair.

(Joba) Et n'oublions pas Alterbridge, ils ont beaucoup marqué Rusty. Et puis Pearl Jam aussi. Ou pas… Nirvana en tout cas non, mais de façon générale c'est le son des années 90s, le Rock américain des 90s, voilà.

(UltraRock) Alors c'est du Metal ou pas [chacun son avis] mais on pense aussi au Nu-Metal, et avant tout dans les parties criées.

(Joba) Oui, il y a aussi des choses qui rappellent le Nu-Metal. En fait, le Nu-Metal nous a récemment proposé pas mal de choses nouvelles, donc actuellement quand tu joues du Rock plus ou moins lourd, c'est dur d'échapper à cette influence, et dans les accordages en premier lieu. Nous même, nous jouons en Do, nous ne jouons pas aussi bas que Korn mais c'est leur influence. Donc oui, tu retrouves ça aussi chez nous. Rusty ne growle pas trop mal, en plus, on aime donc bien combiner son growl et la mélodie de KLOGR, inclure dans le rythme d'une chanson quelques parties dures où tu peux presque headbanguer ! Surtout en Live, c'est tellement bon lorsque le public te renvoie son énergie… Ça, c'est l'influence du Nu-Metal.

(UltraRock) C'est ce que je retiens en premier lieu des extraits Live du EP.

(Joba) C'est le but… Du coup, tu as pu écouter l'EP aussi ?

(UltraRock) Je ne l'ai pas, physiquement, mais je l'ai déniché sur le net.

(Joba) Tu t'es bien préparé avant l'interview dis-donc !  [non mais, tu crois qu'on est des rigolos chez Ultrarock ?!] Après avoir intégré TimeCut, KLOGR a fait des titres plus sophistiqués mélodiquement, dans les couplets, comme « Vultures feast », tout en conservant volontairement cette puissance Nu-Metal et ce groove Metal, car c'était la principale caractéristique du groupe, il aurait donc été dommage de le rendre aussi mélodique que TimeCut. Nous avons donc décidé de conserver cette énergie, mais en la combinant à des mélodies plus sophistiquées, ce qui rend le tout plus actuel je trouve, et peut nous distinguer d'autres groupes également.

(UltraRock) En tout cas je vois bien une différence entre l'album et l'EP. Je dirais que vous poussez plus loin les différentes facettes de KLOGR, marquant plus chacune. Toi, tu sembles plus voir ça comme une sophistication des mélodies et un alourdissement des refrains… En tout cas ça revient à plus marquer des aspects différents. Vers quoi vous dirigez-vous, à ton avis ?

(Joba) Tu sais, nous, TimeCut, nous venons d'un background marqué par A Perfect Circle, avec des atmosphères à la Tool. C 'est donc naturellement que nous avons adopté de nombreux mélanges instrumentaux bizarres entre guitare et basse… C'est ça qui nous a manqué dans « Till You Decay ». Ce premier album avait de sacrées mélodies, marquantes, efficaces sur le coup, accrocheuses, à la fois commerciales et à la fois donnant envie de réécouter l'album car elles créaient une sorte d'atmosphère qui donnait envie. Et ce qui me manquait à moi – peut-être à toi aussi – c'était un élément plus moderne et actuel dans les parties calmes. Nous, c'est là-dessus que nous avons travaillé, et nous avons voulu donner cette association couplet/refrain, où le refrain est très direct et coup-de-poing, et les couplets plus modernes. Nous pensons y être parvenus, même si tout ceci s'est fait en très peu de temps, et dès notre première session avec Rusty. Mais nous avons vite trouvé, je pense, la combinaison que nous recherchions, et un bon feeling musical aussi, et c'est exactement ça que nous voulons mettre dans le nouvel album, tout ça, en tant que nouvelle identité du groupe : refrains puissants, groove parfois Nu-Metal, toutes ces influences, et parties calmes plus actuelles – que ce soient des couplets ou des refrains d'ailleurs…

(UltraRock) Là, tu as qualifié la musique pré-TimeCut de KLOGR de commerciale, et tu disais avoir voulu apporter à cette puissance mélodique des refrains un côté sophistiqué aux passages instrumentaux et couplets calmes… Mais d'un autre côté, lorsque je regarde votre single, votre dernière sortie, je vois « King of unknown », titre le plus commercial du EP, accompagné de deux titres Live eux aussi extraits du EP… Moi, j'en conclurais que c'est cet aspect de votre travail que vous souhaitez mettre en avant.

(Giampi) En fait non, on a choisi ce titre car c'était le plus différent de ce que KLOGR proposait. Maintenant c'est KLOGR + TimeCut, il n'est pas question de mettre l'apport de l'un devant l'autre, le choix était purement musical. On se concentre sur ce qu'on sort du studio, sans considérer d'implications autres.

(Joba) Beaucoup d'avis extérieurs ont joué aussi : nous faisons écouter ce que nous faisons à des amis, à nos copines : « tiens, voilà nos derniers enregistrements, qu'en penses-tu, qu'est-ce qui te plaît là-dedans ? »… Et la plupart ont surtout aimé « King of unknown » en nous disant « c'est très catchy », ou bien « c'est la meilleure image de ce que vous faites »… Peut-être car la plupart des gens connaissaient alors TimeCut plus que KLOGR. En tout cas ça nous a tous semblé naturel et nous nous sommes dit « Allez, sortons ça en premier, et nous verrons bien sur le long terme si nous avons bien choisi ». Le producteur [Olly Riva] était très satisfait de notre choix, et c'est vrai que le son sur ce titre est très bon, donc nous nous sommes décidés pour « King of unknown ». Mais moi, si tu me demandes, les quatre titres du EP auraient pu être choisis pour un single, donc il valait mieux que d'autres choisissent leur titre préféré… Que préférais-tu sur le EP, toi ?

(UltraRock) Moi, euh… franchement, je ne sais pas. Mais en écoutant le EP, même la version Live de « Silk & thorns » me semble meilleure que « King of unknown », et ce, même en termes de punch etc…

(Joba) Ah, d'accord… Bon, en tout cas, « Silk & thorns » ne pouvait pas constituer un single puisqu'il faisait partie de « Till You Decay ». Mais si je te demandais, c'est parce que d'autres nous ont dit qu'ils auraient choisi « The voice of cowardice » [une compo très mélodique, mais plus Alternative, dans l'esprit 90s de l'album]. En tout cas « Silk & thorns » non, pour la raison que je te dis. « Bleeding » non plus, elle aussi était sur l'album.

(UltraRock) « Green star » aussi de toute façon. Entre vos quatre seules nouvelles compos moi je préfère « Vultures feast », mais c'est sans doute mon affinité pour le Prog (que j'évoquais au début) qui parle, là…

(Joba) C'est le titre qu'on préfère, nous ! Ce qu'on aime c'est qu'il commence par un riff étrange mais fort, alors que les couplets sont plus Prog, et le final plus doux et mélodique, mais moderne… Dans l'interview précédente, Rusty expliquait au journaliste que « Vultures feast » était la meilleure image du son que nous voulons développer.

(UltraRock) Je ne vous découragerais pas d'aller dans ce sens pour le prochain album… Si vous n'avez rien contre, on va parler un peu plus Metal car c'est notre sujet. Donc on est d'accord, vous être un groupe Alternatif bien plus que Metal, mais vous en retenez pas mal d'éléments, et en premier lieu dans votre son. Un des meilleurs exemples est la basse, vraiment énorme chez vous. Qu'est-ce que vous retenez du Metal ?

(Giampi) Déjà, comme disait Joba tout à l'heure, Rusty écoute beaucoup Alterbridge, Metallica et Creed, donc il retient pas mal d'influences de ce côté. Donc, qu'on le veuille ou non, le Metal laisse son empreinte sur nous. Maintenant que nous tournons de plus en plus avec des combos Metal, le lien qui nous unit à cette musique nous apparaît plus évident, on ne se sent pas exclus de cette scène et nous pouvons ressentir ce lien de manière concrète…

(Joba) Bon, peut-être, mais nous ne sonnons pas Metal pour autant.

(Giampi) Notre son évolue constamment. Aujourd'hui en tout cas nous savons que le Metal est un élément de notre musique, et ça nous convient très bien. Mais nous ne savons pas vers quoi les choses évolueront.

(Joba) Ce qui est marrant c'est que, sans en jouer, nous en écoutons beaucoup. Moi j'adore Ministry, lui Meshuggah, et pourtant tu ne peux pas rapprocher KLOGR de Meshuggah. Mais ça fait pourtant partie des groupes qu'on aime, et qu'on écoute… Donc, quelque part, il est logique que ça ressorte, sans doute dans le son de nos guitares, ou celui de la basse, oui, c'est vrai que notre basse est vraiment puissante et son jeu aussi, avec une attaque très forte. Mais c'est exactement la basse que l'on veut. Tu n'es pas le premier à le faire remarquer, donc je pense qu'on a tout bon !

(UltraRock) Je vais en venir maintenant aux évènements récents qu'a connus le groupe. Changer tous les membres avec ceux d'un groupe entier, j'ai du mal à comprendre… Comment Rusty s'est-il donc retrouvé avec l'équipe de TimeCut au grand complet ?

(Joba) Je pense que Rusty en avait besoin, car son précédent line-up – qu'il a donc conservé jusqu'à septembre – était constitué de musiciens appartenant à d'autres formations. Or Rusty a un rythme très soutenu, qui exige une plus grande implication. Il travaille très vite, veut enchaîner les sorties, et veut toujours respecter ses objectifs : « Voilà ce que je veux, et c'est ce que je vais faire, et je veux le faire en tant de temps et je me fixe une deadline ». Il se fixe une deadline pour tout, donc les musiciens ne lui allaient pas, ils avaient un rythme complètement différent. A l'époque, nous enregistrions notre album à la Zeta Factory [le studio où Rusty produit], et nous sommes entrés en contact car il venait écouter nos enregistrements. Il a aimé notre son, et s'est mis l'idée en tête : « Qu'est-ce que vous en dites, TimeCut pourrait-il accompagner KLOGR et bosser ensemble sur un album ? ». On a essayé, on a commencé par des jams, qui ont donné de bons résultats… on jouait naturellement sur des titres de « Till You Decay », et le résultat convenait à tout le monde. Donc nous avons écrit les titres du EP dans la foulée, dont « Vultures feast », très facilement, et le mélange que cela donnait nous plaisait beaucoup. Rusty a aussi besoin de gens pouvant l'entourer pour tout, et ça tombe bien : Giampi fait de la vidéo, moi du webdesign, on peut donc l'aider au jour-le-jour, pour du visuel, pour la promo, pour des flyers… tout, comme tu peux le voir ! [ils ont en effet bien fait les choses : chacun de nous s'est vu remettre « Till You Turn » et l'album de TimeCut accompagnés de feuillet promotionnel, badge KLOGR ainsi qu'une clé USB personnalisée] Nous constituons donc une famille complète, une vraie équipe couvrant 360°, où chacun comble un besoin. Nous sommes tous des travailleurs rapides très satisfaits de travailler ainsi, c'est exactement ce qu'il recherchait et on lui l'apporte. Voilà donc la raison de tout cela, ainsi que celle de notre présence ici à Paris au Hard Rock Café, et tout ça dans un tout petit laps de temps car, si tu y penses, notre projet est encore neuf !

(UltraRock) Les évènements s'enchaînent en effet très vite. KLOGR n'a qu'un album en poche, mais Rusty a trouvé le temps de se payer un nouveau groupe, sortir un EP et un single, et a apparemment déjà des projets avec la chanteuse Alteria … tout ça en un laps de temps très court. Tout va toujours aussi vite avec Rusty ? [Joba acquiesce sans hésiter]

(Giampi) Il a toujours été comme ça, une attitude très « maintenant ou jamais ». Mais je pense que c'est grâce à ça qu'il arrive toujours à ses fins. Particulièrement dans ce milieu, il faut faire ce qu'il faut au bon moment, en un ou deux ans la face du business peut radicalement se modifier. Aujourd'hui, grâce aux réseaux sociaux, tu peux te faire connaître gratuitement et facilement, et il faut donc en profiter, et ce maintenant, donc si tu veux le faire il faut y aller à 100% et c'est l'attitude de Rusty.

(Joba) En effet, aujourd'hui il faut constamment proposer du neuf, sans quoi le public oublie carrément ton nom ; tu ne peux plus attendre entre deux albums… Même sortir un simple album n'est plus si efficace : tu sors un single, et la plupart des gens qui aiment bien ta musique n'achèteront rien d'autre, voire se contenteront d'en regarder la vidéo sur youtube… les choses vont de plus en plus dans ce sens. Si tu penses à ce que sont ces mêmes réseaux par rapport à il y a un an ou deux, tu te rends compte que les vidéos n'avaient pas leur place actuelle, elles circulaient bien moins que maintenant. Tiens, rappelle-toi de myspace : quand tu l'ouvrais tu avais le lecteur audio ! Maintenant c'est le lecteur vidéo. Et tout va dans ce sens ; de surcroît, ça va vite. Tu dois donc avancer de la meilleure manière, et sans faux-pas : les bons gestes au bon moment. Pour l'instant on y arrive, on s'en sort bien je pense… mais ça demande un travail constant. Mais Rusty est justement un workaholic ! il peut m'envoyer un SMS à 2 heures du matin pour me dire « eh mec j'ai pensé à un truc ! » [Giampi réagit de suite… il en semble tout autant victime] … Oh, bon Dieu, laisse-moi dormir de temps en temps !

(UltraRock) Je comprends ! Mais je comprends aussi la pression du business aujourd'hui. Je parlais de Alteria tout à l'heure, comment est né le projet, ils se sont rencontrés à la Zeta Factory  ?

(Giampi) Alteria est une chanteuse italienne, qui a son propre groupe. Rusty va jouer de la guitare pour elle, pour son projet. Ils vont collaborer sur scène pour quelques dates, pour Alteria avec un featuring de KLOGR – en fait de Rusty à la guitare. Voilà ce qu'ils préparent en ce moment, mais il n'y aura pas de composition à deux, ça reste pour la scène.

(Joba) Elle prépare effectivement un nouvel album, ou du moins pour le moment son single pour le nouvel album, et cela à la Zeta Factory , donc le studio où travaille Rusty. Et je ne sais pas encore tout ce qu'on fera, peut-être apparaîtrons-nous sur scène avec elle, car on l'a déjà fait. On s'est déjà retrouvés dans l'entourage de Alteria, qui est également DJ, et travaille pour la télévision italienne, pour une télévision Rock, donc nous nous croisons souvent, et on est déjà montés ensemble sur scène pour quelques titres. En tout cas j'espère que cette collaboration portera ses fruits, car KLOGR et Alteria sont ce que la scène italienne offre de nouveau en ce moment. Il y a de plus grands noms bien-sûr, comme Lacuna Coil, mais eux sont déjà connus. Ce que l'Italie a aujourd'hui à proposer de neuf c'est KLOGR – et Alteria aussi, qui est déjà connue à la télé.

(UltraRock) Puisqu'on a abordé le sujet du Live, j'ai une remarque sur l'EP : il est constitué d'une bonne moitié Live, ainsi que votre single… c'est étonnant pour un si jeune groupe non ? Peut-être voyez-vous votre musique comme plus Live que studio ?

(Joba) Je crois KLOGR meilleur sur scène, de par le style de sa musique, et un groupe bon sur scène a naturellement beaucoup de matériel Live à proposer à ses auditeurs. Les trois titres dont tu parles sont extraits d'un excellent show, alors pourquoi ne pas les proposer… ? Evidemment, sur disque on perd beaucoup de la vibe du show, dépouillé de ses lights, du volume… Mais ça permet aux gens d'apprécier tout l'aspect sonore du groupe, et peut-être leur donner envie de venir nous voir sur scène.

(Giampi) Nous, on veut surtout se montrer tels qu'on est, et notre aspect Live en fait partie. Nous sommes nous-mêmes sur scène et avons toujours voulu proposer du matériel enregistré en concert, pour que nos auditeurs accèdent à ça aussi et nous découvrent également ainsi, KLOGR Live.

(UltraRock) Why not. Encore une question sur l'EP : vous voulez, m'avez-vous dit, affirmer à travers lui une nouvelle facette plus sophistiquée mélodiquement de KLOGR version TimeCut. Du coup, pourquoi lui donner un titre si proche de celui de l'album [« Till You Turn »]? Voyez-vous cet EP comme une continuité de « Till You Decay » ou comme la nouvelle face de KLOGR ?

(Joba) Pour moi en tout cas, nouveau membre de KLOGR, et pour TimeCut tout simplement, cet EP est quelque chose de nouveau. Pour Rusty, qui fait partie de KLOGR depuis toujours, c'est une évolution, il cherchait juste des membres comme nous – et il m'a l'air bien satisfait. Je pense que pour lui ça représente plus une évolution, mais pour nous une nouvelle expérience, plutôt, car notre musique précédente était plus atmosphérique et intimiste. Nous n'étions pas un groupe coup-de-poing pour le public, plus un groupe à écouter… le genre à écouter chez toi au calme, tu vois ? Donc pour nous, KLOGR est quelque chose de neuf, d'énergique et de nerveux. Rusty doit voir ça comme un pas de plus, dans sa musique sur scène comme sur album, il doit envisager la chose comme une évolution. Il n'a pas vraiment changé, il fonctionne comme il le faisait pour l'album, et pour le EP.

(Giampi) Tu parlais du contenu musical ou des pochettes aussi ?

(UltraRock) … Très bonne remarque, je peux te faire la même question concernant les pochettes [qui sont tout aussi proches que les titres]!

(Giampi) C'est le contenu textuel qui explique ça. Ce que Rusty mettait derrière « Till You Decay », c'était une dénonciation d'une situation : nous sommes des individus soumis à une pression constante de la société, qui ne nous laisse pas nous exprimer. Suite à ça, « Till You Turn » vient dire : nous sommes désormais conscients de ce problème, et nous devons réagir, l'heure est aux actes, l'individu doit passer à l'action. C'est le concept des pochettes, et c'est pourquoi le premier album se nomme « Till You Decay » et le second « Till You Turn ». En ce sens, c'est un virage.

(UltraRock) Et toi-même penses-tu être sur un nouveau départ ?

(Giampi) Oui je pense que c'est un nouveau départ pour nous tous.

(UltraRock) Je vais finir par deux questions plus générales : avez-vous récemment fait de nouvelles découvertes musicales ?

(Giampi) Nous venons de jouer avec un groupe français, The Milton Incident, et ils ne sont pas mauvais, des gens extrêmement sympas et de très bons musiciens, j'aime beaucoup ce qu'ils font. Sinon… [il s'adresse à Joba] je ne sais pas si quelque chose t'a marqué, dernièrement ?

(Joba) Je n'ai pas écouté The Milton Incident, moi… Mais puisque nous sommes à Paris parlons de groupes français ! Moi j'ai beaucoup aimé ce groupe français, avec une chanteuse… [il a du mal] euh, elle vient d'avoir un enfant…

(UltraRock) Eths ?

(Joba) Oui ! Moi je viens juste de découvrir ça.

(Giampi) Tu as aimé ?

(Joba) Pour ce que j'ai pu entendre, oui. Je n'en ai pas écouté tant que ça, mais ça me plaît. Elle peut vraiment faire plein de choses avec sa voix.

(Giampi) On a aussi écouté un groupe scandinave, Djerv.

(Joba) Ah oui ça c'était bien aussi…

(Giampi) Eux aussi ont une chanteuse, qui est vraiment bonne. Elle chantait dans un autre groupe avant.

(Joba) Oui, Animal Alpha.

(Giampi) Ça, j'ai vraiment aimé.

(Joba) Ils ont ouvert pour Ministry en Europe. C'était vraiment intéressant, la chanteuse est à écouter.

(UltraRock) J'en viens à ma seconde question : quel regard avez-vous sur le téléchargement illégal ?

(Giampi) Houla, tout un sujet…

(Joba) Bon, en tant que musicien, je soutiens le partage mais pas l'illégal. Si un musicien te plait, ou bien un film, parles-en à tes amis et il ira le voir et, si ça lui plait aussi, qu'il le télécharge mais pas gratuitement. Ce phénomène tue le business, les labels ferment les uns après les autres, les tourneurs et les agences de presse aussi. L'argent ne circule plus donc tout commence à se casser la gueule. Et les groupes n'en pâtissent pas seuls, mais tous ceux qui travaillent dans ce secteur.

(Giampi) La musique est réévaluée au rabais, les auditeurs se disent « Bah, je vais le télécharger et puis je mettrai ça à la corbeille, qui s'en soucie ? », elle est sous-évaluée par rapport à il y a une dizaine d'années, les choses étaient alors bien différentes…

(Joba) Je suis contre. En tant que musicien, je ne peux être que contre. Il vaut mieux être téléchargé illégalement que de ne pas être écouté du tout, mais ça n'a pas de sens de ne pas payer si la musique te plaît, c'est ainsi que tu aides un musicien à produire un autre album.

(UltraRock) Ce qui m'intéresse aussi est que vous êtes un jeune groupe, sentez-vous les effets de ce phénomène à ce stade de votre carrière ?

(Joba) Oui je le pense, je dis ça car nous nous rendons compte que nous avons bien du mal à vendre autant de disques et à gagner autant grâce à nos productions qu'auparavant. On n'est pas des ados non plus donc avant KLOGR on a déjà enregistré. TimeCut n'a qu'un album mais avant cela Giampi avait son groupe, et moi aussi, et nous avions déjà quelques productions à notre actif. Ce que je vois c'est qu'il était bien plus facile de les vendre, les gens aimaient avoir une pochette, parcourir les textes, ils écoutaient plus les titres, avaient leur favori… Maintenant [il mime un internaute] c'est « Héhé, KLOGR, aller je télécharge toute leur disco, hmm, tiens ce titre me plait »… puis il efface tous les autres car pour lui ça n'a pas de valeur.

(Giampi) Voilà, il ne veut qu'un titre . [je lui donne raison, on ne pense pas non plus aux conséquences sur les habitudes d'écoute et de considération]

(Joba) Nous voyons cette différence, nous. Aujourd'hui et hier, c'est bien différent…

A force d'achever les interviews sur cette question, je n'ai jamais de happy end… Bon, plus joyeux : KLOGR vient de proposer un autre titre de son EP, « Guinea pigs », en clip, dédié à Sea Shepherd. Beau geste.

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