Quelques jours avant notre départ pour le Hellfest, on nous signale que Manigance y fera des interviews pour la sortie de Volte Face son nouvel opus. Voici une occasion que nous ne raterions sous aucun prétexte. Quelques écoutes en streaming de quatre nouveaux titres et quelques kilomètres dans les jambes plus tard, nous voici, un peu fatigués et poussiéreux, en train de discuter avec François Merle (guitares) et Guillaume Rodriguez (batterie). Retrouvailles plus qu'agréables avec un groupe en pleine forme :


Ultrarock : Récidive est sorti en 2011, que s'est-il passé depuis tout ce temps ?
François Merle : Récidive est un album sorti sur XIII bis, nous étions en rupture avec Nts donc il a fallu retrouver un second souffle, nous avons tourné même s'il était un peu difficile de trouver des dates. Quant au line-up, après dix ans, le tandem basse/batterie a décidé de jeter l'éponge. La période 2012- 2013 a donc été un peu compliquée pour parvenir à remonter une équipe.

UR : A ce moment-là, as-tu envie d'arrêter ?
FM : Arrêter non mais quand tu es au fond c'est là où toute ton énergie remonte avec l'envie de faire mieux. J'en ai profité pour composer au studio même sans avoir un groupe complet mais c'est vrai que c'était tendu avec le batteur et le bassiste. L'arrivée des nouveaux a apporté de l'énergie positive, ils ont été séduits par les nouvelles compos, le fait que ça avançait, leur état d'esprit est complètement différent. Nous avons pu attaquer l'enregistrement, je suis en train de finir le mix, ça va partir en mastering et ça va sortir chez Verycords qui est en fait la continuité de XIII bis.

UR : Ce sont donc des gens qui ne vous sont pas inconnus ?
FM : Non, ce n'est pas notre métier donc nous aimons travailler avec des gens en qui nous avons confiance. Sinon la pochette a été réalisée par Stan W. Decker qui fait pas mal de pochettes en ce moment, nous lui avons dit que l'album s'appelait Volte-Face et il nous a proposé cette idée.

UR : Les nuances de tons dans ce visuel ne sont pas inhabituelles pour Manigance
FM : Oui exactement, c'est ce qu'on nous a dit aussi.

UR : François, c'est toi qui produis, cela vous apporte sans doute une plus grande souplesse ?
FM : Oui cela permet de trouver le bon rythme pour les ceux dont la musique n'est pas le métier.

UR : Vos nouvelles recrues sont de la région ?
FM : A peu près oui même si Guillaume est un peu loin
Guillaume Rodriguez : Je suis sur la côte, sur Bayonne, j'ai une heure de trajet ça ne pose aucun souci, je le fais avec grand plaisir.

UR : Guillaume, peux-tu te présenter ?
GR : Je suis batteur depuis 18 ans. J'ai surtout joué dans des groupes locaux et j'ai joué avec d'anciens membres comme Stéphane, le bassiste, dans Arsenic il y a une dizaine d'années et qui était chez Brennus, également avec Jean, le claviériste, dans un groupe de Heavy Speed mélodique, j'ai fait et je fais encore pas mal de reprises, un peu de ska aussi pour le fun.
FM : C'est un grand fan du groupe en fait.
GR : Absolument !
FM : Le jour où je l'ai appelé, il m'a dit les mots qu'il fallait : « je n'attendais qu'une chose, c'est que Dany s'en aille, ça fait 8 ans que j'attends ça »
GR : J'ai un peu flippé quand-même je n'ai pas rappelé tout de suite mais je me suis bougé.

UR : Nous avons écouté quatre titres du prochain album, il s'en dégage une réelle énergie !
FM : Je pense qu'il a y une vraie fraîcheur, même si l'orientation était déjà dans les titres déjà composés, nos nouvelles recrues ont eu l'envie de se mettre dedans à fond et ça, ça donne de l'énergie.

UR : Ces titres sont bien énervés quand même, il y a même des growls !
FM : C'est nouveau chez nous, il y a deux titres avec des growls, c'est une première. C'est Jean, notre claviériste, qui a proposé ça. A voir pour la suite…
GR : On a fait un essai, si ça passe bien, peut être en ferons-nous d'autres.

UR : Guillaume, comment est François en studio, quand il enregistre ?
FM : Dis la vérité, ne te gêne pas (rires) !
GR : Il est facile de travailler avec lui. Moi je n'ai pas de patience et je m'énerve assez vite, mais nous avons avancé sans prises de tête à notre rythme.
FM : Si tu veux soutenir la comparaison avec des grosses productions, tu dois y passer du temps. Pour Jean et Guillaume, c'était la première fois. Il a fallu leur dire que ça allait bien se passer. Quand tu leur fais faire quatre fois la même chose sans parvenir à ce que tu souhaites, ce n'est pas grave.
GR : On a déjà enregistré mais cela n'avait jamais été aussi pointu, il a fallu s'arracher !

UR : D'autant plus que la musique de Manigance est complexe…
GR : Oui nous avons beaucoup bossé.
FM : Et il y avait quelque chose au bout, un album, on avait le contrat, un vrai but.

UR : Laisserais-tu la production de tes albums à quelqu'un ?
FM : Je laisse le mastering, déjà, qui fait beaucoup sur un album. Mais, oui, franchement j'aimerais bien produire avec quelqu'un, mais c'est un problème de coût : c'est cher et nous n'avons pas les moyens aujourd'hui de nous payer un producteur. Enregistrer avec nos emplois du temps respectifs, ça ne vaut pas le coup, mieux vaut enregistrer chez soi, mais ce serait bien avec une personne qui s'investit parce que moi, j'ai l'impression de faire plutôt de la bricole.
GR : Je trouve qu'il bricole plutôt bien moi !
FM : Oui mais il y a peut-être des astuces que je n'ai pas encore trouvées qui pourraient me simplifier la vie. Par exemple, j'adore le son du dernier James Labrie. Travailler avec Jens Bogren me plairait vraiment. Son studio s'appelle Fascination Street en Suède. Il a de vraies oreilles, c'est lui qui fait le mastering.

UR : Je te rassure, ce que nous avons écouté est très bon ! Parlons des paroles en français. Celles-ci sont toujours amères… peut-on espérer un jour une chanson d'amour ou bien tout est perdu pour vous ? (rires)
FM : Tu vas avoir un scoop : nous avons repris une belle chanson que les gens croient parlant d'amour, c'est « Say It Ain't So » de Murray Head. Elle est en français mais avec son vrai sens. Nous avons rencontré Murray Head qui habite pas loin de chez nous. Cette chanson dit « ne croyez pas ce qu'on vous raconte, n'écoutez pas les politiciens, faites votre truc » il nous a conseillé de rentrer plus dans le vif, tout le monde en France a dansé sur cette chanson en croyant que c'était une chanson d'amour mais ce n'est pas le cas, il nous a dit « Sarko c'est votre génération, faites quelque chose !».

UR : François, Manigance a beaucoup d'albums dans sa discographie. Que penses-tu de ce parcours, quel est ton constat ?
FM : La musique, c'est un truc de passionné. Je tire mon chapeau à tous les groupes qui réussissent à s'en sortir. Le métal est une niche. Tu sais, les heures que tu y as consacrées depuis quinze ans, ce que tu gagnes, ce sont ces gens qui viennent t'écouter. Le plus important, c'est ce retour du public. On le fait parce qu'on aime ça et je suis content de tout ce chemin parcouru. J'espère toujours pouvoir faire plus, avoir encore plus de plans. Ce que j'aime, c'est pouvoir avoir confiance. Notre titre « Apparence » parle de ça : tu te rends compte que, quand tu as du succès, certaines personnes t'aiment, mais quand on ne parle plus de toi, celles-ci te prennent pour une merde, ne t'adressent plus la parole. Ce sont des gens que tu as côtoyés, dont tu sais pertinemment qu'ils te reconnaissent, mais qui t'ignorent, qui changent d'attitude en fonction de ta situation. Que ce soit dans le monde de la musique ou dans la vie.

UR : Y aura-t-il une édition vinyle de Volte-Face ?
FM : Je ne sais pas si le vinyle se vend bien aujourd'hui, mais je pense que nous privilégierions le tournage d'une vidéo. On n'est pas très bons en image et ce serait plus une priorité, tu es le deuxième qui me demande, on a déjà deux acheteurs !

UR : Avez-vous des dates programmées ?
FM : Alors, en France, le Metal extreme se vend mieux que le Power Metal. Notre chant en français ajoute une contrainte également. Nous essayons de monter des dates avec des groupes dans le même registre, Nightmare et Heavenly, par rexemple, à Toulouse, Grenoble, Paris… On joue le 1er novembre avec The Poodles à Caen aux Rockalies et nous avons deux dates en Corse.

UR : Plus le Hellfest, l'année prochaine ?
FM : Tous les ans même ! Jamais nous ne refuserions, c'est compliqué, il y a plein de groupes qui veulent jouer ici, nous serions très contents.
GR : Ben, si tu nous entends… ! 


M@x Born


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