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   M A S T E R P L A N

Juillet 2013



Nous rencontrons Roland Grapow à son hôtel pour parler de « Novum Initium », le nouvel essai de Masterplan, sans Jorn Lande. Roland n'est pas quelqu'un de très rigolo, déjà à la base. Taciturne comme tout allemand doit l'être, nous sommes de plus sa dernière interview de la journée, ce qui n'aide pas non plus… L'anglais est approximatif, l'homme n'est pas totalement sobre (honnêtement, nous non plus), et aime contredire son interlocuteur comme vous allez le voir. Heureusement, dès que nous parlerons musique pure, son visage s'éclairera comme par magie…

(UltraRock) Cet album marque le plus gros remaniement de line-up de l'Histoire de Masterplan, qui renouvelle plus de la moitié de ses membres… Qu'est-ce qui a entraîné un tel changement ?

(Roland Grapow) A chaque changement de membre, c'est généralement la même histoire tu sais. Nous avons changé de batteur car Mike Terrana était trop pris par ses tournées, alors que nous avions besoin de quelqu'un qui puisse s'impliquer aussi dans l'écriture. Heureusement le hasard a mis Martin [Skaroupka, ex-Craddle Of Filth entre autres] sur ma route juste à ce moment-là, en République Tchèque [Roland habite toujours la Slovaquie voisine où il avait suivi sa petite amie de l'époque]. J'accueillais des musiciens tchèques dans mon studio [les GrapowStudios dans le sud slovaque, fréquentés par des groupes locaux, mais pas que (les australiens Black Majesty, les espagnols Kilmara…)], qui m'ont recommandé Martin. Le gars était vraiment doué, et bon compositeur en plus : je l'ai engagé. Lorsque je suis allé voir Mike Terrana il a bien pris la situation – enfin, « bien » est un grand mot, mais il l'a acceptée, il a compris que je veuille le remplacer… nous restons en bon termes, depuis. Martin nous a donc rejoints l'année dernière en février, et nous avons pu nous mettre à écrire dès l'été. Seulement, à ce moment, il est clairement apparu que Jorn n'avait aucune envie de participer : il n'a même pas daigné répondre à mes messages. Je me suis donc résolu à faire sans lui… Après réflexion, j'ai engagé Rick [Altzi, qui a été vocaliste d'At Vance et Thunderstone], que je connais depuis 6 ou 7 ans et qui m'avait impressionné l'été dernier dans la vidéo d'At Vance [« Tokyo » je présume] : il chante de mieux en mieux depuis que je le connais. J'ai donc décidé de lui donner sa chance et l'ai engagé aussi. Bref, tout semblait prêt pour se lancer dans ce nouvel album, et j'ai donc vu Axel [Mackenrott, claviériste] et Jan S Eckert [bassiste] en automne ou août de l'année dernière à Hamburg et tout semblait aller pour le mieux… mais dès le lendemain Jan me dit « écoute Roland, il vaut mieux que tu te cherches un nouveau bassiste »... Le fait est qu'il a un vrai job, maintenant, qui le prend beaucoup et où il gagne bien : il est technicien lumière dans une boîte d'écrans LED qui fournit des stades. Il est responsable de toute la partie informatique, mais aussi du transport du matériel, ce qui veut dire qu'il part avec les camions de Hambourg à Vienne ou n'importe quel pays d'Europe, voire par avion ou bateau pour l'Asie ou le Canada… tu vois le souci ? Il gagne plus que nous tous, et a donc privilégié son job… quel intérêt de rester une petite Rock star sans le sou ? Mais je ne lui en veux pas et m'entends toujours bien avec lui, je le comprends. Je me suis alors rappelé qu'il y a 2 ans Jari [son remplaçant donc, Kainulainen de Stratovarius, à ce moment dans Devil's Train de Liapakis (avec Jörg Michael)] m'avait écrit un mail où il me disait « ravi de te retrouver Roland », sur facebook, « si tu as besoin d'un bassiste je suis partant » ! Lorsque Jan nous a donc quittés je me suis tourné vers Jari sur le coup, que j'ai appelé le lendemain : « Salut Jari c'est Roland, veux-tu rejoindre Masterplan ? », et la réponse ne s'est pas faite attendre : « carrément, mec ! »… il était plus qu'emballé, l'affaire était conclue en moins de deux. Au final, je me retrouvais avec trois personnes qui aimaient toutes Masterplan, des personnes géniales qui plus est, ouvertes d'esprit, avec qui c'est un plaisir de travailler, et sans aucun problème d'ego quelconque [remarque lâchée à l'attention de Jorn à n'en pas douter] ! Voilà comment tout s'est déroulé, pour te répondre.

(UR) J'aimerais parler plus précisément des nouveaux venus, qui ne sont pas des choix évidents pour Masterplan… Commençons par Rick : c'est un vocaliste associé au Power Metal (Thunderstone, At Vance). Pourtant, sur « Novum Initium » il chante de façon beaucoup plus Rock je dirais, ce qui me déroute encore plus sur son choix…

(RG) [dubitatif] Je ne sais pas franchement, je l'ai choisi pour sa voix, sans vraiment penser à lui dans Masterplan… Et puis il aimait le groupe. Qui plus est, il aime beaucoup Jorn. Il ne sonne pas vraiment pareil, et n'essaie d'ailleurs pas de le faire, mais ça me l'a fait voir comme un successeur logique, je pense… bref, il m'a fait rêver de continuer, et rêver veut dire espérer… « Keep your dream alive » ! Comme le titre [le single de l'album]… C'est tout ce que je peux dire. Il m'a fait rêver que ça marcherait, chose dont tu es pourtant rarement certain. Personne ne peut remplacer personne tu sais, personne ne joue comme moi, personne ne chante comme Michael Kiske… Bon, il existe des clones, il existe des personnes proches, mais on n'aurait jamais trouvé quelqu'un comme Jorn. Nous sommes contents d'avoir Rick, honnêtement avions-nous beaucoup de choix ? Nous devons continuer, nous sommes contents d'avoir trouvé quelqu'un… Quand tu y penses, combien de millions de personnes sont sur terre ? Combien d'entre elles sont des chanteurs ? Et combien auraient pu remplacer Jorn ? Honnêtement mon choix était restreint [… mettons cette drôle de formulation sur le compte de l'amertume]. Je suis juste content d'avoir un nouveau chanteur, et l'essentiel est que nous voulions tous aller de l'avant.

(UR) Du coup je suppose que Jari est aussi un « choix de circonstance »… car de même, ce n'est guère un musicien évident pour Masterplan : Stratovarius, Evergrey… il a participé à tant de choses, mais rien de similaire à Masterplan. Il s'est juste trouvé sur ta route quand il fallait ? Je ne pense pas que tu avais de toi-même pensé à lui avant ?

(RG) Non en effet, en fait lorsque je me suis retrouvé dans le besoin d'un bassiste je n'ai pensé à personne, strictement. Certainement pas à lui, qui est quand même quelqu'un de connu. Mais je savais qu'il était très sympa, je l'avais rencontré un certain nombre de fois… Pour remplacer Jan S Eckert, je ne voulais pas d'auditions, je ne voulais pas mettre en compétition des gens d'un peu partout… et au final j'ai fonctionné un peu de la même façon, je me suis fié à mon instinct, je m'en suis remis à lui entièrement. Il faut parfois faire confiance aux gens… Tu sais, c'est comme ça que Weikath m'a fait intégrer Helloween [chouette, je n'espérais pas avoir droit à une séance nostalgique] ! A l'époque, il aurait pu choisir un guitariste renommé, un américain, il avait vraiment un choix énorme… Mais il m'a choisi moi, qui étais alors inconnu, car j'étais de Hambourg, et il a décidé de me faire confiance. Je n'avais alors joué que sur deux albums, pour Rampage [1981 et 83, Henjo Richter l'y remplacera, mais le groupe cessera son activité deux ans plus tard]. Il m'avait vu dans Rampage, et il s'est souvenu de moi, alors ! Il s'est dit « ce gars, là… il était bien cool »… Et mon intégration n'a pas été facile : J'avais 8, 9 ans… pas comme Weikath mais 9 ans de plus que Michael Kiske. Et Ingo [Schwichtenberg] s'était opposé à mon intégration, car il était un bon ami de Kai Hansen. Mais malgré tout, Weikath a cru en moi, et ça s'est confirmé avec le 1 e , 2 e , puis 3 album, j'ai écrit quelques bons titres, et les fans m'ont aimé. Au final, je suis très content qu'on m'ait donné ma chance, il faut pouvoir te développer, il faut qu'on te donne une chance… Et j'ai écrit « The chance », ma première chanson pour Helloween [« Pink Bubbles Go Ape »] ! Et vois-tu, lorsque quelqu'un a cru en toi, il faut que tu t'acquittes de ta dette. J'ai toujours dit du bien de Weikath [bel effort], en tant que musicien, et en tant que « donneur de chance » en choisissant ses musiciens [c'est vrai qu'il remplacera aussi Roland par Sascha Gerstner qui, en plus d'avoir 10 ans de moins, n'avait pas joué avec plus grand que Freedom Call]. Il a fait confiance à Deris, Kiske… Il fut le découvreur de Kiske, de Deris, et de moi aussi… plutôt des bons musiciens, non ? Et donc aujourd'hui je donne leur chance à ces musiciens, à mon tour, je vais leur faire confiance. Et je crois tenir quelques talents cachés… particulièrement Rick. Si tu l'as vu sur scène pour les trois derniers shows surtout, il est devenu meilleur performer Live que le précédent chanteur – dont je ne prononce pas le nom.

(UR) Alors à propos de donner sa chance à une nouvelle recrue, c'est particulièrement le cas de celle dont nous n'avons pas encore parlé : Martin Skaroupka ! Je ne le connais qu'en tant que batteur de Craddle Of Filth… c'est la plus inattendue de tes recrues !

(RG) Martin est une grosse surprise, en effet… Mais à la base c'est un fan de Power Metal tu sais [non… qu'allait-il faire dans cette galère ?]… Il aime Helloween, Gamma Ray, Masterplan, Stratovarius… C'est un très gros fan de King Diamond. Ça n'a rien à voir avec Craddle Of Filth, tu vois ? Mais bon, il joue avec eux. C'est son job, si tu veux. Je pense qu'il aime leur musique, il est extrêmement ouvert d'esprit, il aime des genres très différents de musiques, et de groupes… il a grandi avec eux tous, en fait. La semaine prochaine ou dans 2 semaines [10 juin], chez lui à Brno [2 e ville tchèque et capitale morave] ils vont voir Saxon, tu vois… rien à voir avec Craddle. Il aime vraiment des styles de Metal différents. Lorsque je l'ai rencontré je n'ai même pas pris ça en compte, je l'ai apprécié en tant que musicien, et c'est l'essentiel. Oh et puis regarde Mike Terrana : je ne crois même pas que ce gars aime le Metal ! Qu'est-ce qu'il aime comme groupe, toi tu sais ? il n'écoute pas de Metal [notant mon air (Mike) atterré]… euh, c'est pas pour être méchant hein, c'est mon pote !

(UR) … Mike Terrana ? pas fan de Metal ?

(RG) Non mais au début il jouait dans le groupe de Yngwie Malmsteen [pour « Seventh Sign »]… c'est pas du Metal, ça ! [je tire une nouvelle tronché hébetée] Mais non, c'est Rock ! du Rock, de la musique Rock néoclassique si tu veux…

(UR) On parle du batteur de Rage [de 2006 à 2007 – il me coupe avant que je ne rajoute son impressionnant CV : Tony MacAlpine, John West (de Royal Hunt), Metalium, Axel Rudi Pell, Kiko Loureiro, Tarja et j'en passe]

(RG) Ecoute il avait juste besoin de boulot, et ils l'ont engagé. Et puis Rage, merde… C'est Victor Smolski ! C'est pas vraiment du Metal, c'est de la guitare winky-winky à la Eddie Van Halen. J'ai jamais aimé ce groupe… Le meilleur moment de Rage est quand il y avait ces membres allemands et grecs… tu vois de qui je parle ? Le batteur grec, et son frère à la guitare [les frères Efthimiadis, qui cèdent la place en '99 à Smolski et Terrana : réduire Rage à Smolski est donc exagéré], avec un allemand [le guitariste Sven Fischer je présume], un vieil ami à moi, il y a 10 ou 15 ans… Rage n'était intéressant qu'avant « XIII » [dernier album avec Chris et Spiros Efthimiadis], un bon album. Ensuite avec Mike Terrana et Smolski, Rage, franchement… [sa moue ne laisse pas de doute sur l'amour qu'il a du groupe]. Mais je n'ai rien contre Mike Terrana ne te méprends pas, seulement ce gars n'écoute pas de Metal. Il aime la batterie, il a du talent, mais ce n'est pas un Metalleux.

(UR) Là tu me sidères. C'est un batteur qui a joué pour tous les groupes du monde, et il continue à le faire. Et on parle bien de groupes Metal.

(RG) Mais quels groupes ? Malmsteen n'est pas du Metal [amen]. Le Metal [l'évangile selon St Roland] c'est Gamma Ray, c'est Helloween, ça c'est du Metal, mélodique…

(UR) Ouais enfin entre Malmsteen et ces groupes-là ce n'est pas Mercure et Pluton.

(RG) OK mais moi je sens bien la fine frontière.

(UR) Soit… Donc : « Novum Initium » ! Je vais te faire part de mes impressions de l'album, avant de te demander ton avis : par rapport à « Time to be king », on est moins purement Metal, moins progressifs, on balaie moins le spectre Metal actuel… Bref, je vois un parti-pris plus simple, peut-être plus rétrospectif aussi, tourné vers le Metal de la décennie précédente. Qui plus est, Rick s'y montre très Rock… [Roland semble très dubitatif] en tout cas c'est mon ressenti, tu n'as pas l'air de le partager ?

(RG) Moi j'ai surtout entendu que « Time to be king » était plus soft que tout ce qu'on avait fait, donc pas si Metal que ça, au contraire.

(UR) Je ne trouve pas « Novum Initium » moins soft, mais plus simple et direct.

(RG) … en fait « Time to be king » n'est pas Metal du tout [décidément c'est la soirée anti-Metal]. Moi je crois que « Time to be king » est plus simple.

(UR) Je suis surpris…

(RG) Il est bien plus Rock… plus chiant, en fait [révisionniste, va]. Non, il est bon, mais… on allait trop dans la direction de Jorn, on se rapprochait de ce qu'il faisait en solo. Moi c'est ce que j‘ai ressenti. Je nous trouve plus Prog maintenant, comme sur « No escape » [plus orchestrée et recherchée, certes] et le morceau-titre [là rien à dire]… pour moi tout est plus Progressif. Mais tout dépend de l'auditeur et ses goûts [moui enfin on parle du même album ?]

(UR) Tu me désarçonnes… Moi je sens les morceaux plus simples, plus mélodiques… plus courts, d'ailleurs…

(RG) OK.

(UR) Soit. Parlons un peu plus du contenu musical quand même… « Black night of magic », que j'aime particulièrement, illustre bien mon propos car je la trouve quand même bien directe et traditionnelle, plus Hard Rock comme tu l'entendais tout à l'heure en parlant de Malmsteen.

(RG) Ce morceau est sans doute le plus proche de notre premier album… Je le lierais à « Kind hearted light ». Mais pas à Yngwie. J'ai écrit « Kind hearted light » en pensant à Avantasia, d'ailleurs son titre de travail était « Avantasia » ! J'écoutais alors un titre du premier Avantasia, de 1999 ou 2000 [2001, soit 2 ans avant le premier Masterplan]… Personnellement, je n'écoute plus Yngwie depuis « Facing The Animal ». Je ne vois pas de rapport avec « Black night of magic », mais enfin si tu aimes le titre comme ça, ça me va.

(UR) je ne sais pas… c'est peut-être moi qui écoute trop Yngwie.

(RG) Tu es encore fan de lui ?

(UR) Peut-être pas « encore », mais je l'étais, oui !

(RG) Tout le monde déteste son dernier album…

(UR) Oui enfin le dernier je les comprends…

(RG) Je ne sais pas ce qu'il fait en ce moment… Moi ça fait 10 ans que je ne l'ai pas vu. Justement, on va jouer après lui en République Tchèque ! Aux Masters Of Rock [c'était le 13 juillet]. Je vais donc le revoir après une bonne douzaine d'années… ça va être marrant de voir comment il sera… me reconnaitra-t-il seulement ?

(RG) Lui-même a changé, déjà physiquement…

(RG) Mouais j'attends de voir ça… il a arrêté de boire ?

(UR) C'est ce qu'on dit.

(RG) J'attends de le voir! Il n'en a pas l'air…

(UR) Je voudrais bien parler du chant aussi, sur l'album… Comme je l'ai dit tout-à-l'heure pour moi il est bien plus Rock que Jorn et même qu'At Vance et Thunderstone. Du coup, je me demandais si c'était un choix conscient ou une évolution naturelle ?

(RG) Oh non, j'ai même travaillé les lignes de chant avec lui pour tenter de coller au style de Jorn, pour conserver sa « vibe »… [pensif] Tu vois « Black night of magic » ? Je pense que si Jorn l'avait interprétée il l'aurait chantée comme sur notre premier album. Mais bon de toute façon Rick n'est pas bluesy comme Jorn. Tu sais Jorn n'a plus du tout un chant Prog Metal depuis ses deux premiers albums. Dans Ark [1999-2001] il était très Prog. Puis il a fait ses albums solos et ça fait bien cinq ans que son chant devient Blues. Moi je ne peux pas les comparer. Rick est peut-être plus Rock, sur les mélodies… C'est pas mal, moi ça me va, ce n'est pas un point négatif.

(UR) Je ne pense pas. Pour toi aujourd'hui Jorn est carrément un chanteur Blues ?

(RG) Oh oui Jorn chante comme ça maintenant [il se lance dans une imitation où il souligne la rondeur, le vibrato et la souplesse du chant] ce genre de half-notes, tu vois ? Et ça, ça me parle beaucoup car c'est ma culture musicale ! Et Jorn est bien plus Blues que Rick, qui n'a pas eu cette éducation, lui… il est plus dur, lui, il est plus Rock… oui vu comme ça je suis d'accord avec toi. Rick chante comme ça, lui [et il se lance dans une autre imitation pleine d'attaque et dureté], tu vois, ce genre de trucs qui font la différence. Mais on aime beaucoup son chant, en fait on ne voudrait pas qu'il imite Jorn, non, et de toute façon je ne pense pas qu'il puisse chanter ainsi. S'il le faisait les gens ne cesseraient de les comparer et se plaindre « Oh il ne fait que le copier ! »… non ça n'a pas de sens.

(UR) Jorn est plus bluesy que Rick on est d'accord, mais ça reste un chanteur Mélodique avant tout pour moi, pas un vocaliste Blues non plus… [là j'ai dû mal m'exprimer, il a cru que je ne trouvais pas Jorn Blues du tout :]

(RG) Jorn, pas bluesy ? What the fuck ! Ecoute “When love comes close” [closer du 1e Masterplan, qu'il se met à mimer en appuyant les accents vibrants]... son phrasé est totalement Blues, tout en half-notes !

(UR) On est d'accord en fait, ce n'était pas tout à fait ça… Bon, concernant l'album, je sais qu'il existe deux titres bonus en plus des 11 que j'ai écoutés… peux-tu m'en dire quelque chose ? Ils sont dans la même veine que ceux de l‘album ?

(RG) Pas vraiment… On a « 1492 », avec des paroles sur l'arrivée de Colomb en Amérique bien-sûr, qui est un titre Masterplan traditionnel mais plus Pop… c'est pour ça que je n'en voulais pas sur l'album, d'ailleurs. Mais ça reste un bon titre… Il était un peu trop bas pour la voix de Jorn – euh, de Rick ! Je l'avais écrit plus bas que ce que Jorn – diable, Rick ! que ce que Rick peut chanter^^ [tu digères mal son départ, toi :-D ]. Mais bon c'était écrit comme ça avant qu'il ne commence à l'interpréter. L'autre titre bonus est « Fear the silence », qui avait été laissé de côté durant les sessions du premier album.

(UR) Le premier Masterplan ?

(RG) Exactement. Enfin on en avait une partie, pas tout le morceau. Là j'avais envie de retravailler dessus… C'est un très vieux titre, il a bien 13 ou 14 ans. C'est un ami d'Uli Kusch qui l'a écrit, un gars polonais, Uli nous la jouait et moi je croyais qu'elle était de lui. Lorsque je lui ai demandé « est-ce que je peux la faire ? C'est une belle compo ! », c'est là qu'il m'a dit « mais oui tu peux, seulement ce n'est pas ma chanson »… Super, comment je pouvais deviner ? Je crois qu'on voulait déjà l'inclure sur un album d'Helloween, mais on ne l'a jamais fait. C'est un morceau avec un rythme bien Progressif [et il me mime une rythmique qui fait effectivement Prog Metal typique], avec des parties plus basses [nouvelle imitation qui ressemble à une ligne de lead]... en fait ça fait Prog. Bon, ce n'est pas notre meilleur morceau, mais il est pas mal, j'aime sa vibe. On a Rick qui nous crie une note par-dessus le refrain, et au final on trouve un petit feeling Led Zeppelin… en plus moderne si tu veux.

(UR) Helloween voulait l'enregistrer pour « The Dark Ride » ?

(RG) Oui je crois que c'était pour « The Dark Ride » qu'on en parlait. Uli avait toujours beaucoup d'idées, que le groupe laissait de côté, et Masterplan a voulu reprendre celle-ci pour son premier album. Les idées étaient bonnes, mais on a essayé celle-ci, on en a enregistré la moitié puis on l'a laissée tomber, simplement. On n'avait que la voix et la batterie, donc maintenant on a refait la batterie avec Martin, aussi.

(UR) L'auteur de la chanson est membre d'un groupe?

(RG) Je ne crois pas, non… Il court toujours derrière un projet de rêve, en fait… Je lui ai parlé il y a quelques mois, et je crois qu'il n'est pas dans le domaine de la musique en ce moment. Mais il était content qu'on ait enregistré son titre, en plus il est crédité et touche un peu d'argent dessus. Il ne joue donc pour personne, mais il a participé à un bon groupe, où Uli Kusch jouait aussi, avant de jouer pour Helloween, un groupe de Thrash Metal allemand … Zut le nom ne me revient pas, c'était avant Gamma Ray et Helloween, il jouait pour… [peut-être Holy Moses ?] Bah, ce n'était pas un groupe que j'écoutais.

(UR) Bien, si on finissait notre petit panorama de l'album par son morceau-titre ? Nous l'avons déjà évoqué, je le trouve bien plus proche de « Time To Be King ».

(RG) Possiblement... [… tu es allemand ou normand ?]

(UR) … du coup, je me demande si vous avez une idée de votre direction générale. Va-t-on avoir de moins en moins de tels titres ?

(RG) Tout cela est bien frais encore, et pour l'instant notre préoccupation est de démarrer de nouveau la machine. Nous voulons d'abord jouer le maximum de shows, histoire de voir la réaction du public, sur chaque titre… recueillir leurs impressions, tu vois ? Je pense que c'est la meilleure façon de faire, le retour sur tes chansons doit venir du public. Tu vois la différence lorsque tu joues des vieux titres et des nouveaux : nous allons jouer « Betrayal » [morceau bien plus dur et lourd que le single effectivement] et « Keep your dream alive », et il y a une différence entre les deux, sur « Betrayal » les gens vont plutôt écouter, alors que sur « Keep your dream alive » ils vont être en train de danser et chanter la chanson alors qu'ils viennent de la découvrir… Et tu te rends comptes que les titres les plus simples fonctionnent souvent mieux. Et c'était pareil pour Helloween : lorsqu'on jouait « Power » [de « Time Of The Oath »], ça faisait chanter et crier et danser [STP ! headbanguer] tout le monde, alors que quand on jouait « Time of the oath » c'était plutôt un titre à écouter [et alors ?]. Ainsi, il faut prendre des décisions, lorsque tu écris tes titres il faut t'imprégner de cette réaction du public, où t'a-t-il offert le meilleur retour ? C'est important. Si tu ne testes pas tes titres sur scène tu peux te tromper de direction.

(UR) Vous avez d'ailleurs un beau calendrier de shows : Wacken, la Metal Cruise, Rocknacht, Norfest, Masters of Rock, Bang Your Head… puis votre propre tournée !

(RG) Oh oui on a eu de gros festivals : La Metal Cruise [début mai], le week-end dernier on était en Suisse [Rocknacht Tennwil le 25 mai], et nous avons la Belgique dans 2 semaines pour le R-Mine Festival [22 juin], avec Symphony X [Jorn y jouait le lendemain ;-) ]. Puis nous aurons Balingen [12 juillet], les Masters Of Rock en République Tchèque, avec Yngwie Malmsteen, et ensuite le Portugal en août [plutôt le Ropillet Rock Festival en Espagne le 23], puis la Roumanie en octobre [je ne vois pas]. Et donc nous démarrons une tournée en octobre, un headlining Masterplan [avec Jaded Hearrt et Sebastian], et nous aurons entre 12 et 18 shows au Canada. Nous reviendrons en France [au Divan du Monde le 7], aussi… Et puis nous poursuivrons vers janvier et février en Amérique du Sud et Asie. Il y a aussi une possibilité de revenir l'année prochaine, sur une grosse tournée avec Gamma Ray [on vous l'avait bien dit !].

(UR) Toute une tournée ? En voilà une bonne nouvelle !

(RG) On en a parlé il y a peu, et c'est une possibilité !

(UR) Ils sortent juste de leur tournée avec Helloween…

(RG) Oui mais ils ont composé leur nouvel album et alors ils auront fini de l'enregistrer, l'année prochaine, et nous pourrons partir ensemble.

(UR) Gamma Ray est l'un des derniers groupes que nous avons interviewé, et ils n'ont pas évoqué ce projet…

(RG) Ah bah moi j'ai parlé avec Kai il y a deux semaines, et nous avons contacté notre agence – car nous avons la même agence pour les tournées – et ça s'est bien goupillé. Ça se présente bien, ça pourrait se faire.

Avouez qu'une tournée Gamma Ray / Masterplan, ça ne se refuse pas. Roland se lève, sans se départir de cette morosité qui ne l'aura quitté que quelques instants, le temps de m'offrir ses imitations brillantes de Jorn et Rick, ou songer philosophiquement à son nouveau rôle de « parrain » de jeunes musiciens… Dommage. On aura néanmoins apprécié sa franchise, son regard « spirituel » sur le destin de musicien… et un peu moins son esprit de contradiction assez développé  J mais pourquoi pas. Il accueille l'annonce d'un dernier entretien téléphonique avec la même mine droopy-esque, et nous salue mollement… contraste saisissant avec l'esprit lumineux de sa musique.

THE OUTCAST

 

 

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