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O P E T H

JUIN 2014

C'est dans le jardin de Warner Music France, par un temps radieux et ensoleillé, qu'Ultrarock a pu rencontrer Fredrik Åkesson, guitariste du groupe OPETH depuis 2007. Il a donc participé aux deux monuments Watershed de 2008, puis Heritage en 2011, et nous allons l'interroger sur le nouvel album, onzième du groupe, destiné à paraître le mois prochain, le 26 aout : Pale Communion.

Ultra Rock : Bonjour Fredrik ! Ravie de te rencontrer !
Fredrik Åkesson : Bonjour !

U R : Alors OPETH sort bientôt un nouvel album, Pale Communion ? C'est votre onzième . J'ai été assez étonnée par cet album qui creuse encore plus profondément dans la veine du Metal Progressif, et par son côté assez… psychédélique… C'est ce que j'ai ressenti à travers tous les riffs, la rythmique, et un travail vocal impressionnant !
F A : En effet, la voix tient une place de choix dans cet album. C'est aussi un des plus mélodiques, dans un bon sens du terme, pas dans la mièvrerie. Je pense que Michael a poussé le travail vocal à un niveau supérieur. Pas que la voix ait été timide sur les autres albums, mais là les voix claires sont, je pense, plus travaillées, plus agressives.

UR : C'est intéressant, je me demandais s'il y aurait du growl sur l'album, et en fait non. Ça m'avait surpris sur l'album Heritage, ainsi que sur la tournée de concerts après.
F A : Oui, sur la tournée Forest après Heritage, c'était un truc qu'on avait décidé. On avait même choisi des anciennes chansons sans growl exprès. On ne sait jamais trop ce qu'on va faire d'un album à l'autre, ce type de chant n'est pas exclu, mais on ne va pas faire du growl pour du growl. Michael a hésité à en utiliser sur une des chansons pour la rendre un peu plus extrême, mais finalement il ne l'a pas fait. Au final, c'est selon la construction de la chanson...

UR : Et par rapport au titre et aux paroles, y a t-il une histoire derrière ?
FA : Le titre Pale Communion résume assez bien le contenu des paroles. C'est un contenu un peu glauque et sombre, très personnel pour Michael, Pale Communion est un florilège de tout ça.

UR : en effet, d'après les paroles, c'est quelque chose d'assez introverti. Opeth s'est toujours inspiré d'un monde intérieur, non ?
FA : Les albums à thème comme Ghost Reveries sont des albums concept, Still Life aussi, une thématique un peu froide. Pale Communion et Heritage ne sont pas des albums concept, ce sont des albums à propos... de la vie plutôt. Pas Cusp of Eternity, c'est une chanson... je ne sais pas si je devrais en parler... à propos de réfugiés ukrainiens en bateau, et qui parle d'une mère qui est jetée à l'eau avec trois de ses enfants, et qui doit en abandonner deux de peur que le dernier qui lui reste ne survive pas non plus. C'est une histoire très triste et sombre.

UR : Et pourtant, même avec des paroles sombres, sur cet album, la musique nous porte comme dans un rêve... toute cette harmonie étrange... Comment est-ce que vous préparez ça ? Vous essayez des trucs en répétition ?
F A : Tout est très bien maquetté avant l'entrée en studio, Michael passe énormément de temps à tout préparer. Moi j'ai beaucoup travaillé sur les solos de guitare. Mais tu parles de l'harmonie de la voix ?

UR : Pas seulement, aussi les synthés, les guitares... au passage, les riffs sont cools !
FA : Merci ! Et bien, je suppose que ça s'est juste passé comme ça... On n'a jamais répété cet album en groupe avant de l'enregistrer, juste Martin Mendez et Martin Axenrot qui ont passé toute une semaine à bosser ensemble à Barcelone, chez Mendez.

UR : pour caler la section rythmique ?
FA : oui, ils avaient beaucoup de liberté sur cet album, et ils ont fait un super boulot. Ils ont mis beaucoup de choses personnelles. Les éléments de base étaient composés mais ils avaient une grande latitude pour improviser. Ils ont dû faire 4 ou 5 prises pour chaque chanson, et elles sont très différentes les unes de autres, après on a pu choisir celles qu'on préférait. Pour les harmonies, c'est un peu un puzzle... on commence avec la guitare rythmique, et après on rajoute les claviers ou les lignes mélodiques... Tu l'entends et après tu rajoutes ce que tu imagines... il y a des choses qui se passent...

UR : et pour les effets parfois un peu étranges, vous les essayez pendant que l'album est fait ?
FA : Non, la plupart sont faits au mix. Sauf pour les échos bizarres, on les travaille juste après l'enregistrement, on repasse le signal dans les machines et on bidouille quelques potentiomètres, j'aime bien ce côté expérimental.

UR : ça ajoute au psychédélique...
FA : On ne voulait pas d'édition non plus, juste du mix. Beaucoup d'albums sont absolument parfaits, un peu stériles. On voulait un côté organique, pas de remplacement de quoi que ce soit, pour que ça reste un album vivant. La plupart des albums qu'on aime, les anciens, comme ceux de Black Sabbath, il y a quelques fautes dessus, et ça les rend vraiment vivants.

UR : La production est aussi très évoluée, et il y a beaucoup de dynamique sur les chansons...
FA : Oui, la production est plus transparente. La batterie est aussi plus claire, plus « oomph » que sur Heritage. En termes d'esthétique de production, on pourrait dire qu'on est dans la fin des années 70 – début des années 80, par rapport à Heritage qui était clairement des années 70. Pour l'enregistrement au studio Rockfield, on a utilisé une console Neve, très utilisée en rock pour la chaleur de son son, et des vieux micros, dans de vieilles pièces. Par contre on avait tout dans Pro Tools, il n'y avait pas trop d'intérêt à utiliser la bande, c'était se compliquer la vie pour rien. C'était un studio très cool et agréable.

UR : il paraît que vous avez travaillé avec Steven Wilson sur cet album pour le mixage ?
FA : en effet, il a fait le mixage, et un peu de voix de choeurs sur une chanson. Jürgen et moi aussi, d'ailleurs. Il a aussi suggéré qu'on mette des cordes sur les dernières chansons, et qu'on contacte Dave Stuart, (rock prog des 80s), pour nous faire des parties de cordes. Mais il n'était pas avec nous en studio, il n'a pas participé à la production.

UR : Mais Michael oui ?
FA : tout le monde a un peu produit l'album, a eu son mot à dire dans la construction. Michael était toujours un peu impatient et voulait que ça avance.

UR : j'espère que les fans seront enthousiasmés par ce travail.
FA : moi aussi !

UR : il paraît que la sortie de Pale Communion a été retardée ?
FA : oui, c'est l'artwork qui a pris du temps... Michael travaille avec Travor Smith, qui a fait l'artwork de Still Life. On porte une grosse importance à l'artwork des albums...

UR : oui, je me souviens avoir passé 2 jours sur le code secret du livret de Watershed...
FA : oui, c'était le premier album que j'aie fait avec Opeth, je me souviens de ce visage étrange composé de parties de tous nos visages... Pour Pale Communion, il y aura 3 différentes peintures pour symboliser 3 étapes de la vie... je ne l'ai pas encore vu donc je ne peux pas trop en parler.

UR : et on devra peut être attendre jusqu'au 26 août pour découvrir ça... pour conclure, qu'est ce que tu voudrais faire passer aux fans ?
FA : Et ben... j'espère que vous allez apprécier notre nouvel album, nous oui en tout cas, et on en est fiers ! De toute façon, on devrait passer rencontrer les fans dans divers festivals, dont, en France, le Hellfest, mais il n'y aura pas les nouvelles chansons. De nos jours, tout le monde filme, et on voudrait éviter trop de fuites avec le son pourri des caméras, ça serait dommage !

Propos reccueillis par Jenseits

© essgraphics 2011


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