O R K H Y S
Interview réalisée par Doro', le 02 octobre au Black Dog, Paris

 
 

A l’occasion de la sortie imminente du premier EP du groupe parisien ORKHYS, nous nous sommes entretenus avec Laurène, Jean-Yves, et Julien « Lancelot » pour discuter de « Awakening ».
Cette interview a marqué la fermeture imminente du Black Dog, dont l’équipe nous a accueillis amicalement avant la fermeture du bar, pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous. Nous leur souhaitons bon courage et espérons qu’ils pourront rouvrir très bientôt.

Bonjour et merci de m’accorder cette interview. Pouvez-vous m’expliquer en trois mots qui est ORKHYS ?

Jean-Yves : C’est un vaste sujet. Ça fait quatre mots du coup (rires). Je pense que Laurène et Brice avaient pour but d’arriver à transmettre énormément de choses soit par le biais d’une composition ou par un texte et, de fait, ils ont cherché un moyen de compléter tout ça. Ça fait à peu près deux ans que le groupe est formé, bien qu’il y ait eu des changements de line-up. Je pense que, maintenant, on a trouvé la bonne formule pour faire passer ce qu’on a envie de faire passer. On a donc Julien à la basse, moi à la batterie, Laurène au chant et à la harpe et Brice à la composition et la guitare.

Quels seraient vos trois arguments phares pour convaincre un auditeur de venir vous écouter ?

Laurène : Ne vous fiez pas aux apparences.
Jean-Yves : On peut dire qu’on est gentils et mignons aussi ou ça ne marche pas ?
Laurène : Venez nous écouter et ce sont vos oreilles qui jugeront.
Jean-Yves : Ce qu’il faudrait pouvoir dire à ce moment-là c’est qu’on essaye de faire passer des émotions et que, si c’est ce que les gens cherchent et qu’ils sont prêts à faire ce voyage-là, on peut les accompagner dans notre monde pour qu’ils voient comment ça fonctionne. Si c’est ce que vous cherchez, il y a peut-être des chances qu’on puisse vous le donner.

Qu’est ce qui ferait que ce groupe se démarquerait parmi tous les autres qui existent déjà, dans ce genre-là ? C’est-à-dire à la fois Epique, Mélodique, Classique etc…

Laurène : Je pense que ce qui caractérise vraiment Orkhys, outre ce bel instrument qu’est la harpe qui est peu commun dans le Metal mais qui a quand même déjà été utilisé, c’est que, comme disait Jean-Yves, on a notre monde à nous, notre univers qu’on voulait riche d’influences.
Avec Orkhys on prend le risque d’avoir un petit riff mélodique et deux secondes plus tard d’avoir un vieux riff de Thrash qui tombe du ciel, comme pour se dire « Hey mais je n’y avais pas pensé mais finalement ça fonctionne assez bien en fait ». On essaye de faire une musique qui est à notre image, on est plusieurs et qu’on aime des choses différentes. Pourquoi on devrait cloisonner les choses ?
Je me souviens d’avoir lu quelque chose qui disait « J’ai plusieurs groupes parce que j’avais envie de nourrir tel ou tel groupe par telle ou telle chose » et moi, je me suis posé la question et j’ai une chance incroyable, finalement, car dans Orkys je nourris quasiment tout en fait, j’ai énormément de chance que toutes mes aspirations soient étendues et nourries dans ce projet.

Avez-vous des projets à côté de ce groupe ? Je ne pose évidemment pas la question à Jean-Yves car je sais qu’il a 50 groupes à côté (rires). [ Lurking, Heavyction, Old Sparky, ex-Mortuary ]

Laurène : J’ai un petit side-project avec Brice dans lequel on fait un peu de Black/Doom avec du chant en français, et encore, on l’a mis en pause car on est tellement investis dans Orkhys que je ne ressens pas le besoin particulier de le nourrir pour le moment.
Julien : Brice n’est pas là pour en parler mais il fait d’autres choses à côté lui, et je pense qu’on est un peu son side-project en fait. Je vais reprendre ce que Laurène disait mais c’est vrai qu’Orkhys a tellement de facettes et nous aussi, que ce qu’on va proposer aux gens c’est de se nourrir auprès de tout ce qu’on propose.
Laurène : C’est vrai qu’il y a certains morceaux qui vont plus aller à certaines personnes parce qu’il y a des univers parfois un peu différents, tout en ayant une ligne conductrice, cette espèce de liant. On « orkhysse » un peu les choses (rires) avec des compos orientées vers du Thrash, d’autres vers du Black, d’autres un peu plus symphoniques ou celtiques, donc je pense qu’une personne qui nous écoute peut trouver au moins un morceau qui lui parle.

Vous êtes actuellement en promotion pour votre 1er EP « Awakening ». De quoi parlent vos textes ? Ce sont 3 morceaux qui abordent la même thématique ou ils sont tous distincts ?

Laurène : Les textes représentent ce que j’ai besoin de raconter, les choses qui me touchent. Le premier morceau «The End Of Lies » est vraiment le chant révolutionnaire. Ça renvoie au titre éponyme de l’EP « Awakening » qui signifie l’éveil, la naissance d’Orkhys, mais aussi l’éveil dans le sens « prendre conscience des choses » et donc le message du premier morceau, c’est vraiment quelque chose comme « Regarde le monde qui t’entoure, regarde ce qui se passe autour de toi, enlève tes œillères, prends les armes, bats toi ! Fais quelque chose ! ». La phrase « Enter the world as your are » signifie que tu n’as pas besoin d’être un super-héros, tel que tu es, tu peux rentrer dans le mouvement qui va faire changer les choses.
Dans « Guardians Of Our Lives » on part sur quelque chose qui est complètement différent. On parle des êtres de lumière ou de chair et de sang, l’interprétation est propre à chacun, en fonction de sa spiritualité. Ce sont des gens ou des anges gardiens qui viellent sur nous, qui prennent soin de nous, qui nous font grandir et qui sont là à chaque étape de notre vie, qui sont là pour nous aider, nous accompagner, nous soigner, nous cajoler…
Pour « Rest Of The Braves » je l’ai vu plus comme une histoire ou un conte que je me racontais. C’est un homme qui est blessé au combat et c’est à lui qu’appartient la décision finale : soit de se laisser mourir, soit de retourner au combat et de retourner vers la vie. En fait, il a un choix cornélien à faire entre se laisser partir et trouver cette paix, mourir de façon égoïste, ou continuer à se battre parce qu’il a une femme et des enfants, donc retourner dans une lutte permanente entre Je veux/Je dois.
Et donc on le suit dans cette quête permanente où il est tiraillé entre « Est-ce que je suis égoïste et je fais de mes enfants des orphelins et ma femme une veuve ? » ou « Est-ce que je continue à me battre alors que je suis tellement fatigué ?».
Finalement, il n’y a pas vraiment de fil conducteur entre ces 3 morceaux. On n’a pas voulu faire un concept album.
Jean-Yves : Il y a trois titres avec trois univers différents, qui représentent une bonne partie de ce qu’on peut faire. Dans le prochain EP, sur les 5 titres qui vont venir, je pense qu’on va encore plus loin dans ce mode-là. Ces trois morceaux distincts représentent le mieux le groupe que l’on forme, pour le moment.

Laurène, il n’y a que toi qui écrit ou tout le monde s’y met un peu ?

Il n’y a que moi. C’est une demande personnelle. En ce qui concerne les thèmes, ça peut être des choses qu’on se suggère entre nous ou ça peut venir de moi, mais je propose toujours mes thèmes pour validation, pour ne pas que ce soit en opposition avec les autres membres du groupe. J’écris les paroles car déjà j’aime écrire, j’aime raconter des choses, je suis très bavarde (rires), et ça me permet aussi de m’approprier le morceau et plus tard de restituer toute l’émotion. J’ai besoin de croire en ce que je chante et ce que je dis.
Après, c’est une autre façon aussi pour moi de contrôler tout ce qui est prosodie ou ce genre de choses, le fait que le texte doit être vraiment adapté à être chanté parce que on peut vraiment se compliquer la vie en tant que chanteuse si le texte n‘est pas adapté.

Et d’un autre côté il faut aussi que tu maitrises la harpe, qui est un instrument assez spécifique en soi. Ça peut paraitre compliqué de gérer le chant et la harpe en même temps.

Laurène : Je feinte ! (rires) Ce qui résume bien Orkhys aussi c’est de ne pas voir trop gros et de se dire « On préfère faire quelques chose qui parait abordable et le faire bien, plutôt que de voir trop grand et de se bruler les ailes ». Du coup j’ai spécifiquement demandé à Brice de composer de telle façon que je ne joue jamais de la harpe quand je chante. Je préfère faire les deux bien en les séparant, du moins j’essaye (rires). Ceci dit, à terme je pourrais envisager de faire les deux en même temps. Je le fais déjà sur mes projets perso, où j’ai tout un répertoire celtique où je chante et je joue de la harpe en même temps.
Pour Orkhys il y avait aussi cette idée de se dire que quand je joue de la harpe je suis statique et j’avais cette volonté de bouger sur scène, je ne veux pas être tout le temps collée à ma harpe.
Julien : Tu voulais éviter l’effet « récital » aussi.

Puis surtout tu es la chanteuse du groupe, donc tu es censée être la première personne qu’on voit sur scène donc si tu es statique ça donne moins envie de s’intéresser à ce qui se passe sur scène.

Laurène : On a envie d’emmener les gens avec nous, dans notre monde, donc à un moment il faut aller les chercher. Donc c’est sûr que si on ne bouge pas, on ne risque pas d’emmener qui que soit.
Jean-Yves : Moi je ne bouge pas beaucoup mais c’est pas ma faute, mais je bouge beaucoup les pieds ! (rires)
Laurène : En fait, il y a juste le tronc qui ne bouge pas (rires)
Julien : Il gesticule ! (rires)

Vous disiez que vous veniez d’univers musicaux différents, comment vous êtes-vous rencontrés ?

Laurène : Avec Brice on s’est rencontrés dans notre ancien groupe. Quand les deux anciens membres fondateurs sont partis, on recherchait un batteur et un guitariste et c’est comme ça que j’ai rencontré Brice. De là une amitié forte est née. C’est comme ça aussi que j’ai rencontré Lancelot, qui est un ami de longue date de Brice. On s’est connus en amis avant d’être membres dans un même groupe.
Puis on a cherché un batteur et, en voyant le profil de Jean-Yves, je n’y croyais pas trop. Je me suis dit qu’il avait l’air d’avoir plein de groupes, il joue super bien, il a l’air trop fort, et il n’est pas vraiment dans le style musical qu’on recherche. Lui il est plutôt dans le Death, Thrash, Grind… Je me suis dit que jamais de la vie on l’aurait dans notre groupe (rires). Mais je ne savais pas alors qu’il aimait bien Loreena McKennitt ! (rires) Donc j’ai pris mon courage à deux mains, je lui ai envoyé une demande d’ajout sur Facebook pour lui parler du projet.
Son premier message de retour a été « Bon j’ai pas le temps mais peut-être que je peux trouver quelqu’un qui pourrait, mais parle-moi du projet… ». Donc je lui explique le projet, je lui parle de la harpe et là il me répond « Tu peux m’envoyer des trucs s’il te plait ? Ça me plait beaucoup ». Donc c’est comme ça qu’il a intégré le groupe. Mais je dois avouer que je n’aurais pas mis ma tête à couper qu’il accepte de jouer avec nous.

Je ne sais pas comment tu trouves autant de temps Jean-Yves…

Laurène : Il ne dort pas ! (rires). En fait il se duplique !
Jean-Yves : Je prends le temps. C’est de l’organisation. Ce n’est pas simple mais ça vaut le coup.

Quel est le dernier film que vous avez vu ?

Julien : Braveheart, je l’ai vu il y a très peu de temps. Je ne l‘avais jamais vu et ça me fait penser à notre morceau « Rest Of The Braves » et d’autres que vous ne connaissez pas encore. Voilà, j’aime bien Mel Gibson et William Wallace (rires).
Laurène : C’était hier soir et contre ma volonté (rires), je suis désolée pour les gens qui aiment ce film. C’était Dikkenek. Je suis désolée, ça ne m’a pas du tout parlé. Je ne sais pas si ma réponse était pertinente mais voilà, c’est le dernier film que j’ai vu.
Jean-Yves : Pour moi c’était 3 téléfilms qui s’appellent Les enfants de Dune. Ça date du milieu des années 2000.

Si « Awakening » était une BO pour un film ce serait lequel ?

Juien : Braveheart ! (rires)
Jean-Yves : Mais alors avec la voix française de Mel Gibson, il joue tellement mal dans la VO. C’est horrible, c’est une catastrophe. En plus, il y a quelques incohérences dans le film.
Julien : Il n’aurait jamais dû croiser la Reine de France, par exemple. Bref… (rires).
Laurène : Moi je vais plutôt parler d’un épisode de la série Outlander : « Au cœur de la bataille ». C’est épique, c’est Ecossais, c’est celtique. C’est parfait.


Si c’était un des 7 Péchés Capitaux ?

Laurène : La gourmandise ! Avant que j’écrive les textes pour nos morceaux, ils ont des noms de nourriture. Dans Awakening, on commence avec le morceau Tartiflette, ensuite Tiramisu et après Carbonara. Tout de suite c’est moins glam (rires). On essaye de donner une image sérieuse au groupe, un peu. (rires)
Julien : Ah bah tiens, c’est maintenant qu’il arrive ! Il a entendu qu’on parlait de nourriture !
(Effectivement Brice arrive pile à ce moment-là de l’interview).

Et enfin, si c’était un des 4 éléments ?

Laurène : Le cinquième Elément ? (rires) En fait il y a le côté terre, eau…
Julien : Pas trop l’eau, c’est plutôt du Whisky (rires).
Laurène : Il y a le coté organique de la terre, le côté aérien de l’air, le coté punchy du feu, l’idée de se laisser porter par l’eau… Chacun y verra l’élément qu’il a envie d’y voir.

Pour conclure notre petit entretien, le mot de la fin c’est pour qui ?

Julien : Le mieux c’est de venir nous voir en concert et de venir découvrir ce qu’on a à proposer. On va fournir aux gens ce qu’il faut pour les faire patienter.

Vous avez un concert prochainement me semble-t-il ?

Laurène : Effectivement, on sera en concert le 22 Octobre à Paris, à la Péniche Antipode. On y jouera avec un groupe d’amis qui est Remember The Light. On s’est posé beaucoup de questions sur ce concert, je suppose comme beaucoup de gens, mais on a trouvé que c’était important de le faire, car c’est aussi notre manière à nous de faire vivre la scène et de faire vivre les lieux qui nous acceptent encore. Il y a de moins en moins de lieux qui acceptent de produire des concerts de Metal et pour nous c’était très important de soutenir notamment la Péniche Antipode en se partageant notre soutien. On voulait être dans une relation de gagnant/gagnant et ça a motivé notre volonté de faire ce concert. La jauge est limitée à 50 places et on a déjà beaucoup de demandes et de ventes.

Et pour toi Brice, le mot de la « faim » ? Vu qu’on ne t’a pas vu de l’interview !

Le mot de la fin c’est que j’ai faim ! (rires)

C’est pour ça que tu es descendu ?! (rires)

C’est parce qu’on est liés dans la bouffe et dans l’alcool. Mais sinon il faut continuer à faire vivre la scène et aller voir les gens qui travaillent, quand c’est possible : les musiciens, les techniciens… Je pense que tout le monde en a besoin.


Pour suivre les actus du groupe, c’est par ici : https://www.facebook.com/Orkhysband/

Cette interview a été retranscrite tardivement et nous avons pu assister au concert, reporté au 24 Octobre, à la péniche Antipode. Malgré un retard de début supposé à 16h (pour l’heure du goûter donc) pour cause de raisons techniques, les concerts de Remember The Light et Orkhys ont pu avoir lieu, dans des conditions les plus optimales possibles. Qu’on se le dise, on peut assister à un concert Metal en étant assis pendant deux heures sans aucun soucis !

Doro'


 

 

 
 
 
 

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