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   P A P A    R O A C H

Juin 2013



C'est tout juste rentrés du Hellfest que, à peine nos valises posées, nous avons foncé à Paris rencontrer Jacoby Shaddix, leader charismatique (et bien plus chaleureux depuis qu'il est sobre…à découvrir dans l'interview) de l'excellent groupe PAPA ROACH que nous avions donc pu admirer sur scène quelques jours plus tôt. Voici l'interview « on confirme » ! (vous comprendrez en lisant)

Ultrarock : La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c'était fin 2010, pour la promo de « Time For Annihilation », vous veniez de signer avec un nouveau label. Comment se passent les choses avec eux, depuis ?

Jacoby : Super bien. Tu vois on est des bosseurs, on aime tourner, jouer, écrire…et bosser avec des gars comme Olivier (Garnier), c'est juste extra ! Ce mec bosse comme un fou pour PR, il ne compte pas ses heures (on confirme !). C'est cool de bosser avec des gens qui bossent autant que nous !

U : Ces vrai qu'on ne vous voyait pas en France avant…

J : Oui, parce que cela ne semblait pas important pour le label. Aujourd'hui, on a le soutien de la maison de disques et c'est cool de pouvoir faire des dates comme le Hellfest, c'était énorme ! (on confirme !)

U : L'an dernier tu as été opéré pour enlever un nodule sur tes cordes vocales. Comment vas-tu ?

J : Je vais très bien. J'ai d'abord eu l'opération et puis j'ai beaucoup travaillé avec une coach vocale. Elle a fait bosser beaucoup de chanteurs avec des voix assez agressives. Elle m'a appris des techniques pour ne pas abimer ma voix. J'ai en plus arrêté la clope, j'ai arrêté de boire, j'ai arrêté la drogue…ça aide aussi (on confirme !) et Dieu merci j'ai retrouvé ma voix !

U : Oui, ça s'entend vraiment sur scène, elle est plus puissante et ça semble aussi plus facile, tu as l'air de t'amuser davantage, de moins lutter pour envoyer certains trucs…

J : ah oui ? cool ! En fait j'étais arrivé à un point où j'avais trop forcé. Depuis des années je chantais en forçant. Apprendre à faire les choses correctement, dans le calme, avec de la technique, ça change tout !

U : Je vais te poser quelques questions sur l'album « The connexion ». Celui-ci est rempli de rage, de colère, de souffrance et de frustration, il est toutefois très beau. Comment transformes-tu ces sentiments sombres en quelque chose de beau, de musical ?

J : En fait, ça commence toujours par la musique. Le groupe travaille comme ça, d'abord la musique. Par exemple, tu prends le morceau « Before I Die », au début, il y avait plein de trucs électro dedans, on l'a réarrangée plus rock et c'est là que ça m'a incité à écrire, en accord avec la musicalité du morceau. En second lieu, il y avait ce que je vivais en parallèle dans ma vie perso. Comme je te disais, j'ai arrêté de boire et j'ai arrêté la drogue…

U : A ce propos, as-tu été aidé pour cela ?

J : Oh oui, j'ai eu beaucoup de soutien ! De la part d'autres musiciens qui avaient décroché aussi et dont je suis très proche. Donc tu vois, je traversais cela, je m'étais aussi séparé de ma femme avec qui j'étais depuis plus de 15 ans…ça a été très douloureux, mais bon, depuis on s'est remis ensemble !

U : oui, on a croisé ton fils aussi…

J : Oui, mon grand (NDLR : Jacoby a 2 fils) est avec moi sur la tournée et c'est génial. Et tout ça, je le dois au fait d'avoir pu rassembler les morceaux de ma vie, la reconstruire, en quelque sorte. Le disque parle donc de cette période où j'étais détruit. Je vivais chez mon frère, dans une petite chambre, je déprimais tous les jours… J'ai mis tout mon cœur dans cette musique. C'est une douloureuse expérience, mais tu vois, de laquelle je suis sorti !

U : Dirais-tu que tu as besoin de te sentir mal pour écrire ou plutôt que la musique t'aide à te sentir mieux ?

J : Incontestablement que la musique m'aide à me sentir mieux ! Et spécialement à ce moment précis de ma vie. Je ne pense pas avoir besoin de me sentir mal pour être créatif. Je pense que la musique est juste un reflet de la vie. La mienne, mais aussi ce qui peut arriver aux gens autour de moi, mes amis, ma famille. Dans la vie, les gens vivent des hauts et des bas extrêmes et, plus je suis attentif à cela, plus je suis créatif. Je me suis nourri de cela pour Infest. J'allais super bien, je venais de me marier…et pourtant Infest est un album hyper dur, plein de colère (on confirme !). Donc pour te dire, tu peux être dans un moment extrêmement difficile ou non et continuer de créer.

U : Qu'est-ce que « the connexion » ? Que veux-tu connecter ? Je me demandais : est-ce être connecté à ses propres émotions ? ou peut-être connecter les gens les uns aux autres ?...

J : C'est tout cela. Je crois qu'on n'est pas sur cette terre pour être seuls. On n'est pas le meilleur de nous-mêmes quand on est seuls. On est faits pour être ensemble. Ca, c'est pour la connexion aux autres. Mais ma vie est faite de relations. J'ai déjà une relation avec moi-même, mais aussi avec mon groupe, ma femme, mes enfants, mes amis, les fans, Dieu… et j'apprends de tous. J'apprends de la musique, de mes amis, des fans, de mes propres erreurs. Ces connexions que j'ai avec tous ces gens me font tel que je suis. Et oui, le titre de ce disque se rapporte au fait que, durant cette période où j'étais mal, je me sentais totalement déconnecté, j'étais perdu et je me suis « retrouvé », j'avais besoin de redevenir moi-même.

U : Et qu'est ce qui a permis cela ?

J : Parce que ce n'est pas comme ça que je suis censé être ! La vie, c'est pas ça !

U : Je veux dire, tu t'es réveillé un matin et…

J : Oui, je me suis levé un jour et je me suis dit : « je dois changer ma vie ! »

U : Ah carrément… comme dans les films !

J : Oui, je me suis dit un jour que je ne pouvais plus faire ça, que je devais changer de manière radicale ou bien j'allais perdre tout ce qui m'avait été donné. Ma créativité était en train de me lâcher, je n'arrivais plus à rien. Ma femme était en train de me lâcher à cause de mon mode de vie… Alors j'ai décidé de tout changer, et le changement est bénéfique je crois !

U : A mes yeux, pratiquement toutes les chansons de cet album ont deux niveaux de lecture. On peut les entendre comme des chanson d'amour - ou plutôt de haine et de tristesse, de douleur – à l'intention d'une personne en particulier, mais elles pourraient aussi bien s'adresser au monde dans lequel nous vivons, qui est dur, impersonnel, dans lequel on se sent souvent seul, un peu comme on peut se sentir face à quelqu'un qui ne te comprends plus…

J : Oui, c'est exact. Ca peut être général et ça peut être personnel. D'ailleurs, parfois les gens pensent que j'ai écrit à propos de ma femme (ou des femmes en général) alors que ça parle de drogue ou d'alcool, que, parce que j'écris « you », il s'agit d'une personne…

U : Oui, en plus, l'interprétation, ça dépend de la façon dont tu te sens… L'une de mes chansons préférées sur cet album est « Silence Is The Enemy », pour la musique bien sûr, mais particulièrement pour les paroles. Tu es tellement dans le vrai…J'ai pour habitude de dire que « ce qui va sans dire va encore mieux en le disant », je ne sais pas si tu vois, c'est un peu littéral comme traduction… (NDLR : forcément, je parle en anglais…)

J : Oh oui, ça me parle !

U : et donc, quel est le contexte de cette chanson ? Pour qui ou pourquoi l'as-tu écrite ?

J : Quand j'ai traversé toutes ces épreuves, avec ma femme, j'ai vraiment été con. Elle ne voulait plus m'écouter, mais j'en avais encore tellement à dire, des trucs que je ne lui avais jamais dits, à propos de moi, avant que nous ne soyons ensemble. Il fallait que ça sorte et ça parle de ça. Tu ne veux pas emporter dans la tombe toutes ces choses que tu as encore à dire à quelqu'un. Parfois, les gens ne veulent pas t'écouter mais les choses ont besoin d'être dites, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

U : Et on peut aussi l'entendre de façon « politique »…

J : Oui tout à fait. On peut penser au gouvernement, au système monétaire, aux Etats-Unis où ils essayent de désarmer les gens…ce genre de choses, effectivement et on se dit « oh mon Dieu… » (on confirme !)

U : Je ne vais pas te poser la question stupide de savoir si tu as un titre « préféré » sur cet album, mais j'aimerais savoir s'il y a un titre dont tu es plus particulièrement fier, ou qui a un sens ou une importance particulière pour toi ?

J : Je dirais que deux chansons sur ce disque résument assez bien tout ça. Ce sont « Give Me Back My Life » et « Before I Die ». Ces deux chansons résument le désespoir et le combat comme je l'évoquais tout à l'heure, pour me retrouver, pour retrouver la paix, retrouver mes enfants, j'étais tellement détruit... Ce sont vraiment des chansons importantes pour moi. Et musicalement aussi, la dynamique sur « Give Me Back My Life » avec ce gros groove… J'essaye d'écrire cette chanson depuis environ 4 ans. On avait ce riff et on ne savait pas comment l'utiliser. Finalement c'est sorti de la bonne façon et ça a donné ce titre. « Before I Die » peut être prise pour une chanson d'amour ou pour une chanson spirituelle et c'est une chanson très importante aussi.

U : Petite question à propos des tournées : la dernière fois qu'on s'est vus je te disais que j'étais ravie de voir PR enfin en France. Désormais, vous semblez revenir plus souvent…

J : Tout ça c'est grâce à Olivier ! (NDLR : bien fort…à noter : Olivier est à la table d'à côté)

U : Oui, Olivier est fantastique. On aime Olivier. Olivier est Dieu…

J : C'est le meilleur

U : C'est le patron

J : Nan mais c'est vrai ! Même si là…il est fatigué…

Olivier : Bonne nuit !

U : Donc, vous allez revenir en tête d'affiche en Novembre/Décembre en Europe. Est-ce que c'est important pour vous de jouer en Europe ?

J : Oh oui, on tourne en Europe quasiment autant qu'en Amérique. Pour cet album on est déjà venus deux fois. Ce sera la troisième en Europe et la deuxième en France.

U : Je suis assez surprise car vous faites une petite salle à Paris, le Trabendo. Alors, c'est super cool hein, vous y aviez joué la dernière fois et je préfère pour ma part largement vous voir dans des petites salles, mais je suis étonnée, car vous avez du public ici, il n'y a qu'à voir au Hellfest…

J : On verra bien, si jamais les places se vendent bien peut-être qu'on changera de salle pour une plus grosse… Y'a quoi comme bonnes salles sur Paris ? Pas trop grande…

U : Le Zenith ?

J : Ah non le Zenith c'est grand…

U : oui, c'est grand… Le Bataclan alors ?

J : Ah oui, je connais, j'ai vu Deftones là-bas, c'est vrai que c'est une belle salle.

U : Enfin une salle pas trop grande c'est cool, au moins on vous voit… Le Hellfest c'était la guerre ! On était au deuxième rang et on devait vraiment se battre pour survivre hein… !

J : Mais c'était un super show, non ?!

U : Ah ça oui (on confirme !). On a même vu un mec sur scène montrer son cul…

J : (avec un air innocent) Ah ? Vraiment ??

U : Vous avez récemment sorti une édition spéciale de l'album avec un DVD bonus d'un live au Club Nokia. Est-ce une salle spéciale pour PR ?

J : Non pas du tout, d'ailleurs je n'aime pas spécialement jouer à L.A… Mais on a fait un truc avec une chaine de télévision américaine et du coup on avait le contenu, ça ne nous a rien coûté, donc ça valait vraiment le coup de le sortir. Mais j'aimerais vraiment faire un « live in the UK ». On va essayer, si la maison de disques a les moyens.

U : Je vais terminer avec deux questions plus générales, que l'on essaye toujours de poser aux artistes que l'on interviewe. La première est : quels sont les artistes que tu as découverts récemment et/ou que tu écoutes en ce moment ?

J : Oh, c'est probablement le cas de beaucoup de monde, mais récemment j'écoute le dernier Deftones que j'adore. Je suis un grand fan. Aussi Bring Me The Horizon, j'aime vraiment leur nouvel album. Il y a aussi un groupe qui vient de Sacramento en Califormie et que nous allons prendre avec nous sur la tournée. Ils s'appellent Middle Class Rut. Ils sont géniaux ! Ca sonne comme un mélange entre Jane's Addiction, Rage Against The Machine et At The Drive-In. Ca grove, il y a du gros son bien lourd, c'est Rock. Donc ils seront avec nous sur la tournée, vous pourrez les voir à Paris. Voilà ça résume ce que j'ai pu écouter ces derniers temps. Ah oui, pas mal de Lamb Of God Aussi.

U : Tu as vu quelques groupes au HellFest ?

J : Honnêtement au Hellfest, j'ai fait des interviews toute la journée. J'ai cavalé pour faire le show, on avait une télé après… J'ai rien vu !! Ah si : peut-être une chanson de Kiss… mais j'ai mis les bottes de Gene Simmons…

U : Non ??...

J : Si si je vais vous montrer, on a pris une photo… (NDLR : pour ceux qui veulent la voir, elle a été postée par Jacoby sur le Facebook de Papa Roach)

U : Il parait qu'il était quasi impossible pour les autres groupes d'approcher Kiss backstage…

J : C'est vrai, mais j'ai des amis qui bossent pour Kiss, c'est pour ça, c'était plus facile !

U : OK, la prochaine fois sur scène tu les portes… ?!

J : An non mais je sais même pas comment ils font, c'est super lourd !!

U : Bon, reprenons, mon autre question porte sur le téléchargement illégal. J'aimerais avoir ton opinion dessus, quelles conséquences cela a sur ton travail ?

J : Ca craint… C'est un fait que l'industrie de la musique dégringole. Pas seulement les groupes, mais les gens qui bossent dans la musique, les maisons de disque…Ils avaient une équipe de mecs à la promo, et maintenant il n'y en a plus qu'un. Donc je ne parle pas juste en mon nom ou celui de mon groupe, mais bien pour toute l'industrie musicale. Les magasins de disques c'est pareil, il n'y en a pratiquement plus. Et ça force aussi pas mal de groupes à tourner de plus en plus et donc forcément il y a de moins en moins de monde aux concerts. Le public se dit « je les verrai la prochaine fois », les ventes de billets baissent. Mais c'est quand-même grâce à ça que notre musique survit. Les gens aiment voir la musique jouée live. Mais le téléchargement a totalement fait chuter les ventes de disques.

U : Dernière question : est-ce que tu as toujours des activités parallèles à PR, je pense notamment au show « Scarred » que tu présentais sur MTV et qui était vraiment excellent…

J : Non pas pour le moment, mais je reste ouvert à ce type de propositions, j'adorerais jouer dans un film… Ca doit être vraiment cool. Ou refaire de la Télé, oui, je m'amusais bien.

U : On t'a aussi entendu sur le dernier Motley Crue…

J : Oui, je n'ai pas d'autre projet musical mais j'aime bien aller pousser la chansonnette sur les albums d'autres groupes, j'aime bien les collaborations de ce genre.

U : Merci beaucoup, Jacoby, on se voit en novembre !

Une petite photo, une vanne sur mon sweat avec oreilles de mouton (ou de nounours, au choix), une imitation de Volbeat, et hop, c'est dans la boite ! On confirme : Jacoby est sacrément cool !


Lulu & Ess

  
 

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