P R I M A L  A G E
Interview réalisée par Pascal Beaumont, le 2 juillet 2021

 

Si PRIMAL AGE n’a, à son actif, que trois albums (The Light To Purify, A Hell Romance, The Gearwheels Of Time) et un EP (A Silent Wound), le gang fait pourtant partie des vétérans de la scène française Thrash Hardcore, les bougres ayant débuté en 1997 à Rouen sans jamais cesser de sévir sur la scène européenne. Ils furent d’ailleurs un des premiers combos à mélanger les deux styles en France, tout en étant engagés envers des causes nobles comme la défense animale, le végétarisme, le véganisme, l’écologie, la dénonciation de la surconsommation de masse…. De vrais précurseurs, à tous les niveaux, qui ont su se faire un nom sur la scène européenne grâce à une multitude de concerts, accompagnant des pointures comme Napalm Death, Caliban, Agnostic Front, Dagoba, Earth Crisis, Madball, Hatebreed, et s’octroyant même quelques petites virées au Japon, au Brésil ou encore au Mexique ! Après un EP, paru en 2017, « A Silent Wound », qui nous avais mis l’eau à la bouche, les voilà enfin de retour avec Masked Enemy, leur véritable album, onze ans après The Gearwheels Of Time. Un méfait en forme de déflagration brutale, sans concession et d’une redoutable efficacité basée sur des riffs dantesques et un chant possédé pour 34 Minutes de bonheur intense et bref ! Enregistré au Swan Sound Studio de Caen avec Guillaume Doussaud aux manettes, mixé et masterisé par Alan Douches, Masked Enemy bénéficie d’un son énorme qui vous atomise les neurones en quelques secondes, du grand art. Pas de doute, Masked Enemy est une belle réussite qui montre bien qu’il faut compter sur le quintet normand qui réussit son grand retour haut la main. Il n’en fallait pas plus pour que votre serviteur soumette à la Question le sieur Xdimitrix, chanteur et bassiste de la formation, afin d’en savoir un peu plus sur la genèse de cette nouvelle offrande qui fait déjà office de référence dans le style. Une interview vérité sur ce grand come-back de PRIMAL AGE, qui nous permet d'en savoir un peu plus sur la philosophie d'un combo pas tout à fait comme les autres. Magnéto, les gars, c’est à vous !

Quels souvenirs gardes-tu de votre participation au Hellfest le 16 06 2019 ?

Xdimitrix : On était forcément hyper contents, on y jouerait tous les ans. Ça faisait onze ans qu’on n’y avait pas joué. On n’était que trois à avoir connu ça. Pour les deux nouveaux guitaristes, c’était une première. On sait qu’ils avaient un petit pincement avant de monter sur scène, ils étaient un petit peu tendus. Mais tout s’est finalement bien passé et on reste sur un super souvenir. Quand tu vois toute l’organisation, c’est vraiment la grande messe du Métal. Il y a aussi une belle mixité.

Vous avez aussi joué au Mexique (2011), au Japon (2013), au Brésil (2015) ?

Xdimitrix : La tournée du Mexique a été un petit peu écourtée, c’était hyper chaotique, très roots, on a préféré annuler certains concerts. Mais les trois destinations ont été hyper dépaysantes, on était dans un autre monde. On a fait le Mexique profond, pas celui qu’on peut te raconter quand tu vas à Cancun. Lorsque tu en parles avec les mexicains, pour eux, c’est Miami, ça n'a rien à voir avec le Mexique. On a démarré la tournée à Monterrey dans le nord du Mexique, dans des coins un peu craignos. On est super contents de l’expérience et aussi super contents d’être rentrés ! (Rires). Le Japon, pour ma part c’était un rêve. Lorsque j’ai débuté la musique, je me disais que si un jour je pouvais aller jouer ma musique au Japon ça serait un rêve. On était super contents, surtout qu’on a retrouvé des potes d’un combo Brésilien CONFONTO avec qui on avait joué 15 ans auparavant en Europe. Sur le millier de dates que l’on a pu faire, on garde celle-ci un petit plus à l’esprit que d’autres.

Est-ce qu’il y a des choses qui t’on surpris, que ce soit au niveau culturel ou autre ?

Xdimitrix : Au Japon, ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’il y avait 15 groupes qui jouaient et c’était blindé dès le premier combo sur scène. Quand tu as des affiches comme ça, en France, les gens commencent à arriver pour les quatre/cinq dernières formations. Avant, ils restent chez eux ou prennent l’apéro. Là, il y avait des concerts qui débutaient en début d’après-midi et la salle était pleine, il y avait un engouement pour tous les groupes. Les chanteurs sont hyper volubiles entre les morceaux, ils passent plus de temps à parler qu’à chanter ! (Rires). C’est particulier. Au Brésil, on a vécu une expérience particulière dans le sens ou on a joué dans une ville de 400 000 habitants, ce n’est pas le petit bled du coin mais, ce qui est étonnant, c’est qu’ils n’avaient vu que des groupes Brésiliens en concert. C’est tellement étalé comme pays que tous les grands groupes jouent à Sao Paulo ou Rio et puis s’en vont. Là, il fallait faire 17h de bus à travers la forêt et la montagne. On jouait dans des villes où il n’y a pas grand monde qui joue parce qu’au niveau logistique, c’est un peu chiant quand tu tournes. Pour le coup, ils étaient hyper honorés et on a eu un grand accueil, ce sont des moments que l’on n’oublie pas.

Qu’est-ce qu’un bon concert pour toi ?

Xdimitrix : C’est lorsque tu as donné et que tu as un retour, tu sens qu’il y a une adhésion et que le public réagit à ce que tu proposes. Parfois ce n’est pas le cas, ça varie en fonction des plateaux qui sont proposés. Toi tu donnes mais tu sens que ce n’est pas forcément ce que le public est venu écouter. Cependant lorsqu’il y a une adhésion, si tu es en train de tout donner, tu as envie de donner encore plus. Après, il y a du monde qui vient au stand, on discute, il y a un vrai échange qui se fait. Tu gardes des contacts. Quand on se dit on a bien joué, le son était là…. Il faut que tous ces éléments soient réunis, c’est ça un bon concert.

Justement au Japon ou au Mexique est que vous arriviez à échanger avec le public ?

Xdimitrix : C’est plus difficile. Lorsque nous sommes allés au Mexique, il n’y avait aucun de nous qui parlait espagnol. Au Japon tout le monde ne parlait pas forcément anglais, idem au Brésil. Personnellement, j’essaye toujours de faire l’effort, quel que soit le pays, de dire deux ou trois phrases dans leur langue. Ça crée un lien. Après, la musique reste un moyen de communication universel. Quand les gens la ressentent, quelle que soit la langue chantée ou parlée, tu t’y retrouves.

Comment s’est déroulé le processus de composition de Masked Enemy ?

Xdimitrix : On a eu des changements de musiciens, le départ de Johan qui était le guitariste et qui était présent sur les albums précédents. Il a été remplacé par Ben et Flo, on est donc repartis sur une version avec deux guitaristes. Je me suis tourné vers Didier (Chant) car ça fait deux ou trois ans qu’il est avec nous, la question était de savoir si ça allait fonctionner pour la composition, sachant que ça le faisait bien sur scène. Je suis le seul musicien d’origine, j’avais écrit des morceaux pour les albums précédents. J’ai amorcé le truc à hauteur de la moitié de l’opus, mais je savais que je n’avais pas assez de matière pour le reste, j’ai donc laissé ça aux autres. Par chance, Flo est quelqu’un qui est capable d’orienter sa composition, il a joué dans différents groupes de Metal et, à chaque fois, il a composé. Il a su s’adapter et a amené des morceaux qui complètent super bien ceux que j’avais composés. Et en même temps, il a amené de la variété au niveau des titres. On avait chacun la matière pour faire un demi-album, on avait tous les morceaux en place, la magie a opéré mais, au départ c’était un gros point d’interrogation. Après, je me charge des textes, Didier ce n’est pas son truc, lui il préfère la scène. Ce qui a été très particulier, c’est que c’était lors du premier confinement, pour placer le chant, j’enregistrais tout sur téléphone, je lui transmettais et j’avais son retour. Il a bossé seul dans son coin. On n’a pas pu répéter, on a fait une seule répétition au complet avant le studio. J’avais confiance, je savais très bien qu’il allait bosser correctement. La grosse énigme, c’était de repartir avec une nouvelle équipe. Lorsque tu changes de guitaristes, tu te demandes s’ils vont avoir l’inspiration. Le groupe a une certaine identité musicale, jouer les morceaux, c’est une chose, mais en écrire et faire en sorte que ça colle avec l’historique du groupe, ç’en est une autre. Johan est resté avec nous une bonne dizaine d’années, il était déjà sur le projet précédent, il était là depuis l’année 2000.

Johan composait énormément, quel a été l’impact de son départ sur ce nouvel opus et sur PRIMAL AGE ?

Xdimitrix : Il écrivait hyper bien dans son coin, c’était problématique. Quand il est parti, on ne savait pas si on allait aller à la pêche aux gratteux. On se demandait ce qu’on allait faire, on avait fait le tour, on s’est posé la question a un moment de savoir si on allait arrêter. Johan a apporté beaucoup de choses au combo. Quand on est reparti avec Flo et Ben, au début, on a fait beaucoup de dates. Ça se passait bien, mais il fallait savoir s’ils étaient capables de composer dans la veine des albums précédents et que cela reste cohérent avec notre histoire. Flo a su le faire et compléter ce que j’avais fait.

Tu te charges de tous les textes, comment travailles-tu avec Didier donne-t-il son agrément avant de les chanter ?

Xdimitrix : Tous les textes que j’ai écrits ont été validés par Didier. On se connait suffisamment bien pour savoir de quoi on peut parler. Ça peut arriver qu’il me dise « j’aimerais bien que tu fasses un texte sur ce thème-là » et je le fais. Sinon, j’écris assez facilement, ça me vient comme ça, j’essaie juste de trouver un juste équilibre, garder toujours deux ou trois titres qui vont traiter de la cause animale ou de la défense environnementale. Mais pas uniquement, parce que lorsque tu écris 9 ou 10 textes, il faut utiliser un éventail de thèmes pour ne pas souler les gens. Et puis on a aussi envie de parler d’autres thématiques.

Comment s’est déroulé l’enregistrement au Swan Sound Studio à Caen avec Guillaume Doussaud ?

Xdimitrix : On a enregistré tous ensemble. On y est allé en toute confiance. on a Rudy qui s'est chargé de la batterie parce que, lors de la composition, à un moment donné, on n’avait plus de batteur. Il a su amener la batterie qui collait parfaitement à nos morceaux. Il nous a fait la proposition d'enregistrer au Swan Sound parce qu'il avait déjà enregistré 15 albums dans ce studio. Il nous a expliqué comment ça se passait et on savait que ça collerait. L'autre point fort, c'est que l'on savait que Guillaume travaille en direct avec Alan Douches pour le mastering. C'est quelqu'un avec qui on voulait travailler, tous les éléments étaient réunis et puis ce n'est pas très loin de chez nous. On savait comment bosser avec lui et ça nous convenait parfaitement. On n’avait pas trop d'inquiétude par rapport à ça.

Vous avez eu cinq batteurs qui ont défilé au sein de la formation ces dernière années : Steph, Toki, Dany, Rudy, Miguel. Qui est votre batteur actuel ?

Xdimitrix : C'est Miguel, il est arrivé il y a peu de temps. Rudy était d'accord pour faire l'album, on lui a proposé d'intégrer le groupe mais il habite assez loin et il ne le sentait pas. Musicalement, ça collait parfaitement , il était d'accord pour faire 2/3 dépannages mais pas plus. On s'est donc remis en quête d'un batteur, c'est un peu compliqué chez nous. Dany, on l'avait intégré lors de la composition de l'opus. Il avait fait des dates avec nous et on lui a proposé de travailler avec nous en studio mais il a complètement explosé. Toky, il était là pour la création de l'album mais on a senti qu'on n’arriverait pas à travailler ensemble. C'était cool lorsque l'on était sur la route mais quand il a fallu travailler sur l'album… C'est une épreuve particulière, la composition, il faut que la mayonnaise prenne même si tu t'entends bien avec des mecs. Il faut adhérer au projet mais là, ce n'était pas le cas. Le bassiste va amener tous les éléments de batterie au batteur, lorsque tu composes un morceau tu as une idée assez précise de ce que tu veux et lorsque tu vois que ça part complètement à l'envers, ça ne le fait pas. Avec Rudy, il n'y a pas eu besoin de faire ça, il est carré, on n’a carrément pas étudié, il a mis dans le mille à chaque fois cela a été un vrai bonheur de travailler avec lui.

C'est si compliqué que ça pour vous de trouver un batteur qui vous convienne ?

Xdimitrix : Peut-être que, par rapport à ce que, nous, on attend d'un batteur, oui. La batterie, c'est un élément important. Des batteurs, tu en trouves beaucoup mais, après, il faut que ça colle avec ce que, nous, on attend. Ce n'est souvent pas le cas. On reste un groupe amateur, il y a beaucoup d'autres batteurs qui sont dans d'autres formations parce qu'ils vivent de ça. Ils sont ultra sollicités. Ce n'est pas un poste hyper facile à combler chez nous. On en trouve plus aujourd'hui que lorsque l'on a débuté. On en avait un et, à part lui, dans la région, il n'y avait personne d'autre ! (Rires).

L'album a été masterisé par qu'Alan Douches au West West Side Studio à New York qu'attendiez-vous de lui ?

Xdimitrix : On connait son travail, il a travaillé sur les opus de CONVERGE, MASTODON, SEPULTURA, HATEBREED, c'est quelqu'un qui a de bonnes références. On sait très bien que l'étape du mastering est cruciale. C'est ce qui peut faire toute la différence, même quand tu sors avec un bon mix, en fonction du master, ton album va péter ou tomber à plat. Donc on voulait vraiment travailler avec lui. On l'avait déjà fait pour un autre album (Ndr: A Hell To Romance) pour lequel le mix était un peu problématique pour lui. Il nous avait réclamé plusieurs mix plus légers, il trouvait qu'il était trop poussé. Le fait qu'on savait que Guillaume travaillait en direct avec Alan était bien, il a fait le mix en fonction des capacités d'Alan. C'est quelqu'un que l'on voulait absolument pour cet opus.

C'est vous qui au final validiez les versions définitive pour chaque titre ?

Xdimitrix : Oui, il nous a fait deux proposition, il y a eu un morceau test, on a tous opté pour la même version sans aucune hésitation. On a choisi la version définitive et on a fait tout l'album sur cette version. Il fait une proposition et on choisit.

Pourquoi avoir choisi “The Devil is Hidden in Shadow” comme premier extrait de Masked Enemy ?

Xdimitrix : On aurait pu en prendre un autre. On trouve qu'au niveau qualité il est hyper homogène. On est satisfaits par tous les titres, ça c'est quelque chose d'hyper important pour nous. Au tout dernier moment, on a choisi de ne pas enregistrer un morceau parce qu'il ne faisait pas l'unanimité. On est partis sur celui-là parce que c'est celui qui représente le mieux cet opus par rapport à d'autres titres qui vont aller dans une direction ou une autre. Celui-ci est un peu plus central donc on est parti là-dessus.

Quel thème développez-vous à travers ce morceau ?

Xdimitrix : L'idée sous-jacente, c'est la manipulation, on met des gens en place qui sont des décisionnaires, mais on sait que ce ne sont pas eux qui nous dirigent réellement. On ne va pas dire que ce sont des marionnettes, mais ce sont ceux contre lesquels on va gueuler si on n’est pas contents. On a une petite illusion de faire un choix lors des élections, c'est l'idée de base. C'est une mécanique qui est hyper bien huilée depuis tellement longtemps. Ils ont tous les moyens à leur disposition pour utiliser les gens, les orienter, les manipuler, les contrôler.

Vous avez, depuis toujours, traité de nombreux thèmes à travers vos album comme la cause animale, le végétarisme, le véganisme, l'écologie, la dénonciation de la surconsommation de masse… Penses-tu que votre rôle soit d'interpeler le public sur des engagements qui vous tiennent à cœur ?

Xdimitrix : Oui, après, j'ai envie de dire que chacun fait ce qu'il veut avec son groupe. Il y en a qui font de la musique pour rigoler et qui s'en foutent un peu des textes, c'est bien, mais après, pour moi, la musique, c'est un bon vecteur de communication. Nous, c'est à travers d'autres formations qu'on en est arrivé là où on en est. Ce sont des groupes qui nous ont orientés, le message peut passer. Après, si ce que l'on propose permet aux gens de réfléchir et d'en discuter, c'est cool. S’ils ne sont là que pour la musique, c'est bien aussi, on fait la fête et tout le monde est le bienvenu. Le chant ça reste un poste comme un autre instrument, autant en utiliser tout le potentiel. Je vais arriver à 50 ans, je n'ai pas envie d'écrire des textes qui ne me correspondent pas. J'aime amener un petit peu de profondeur et de réflexion.

En 1993, vous abordiez déjà des thèmes comme le véganisme ou le végétarisme, avais tu l'impression d'être un peu un précurseurs en France ?
Xdimitrix : Je ne me sens précurseur de rien du tout. Nous-mêmes on a été initiés par d'autres groupes plus anciens. On a plus servi de relai. Après, c'est vrai que c'était à une période où, effectivement, le mot vegan parlait à peu de monde, peut-être une personne sur 10 000. Aujourd'hui, même si tout le monde n'adhère pas, au moins les gens connaissent ou en ont entendu parler et se sont fait une vague idée de ce que cela sous-entend.

Qui sont ces ennemis masqués dont vous parlez à travers cet opus ?

Xdimitrix : Ca rejoint le thème du pouvoir qui nous contrôle, cet appareil politico juridico médiatique qui nous manipule. Ce morceau est un peu caractéristique, c'est le seul que l'on a écrit à deux avec Flo. On a fait la moitié de la musique chacun. C'est un petit clin d'œil, on s'en est servi pour la pochette et puis c'est un thème qui est assez facile à traiter. Greg de Visual injuries a travaillé sur tous les visuels. On a eu très peu de chose à lui dire pour l'orienter, il a lu les textes, ça lui a donné des idées et tout ce qu'il nous a proposé était mortel, on a adoré tout de suite et on a validé.

Quel regard portes tu sur ces 30 ans passées au sein de PRIMAL AGE ?

Xdimitrix : Je me dis qu'on a eu énormément de chance, on est encore là, au travers des épreuves, des différents départs qu'il a fallu traverser, c'est un petit miracle d'être encore là. En plus, nous sommes un groupe amateur, on n’a pas de gros moyens derrière nous, mais, avec la passion qui nous anime, on a fait ce qu'il fallait faire justement pour continuer. Il y a eu des phases de découragement. Si tu fais un bon concert et qu'il y a un bon retour, cela te redonne la patate. Tant que ça parle encore à du monde et qu'on a l'énergie pour prendre la route, on continue. C'est une super aventure humaine aussi, on s'est construits à travers ce groupe.

La passion c'est votre motivation profonde ?

Xdimitrix : Oui, quand tu fais ça en amateur, tu as parfois des conditions ou des cachets pas terribles et tu te dis qu'après tout ça, on est encore là. On fait ça pour la gloire, il faut une grosse passion derrière.

The Gear Wheels Of Time, votre deuxième opus, est sorti en 2010, ça fait 11 ans, vous aimez prendre votre temps !

Xdimitrix : On veut être totalement satisfaits de tout ce qui sort. On va en studio si on a la matière, si on l'a pas, il n'y a pas de maison de disques pour nous pousser à sortir un album tous les deux trois ans. Pour certains combos, tu te dis « encore un album »… Tu écoutes, et tu entends que ça tourne en rond. Il y a très peu de formations qui arrivent à sortir des albums régulièrement et faire de la qualité. Même pour les combos que j'adore, au sein d'un disque, très souvent, je vais trouver trois ou quatre titres super bons et après, tu trouves cinq-six morceaux de remplissage. Il n'y a pas la matière pour faires des opus aussi régulièrement à part si tu es un génie de la création, tu ne peux pas sortir des disques tous les quatre matins. On prend notre temps et puis, il y a eu aussi les années avec des départs. Quand tu perds un musicien, tu en trouves un autre, ça prend du temps, tu es pris par les concerts. Il faut réunir tous ces éléments pour qu'à un moment donné, on ait la matière et qu'on se remette en phase de composition. Souvent même, on nous dit que ça fait longtemps qu'on n’a pas sorti d'album et on nous pose la question souvent, on répond pas tout de suite. On sait qu'il y a de l'attente, on veut répondre à ça mais, en même temps, comme on veut absolument être ultra satisfaits de ce que l'on sort, on attend le bon moment.

Depuis le début vous défendez la cause animale qu'est ce qui te révolte le plus ?

Xdimitrix : C'est tout un ensemble. Si tu considères aujourd'hui la place de l'animal dans notre société, tu te rends compte qu'il est utilisé pour tout : pour nous divertir, pour nous nourrir, pour travailler. Quand on n’en a plus besoin, on l'abandonne, on prend un chien, puis on part en vacances et on le laisse sur le bord de la route, et on en reprend un à la rentrée. C'est aussi un ensemble d'expérimentations comme pour les cosmétiques, pour des considérations faussement scientifiques, on teste on re-teste. Dès que tu veux mettre un produit sur la marché, si tu ne veux pas être emmerdé plus tard avec des problèmes, tu le fais tester et, en fait, il n'y a pas de besoin. On est partis dans une surconsommation, une surexploitation de toutes les ressources globales. Les animaux en souffrent également, tout est tellement déshumanisé. Tu achètes un morceau de viande en barquette, ce n'est plus un animal que tu as devant toi, tu ne vois pas à quoi ça correspond, on voit rarement ces animaux là en ville. Ça reste une barquette en supermarché, pour moi c'est tout ça.

Qu'as-tu envie de rajouter par rapport à Masked Enemy ?

Xdimitrix : C'est la première fois qu'on incorpore autant de nouveau morceaux dans la prochaine set list. Il faut que l'on fasse de la place, on a du mal à retirer certains titres, on a envie de jouer, on a hâte de jouer, on n’en peu plus de ne pas monter sur scène, tu n'imagines même pas ! On a l'album, la formation, on a tout et ça fait tellement longtemps qu'on a pas joué. On voit les chroniques qui apparaissent, on sait qu'il y a moyen de faire plein de trucs bien. On avance en âge, il ne faut pas que ça traine des années avant que ça reparte, il faut qu’on reprenne la route au plus vite.

Après, si tu regardes DEEP PURPLE, la moyenne d'âge est au-dessus de 70 ans, ça laisse de l'espoir !

Xdimitrix : (Rires) Va dire ça à Didier. Il veut prendre sa retraite ! Il nous dit tout le temps « je suis vieux », mais il a assuré sur tout l'album, il a fait une tournée, il a hyper assuré en studio. On avance comme tout le monde, il faut vraiment qu'on tourne, on en a envie. Quand tu restes un an et demi sans faire de concerts... Au tout premier confinement, on sortait d'une tournée de 22 dates, on était limite content de rester chez soi, poser les valises, cool ! Mais après avoir passé quelques mois comme ça, tu te dis « maintenant ça va bien, il faut que ça reparte ». Pour conclure, j'ai envie de dire merci à tous ceux qui auront l'occasion de lire, de voir, d'entendre. N'hésitez pas à nous écrire, à dire ce qui se passe, on espère avoir l'occasion de croiser tout le monde en concert.

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Pascal Beaumont

 

 
 
 
 

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