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S A T A N  J O K E R S


Interview réalisée par Alexis, Février 2018
 

Revoici Renaud Hantson avec une nouvelle production de Satan Jokers, quatre ans après « Sex Opera », cinq après « Psychiatric », albums pour lesquels il s’était déjà entretenu avec Ultrarock, et avec votre serviteur en 2013… que Renaud reconnaît malgré le temps ! Contrairement à la précédente interview, je commence à croire qu’il a enfin l’esprit clair… « I practice what I preach » chantaient Cream, peut-être est-ce enfin de tour des Satan Moqueurs…

On se rejoint donc dans l’arrière-salle du Dr Feelgood, le cul sur des futs de bière, bercés par le ronronnement des machines… Ambiance très « British Steel » comme le dit Renaud lui-même, Rock’n’roll mais intime… Et, malgré l’heure plus que tardive, l’homme est toujours bavard ! Parfait, car on a quand-même près d’une demi-décennie d’évènements à rattraper, mine de rien !

 

Est-ce qu’on ne commencerait pas par discuter de ce que tu as pu faire depuis cette dernière interview pour « Sex Opera » ? Car tu n’as pas vraiment chômé…

Non… bah c’était ça ou je me tirais une balle, quoi. L’idée d’être sans arrêt sur la brèche, de sans arrêt passer d’un projet à l’autre, c’est de ne pas retomber dans une dépression, dans une addiction lourde. Donc il y a Furious Zoo qui sort des albums, avec qui je fais des concerts… J’ai joué un concert hommage à Michel Berger, qui m’a énormément occupé les deux dernières années. Il a été très important pour moi, et on a commencé à faire des concerts hommages à Michel dans le Sud, et j’ai changé d’équipe… Mais autour de moi il y a des musiciens de Satan Jokers en fait : il y a Pascal Mulot à la basse [présent depuis la reformation de 2008], il y a Michael Zurita, le guitariste de Satan Jokers [idem]… Et puis il y a Satan Jokers ! qui régulièrement, tous les deux-trois ans se rappelle au bon souvenir des fans et du circuit Metal français.

Là on se retrouve dans une situation, aujourd’hui, où on est le premier groupe de Metal francophone à sortir un album avec un orchestre symphonique. Donc : fierté… Amusé que ça risque de faire chier quelques personnes et quelques collègues, mais en même temps ils n’avaient qu’à le faire avant nous ! Et un presque spectateurs de l’album, parce que l’histoire c’est une rencontre avec un mec à Marseille – enfin à Aix-en-Provence – dans un concert de Satan Jokers, au Korigan, un club, où un mec vient me voir et me dit « Je vais te la jouer à la Renaud Hantson, je vais te faire une phrase que tu aurais pu dire : tu viens de dire pendant le concert que tu ne continueras Satan Jokers que si tu as une idée brillante… et l’idée brillante, c’est moi ». Le mec me dit ça, je le regarde… je lui fais « tiens, ça me plait ça, effectivement j’aurais pu la dire, cette phrase ». Et il dit « oui, je connais bien ta carrière, donc je sais… Je connais ton jeu avec l’arrogance et la mégalomanie, et sais que c’est vrai » et ça le fait rire aussi.

Il dit « Je connais tout Satan Jokers, je connais tout par cœur, mais en fait je suis musicien classique et je suis arrangeur, et je te propose de faire un album avec un orchestre symphonique ». Le mec je le regarde, et je me dis qu’il est barge… Mais il m’interpelle. Donc je lui dis « donne-moi ton téléphone », parce que là j’étais à six verres de rouge – parce que le concert était fini – donc je lui dis « je t’appelle demain quand je suis à Paris ». Et je l’ai appelé le lendemain, Florent Gauthier, pour une heure quarante de discussion : Tu vois, moi, quand je dis un truc, je le fais, en matière de musique… enfin, dans la vie, en général, mais musicalement, si je dis quelque chose, je le fais. Et en 1h40 de discussion, mon expérience et ma connaissance de la musique m’ont fait savoir que le mec en était capable, je savais qu’il mènerait à bien le projet.

Donc j’ai hyper-délégué, et il s’est occupé de tous les arrangements symphoniques. Il y a eu un moment de flottement parce que l’orchestre qu’il voulait à Pau (ou à Toulouse) l’a planté. Le chef d’orchestre, qui est pourtant un ami à lui, a fait machine arrière, il lui a dit « je le fais pas » alors que tout était en train de se mettre en marche… Et donc il a monté lui-même ce qu’il a appelé l’« Orchestre Symphonique Phocéen ». Il a trouvé vingt personnes ici, huit chefs de pupitre [responsables d’une section] qui sont des amis à lui, qui sont des solistes, et une dizaine d’autres qui doivent être des élèves. Et, en fait, toutes les partitions, ce qu’on appelle les scores, en musique classique [‘fin en anglais… arrête de te la jouer^^], les partitions pour chaque instrument, il les a faites en dix-sept jours je crois… le mec, c’est un tueur.

Dix-sept jours… On parle là de l’album tout entier ?

Ouais ouais… Si tu veux, en fait, il m’envoyait quasiment une fois par jour, ou une fois tous les deux jours, le résultat. Ce qu’il faut savoir, avec Florent, c’est qu’il est fan du groupe, c’est le même genre de rencontre qu’avec Laurent Karila [le psychiatre qui l’a suivi pour son addiction et lui a inspiré – voire a coécrit – ses textes récents]. Le mec est fan du groupe, donc il connait autant Satan Jokers que moi, les chansons il les connait par cœur... donc sa vision des arrangements il l’a déjà ici [en tête]. Après, comme c’est un musicien classique, il ne lui restait plus qu’à écrire les partitions… C’est-à-dire que lui, il écrit des partitions comme toi tu lis l’Equipe [euh… t’es gentil] et moi, j’écris mes textes de chanson [ben non, justement]… et encore, ça doit être plus difficile pour moi d’écrire un texte de chanson que lui de les arranger [lapsus… allez, j’arrête j’suis méchant… mais tu m’as énervé avec ton Equipe]. Donc voilà, en entre quinze jours et un mois, il avait envoyé ses arrangements.

Initialement, il les a enregistrés d’abord au synthé pour montrer ce que ça donnerait, avec des sons en plastique tout pourris… et là, nous, on a eu un moment de doute. Avec Pascal Mulot, à la basse, Michael Zurita, à la guitare, Aurélien Ouzoulas, à la batterie, on s’est dit « ça va être pourri, ça va pas le faire »… Et, en fait, quand les mecs l’ont dit, je les voyais douter. Moi, douter, ça me rappelle Michel Berger, parce qu’il me disait toujours « il n’y a que les gens qui doutent qui avancent »… Là, je regarde les mecs et je leur dis : « Bon, on va y aller. Le mec est aussi fou que nous, on y va… Le mec doit être fou pour envisager un truc comme ça, on va se retrouver dans la position d’être le premier groupe français à faire un album avec un orchestre symphonique dans du Metal : faut y aller, faut lui faire confiance, et donc je lui fais confiance ! ». Et je pense que je ne me suis pas trompé.

Il y a quand même de quoi faire confiance à un type capable de t’arranger seize titres en dix-sept jours !

J’exagère peut-être… je pense qu’il a fait ça entre dix-sept jours et maximum trois semaines.
Enfin même trois semaines… ça fait deux titres tous les trois jours ! Tu sais, tu dis qu’il ne lui restait « plus qu’à écrire les partitions », mais ce n’est pas une mince affaire un arrangement symphonique !

En fait, quand il s’est collé au boulot, il n’a pas débandé. Donc, si tu veux, tout lui est venu d’instinct. C’est-à-dire qu’il entendait la clarinette, là le machin, la flute… il écrivait le truc. Pour lui c’était logique… mais c’est son métier ! Donc, en fait, nous, ça nous semble super-impressionnant, et je comprends ta réaction… Et en même temps moi ça me touche, parce que je suis fier pour ce mec qui devient un frère, un nouveau membre de la famille, et ça me touche sincèrement. Mais en fait, lui, il est dans une logique de travail, c’est-à-dire que lui il sait faire ça comme moi je suis capable de faire une chanson en une minute [en moins de temps qu’elle ne dure ? un titre Punk à la rigueur] et de la finaliser, vocalement en tout cas, et mélodiquement. Après, le texte je vais en chier plus, parce que faut chercher. Mais là, lui, tout lui est venu comme des fulgurances (comme disait Berger)… Il connaissait le groupe par cœur !

Je vois que tu en reviens souvent à Michel Berger… Je sais que ça t’a pas mal occupé ces derniers temps, tu n’en a pas encore fait le tour ?

Je parle de lui parce qu’il reste un mentor et un père spirituel musicalement – dans un truc qui n’a rien à voir avec le Hard Rock !

Justement… comment en vient-on à consacrer toute une tournée à quelqu’un d’aussi éloigné musicalement, quand on joue dans Satan Jokers ?

Etonnant, de consacrer tout un concert à Michel ? Non, car c’est une relecture des chansons, c’est très très Rock ce que j’en fais. [Il mime une mièvrerie] Je le fais pas comme ça !

Ce n’est pas évident ! D’autres choix auraient moins surpris de ta part.

Mais si, parce qu’en fait Berger, moi il m’a engagé dans « Starmania », il m’a donné le rôle-titre dans « La légende de Jimmy » où je jouais James Dean… Il reste mon mentor et mon père spirituel. Il reste un mec qui a énormément compté pour moi. Il devait faire un album pour moi que, malheureusement, il n’aura jamais eu le temps de faire, parce qu’il est parti en 1992.

Est-ce un « père spirituel » humain, ou musical ?

Oh, à tous les niveaux ! C’était un mec brillant, Michel, on ne pouvait être que séduit quand on était avec lui dans une pièce. C’était un mec séduisant, adorable… un chef, il savait très bien ce qu’il fallait faire. Il s’énervait jamais : un jour il s’est énervé contre Johnny Hallyday [il poursuit en riant], et le maximum de son énervement c’était [d’une vois toute douce] « non ça Johnny ça va pas être possible »… tu vois ? Parce qu’il parlait comme ça Michel ! Il était d’éducation bourgeoise, il était le contraire de Balavoine, moi ou Halliday. Mais il avait beaucoup de violence en lui qu’il ne pouvait pas exprimer et donc il se servait des voix de Daniel ou Johnny ou moi… C’est pour ça que moi, j’étais son chanteur fétiche, parce qu’il m’a engagé sur deux spectacles, ses deux Opéras Rock, en fait, je les ai faits, quoi ! J’ai fait deux rôles dans « Starmania », Ziggy et Johnny Rockfort, qui sont deux rôles importants, et ensuite le rôle-titre de « La Légende de Jimmy ».

Donc rendre un hommage à Berger aujourd’hui ça me semble une évidence. Et ça me semble encore plus une évidence avec la disparition de France [Gall]... que je n’ai pas vue depuis six, sept ans… Je n’étais pas au courant de la récidive de son cancer. Mais c’est quelqu’un que j’adorais, qui a toujours été là pour moi… Et j’ai toujours été là pour elle.

Rien à voir avec le Metal ! Mais c’est intéressant de parler de ça dans une émission sur le Hard Rock, histoire de rappeler que le fonctionnement dans le Rock’n’roll n’a rien à voir avec le fonctionnement du Classique. Les gens qui n’écoutent que du Rock… moi, autant ma culture elle est Rock, autant je suis un Rocker et j’ai vécu tous les excès innés au Rock’n’roll, autant je suis incapable d’écouter une seule musique ! Pour moi, faut être un intégriste pour n’écouter qu’une seule musique… et je ne suis pas un intégriste du Metal, moi ! Les intégristes du Metal, ils m’emmerdent. Les mecs ils pensent que [mimant un Hellfesteux de base] « y’a que le Hard Rock qui existe » ! Non c’est con, c’est juste des bas-du-front.

Ceci peut expliquer Furious Zoo… Ce n’est pas à des années-lumière du Metal non plus, mais ça n’en est pas.

C’est du Big Rock ouais, du Hard Rock.

Et dernièrement, tu multiplies les projets, et ils sont de moins en moins Metal…

C’est l’envie. Et puis j’en suis incapable… Tu sais, c’est comme quelqu’un à qui ont dit : « tu vas bouffer des frites toute ta vie », et le mec n’a pas le droit de manger des haricots verts ou des choux-fleurs… c’est pas possible. Ou le mec on lui dit : « tu vas baiser que des brunes toute ta vie. Jamais une blonde ! Et pas de rousse non plus ». Je comprends pas putain… c’est normal ? C’est pas normal, je trouve ça anormal… Pour la musique, c’est exactement pareil. Pourquoi je ne devrais avoir qu’une maîtresse ? Ca serait le Hard Rock ? Alors que moi j’ai appris au Conservatoire à jouer tous les styles de musique. Et je devrais me contenter, moi, chanteur, avec mes capacités vocales, de ne faire qu’un genre ? Ceux qui ne comprennent pas, c’est des gens d’un autre temps… ils sont au Moyen-âge.

Je ne sais pas si c’est une question de temps… Il y avait de la variété musicale au Moyen-âge aussi !

Bah ils sont au Moyen-âge ! Ils ne comprennent pas qu’un artiste doit avoir plusieurs moyens de s’exprimer ! Comme j’ai écrit trois bouquins, alors que je ne suis pas écrivain ! Je ne me sens pas l’âme d’un écrivain… J’ai écrit parce qu’il y a des trucs que j’ai besoin de sortir. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n’est pas une vocation. La musique est une vocation ! Mais pas le fait de faire des bouquins. Comme le fait de faire de la prévention par rapport aux drogues, ma mère ne m’a pas élevé pour un jour tomber dans les filets de la drogue, tu vois ? Elle m’a élevé pour me tenir à l’écart de tout ça… et j’ai pas su le faire. Je suis tombé dans les filets de la came, et aujourd’hui ma grande fierté c’est l’album « Addictions » de Satan Jokers, qui est validé par la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives. Tu comprends, c’est plus important que le Top 50, les Hit-Parades, les Victoires de la « Musique » [les guillemets sont de moi]… Moi, si ma vie s’arrête demain, tout va bien, au moins j’aurai fait ça. Mes années de perdition, au moins, elles auront servi à dire à des parents et à des gosses, et à des jeunes ou à des gens qui souffrent de problèmes d’addiction, que voilà ! [… soigné, le message…].

Tu parles de ton attachement à « Addictions »… C’est l’album le plus présent sur « Symphönïk Kömmandöh ».

Oui, sur le nouvel album il y a trois chansons. Alors, par contre, je vais te dire un petit secret : ça fait partie des cinq chansons que je n’ai pas rechantées. C’est-à-dire que, en réel, Mike [Zurita] et Pascal [Mulot] on tout joué avec l’orchestre symphonique… enfin, après ! pas avec l’orchestre symphonique mais à un autre moment, mais ils ont tout rejoué. Et moi, il y a cinq chansons que je n’ai pas réenregistrées vocalement, dont « Les fils du Metal », « Pas fréquentable », et les trois chansons de l’album « Addictions ». Je vais t’expliquer pourquoi : parce que je n’étais pas en état de chanter ça… Je n’étais pas bien au moment de l’enregistrement de l’album, j’étais plein de doutes par rapport à mon Opera Rock à moi, qui s’appelle « Rock Star » – qui n’a rien à voir, qui est un Opera Rock sur un parcours initiatique d’un adolescent qui devient une vedette, qui va le devenir et qui va se cramer les ailes en plein vol… et pour lequel je cherche toujours une production du spectacle, d’ailleurs !

Et au moment où j’enregistrais « Symphönïk Kömmandöh », je me sentais pas de rechanter les trois chansons de l’album « Addictions », et j’ai dit à mon ingénieur du son : « je crois que j’ai donné le maximum au moment de l’enregistrement de cet album-là, et je me vois pas les rechanter », d’abord parce que je le sens pas en ce moment, de rechanter ces titres-là, et parce que tu sais, quand tu as donné, quand tu sais que tu ne feras pas mieux… ça ne servait à rien. Anthony [Arconte, ingé son et producteur], qui est un petit génie du son, a vérifié avec les prises de l’album « Addictions » si ça fonctionnait avec le réarrangement de Florent… et ça a plus que fonctionné ! Donc il a dit « OK, ça marche ». Donc il y a cinq chansons, dont effectivement « Addictions », il y a trois chansons de cet album… C’est un album majeur pour Satan Jokers, c’est un album majeur… Et Florent, qui est fan du groupe, l’a dit tout de suite : il ne faut pas faire l’impasse sur l’album « Les Fils Du Metal », il ne faut pas faire l’impasse sur « Addictions », qui est l’album majeur de la reformation de Satan Jokers – avec « Sex Opera ». Et comme « Sex Opera » est l’album précédent, on n’a pas voulu gaver les gens, donc on a mis « VIP HIV », et je crois « Club 6 Sex 6 » et on s’est arrêtés là.
Il y a aussi « Milfs »…

Je crois que sur « Sex Opera » il n’y a que deux chansons. Globalement il y a deux chansons par album [pour les 80s c’est le cas], mais « Addictions » il y en a trois.

Et les titres des années 80, pourquoi tu ne les as pas réenregistrés ?

Parce qu’en fait c’est pas des prises de voix que j’ai faites dans les années 80, c’est les prises de voix que j’ai fait sur l’album « Fetish X ». C’est les versions réenregistrées par le nouveau groupe, par le 2e line-up [il veut dire celui de la reformation de 2008] qui figurent sur « Fetish X », donc « Pas fréquentable » et « Les fils du Metal », on a utilisé ces voix-là. J’ai gardé ces versions-là, qui sont réactualisées. Mais je me sentais pas de les rechanter… J’aurais dû peut-être le faire pour « Les fils du Metal » parce que je la chante mieux aujourd’hui qu’à l’époque de « Fetish X ». Donc là j’ai hésité, puis on a manqué de temps… donc j’ai laissé. On a manqué de temps, j’étais à la bourre. Ca a été beaucoup plus compliqué à faire parce que je n’étais pas en forme quand j’ai fait cet album-là [« Fetish X », si je suis…], j’étais en souffrance, j’étais pas bien dans ma tronche et donc ça a été compliqué pour enregistrer les prises de voix sur cet album-là… c’était très compliqué.

Ce n’est pas tout-à-fait pareil que pour les titres de « Addictions » donc…

Voilà, des raisons personnelles, pas des raisons techniques [l’inverse du coup, si je suis toujours^^]. « Les fils du Metal » je la chante mieux aujourd’hui, j’aurais dû la rechanter… j’aurais pu la rechanter ! Je manquais de temps, et la séance était terminée. Il fallait que je renvoie mon travail à mon ingé-son, qui commençait les mixages, parce qu’on avait une deadline, et on était dans la deadline. Et comme la prise de voix de « Fils du Metal » sur « Fetish X » est bonne, c’était sans importance, c’était pas fondamental.

Soit pour les prises de voix… Pour les arrangements donc, aucune décision ne vient de toi ?

Non, c’est la première fois sur un album de Satan Jokers où je délègue totalement. J’ai donné mon entière confiance et carte blanche à Florent Gauthier, le mec que j’ai rencontré à Aix après ce fameux concert, qui a écrit toutes les partitions pour tous les instruments classiques, et qui a tout géré lui-même. Et je lui ai dit d’ailleurs : « tu vas devenir forcément coproducteur de l’album, parce que je ne vais pas m’occuper de l’enregistrement de ta partie à toi, tu te démerdes, je veux pas savoir tu te démerdes, tu te gères toi ! Tu auras tes parts d’arrangeur sur l’album, donc tu gagneras l’argent qu’on récupèrera sur les ventes de disques, mais je ne veux pas savoir combien coûte ton enregistrement, c’est ton bordel, tu te démerdes. Tu deviens coproducteur avec moi, moi je sais combien va me coûter mon enregistrement et ça va me coûter cher, donc toi tu te démerdes »… Donc il s’est démerdé avec des bouts de ficelles pour que ça ne lui coûte quasiment rien ; il a trouvé des musiciens classiques, il a monté cette espèce d’orchestre qu’il a appelé l’« Orchestre Symphonique Phocéen », qui sont tous de Marseille et d’Aix et des alentours. Il a fait un travail extraordinaire, sans lui l’album n’existe pas.

Cet Orchestre Phocéen ne préexistait donc pas, si je comprends bien ?

Non, je crois que c’est lui qui a donné ce nom-là. En même temps j’ai dit ça toute la journée, mais si ça se trouve il va me dire « putain mais tu es cinglé toi, l’Orchestre Phocéen il existe ! il est basé à »… Mais je crois pas, non. Il a fait une magouille à la marseillaise (… c’est un ancien parisien hein) mais je veux dire il a fait un truc, je crois qu’il y avait vingt personnes dans l’orchestre, c’est huit solistes, huit chefs de pupitre, c’est les seuls huit qui sont crédités sur l’album sur la pochette, car dans le classique on ne crédite que les solistes. C’est pas très cool pour les autres…
Ca a toujours été ainsi dans le classique.
Il m’a dit « non, c’est les huit solistes qu’il faut créditer ». Et je crois qu’il a pris une dizaine d’élèves à lui, qui ont dû jouer je sais pas quoi… Donc j’ai rien compris à son micmac, mais je sais en tout cas que les scores qu’il a écrits, toutes les partitions, c’est des scores pour trente musiciens en fait, c’est un truc de ouf qu’il a fait, trente ou quarante musiciens, c’est un truc de malade… Toutes les notes sont jouées, c’est un truc de fou. Alors je sais pas comment il s’est démerdé mais c’est un gros boulot ça c’est sûr. [C’est-à-dire qu’il a dû splitter chaque enregistrement entre les deux dizaines de musiciens, qu’il a ensuite réenregistré jouant les parties manquantes… c’est dur à mettre en place]

Même si tu n’en as pas été l’instigateur, qu’en as-tu pensé ? Y-a-t-il des morceaux où tu trouves que ça marche mieux qu’ailleurs ?

Mais moi je te l’ai dit avec honnêteté : pour moi c’est un mariage qui est contre-nature. Donc au départ je me suis dit « putain, quand même… on sait faire des chansons, il y a des trucs bien », et puis il y a des trucs que j’ai découverts au fur et à mesure… Et en fait aujourd’hui, je prends plaisir à l’écouter maintenant. Et je crois que c’est la force de cet album et la force de Satan Jokers, c’est que Satan Jokers n’est pas un groupe qu’on peut écouter sur une écoute, ce n’est pas possible. Et avec Florent, qui est fan du groupe et qui a fait des arrangements complexes, classiques, riches, un peu cinématographiques, tu ne peux pas tout comprendre sur une écoute. C’est un album que tu es obligé d’écouter une, deux, trois, quatre, cinq, six fois… Moi ça fait quatre-vingt fois, cent fois que je l’écoute.

A chaque fois que je prends ma bagnole, c’est le premier disque dans ma bagnole parce que je l’ai mis à A, donc aujourd’hui je n’ai plus AC/DC en tête avec [il chante les premières notes de « Hard as a rock »]… « Ballbreaker » j’en peux plus ! Tu vois à chaque fois que j’entrais dans ma bagnole, j’entendais « Ballbreaker » d’AC/DC, j’en avais ras-le-cul ! Au bout de deux ans je fais « je vais peut-être changer parce que là j’en peux plus ». Et donc quand je mets ma clef USB j’ai placé cet album en tête pour entendre [il chantonne l’intro de « Quand les héros se meurent »], sur lequel on a fait un clip, un premier clip extrait de l’album, après un teaser d’une quinzaine de minutes…

Et je me dis « putain c’est du bon boulot » quoi, c’est tout ce que j’ai envie de te dire. Donc en vérité j’ai une grande fierté d’être le leader du premier groupe francophone de Metal à faire un album avec un orchestre symphonique, c’est tout ce que je peux te dire, je répète dix fois la même chose parce que c’est le seul truc qui me vient à l’esprit. Mais très honnêtement, dans le résultat final, au départ je n’ai pas tout aimé, et j’aurais dû plus intervenir avec Florent, lui dire que je voulais des trucs façon Hitchcock, « Psychose » [il mime des coups d’archet saccadés]… moins de longs accords et de longues nappes, tu vois ?

Tu l’aurais peut-être vu moins classique et plus « bande originale de film » ?

Ouais, plus violent, plus… tu vois, presque scandé [il rejoue la montée de violons]… « Psychose » tu vois, quand le mec avec le couteau rentre dans la douche et ça fait [pizzicati]... tu vois, ça fait ça et tu flippes. J’aurais dû lui imposer plus de choses comme ça. Mais je n’ai pas de regrets parce que le travail qu’il a fait il est formidable quoi qu’il en soit, donc je n’ai pas de vrais regrets. Je m’en fous, c’est pas fondamental, ce qu’il a fait est tellement bien. En fait, il a fait énormément de contre-chant tu vois, c’est-à-dire qu’il a rajouté des mélodies à mes mélodies, donc si tu veux c’est tendu parce qu’il rajoute des informations sonores supplémentaires à ce que moi je fais déjà, donc c’est super-compliqué quoi, tu vois ce que je veux dire ? ça charge encore plus la bestiole. Nous, déjà, on est un groupe bavard, où il y a beaucoup d’informations sonores, donc là, avec l’orchestre classique, avec un orchestre symphonique, tu imagines bien que ça donne encore plus d’informations sonores, donc c’est hyper chargé.

En même temps, s’il mettait des effets à la Hitchcock, bien moins discrets, ça l’aurait encore plus chargé, non ?

Ben non parce que il y aurait eu moins de tapis, moins de trucs avec des longues notes, et plus de trucs très scandés, très [re-coups d’archets] qui prennent moins de place… Mais je t’ai pas dit que ça aurait mieux marché ! Là tu vois le résultat il est top, en fait les mélodies qu’il fait sur mes mélodies, les contre-chants qu’il met sont… atomiques ! Et plus j’écoute, et plus je dis que le mec est brillant, plus je découvre des trucs.

Tel que tu le décris, j’imagine que tu aimerais t’approcher de ce que Michael Kamen a fait pour Metallica, se rapprochant plus de la BOF que du classique.

Absolument, c’est ce qu’il voulait [Kamen, là], il ne voulait pas faire un album qui sonne « on va faire un album avec un orchestre symphonique, donc on va mettre des instruments classiques », non, lui ce qu’il voulait c’était que ça sonne bande originale de film, il voulait que ce soit cinématographique… presque western [interprétation que je partage]. Quand je lui ai dit [à Florent Gauthier, maintenant… faut suivre] « c’est bien les tapis mais trop de tapis tue le tapis quoi, trop de nappes tue les nappes », à un moment je lui suis un peu entré dans la gueule sur la fin de l’enregistrement, je lui ai dit « on va avoir du mal à mixer, t’as pas laissé d’air »… Donc j’ai fait des coupes, j’ai coupé d’office. Je lui ai dit « là je vais couper »... Sur « Pas fréquentable » il y a des endroits où j’arrête l’orchestre, et je l’ai fait sur deux, trois… quatre endroits, où j’arrête l’orchestre en fait, où je l’ai sous-mixé exprès, avec Anthony [Arconte]… mais en prévenant Florent [c’est au moins ça…], et il m’a dit « Ouais ouais, t’as raison, faut que ça respire »… Donc on parle la même langue hein, c’est pas les mêmes instruments mais on parle la même langue.

Et lui qu’en pense-t-il ? A-t-il obtenu ce qu’il visait, ou regrette-t-il un côté trop Classique aussi ?


Je pense c’est très réussi à ce niveau-là, je pense vraiment que ce qu’il a fait… [pause significative] Je crois pas qu’on pouvait obtenir mieux avec un autre directeur d’orchestre, enfin tu vois un autre arrangeur… Le mec aurait fait un autre travail, bon voilà, mais soit il aurait encore plus chargé, soit il aurait dénudé des trucs… Je te dis, j’ai qu’un regret sur deux-trois chansons, c’est de ne pas être intervenu avant les mixages, et de me rendre compte au mixage qu’il y a un peu d’emphase, je pense, c’est un peu sirupeux… J’ai un peu moins mixé devant l’orchestre, et j’aurais voulu plus de choses un peu scandées tu vois… des pizzicatos, je sais pas…

Est-ce qu’il y a certains titres précis qui ont été sujets à controverse ?

[il répond du tac-au-tac] « Justice », « Substance récompense »… et « Pas fréquentable » à certains endroits – même si c’est très réussi ce qu’il a fait, c’est une des plus réussies, mais à certains endroits on aurait pu… on a fait de l’air d’ailleurs, on en a fait, mais voilà.

Décidément c’est celle-ci qui te gêne ! Moi elle ne m’a pas choqué.

Non mais ça marche ! si tu le sais pas, si je te l’explique pas ça marche… C’est moi qui dis avec honnêteté « bon ben voilà, voilà les trucs »… mais j’ai aucun regret. Et aucun regret d’avoir fait entièrement confiance à ce mec-là, et que ça soit maintenant un membre de la famille. Si c’était à refaire je le laisserais faire exactement pareil, et je ne corrigerais rien. Je baisserais à des moments ce qui me semble être trop rempli d’emphase, un peu pompier… Le Classique c’est chiant quand c’est pompier, tu vois quand c’est [il étire une note], surtout que ça alourdit un groupe qui à la base n’est pas lourd… Même si on aime Black Sabbath, on fait pas du Heavy Metal, on fait un Heavy… on fait du Heavy Metal fait façon Judas Priest, de façon plus tonique que Sabbath… même si on est inspirés de Sabbath ! Mais tu vois c’est pas [il mime leur morceau éponyme] c’est pas ça, c’est un autre truc. Eux ils créent une bande originale de film d’épouvante, Black Sabbath ! c’est ça leur motivation, c’était de créer une bande de film d’horreur, c’était ça [là encore bonne définition]… Priest c’est autre chose, c’est un mélange de ça – cette culture-là, donc Gothique (enfin Gothique pas d’aujourd’hui hein, le Gothique de l’époque, Black Sabbath) – mais speedé… Deep Purple ! Et Jokers, « Les fils du Metal », on est les fils de ça, les petits-fils, les arrière… non pas les arrières… les fils !

J’ai maintenant une question d’auditeur…
« Une question de Françoise, de Marseille ! Est-ce que c’est vrai que tu préfères le PSG ? » [Nous étions le soir du PSG-Real]


Je prends. Quels pronostics ?
Non j’en ai rien à foutre, je suis plus du tout le foot. J’ai joué hein, j’ai trois coupes de Paris à mon actif, dans trois clubs différents, j’ai joué jusqu’à junior… J’étais un killer, j’étais un arrière-droit, j’étais un enculé ! Et comme à l’époque je faisais des arts martiaux en plus, les mecs ils pouvaient avoir des jambes quatre fois les miennes ça passait pas !

On parle de quelle époque ?

Junior… j’ai dû arrêter, j’avais dix-sept ans. J’ai joué sérieusement de dix à dix-sept, dix-huit ans… A dix-huit j’ai monté Satan Jokers, j’ai arrêté le sport. J’ai arrêté le Kung Fu, j’ai arrêté le Foot… Le Kung Fu j’avais fait un an de plus, je suis passé ceinture noire et j’ai arrêté. Et après j’ai fait beaucoup de sexe comme sport…

On retombe dans le cliché du musicien paumé qui savait pas s’il allait faire du foot ou de la guitare…

C’est un peu la même idée… Moi j’ai fait des conneries… Mais j’ai toujours une mentalité de sportif ! J’ai la mentalité, et à peu près la condition et la santé. Mais quand tu arrives à 50 piges, c’est pas comme quand t’as 20 piges… tu fais pas le cabri quoi. Surtout quand tu t’es pas préservé pendant des années, que tu sens tous les trucs que tu t’es niqués, tu vois ? T’as mal au foie, t’as mal là, t’as mal… Maintenant je fais un scanner des intestins, je pense qu’il y a un moment je vais payer l’addition quand même, hein.

Bon, avant que j’oublie de la poser, je disais que j’avais une question d’auditeur… d’auditeur de l’album ! Donc un peu compliquée pour toi qui est le compositeur des titres, mais leur orchestration t’a-t-elle amené à jeter un nouveau regard sur quelques-uns ?

Ouais. L’apport de l’orchestre symphonique m’a prouvé par a+b qu’on savait quand même écrire des chansons, même quand on était gamins^^ On avait déjà ce petit talent, quand j’avais dix-neuf piges et que Satan Jokers a commencé. La différence avec certains de nos collègues, c’est que le groupe était un peu plus technique, mais quelque part on avait cette espèce d’habileté à mélanger la Pop avec le Metal – ce qui aujourd’hui est d’un commun absolu, mais qui à l’époque était totalement précurseur : tu mélangeais pas… c’était une hérésie, quoi ! Mélanger du Funk avec du Hard Rock, mélanger du Jazz Rock avec du Hard Rock… on était des hérétiques ! Tu vois, on a des mecs, ils nous disaient « vous êtes des funkies » ! Et je sais pas… C’est bien le Funk ! Pourquoi j’écouterais pas Michael Jackson ? ou Prince ? c’est pas de la merde hein ! Prince était juste un génie, Jackson aussi !

Et pour les titres récents ? Est-ce que ça t’a fait poser un nouveau regard sur le Satan Jokers des années 2000 ?

Non, sur les titres récents on a choisi les titres très aboutis de la première période, donc je ne dissocie pas. Pour moi c’est le même groupe, je sais pas si tu vois ce que je veux dire... Stéphane Bonneau, avec qui je suis en contact, qui est le premier guitariste du line-up originel [rappelons que deux autres se sont succédé avant « Les fils du Metal »], c’est comme un cousin pour moi, c’est quelqu’un de la famille. Il est très fier de l’album… Satan Jokers c’est une belle aventure, et c’est un groupe (qu’on le veuille ou non) qui laissera une trace. Et cet album-là laissera une trace, car c’est un joli Best-of… et c’est un groupe précurseur, quoi : Là, à nouveau on est précurseurs en faisant un album symphonique de Heavy Metal pour un groupe français, pour un groupe francophone c’est un truc de fou.

Et je te dis, si je ne faisais pas cette rencontre [Florent Gauthier] je ne le faisais pas, donc quelque part c’est un coup de bol… mais je dois avoir cette espèce de force supérieure au-dessus de moi, qui veille sur moi et qui de temps en temps, me fait rencontrer des belles personnes… Des fois la force, là, elle est pas toujours très gentille avec moi, mais pour l’instant elle m’a gardé vivant… Et en tout cas il y a quelques belles personnes dans mon staff, dans mon équipe. Il y a des rencontres qui durent, il y a des amitiés qui durent… Je pense aux équipes vidéo entre autres mais tu vois, [Philippe] Wagner [réalisateur de plusieurs clips depuis les 80s et pour Renaud en solo aussi] ça doit faire trente ou quarante piges… [Pascal] Mulot c’est un mec que je connais depuis des années, maintenant c’est lui qui bosse avec moi sur le projet Berger… Enfin tu vois c’est un truc de fou, parce que j’ai les mecs de Satan Jokers dans mon hommage à Michel Berger !

C’est pareil, j’aurais fait ça il y a trente piges on m’aurait dit « mais c’est une hérésie ! », « honte à toi ! »… et en fait non, pas honte. Parce que moi, ma relecture des morceaux de Michel ça a des couilles, hein… même les ballades ! Après, tu as des passages piano-voix qui sont très doux, mais quand on joue « Quand on arrive en ville » [Balavoine], « Mademoiselle Cheng », ou « La chanson d’Azima » de France Gall, ça rigole pas du tout! [il mime des moulinets de guitare] on joue comme ça tu vois, on joue pas comme France la chantait, ou comme Michel chantait « Mademoiselle Cheng », ça n’a rien à voir… Enfin, c’est la même chanson, mais jouée par des rockers 

Ca m’a interpellé : en parlant du Satan Jokers des années 1980 et 2000 tu viens de dire que c’était le même groupe… Tu vois ça aussi simplement ?

Bah pour moi le premier line-up et le deuxième c’est une continuité. Je pense que si Bonneau avait continué la guitare, si Stéphane avait continué la guitare ce serait un Michael Zurita, parce qu’il était en avance à l’époque. Après il a arrêté la guitare, donc il est resté dans son jeu à lui… Il joue toujours très bien Stéphane, il est venu jouer l’année dernière – non il y a deux ans, il est venu jouer en 2016 avec nous [en janvier à l’occasion du Satan’s Fest de Cergy], il est venu jouer sur trois chansons [« Get it on », « Pas de solution », « Pas fréquentable »], et c’était un moment de grâce et pour le public et pour nous, c’est un moment magique [Malheureusement, trois mois seulement après cette rare apparition nous l’apprenions victime d’une tumeur cérébrale]… Pierre Guiraud [vocaliste] je suis plus en contact avec lui, mais quelque part si tu veux c’est moi qui lui ai appris à chanter, et c’est moi qui faisais, on va dire, 90% des mélodies du groupe… Mais à l’époque je me sentais pas prêt pour passer devant, je me sentais pas prêt pour chanter seul en lead, donc on partageait 50% des parties vocales, à partir du 2e album… Mais dans ma tête j’étais batteur tu vois, et puis j’étais pas prêt ! et lui non plus, on n’était pas des bons chanteurs à l’époque, Satan Jokers était un groupe pas très bon vocalement.

Alexis

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