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S A X O N - Biff Byford

Propos recueillis par Woak'n Roll le 29 septembre 2015
Interview réalisée en compagnie de "Metalmp" du webzine Metal Integral




11h30 pétantes, c'est un Biff BYFORD très serein, que nous retrouvons dans sa chambre d'Hôtel. Avec trois interviews déjà bouclées au moment de notre passage, Biff nous convie à nous installer autour d'une petite table de salon sur laquelle figure une bouteille d'eau et quelques verres… Eh oui, Biff prend soin de sa voix !

Ultrarock : Après la culture Maya et l'atmosphère plutôt belliqueuse du précédent album, on constate un revirement assez littéraire sur « Battering Ram ». Il est à la fois question de La Reine de Cœur d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, du célèbre poème The Devil's Footprint ainsi qu'une référence au monde des Marvel… Comment ces idées se sont-elles imposées ?

Biff BYFORD : La façon dont Nibbs et moi avons travaillé sur l'album Battering Ram était assez étrange. Tout d'abord parce que, Lemmy étant malade, la tournée a été annulée. Nous nous sommes retrouvés avec pas mal de temps. Donc j'ai dit « commençons le nouvel album ». Nibbs a acquiescé et nous nous y sommes mis tout de suite. J'ai donné la production de l'album à Andy SNEAP, ce qui m'a permis d'avoir pas mal de temps et de me focaliser sur le chant et les paroles. J'ai toujours voulu écrire de meilleures chansons, de meilleurs poèmes ou de meilleurs vers. J'avais écrit « Queen of Hearts », morceau plutôt prog', pour mon album solo à la base, mais je l'ai implanté sur l'album de SAXON. Les paroles, pas la musique, parce que le chant a collé avec un des riffs que Nibbs a joué. Je me suis dit que l'album de SAXON était plus important que mon album solo donc je l'ai déplacé et j'en ai fait de même avec quelques idées que j'avais déjà eues. Nous avons donc été capables d'enregistrer cet album assez rapidement grâce à cela. Nibbs avait beaucoup d'idées, des idées de base. Je veux dire, tout le groupe a travaillé sur des idées, mais le travail d'association des paroles et des morceaux, c'est Nibbs qui l'a fait.

Cela donne à l'album un sentiment d'homogénéité parce que deux personnes ont fait l'écriture de base. C'est comme cela que ça fonctionne. Nous avions un peu de temps libre et nous en avons profité pour écrire l'album. J'avais des chansons qui trainaient, nous avions nos idées, nous les avons mélangées et c'est de là que la plupart de l'originalité provient.

Ultrarock : Une question maintenant sur votre voix qui, sur Sacrifice, était vraiment impressionnante. Mais sur Battering Ram, elle l'est encore davantage. Comment faites-vous pour garder… je dirais-même améliorer votre voix au fil des années ?

BB : Je pense que sur Battering Ram, j'avais plus de temps pour enregistrer ma voix, parce que je n'étais pas producteur de l'album comme je l'ai été sur Sacrifice. Donc, plus de temps, moins de stress et plus de plaisir avec Andy sur le chant. On essayait beaucoup plus de choses pour le plaisir, pousser ma voix sur différents niveaux. Ouais, c'était amusant !

Je ne sais pas pourquoi ma voix est en aussi bonne forme… Le fait est que, quand la voix ne va pas, ça ne va vraiment pas. Elle va bien donner pendant 90% du temps mais quand elle se casse, elle se casse méchamment. Pour en revenir à votre question, je ne sais pas… Vous savez, quand vous êtes un chanteur professionnel, vous êtes tout le temps à l'écoute de votre voix. Vous apprenez juste à faire attention à votre voix. Parler est la pire des choses… Vraiment ! Parce que vous usez différents muscles pour parler que ceux que vous utilisez pour chanter. Pour parler vous allez plus utiliser la gorge alors que pour chanter vous utilisez le diaphragme.

Ultrarock : Donc vous ne parlez pas beaucoup ?

BB : J'essaye de ne pas trop parler avant un concert. Bien évidemment, c'est inévitable.
Vous devez trouver un endroit dans votre tête pour le chant… un petit peu comme dans la vie en fin de compte. Vous devez vous trouver un endroit dans lequel vous vous sentez bien… où vous chantez bien. Et c'était à Andy de saisir ce moment où je pouvais atteindre un tel chant. C'est assez amusant ! Sur « Queen of Hearts » en particulier, il y a trois, quatre octaves sur lesquels ma voix se balade. C'est vraiment sympa à faire.

Ultrarock : J'aurais souhaité en savoir plus sur la chanson « Kingdom of the Cross », parce que ça faisait un petit bout de temps qu'on n'avait pas entendu de ballades sur vos albums…

BB : Ce n'est pas vraiment une ballade, en fait. C'est plutôt une chanson d'ambiance.
J'ai eu une idée assez dingue. J'ai écrit un poème l'année dernière sur la première guerre mondiale, que j'ai mis en ligne, parce que j'y pensais un de ces jours et je me suis mis à écrire.
Mais je voulais faire quelque chose d'assez décalé, d'assez étrange. J'ai dit à mes gars « faisons une musique, mais je ne veux aucune guitare dessus, je ne veux pas que ce soit du SAXON, je ne veux pas que ce soit une ballade de radio. Je veux que ce soit une anti-ballade ». Je voulais que ce soit un poème, des paroles. Et Nigel a eu une idée qui date de bien des années sur la façon de l'aborder au clavier. Nous avons mis tout cela ensemble pour tenter l'expérience. Et j'ai ajouté « je veux que ce soit un acteur qui fasse la voix ». J'ai trois ou quatre amis qui sont des acteurs professionnels, dont Dave (David BOWER). Les autres n'ont pas pu le faire, seul David a eu le temps. Je voulais un accent typique de la classe ouvrière, donc nous avons opté pour un dialecte issu du nord de l'Angleterre. Et ça marche très bien. « Kingdom of the Cross » était une grosse expérience.

Metalmp : Une question à propos d'UDR. Après l'album Lionheart, SAXON s'est mis à enchainer les publications, avec en moyenne un album tous les deux ans. Mais entre deux albums, vous avez un lot conséquent de rééditions, de dvd, etc…

Est-ce de votre fait ou est-ce davantage le choix d'UDR. N'avez-vous pas eu peur des conséquences que cela pourrait avoir sur les fans ?

BB : Non, je ne crois pas. Certaines sont nos choix, comme le dernier DVD, je voulais qu'on raconte aussi l'histoire de ces gars, pas que l'on ne parle que de moi tout le temps. Donc c'était une bonne chose de le sortir. Je crois qu'en ces temps où SAXON est plus populaire, il faut donner plus aux gens, plus de ce qu'ils attendent.

Metalmp : Et la demande est toujours aussi importante ?

BB :La demande est importante en ce moment en ce qui concerne SAXON. Vous pouvez effectivement vous demander, pourquoi faire une réédition maintenant etc…
Certaines sorties n'étaient pas vraiment ce que nous souhaitions, mais vous savez, les boîtes de production doivent générer de l'argent, elles doivent survivre. Elles doivent non seulement investir dans les groupes mais aussi dans les nouvelles technologies qu'elles utilisent. Je pense que c'est très bien. Tant que la qualité du matériel est bonne je n'ai vraiment aucun souci avec ça.

Metalmp : C'est finalement plus un compromis entre ce que vous souhaitez et ce qu'elles souhaitent.

BB : Oui, c'est un peu ça. Nous ressortons pas mal de choses. Nous sommes d'ailleurs sur le point de rééditer neuf albums. Cela sortira l'année prochaine. Cela promet d'être une belle réédition, neuf albums. De Solid Ball of Rock jusque MetalHead.

Ultrarock : Une question dans un tout autre registre maintenant. Est-ce que la retraite signifie quelque chose pour vous actuellement ou aurons-nous le plaisir de vous retrouver encore dans vingt ans ?

BB : Je ne sais pas dans vingt ans mais… pour le moment, tout va pour le mieux. Physiquement, il n'y a pas le choix vous savez, pour partir en tournée. Mais oui, tout va pour le mieux ! Vous savez, le style de SAXON demande une grande énergie, que ce soit sur les albums ou en live. Mais advienne que pourra !

Ultrarock : Pensez-vous, pour les successeurs de Battering Ram, poursuivre dans le genre Heavy ou revenir à quelque chose de plus ancré dans le Hard Rock ?

BB : Hum… Je ne sais pas. Nous ne préparons pas les choses à l'avance. Je voulais juste que l'album Battering Ram soit plus travaillé stylistiquement, avec cette petite déviance incarnée par « Kingdom of the Cross » et sur laquelle on se dit « hein… qu'est-ce que c'est ?! ». Je n'aime pas être prévisible. Mais on ne peut que poursuivre dans cette voie. Il n'y a pas d'autre endroit où aller.

Metalmp : Concernant vos concerts, vous serez enfin bientôt en tournée avec MOTORHEAD. Comment avez-vous rencontré MOTORHEAD pour la première fois ? Vous vous en souvenez ?

BB : C'était en 1979. La première tournée que nous avons faite ensemble… ça devait être en 1979, oui. Il s'agissait de notre première grande tournée. MOTORHEAD avait déjà une renommée nationale à l'époque. C'est là que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

Metalmp : Vous ne les aviez pas rencontrés auparavant ?

BB : Pas vraiment, non. J'avais déjà aperçu Lemmy ici et là à Londres mais je ne l'avais pas vraiment rencontré.

Metalmp : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette photo ?...

BB : (scrutant la photo figurant dans le livret de la réédition du premier album) Oui, c'est la photo de notre première tournée et ce devait être à Leeds, à l'université de Leeds. Nous avons fait deux photos, celle-ci avec le backdrop de Saxon, notre premier album. C'était avant la sortie de l'album « Wheels of Steel ». Vous savez, on avait fait quelques concerts avec certaines chansons de l'album sur cette tournée et c'est à la suite de celle-ci que Wheels of Steel est sorti. Nous avons donc fait une photo avec ce backdrop, et une autre avec celui de MOTORHEAD. J'ai cette photo chez moi, d'ailleurs, encadrée.

Metalmp : Après ceci, vous avez fait plusieurs tournées avec MOTORHEAD dans les années 90 dont la tournée Bombers et Eagles… Que pouvez-vous nous dire là-dessus ? Comment cela est-il venu et que vous en reste-t-il, car cela était de votre fait, si je me souviens bien ?

BB : Oui ça l'était. Eh bien, nous sommes amis depuis ce fameux jour. Les deux groupes ont été liés au fil des années. Je pense que, quelque part, d'une façon assez étrange, notre musique et la leur sont assez similaires. Lemmy raconte lui aussi des histoires. Leur travail est quelque peu identique au notre que ce soit sur Overkill ou Ace of Spades, par exemple.
C'est assez compatible et les fans aiment beaucoup le côté « british » de l'ensemble.

Metalmp : Une question concernant les années 80 : aujourd'hui, que penser du fait que SAXON ait signé avec EMI en 1985 ou 1986 ? Ce que je veux dire, c'est que EMI a toujours été le label d'IRON MAIDEN, et qu'à l'époque IRON MAIDEN et SAXON étaient certes amis mais également concurrents…

BB : Eh bien, nous n'étions pas vraiment chez EMI, nous étions chez Parlophone, une branche d'EMI, ce qui était plutôt une erreur, puisqu'il était plutôt un anti-label…

Metalmp : IRON MAIDEN est chez Parlophone…

BB : Oui, ils y sont maintenant. Mais je ne sais pas… Crusader a été notre dernier album avec Carrère et il a eu pas mal de succès, spécialement en Amérique.
Innocence is no excuse a été notre premier album avec EMI et il s'en est suivie probablement la plus grande tournée que nous ayons jamais faite. Mais, encore une fois, je pense que le choix du producteur était assez étrange. Ils nous ont donné pas mal d'argent. Et, bien évidemment, c'était la fin de Steve Dawson à cette époque. Aurait-il été plus judicieux de rester avec Carrère… je ne sais pas, parce que ce label a finalement disparu aussi. Donc EMI était aussi bien placé que les autres. Il était initialement prévu que l'on aille chez Zomba, mais il s'est désisté au dernier moment et EMI est alors entré en jeu. Finalement, ce n'est pas aussi logique qu'il y parait…

Metalmp : Une question concernant vos concerts, dont j'ai déjà discuté avec Nibbs l'an dernier : La plupart des « vieux » groupes ont une playlist plutôt prévisible car ils disent que les fans attendent que certaines chansons du répertoire soient jouées. Le line-up actuel de SAXON a assez de matériel pour faire des concerts de deux heures. Seriez-vous prêts à prendre le risque d'oublier les vieux standards et de piocher plus dans les récents albums ?

BB : Oui, et je pense que nous le faisons déjà avec Sacrifice dont nous jouons plusieurs titres. Mais toutes les chansons ne sont pas taillées pour le cadre des concerts.
C'est facile de transférer des chansons d'albums en live en utilisant la technologie et en préenregistrant. Mais SAXON est un groupe de live. Prenons comme exemple « Kingdom of the Cross »… Prendrons-nous le risque de l'utiliser en playback pendant un concert ?... Je n'en sais rien.

Metalmp : Prendrez-vous le risque de ne pas reprendre « Crusader » ou « Wheels of Steel »… ?

BB : Nous le faisons déjà. Après il faut discerner les concerts des festivals. Ce sont deux choses très différentes. Dans un festival, vous n'avez pas affaire qu'à vos fans. Et il faut également prendre en compte le timing, le temps… L'endroit joue un rôle essentiel dans la performance. Donc, nous essayons de jouer un maximum de tubes dans les festivals. La plupart des gens sont là pour profiter du moment. Quand vous jouez devant 80 000 personnes et que 40 000 commencent à chanter puis, les 40 000 autres, c'est un sentiment fantastique. En revanche s'il s'agit de concerts, je suis d'accord avec vous. On peut se permettre d'expérimenter, et nous le faisons. Mais je pense que les groupes de live sont plutôt objectifs sur la question. Ils doivent savoir équilibrer la playlist entre ce qu'ils veulent jouer et ce que veut entendre le public.

Les fans de hardcore voudront les titres les plus sombres, les plus jeunes, les titres les plus récents… C'est un p***** de cauchemar de jongler sur les singles !

Metalmp : Maintenant, les festivals. Allez-vous faire le Hellfest 2016 ou autres… ?

BB : Oui, nous aimerions faire le Hellfest. Mais je ne peux pas m'avancer là-dessus, me présenter comme ça et demander un concert (rires) . Nous avons l'espoir de faire quelques gros festivals cette année, nous en avons fait pas mal l'an passé mais ce n'était pas le Hellfest ou Wacken… Certains pays considèrent que nous pourrions tenir l'affiche alors que d'autres pensent que nous ne faisons pas le poids. Ce n'est pas une question d'argent. On peut être le 6 ème sur la liste et être mieux payé que le 2 ème . C'est plutôt le fait de savoir où vous vous trouvez sur l'affiche. Mais vous savez, on joue à n'importe quelle place, que ce soit en tête d'affiche, en mi-soirée ou après. C'est ainsi que nous fonctionnons.

Ultrarock : Concernant la couverture de l'album. Comment en êtes-vous arrivés à ce design et pourquoi le titre Battering Ram l'a-t-il emporté ?

BB : Il y avait quelques titres que nous comptions utiliser. L'un d'entre eux était « Stand Your Ground » qu'on pensait être un bon titre pour SAXON. Mais c'était un peu prévisible. Je pense que « Battering Ram » était un bon titre parce qu'il couvre beaucoup de pensées, vous savez… C'est difficile pour nous, sur notre 21 ème album de flouer les journalistes et les fans. C'est un album spécial, ne le prenez pas comme argent comptant, ne pensez pas qu'il s'agit d'un autre album de SAXON. Parce que nous travaillons dur sur nos albums. Nous voulions que les gens y prêtent une oreille attentive et que la critique soit intelligente et constructive. Nous voulions éviter le « oh oui, voilà encore un super album de SAXON ». J'en ai parlé à Paul Grégory, un ami qui a travaillé avec nous sur l'album et il a imaginé ce bélier détruisant l'entrée d'un château. J'ai pensé que c'était bien, ça va droit au but. C'est pourquoi nous sommes partis là-dessus. C'est une chanson rock, simple. Comme nous l'avons déjà jouée auparavant, les gens la connaissent et la première chanson est importante.

Metalmp : Nous vous retrouverons donc au Zénith !

BB : Oui, nous verrons comment nous allons organiser la playlist. Battering Ram sera sans doute en ouverture, ou bien ça pourrait être The Devil's Footprint avec l'intro à la voix…

Ultrarock : Qui fait cette intro à la voix d'ailleurs ?

BB : C'était Dave qui lisait le poème. Nous avons mixé ça au dernier moment.

Ultrarock : Il y a du Vincent Price dans sa façon de faire…

BB : Nous ne voulions pas que ça ressemble de trop à Thriller ou autre. Nous voulions quelque chose d'un peu différent. Mais il y a en effet un clin d'œil avec Vincent Price. On a pensé que ce serait bien d'ajouter ce prologue afin d'expliquer de quoi parlait le morceau et ça fait sympa.

Propos recueillis par Woaknroll

 

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