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S H A Â R G H O T


Interview réalisée par Doro’ le 13 Mai 2019, au Hard Rock Café Paris
 

Pour la sortie de « The Advent Of Shadows », nous avons rencontré Brun’O et Clem X, respectivement guitariste et bassiste du groupe Shaârghot pour essayer d’en apprendre un peu plus sur l’univers décalé de ce groupe hors normes…


Bonjour à vous deux et merci de m’accorder ce petit temps d’interview. Pouvez-vous me présenter votre groupe et me dire comment est née cette idée de Shaârghot ?

Brun’o : Alors en fait Shaârghot c’est surtout le projet d’Etienne, qui est le leadership du groupe. En fait c’est un groupe à histoire et lui seul en connait la fin. Même nous on ne la connait pas. Le premier album c’était la présentation du personnage Shaârghot et le deuxième met plus en avant le côté fan, donc axé sur les « Shadows ». Au début on a rencontré Etienne tout à fait par hasard et on a vu qu’on avait les mêmes centres d’intérêts, sur le côté mise en scène sur la musique. Il avait déjà un projet perso qui ne s’appelait pas encore Shaârghot et il voulait mener ce projet à la scène. C’est comme ça que c’est parti. Moi j’étais disponible donc je l’ai rejoint mais il avait déjà fait beaucoup de travail.

Clem X : Je suis arrivée dans Shaârghot en tant que technicienne, j’aidais au plateau, sur scène etc… et puis on parlait musique avec Etienne et on s’est rendu compte qu’on avait un bon feeling. A l’époque je faisais beaucoup de MAO (musique assistée par ordinateur) et lui avait besoin de quelqu’un qui arrivait à extirper ce qu’il avait dans la tête : les mélodies, les morceaux qui allaient avec l’histoire.
On a commencé à travailler sur « Break your body », moment où j’ai intégré le groupe. Il venait chez moi avec ses idées et moi je prenais les claviers pour m’adapter. S’il me disait « Je veux un truc torturé avec tel ou tel élément » c’était à moi de voir ce que je pouvais faire avec ça et petit à petit on s’est compris.
On a travaillé les morceaux comme ça, un peu comme s’il était tétraplégique et que j’étais ses mains si tu veux (rires). Et derrière il y a Brun’o qui n’avait pas envie de s’embêter avec ces trucs là (rires) donc je lui envoyais les morceaux en lui disant « On en est là, qu’est-ce que tu en penses ? » et il répondait « ça c’est bien, ça c’est nul »…

Brun’o : Ha non ! Je ne disais pas que c’était nul ! Je disais que j’aurais entendu autre chose (rires).

Clem X : Donc on travaillait comme ça et une fois qu’on était tous prêts, on envoyait les morceaux à la production qui les arrangeait un peu comme elle voulait. Notre producteur n’est pas au courant du process, ni de ce que voulaient dire les morceaux, il a une oreille neutre et il réarrange les morceaux à sa façon. Une fois le produit fini, on peut dire que tout le monde a mis la main à la pâte.

De quoi parlent vos morceaux ?

Brun’o : En fait l’histoire c’est que le Shaârghot est issu d’une expérience sur lui-même qui ne fonctionne pas, qui dérape totalement puisqu’en fait tout son côté noir prend le dessus sur sa personnalité donc il devient déjà quelqu’un de très instable et en plus de ça, le produit qu’il s’injecte développe une sorte de champignon qui rends sa peau noire luisante. Voilà, c’est comme ça qu’est né le Shaârghot. Mais sa force une fois décuplée lui donne sans cesse envie de se réinjecter ce produit pour le rendre encore plus fort et invincible. Ce qu’on peut voir un peu sur scène d’ailleurs.

Sur scène et dans les clips aussi d’ailleurs. Il est très présent partout…

Brun’o : Oui c’est ça. En fait le produit développe sans cesse un coté qui est très enfoui au fond de lui et notre musique parle beaucoup de ça.

Clem X : Ça montre le monde d’aujourd’hui mais encre plus malsain.

Brun’o : Oui, c’est le monde d’aujourd’hui avec en dessous l’univers du Shaârghot et de ses Shadows, qui remontent à la surface pour imposer à la population quelque chose qu’il ne s’impose pas lui-même. Ça fait 6 ou 7 ans qu’Etienne a cette histoire dans sa tête mais elle n’était pas du tout ça au début.

Il est donc à la limite de la schizophrénie en fait…

Brun’o : Ah mais oui. Même sur scène c’est pire (rires). Il est schizophrène naturellement (rires).

Et donc il est aussi fou sur scène que dans la vraie vie ?

Clem X : Non pas du tout. Il est d’un chiant ! (Elle marque un temps d’hésitation avant de rire). Je n’arrive pas à savoir si sur scène ce sont ses bons ou ses mauvais côtés qui ressortent.

Brun’o : Moi je l’aime bien sur scène au moins on est tranquilles pendant une heure et demie (rires).

Clem X : Au moins il a son souffre-douleur personnel sur scène, ça l’occupe (rires)

Bruno : C’est difficile car on a tous notre côté créatif aussi donc forcément ce n’est pas évident mais on s’entend super bien.

Vous avez des groupes qui vous influencent dans ce style précis ?

Brun’o : En fait c’est parti simplement d’un constat qu’en France on n’avait pas ce genre de groupe qui existait.

Je trouve que ça sonne très allemand comme style…

Bruno : Le voilà le problème. Il n’y a pas de style normalement, il n’y a pas de frontière, il n’y a pas de pays pour ce style. Tu viens exactement de mettre le doigt sur le problème : quand tu veux retrouver ce genre de style tu vas en Allemagne. Normalement tu ne devrais pas, tu devrais le trouver partout. Il y a un groupe indien qui arrive sur le marché, qui aime le Nube et qui fait du Metal, par exemple.

Clem X : D’ailleurs ils jouent au Gibus en Juillet si ça t’intéresse…

Bruno : Donc voilà si tu veux ce n’est pas « normal » qu’il y ait ce genre de frontières. Si tu veux chercher des groupes de ce genre, tu dois aller en Allemagne.

Pourquoi en Allemagne alors et pas ailleurs ?

Brun’o : Parce que c’est un état d’esprit, c’est tout. En France on n’a pas vraiment de groupes très connus qui se développent sur le style Metal-Electro. Chaque pays a ses influences mais pour nous ça s’est fait comme ça. On aime écouter cette musique là mais à part Punish Yourself qui n’est pas vraiment Electro-Metal d’ailleurs, il n’y a pas beaucoup de groupes qui ont détonné en ayant une apparence visuelle avec un intérêt musical à côté comme le fait Punish Yourself.

La première fois que je vous ai vus c’était au Bus Palladium avec Sidilarsen qui n’est pas pour autant allemand…

Clem X : C’était ma première date avec Shaârghot !
J’ai toujours voulu faire du Metal Indus et quand j’ai démarré avec Shaârghot je me suis dit que s’il n’y avait pas de groupes c’est qu’il n’avait pas de public, mais c’est en faisant ce genre de scène qu’on se rend compte que si, finalement, il y a du public.

Brun’o : Oui tout à fait. On l’a vu dès le premier concert qu’on a fait et on a été surpris parce qu’il y a un public qui était venu pour un autre groupe au départ et qui finalement était là pour nous aussi. On a eu tout de suite cette phase ascendante, qu’on a encore actuellement. Et là, on a le Hellfest qui arrive…

Comment l’appréhendez-vous d’ailleurs ?

Brun’o : Normal.

Clem X : Comme un lundi (rires).

Brun’o : On l’appréhende tout à fait normalement. On est contents de jouer. On n’a pas de pression finalement. C’est un peu dû au fait qu’on joue des personnages aussi. Quelque part on a une sorte de masque, un personnage derrière lequel on se réfugie. Ça aide vraiment puisque deux heures avant on rentre dans ce personnage et une fois sur scène on est réellement dedans. On n’est plus la même personne qu’on était pendant les balances.

Donc derrière le personnage et le maquillage…

Brun’o : Oui, on est une unité en fait. On est quatre musiciens qui constituent Shaârghot.

J’ai remarqué que, pendant vos concerts, chacun de vous va vers les autres membres du groupe, ce qui appuie justement cette idée d’unité…

Clem X : Ha non pas nous (rires). On s’amuse en fait. Je vois mal les gens faire de la musique, se taper la fatigue des concerts, accumuler le boulot, les répet’ et tout le reste et ne pas s’éclater sur scène. Enfin ça me parait surréaliste. Enfin sauf pour ceux qui ont beaucoup d’argent mais ce n’est pas notre cas donc heureusement qu’on s’amuse.

Brun’o : En même temps je lui dis des grosses conneries sur scène pour la déstabiliser. Tu nous vois comme ça mais en réalité on se dit « Oh là, la vodka elle tape dur ! » (rires).

Clem X : Il a un air perdu comme si il n’était pas branché…

Brun’o : Mais je ne suis jamais bourré sur scène !

Clem X : C’est la vodka qui est bonne, pardon… (rires)

Brun’o : Non mais ça c’était juste un soir… et ce n’était pas en France.

Clem X : Tout ça pour dire qu’on s’amuse beaucoup en concert et je pense que les gens le ressentent aussi.

Quel serait votre meilleur souvenir sur scène ?

Clem X : Ce serait plutôt des souvenirs d’après scène pour moi (rires).

Brun’o : Moi j’en ai un ! C’était en Suisse, pour continuer sur la période vodka (rires). Alors ce qui se passe c’est que juste avant de rentrer sur scène, mon HF ne fonctionne plus je ne sais pas pourquoi mais à priori un problème de fréquence, donc on décide de me mettre un câble pour jouer sauf que moi je n’ai plus du tout l’habitude jouer avec un câble. Pendant tout le concert le câble n’a pas arrêté de s’enlever, jusqu’au moment donné où il est parti car quelqu’un a marché dessus. Donc je le cherche, forcément, car il faut que je me re-plug. Je continue de le cherche et là, au premier rang, il y a une nana qui sort le câble de son décolleté ! Et celle-là j’ai eu du mal à m’en remettre (rires). Je me suis dit « Ce concert est trop Rock’n’roll ! ». Il y avait une intensité dans ce concert, c’était géant !

Clem X : Des meufs avec des câbles dans leurs soutifs c’est pas courant (rires).

Etienne : C’est un rêve de sondier !

Clem X : Moi j’ai plus de souvenirs d’après-scène que sur scène… en fait je n’ai pas de souvenir particuliers. Je veux dire c’est à chaque fois il y a des bons souvenirs : des trucs qui font marrer, des anecdotes de voyages, des gens qui nous font marrer quand on joue, y a des mecs qui font n’importe quoi dans le public (rires). A chaque fois que je rentre chez moi je me dis qu’on s’est bien marré mais honnêtement je n’ai pas d’idée précise sur un souvenir.

Quelles sont les questions que vous voudriez qu’on vous pose en interview, qu’on ne vous pose pas déjà ?

Clem X : Mes mensurations ! (rires)

Brun’o : Comment vous appréhendez votre date au Zénith ? C’est une bonne progression. Oui ce serait pas mal ça comme question.

Clem X : Pourquoi pas Bercy ?

Brun’o : Parce que le zénith c’est bien.

Comment appréhendes- tu votre date au zénith ? (rires)

Brun’o : Pas mal du tout ! Notre scénographie est prête. On l’a présentée il y a 15 jours…

Clem X : …et Rammstein nous attend pour être notre première partie à cette occasion (rires).

Brun’o : On a hâte d’être sur scène au Zénith vraiment.

En parlant de scénographie, je me demandais si ce n’était pas un peu encombrant de ramener votre décor à chaque fois, notamment cette grille en fils barbelés, qui tombe sur le public à chaque fois (rires)…

Brun’o : Si si, mais c’est fini ça maintenant. Elle n’arrêtait pas de tomber à chaque fois et c’est assez désagréable.

Clem X : C’est chiant de la remonter à chaque fois pour qu’elle retombe tout le temps (rires).

Brun’o : Oui en plus quand elle tombe, je me prends les pieds dedans et je tombe (rires)

Clem X : J’ai de très bons souvenirs de ça (rires). Ça me fait beaucoup rire !

Brun’o : Oui moi aussi. Mais oui c’est vrai que ça fait beaucoup de décor surtout que là en Février on en a rajouté. Il y a des ventilos qui tournent maintenant, il y en a six sur scène, avec une déco en fer donc là oui il faut un peu de moyens pour déplacer tout ça mais c‘est surtout qu’on ne peut pas l’emmener n’importe où non plus [le décor]. Si on joue tous seuls avec une première partie ça peut se faire, à trois groupes ça devient délicat. Si on finit la soirée c’est beaucoup plus simple, si on est au milieu c’est compliqué. Il y a plein de paramètres qui font qu’on ne peut pas toujours faire ce qu’on voudrait mais on essaye de toujours aller au maximum de ce qu’on veut faire.

Clem X : Si on pouvait faire tout ce qu’on voulait, tu n’imaginerais pas toute la scéno qu’on aurait ! On aurait tout un tas de techniciens pour nous aider, deux tour bus…

Brun’o : Le concert au Gibus est le premier où on intégrait un peu de pyrotechnie. Mais des fois on nous l’interdit. On nous interdit des fois aussi les lasers parce qu’il y a certaines salles qui ne sont pas assez hautes et il faut protéger le public… donc il y a plein de choses qu’on voudrait faire mais qu’on ne peut pas parce que techniquement ce n’est pas possible. Donc des fois on est un peu frustrés mais on compense avec d’autres choses.

Ce genre d’effets visuels me fait penser à Rammstein. En revanche, j’ai lu beaucoup d’articles qui comparent Rammstein et Shaârghot alors qu’en réalité vous ne faites absolument pas la même chose. Ils ont un univers très particulier eux aussi mais en fait que je ne comprends pas pourquoi on vous compare à eux systématiquement…

Brun’o : Non on ne fait pas du tout la même chose mais je pense que c’est le cote théâtral qui fait que…

Pour le coté théâtral on a Alice Cooper dans ce cas…

Brun’o : Oui aussi mais ce n’est pas la même génération. Il faut être un public averti pour connaitre l’univers d’Alice Cooper. Alors que Rammstein ça a commencé plutôt dans les années fin 90, début 2000. Alice Cooper c’est plutôt les années 70. Donc la génération fait que, dans les années 2000, sauf les passionnés de musique, va aller chercher la base de ce qui va les influencer. Aujourd’hui la référence théâtrale ça reste Rammstein et Mylène Farmer donc tu veux quoi ? Qu’on ressemble à Rammstein ou Mylène Farmer ? (rires)

Un mélange des deux ? (rires)

Brun’o : Aujourd’hui les gens vont malheureusement se rattacher à des choses qu’ils connaissent et dans notre cas, c’est Rammstein.

Si on parle un peu de vos clips « Uman Iz Jaws » ou « Break Your Body », ils peuvent faire penser à des films de science-fiction. Comment se passent les tournages ? Les choix des lieux ?

Brun’o : En fait on tient vraiment à se démarquer visuellement de tout ce qu’on peut voir actuellement. On est dans ce côté post-apocalyptique, presque Cyberpunk, où on essaye d’amener les gens dans un monde. Et plus ça va et plus c’est accentué dans ce sens-là, effectivement. De montrer réellement où vivent et la société dans laquelle le Shaârghot et les Shadows évoluent. Et dans le prochain clip qui sort normalement début Juin, on va le ressentir encore plus. Je ne peux pas en dire plus mais il sera beaucoup plus immersif que les précédents.
Il y a du repérage qui est fait pour les tournages et généralement ce qu’on fait c’est qu’on ne va pas chercher des choses très compliquées. Il faut juste lever la tête des fois, même dans Paris, et il y a des endroits qui peuvent être très cyberpunk juste en levant la tête. On est dans ce côté post-apo’ et cyberpunk mais le côté post-apocalyptique l’emporte. Avec des structures en métal, le coté rouillé, un peu futuriste forcément mais la finalité n’est bien sûr pas positive, mais c’est quand même un futur possible. Ça donne un côté visuel terriblement efficace.
On a une personne qui travaille pour nous qui s’appelle Teddy Masson et qui est chargé de faire toutes les captations vidéos pour les clips, aussi de la retranscription des effets spéciaux par rapport à la musique. Tu vas pouvoir t’en apercevoir avec le prochain clip. Là on est nettement au-dessus de « Break Your Body », qui a tout de même été une très bonne expérience.
On avait 6 jours de tournage pour le dernier clip et trois lieux différents. Mais je ne peux pas en dire plus…

C’est la magie du cinéma (rires)

Exactement !

C’est bientôt la fin de notre entretien et Clém vient de partir en interview de son côté. Avez-vous des concerts prévus pour promouvoir « The Advent Of Shadows » ?

Il y a donc le Hellfest cet été, La Guerre du Son (Landresse), ce festival à Sercoux (Charente-Maritime) où on joue avec Dagoba et après la prochaine date à Paris est prévue le 11 Octobre au Petit Bain.

As-tu un dernier message à transmettre à nos lecteurs ?

Déjà je remercie nos fans car sans eux on n’aurait pas pu faire ce qu’on fait actuellement. On reste quand même indépendants dans notre façon de produire nos albums malgré qu’on ait un producteur. On reste quand même indépendants dans les décisions qu’on prend. C’est aussi grâce à eux et de leurs attentes qu’on arrive à faire tout ça. Merci à vous.

Merci beaucoup pour cette interview et à bientôt sur scène, ou ailleurs !

Merci à toi, à bientôt ! C’était un plaisir.



Le site : https://www.facebook.com/shaarghot

Doro'



   

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