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S T U B O R A




Interview réalisée par Doro', le 21 novembre au Hard Rock Café, Paris.

Nous avons rencontré les membres du groupe Stubora, pour discuter de leur passion pour la musique mais aussi de la sortie de leur cinquième album « Horizon Noir ».



Bonjour merci de m’accorder cette interview. Pouvez-vous me présenter Stubora en quelques mots ?

Cyril : Je suis Cyril, chanteur et guitariste.
Niala : Je suis Niala, batteur du groupe.
Cyril : Il y a aussi Mick, à la basse et au chant également. Le trio existe depuis 1996 et on a trois parties importantes de notre histoire. La première, qui était le démarrage du groupe avec un quatuor HardCore, très Underground qui a duré jusqu’en 2004-2005. On a sorti deux albums à ce moment-là. Mais ça a été une histoire un peu à part parce qu’en 2004, Mick, l’actuel bassiste, est arrivé dans le groupe. J’avais créé le groupe au départ mais je voulais changer un peu de style, faire des choses un peu différentes.
Au départ, il nous avait rejoint pour palier l’absence de notre premier bassiste, pour deux concerts, et puis après ça je lui ai demandé de rester car je voulais changer de style et je savais qu’il avait un registre un peu différent, il n’était pas HardCore du tout mais j’avais vraiment cette envie de changer.
On a alors commencé une période de transition avec moins de HardCore et plus d’influences Rock, Metal etc… et jusqu’en 2014, on a eu une période assez vide, suite à l’accident de notre batteur. On s’était mis en pause, on a eu du mal à redémarrer, ça ne se passait pas très bien et, au final, il est parti, donc on a eu une période où on est allés nulle part, un peu en mode dépression.
Puis finalement on a rencontré Niala, et ça a été la rencontre idéale puisque ça a bien matché. On a à peu près la même tranche d’âge, la même manière d’aborder la musique. On a donc sorti un album fin 2015, début 2016 qui s’appelait « Résurrection » parce que c’était notre résurrection et c’était surtout ça le message de l’album. On l’a considéré un peu comme si c’était un premier album, ce qui nous a amené petit à petit à reprendre des contacts et remettre les choses en place pour pouvoir pousser fort avec « Horizon Noir ».

Que signifie Stubora ?

Niala : Au départ, ça devait être Stubborn qui veut dire « entêté ». Cyril ne voulait pas reprendre un terme anglais tout simple et il a voulu ajouter quelque chose qui sonnait mieux. C’est devenu Stubora.
Cyril : C’est vrai qu’au début un groupe de HardCore qui s’appelait Entêté, ça collait pas mal (rires), mais on ne voulait pas de symbolique ou d’un mot qui représentait notre musique. Au final Stubora ça s’attache à tout. Donc on a gardé ce nom et derrière ça permet d’avoir tout l’historique du groupe, ses différentes périodes, des étapes importantes, de voir un peu le parcours artistique qu’il y a derrière.

Effectivement, à l’écoute de l’album on se rend bien compte de l’évolution musicale. On est plutôt dans un style de Rock pêchu avec des petites pointes Heavy parfois…

Cyril : Oui c’est vrai que ça faisait pas mal d’année que j’étais sur cette scène-là [HardCore], qui est toujours ma scène de cœur, mais musicalement j’avais envie de jouer des choses différentes. Avec le changement de line-up, on a maintenant des personnalités différentes, des influences différentes et tout ça fait qu’à un moment tu as besoin de changer et d’interpréter la musique différemment.

Qui est le compositeur principal du groupe ?

Cyril : On est deux compositeurs, Mick et moi. On a notre propre façon de faire. On compose chacun dans notre coin. On a une première étape d’échanges, on travaille nos morceaux comme des démos. On se challenge, on itère un peu. On a parfois des morceaux avec une ossature qui se définit petit à petit et Niala ajoute sa rythmique, ses influences. Puis on aboutit au deuxième round, qui est la finalisation des morceaux.
Niala : Pour ma part, j’ai plein d’influences. J’ai joué beaucoup de Jazz donc je peux jouer un peu de tout. Vers l’âge de 22-23 ans j’ai découvert Dream Theater et je suis tombé amoureux du jeu du batteur de l’époque, Mike Portnoy, parce que j’ai trouvé qu’il avait un jeu très agressif qui correspondait de près à du HardCore/Metal et en même temps il avait une finesse de jeu qui m’intéressait beaucoup et que j’avais déjà travaillée avant dans le Jazz Fusion et le Rock. J’ai donc marié toutes ces influences et j’ai sorti mon jeu actuel. J’apporte ma touche personnelle à Stubora qui est finalement très éclectique.

Comment avez-vous commencé la musique ?

Cyril : Avec Mick on se connait depuis qu’on est gamins. On n’a pas toujours joué ensemble, on avait nos groupes chacun de notre côté et c’est seulement en 2004 qu’on a décidé de jouer ensemble. On a fait quelques projets et on a toujours été dans la musique, qui est notre passion. La musique fait partie de notre vie et on parle presque que de musique.
Niala : Je suis tombé dedans quand j’étais petit, comme Obélix. Mon père était musicien, il jouait de 14 instruments différents, il a toujours joué de la musique. A l’âge de six ans, j’ai reçu ma première batterie et je me suis mis à jouer de la musette avec un accordéoniste, dans ma cave, entouré de vinyles. Tout a démarré de là. Vers 15-16 ans j’ai eu mon premier groupe et je n’ai jamais arrêté de jouer.

Est-ce que vous pensez que les musiciens ont un rôle social important en France aujourd’hui ?

Cyril : J’aurais tendance à dire qu’il y a deux éléments : le rôle social qu’on pourrait imaginer direct et il y a surtout l’indirect. Le fait d’avoir des concerts, de rapprocher les gens, d’unifier les gens, va créer des échanges sociaux et humains, ce qui est pour moi le plus intéressant. En tant que groupe, on ne veut pas donner de leçons, ni en recevoir. On aime bien exposer dans nos textes ce qu’on ressent, ce qu’on vit mais on ne veut pas dire aux gens ce qu’ils ont à faire. Il y a forcément un contact social puisque beaucoup de personnes quand ils écoutent des artistes absorbent un peu les textes, se les approprient, mais on ne veut pas avoir un rôle social ou politique. Mais c’est vrai que créer les échanges favorise probablement une certaine forme de relation sociale entre l’artiste et ceux qui viennent le voir ou entre les fans eux-mêmes. C’est plus ça qui est important c’est d’arriver à organiser des évènements comme ça.
Niala : Je ne veux pas faire le rabat-joie mais pour rejoindre ce que dit Cyril, je suis d’accord dans notre style musical, par contre avec les réseaux sociaux, Youtube etc… J’ai la particularité de travailler quotidiennement avec des jeunes en difficulté et certes notre musique n’est pas forcément accessible pour eux car ils sont plus attirés par le Rap ou la musique très commerciale qui passe non-stop à la radio. Je n’ai strictement rien contre cette musique-là sauf qu’on voit bien maintenant, avec les streaming et les réseaux sociaux, que les jeunes n’écoutent plus un morceau entier, de A à Z, donc ils commencent à écouter 10 ou 15 secondes et hop, on zappe, car avec Internet on a accès à tout.
De notre temps, on achetait des cassettes, on la mettait dans le lecteur et on les passait en boucle. A l’heure actuelle, c’est toujours le cas sauf qu’on zappe au bout de 15 secondes. On ne peut plus dire qu’on a une influence quelle qu’elle soit avec un public de cette génération ou pour toi qui dois avoir dix ans de moins que nous, qui as une autre approche de la musique. On n’a plus le pouvoir ni cette force de cette époque-là d’emmener une population et de la sensibiliser à quelque chose. C’est différent. Les jeunes sont aujourd’hui sensibilisés par Internet et ce n’est pas toujours le meilleur. Et voilà, j’ai plombé l’ambiance (rires).

Quels types de messages souhaitez-vous transmettre à travers vos compos ?

Cyril : Justement, on ne veut pas forcement transmettre de messages. On exprime plutôt des émotions qu’on partage dans nos textes, mais on ne veut pas forcer les gens à penser comme nous ou à se dire que c’est comme ça qu’il faut penser. C’est un peu comme une tribune où on partage ce qu’on ressent, parce qu’on y met tout notre cœur, mais on ne veut pas obliger les gens à penser comme nous.

Quand j’ai écouté « Horizon Noir », j’ai trouvé que les textes généraient une ambiance très sombre. Est-ce que c’était volontaire ?

Cyril : Ce n’était pas volontaire dans le sens où, quand on a écrit les textes avec Mick, on ne s’est pas donné de règles ni de contraintes. On a juste constaté qu’une fois qu’on a commencé à écrire, on avait les mêmes types de textes assez sombres, c’est là qu’on a commencé à penser au titre de l’album et tout ce qui va avec. C’est vrai que ça représente nos émotions de ces deux dernières années, le temps qu’il a fallu pour produire l’album représente notre vécu sur ces deux années. Ce sont vraiment nos émotions qu’on a voulu montrer à travers ce disque.

Quelle est l’étape que vous préférez dans la production d’un disque ?

Cyril : Je dirais que j’aime la phase d’échange avec Niala.
Niala : Pour moi, il y en a deux. Celle quand je reçois les démos, que je place mes trucs dessus et qu’on se rencontre tous les trois, qu’on échange et qu’on voit la construction du projet et c’est souvent très aléatoire. Parfois on n’est pas convaincus et d’autres fois on est très enjoués sur la construction des compos.
La deuxième chose, c’est quand tout est fini, quand l’album est fini d’être enregistré et quand on a une première écoute. Moi j’adore quand Cyril commençait à mixer et qu’il nous envoyait les premiers fichiers. Je les écoutais partout, tout le temps, dans la voiture, sur mon poste radio… C’est là que l’album commence à prendre vie, c’est un bébé. Puis la troisième phase c’est quand on reçoit l’album, qu’on l’a dans les mains.
Mick : Pour moi, c’est les phases de composition que je préfère. Quand tu trouves une bonne idée, un bon riff, une bonne mélodie. Tu commences à te dire que ça prend vie, que ça correspond à ce que tu voulais exprimer. Après, le morceau se met en place quand on commence à travailler en groupe sur les arrangements. Puis après, il y a l’écriture des paroles qui est compliquée pour moi car je me mets la pression car je n’ai pas toujours l’inspiration. Puis là, en six jours, j’ai tout trouvé. Ça m’est arrivé comme ça, d’un coup (rires).
Cyril : Il y a des jours où il n’y a rien, juste un gribouillis, tu ne fais rien. Puis le lendemain c’est mieux. Comme on itère beaucoup, ça permet de faire d’autres choses, de se vider la tête. D’autres fois, on se met la pression pour écrire vite parce qu’on se met des limites de temps.
Niala : Des fois, tu es en train de faire tout à fait autre chose, j’écris aussi mais pas pour Stubora, pour mon propre répertoire, et parfois il y a une phrase qui vient comme ça, qui sonne bien et cette phase-là te déclenche des choses.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première scène ?

Niala : Je me souviens à la fête de mon école où j’ai pu jouer sur scène avec mon père. Moi à la batterie et lui au piano ou à l’accordéon, je ne sais plus. C’était un très bon souvenir mais un mauvais aussi car j’avais fait une bêtise de gamin. J’avais 8 ou 9 ans et j’étais parti avec des copains pour faire des bêtises dans un château et le gardien du château était là. Il était aussi à la représentation à l’école et il m’a reconnu et il a envoyé les flics chez moi (rires).
Mick : Moi c’était dans mon garage. Mes parents m’avaient laissé le garage pour jouer et on avait organisé un concert où on avait invité plein de copains. On avait rempli le garage.
Cyril : Oh oui ! Je m’en rappelle ! Je me souviens de ta première scène mais pas de la mienne (rires).
Mick : On était à fond dans le Thrash des années 80, c’était bien cool !

Est-ce que ces expériences vous ont influencés dans votre vie de musicien plus tard ?

Mick : Non pas forcement parce que à ce moment-là tu ne sais pas encore bien jouer, ce sont les prémices seulement. Ça fait partie du cursus d’un musicien. On commence tous avec quatre accords, qu’on joue mal, dans un garage puis après les étapes s’enchainent les unes après les autres.
Cyril : Sauf quand tu as la chance d’être bien accompagné. Niala a eu un meilleur démarrage que nous en un sens. J'ai aussi commencé à jouer dans mon garage avec des potes, on connaissait probablement trois notes. C’est là que tu découvres ta passion et que tu te rends compte que tu fais ce que tu aimes. Même si tu es mauvais et que tu ne sais pas accorder ta guitare. Ce qu’on connaissait de la guitare c’est ce qu’on voyait dans les magazines ou quand on demandait à un voisin de te montrer comment l’accorder. Ça fait partie de l’apprentissage et c’est ce qui déclenche l’étincelle. Du coup c’est ce qui t’intéresse, tu prends du temps pour ça et tu progresses.

Comment appréhendez-vous la sortie de « Horizon Noir » ?

Niala : Ça va dépendre de vous ça [les médias] (rires).
Cyril : On a eu de bons feedbacks sur le précédent. « Horizon Noir » est sorti hier donc on a eu l’avantage d’avoir déjà eu quelques retours qui sont plutôt bons donc on appréhende beaucoup moins. On a eu pas mal de choses à préparer pour sa promotion, tout en étant convaincus qu’on a donné le meilleur de nous-mêmes sur toute sa production.
Mick : On sait qu’on a fait ce qu’on pouvait proposer de mieux, qu’on a poussé loin en proposant les meilleurs mélodies et riffs, maintenant la petite angoisse c’est que ce soit confirmé par les critiques. On n’aura jamais 100% de bonnes critiques mais si elles sont constructives on pourra rebondir dessus. On espère que les critiques vont confirmer ou du moins valider tout le travail qu’on a fait.
Cyril : En tant que musicien tu as toujours des inquiétudes, savoir si ça va bien se passer, comment l’album va être reçu… On pense que c’est notre meilleur album car c’est celui sur lequel on a travaillé le plus longtemps, tant sur la technique que la production, on n’a jamais atteint ce niveau-là. On est plus dans l’attente de la confirmation maintenant.
Niala : On n’a pas de doutes sur le son, mais plutôt de savoir si les gens vont aimer ou pas. La critique journalistique c’est une chose, la critique des auditeurs c’est tout autre chose. Pour un oui ou un non, quelqu’un qui n’aime pas peut très bien dénigrer cet album et entrainer avec lui dix personnes ou au contraire entrainer ces personnes à le découvrir davantage.
Je reviens sur le travail que je fais avec les jeunes mais ils s’en fichent vraiment du son. Que la basse soit mise en avant ou la guitare leur importe peu. Ils n’écoutent pas de la même façon que vous, qui faites de la critique musicale quotidiennement.
Mick : Le Metal/Rock c’est une musique de passionnés. Il y aura toujours des gens pour faire attention à ces détails-là.

Peut-on dire que c’est l’album de la maturité ?

Cyril : Oui, tout à fait !
Mick : Exactement.

Quelle est l’actu du groupe à venir ?

Cyril : On va travailler sur la recherche de concerts. On aime bien tout faire par nous-mêmes et ça en fait partie. On annoncera des dates de concerts quand on en aura, car notre objectif maintenant que « Horizon Noir » est sorti, c’est de faire des dates pour le promouvoir. De pouvoir faire ce qu’on appelle nous des belles dates, si possible avec des artistes qu’on apprécie, faire des festivals et être sur des affiches plus importantes, pour nous permettre de franchir un cap. Je pense qu’on a un album abouti et qu’on est capables de dégager du temps pour le présenter en concert. Ce qu’on veut c’est tourner en France principalement, un peu partout.

Avez-vous un message à transmettre aux lecteurs d’Ultrarock, pour terminer notre interview ?

Mick : Merci pour votre soutien et l’intérêt que vous avez pour notre album.
Niala : On espère les toucher au plus profond d’eux-mêmes et qu’ils prendront grand plaisir à l’écouter.
Mick : Que vous alliez faire l’effort d’écouter de nouveaux groupes, même si je sais que ce n’est pas simple, mais il y en a beaucoup à découvrir dans des univers et des styles différents.


Le site : https://www.facebook.com/StuBorA


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