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 T H E  A N S W E R

2013


4 e album pour The Answer, France sillonnée cet automne, l'actualité voulait que nous les rencontrions afin de causer de « New Horizon », ce nouvel effort et cette nouvelle impulsion du groupe. Nous nous entretenons donc avec Cormac Neeson et Paul Mahon, la voix et la 6-cordes de la formation nord-irlandaise, étonnamment calmes et posés, presque tristounets, dirais-je, bien loin des fous-furieux que je m'attendais à découvrir… Seul cet accent à couper au couteau rappelle que je suis en face de ces gugusses qui nous ont offert une « drinking session » par soir online tout au long du mois, c'est-à-dire un extrait de l'album dévoilé sur fond de groupe au pub goûtant un alcool différent par titre...

(UltraRock) Eh bien je m'attendais à vous trouver chacun un verre de Guinness à la main !

(Corman Neeson) Oh, quand même pas dès midi !

(UR) Je sais, depuis les « drinking sessions », que c'est ta boisson préférée… et Paul ?

(Paul Mahon) Sans doute la Guinness aussi… Bon, je n'ai rien contre le Whiskey irlandais non plus, mais la Guinness ça c'est de la boisson quand même !

(UR) Bien, « New Horizon »… c'est votre premier album studio depuis « Revival », et bien des choses se sont passées depuis : vous avez un nouveau management, une nouvelle agence, et vous êtres passés chez Napalm Records… Il y a une raison à tant de changements ?

(CN) Je crois, oui… Il y a un an et demi, lorsque le « Revival » Tour touchait à sa fin, je crois que nous avons tous senti que nous nous étions enfermés dans une sorte de routine, où tout était prévu à l'avance, et que l'on n'avait rien de vraiment neuf à attendre… Nous jouons maintenant ensemble depuis plus de 10 ans, et avons suivi le même chemin, avançant pas-à-pas, grimpant d'une marche à chaque fois… Donc, il y a un an et demi, nous nous sommes réunis tous les quatre, nous sommes assis face-à-face, et nous avons convenu qu'il était temps de procéder à certains changements, que si nous ne réagissions pas maintenant et continuions de la même manière, eh bien nous pourrions bien nous retrouver au pied du mur ! On avait besoin d'une nouvelle dynamique pour relancer la machine, et ça impliquait de changer beaucoup de choses tout autour de nous. Pas seulement musicalement mais aussi dans notre façon de procéder. Nous avons écrit et enregistré cet album différemment, nous avons adopté une attitude bien plus directe. Certaines décisions ne furent pas évidentes, mais je pense qu'aujourd'hui nous sommes contents de les avoir prises, et satisfaits du résultat. On a gagné plus qu'un bon album et une nouvelle équipe et ça en valait le coup.

(UR) Vous ressentez donc franchement les effets de ces changements ?

(CN) Oh oui ! on a l'impression de s'être débarrassés de bien des choses, de problèmes tels qu'on n'en avait pas encore eu. Impossible de ne pas sentir ce changement. Aujourd'hui je suis vraiment heureux de nos efforts car nous avons choisi la bonne voie, nous avons intelligemment canalisé l'anxiété et les frustrations que nous accumulions, tout ceci s'est enfin trouvé géré, et nous avons pu nous consacrer à cet album de la meilleure façon dont nous étions capables. Il a été composé du mieux que nous pouvions, et je pense que c'est une dynamique que nous allons pouvoir poursuivre, je pense que les deux prochaines années vont se poursuivre sur cette trend, avec l'album à défendre sur scène et une nouvelle volonté de poursuivre tout ceci.

(UR) Votre équipe de Prod se compose désormais de Toby Jepson et Mike Fraser. Comment vous êtes-vous décidés ?

(PM) Nous connaissons Mike depuis notre 2 e album [« Everyday Demons » qu'il a mixé], donc nous savons comment il travaille, et nous savions que ça allait marcher avec nous. Toby, lui, nous a été suggéré, comme un technicien qui pourrait nous rendre service et un gars avec qui on pourrait bien travailler. Nous avons donc commencé à échanger, à parler, faire connaissance, quelques essais aussi, un peu de pré-prod, et l'entente a été très bonne des deux côtés. Il nous a beaucoup apporté, et je crois qu'il a adoré travailler avec nous aussi. Les choses se sont mises en place d'elles-mêmes, il a fait du bon travail, il nous a poussés vers une approche très fraîche pour nous, simple et fraîche… Il sait ce qu'il faut à un groupe, il était lui-même membre des Little Angels et il connait les écueils à éviter à un groupe, il connait les solutions pour éviter certains travers et son expérience a été très précieuse. Il nous a vraiment fait travailler du mieux que l'on pouvait.

(UR) Un autre partenaire neuf fut Storm Thoregson, et si je ne me trompe pas la pochette de « New Horizon » restera son dernier travail !

(CN) Oui ce fut son dernier artwork. Sa mort est vraiment tragique, et sa perte énorme pour la musique et toute la culture populaire. Il a accepté notre projet alors qu'il était malade, et c'est un témoignage de son amour de l'art. Il s'y est réellement impliqué, et ce fut très inspirant pour nous. Il débordait d'originalité, de créativité. Il a écouté les dix titres, s'est entretenu avec chacun de nous – une bonne demi-heure chacun – puis il a fait travailler son équipe sur pas moins de dix propositions… On a donc reçu dix dessins en projet et avons dû nous décider sur l'un deux : les quatre membres et deux membres de notre management se sont prononcés… et chacun avait choisi un dessin différent ! Ça te donne aussi une idée de la qualité des propositions de Storm. On a quand même réussi à se mettre d'accord sur l'homme-cage à oiseaux et je crois qu'au final il représente parfaitement l'album, dont l'idée est bien de briser ses chaînes et avancer vers ce que l'on ne connaît pas. Je crois que le travail de Storm renforce énormément les idées de notre album.

(UR) Penses-tu que, en plus de bien illustrer les thèmes de vos compositions, l'artwork vous parle aussi à un niveau personnel, après les remises en question que vous évoquiez ?

(CN) Je pense que les thèmes de nos chansons recoupent en fait ceux de nos vies, et je pense qu'il en a toujours été ainsi avec notre groupe. Tout ceci est entremêlé, donc oui l'oiseau libéré sur la pochette peut être bien des choses. C'est aussi nos frustrations évacuées et notre libération des pressions que nous pouvions connaître. Tout ceci, dans notre vie aussi, a été canalisé dans notre travail pour cet album et s'est donc retrouvé dans nos paroles et notre jeu, de toute façon.

(UR) L'album lui-même ne sonne pas exactement comme ses prédécesseurs, et ce que j'y vois de nouveau personnellement est un aspect très américain. Moi il m'évoque pas mal de groupes américains auxquels votre musique ne me faisait pas penser jusque-là, vous-même comment le ressentez-vous ?

(PM) Je le vois avant tout plus simple et plus direct que « Revival ». Oui j'y vois aussi du Rock américain, du FM américain sans doute, un côté Radio… Mais il est plus simple et plus direct pour moi, plus Rock. OK il y a indéniablement des influences américaines là-dedans, mais on reste avant tout influencés par Free ou Led zeppelin, la British Blues Explosion et les mid 60s – early 70s, comme avant… Ceci-dit nous avons également grandi avec Rage Against The Machine, Soundgarden, Pearl Jam, les Smashing Pumpkins… et ça commence peut-être tout simplement à ressortir. En tout cas cet album est très Heavy, notre plus Heavy c'est sûr.

(UR) J'aimerais parler un peu de « Leave with nothing » qui me plaît pas mal. Elle est plus hétérogène et complexe, plus riche sans doute… Vous avez déjà proposé de telles choses par le passé, mais vous concentrez généralement plus sur des « chansons à riff »… Que pensez-vous de cet autre aspect de votre musique ?

(NC) C'est une partie intégrante de The Answer. On est axés sur les riffs depuis notre premier album, c'est sûr, mais je pense que ce nouvel album, bien plus que les trois précédents, développe une réelle évolution, et ça transparaît dans tous les titres. « Leave with nothing » en est sans doute le parfait exemple, groovant et secouant lorsqu'il faut… On a aussi permis à Paul de faire un solo sur celle-ci, on était un peu obligés !

(PM) Ouais j'ai essayé sur la fin !

(CN) Je pense que c'est un titre important de l'album, car il a le groove, il a l'agressivité, et cette lourdeur développée par Paul… Tous les titres de l'album nous satisfont, mais celui-ci nous plaît beaucoup, oui.

(UR) Je voudrais parler de « Call yourself a friend » que j'apprécie aussi : c'est le côté plus traditionnel de The Answer, présent lui aussi depuis vos débuts, mais rarement représenté par plus d'un titre ou deux sur chaque album… Comment vous voyez cet autre aspect de votre musique ?

(CN) Ah ça c'est un titre de l'album qui nous a permis de pas mal évoluer. Je le qualifierais presque de Progressif. Nous nous y sommes montrés plus audacieux, nous voulions un titre au début très délicat avec une progression constante et un final explosif. C'est un autre élément du groupe qui existe depuis le début, mais c'est vrai que sur l'album ça reste une exception… « Leave with nothing » est plus représentatif de l'ensemble de l'album, de la vibe générale… Alors que je vois « Call yourself a friend » comme une oasis au milieu du Rock'n'roll ambiant bien Hard. Sans doute qu'un album de The Answer si intense et agressif a besoin d'un titre comme « Call yourself a friend », comme une respiration.

(UR) Moi c'est plus là-dedans que je retrouve les influences 70s que tu évoquais…

(CN) Oui, c'est sans doute l'influence de quelque chose comme Led Zeppelin III…

(UR) Eh bien c'est exactement à lui que je pensais !

(CN) Mais en même temps tu aurais pu voir un titre comme ça sur un album de Pink Floyd… « Wish You Were Here » par exemple… ou un album des Beatles, aussi… Mais le titre sonne autant actuel qu'il sonne Led Zeppelin au final. Oui, je pense que c'est un titre important lui aussi sur « New Horizon ».

(UR) [fort opportunément commence à retentir Love Struck Baby de Steve Ray Vaughan] Tiens, ça ça me fait penser que ce genre de Blues à la SRV ne se retrouve plus, en revanche…

(PM) Ça se retrouve peu… je pense qu'on est revenus à autre chose. On avait au moins un Blues par album, voire un pur Blues à 12 mesures, mais pas sur cet album effectivement. Sans doute qu'il n'y avait pas lieu. On a écrit certaines choses dans ce style durant les sessions pourtant, mais aucune n'a trouvé sa place sur l'album. En fait je crois qu'on voulait un disque de Rock puissant limité à dix titres, ce genre de disques-modèles tu vois ? genre « Back In Black », avec uniquement des titres puissants et quelques autres servant le liens. Là-dedans « Call yourself a friend » constitue un pic, mais je pense qu'un Blues à 12 mesures était inapproprié. Mais ça reste un style qu'on affectionne, et je pense que quelques éléments de Blues se retrouvent ici ou là… des éléments peut-être moins traditionnels que par le passé.

(UR) Je voudrais citer un autre titre pour compléter le panorama de l'album : « Concrete ». Pour moi, c'est le plus représentatif du côté du groupe qui s'est le plus développé.

(CN) C'est sans doute ce qu'on a composé de plus Heavy. Et c'est aussi très représentatif du caractère agressif de l'album, oui. D'ailleurs on était un peu frileux à l'idée de l'inclure… on pensait qu'il nous amenait trop loin, mais Toby nous a persuadés : « si vous avez choisi de partir dans cette direction, il faut aller au bout et assumer, les gars ». Le titre a une position assez forte sur l‘album, quand tu l'écoutes il a quand même un groove assez viscéral… pourtant il sonne actuel et on l'inclut bien dans le Rock actuel. Au final on ne s'est pas tant forcés que ça. On jammait sur ce titre depuis longtemps, on le jouait par-ci par-là à Belfast, on adore le jouer sur scène maintenant et ça envoie en concert !

(UR) Un dernier commentaire, sur le son de l'album : pour moi il n'a pas changé, mais a été extrêmement poussé. Tu pousses plus ta voix, d'album en album et cette fois encore plus… Paul, la guitare ne s'est jamais retrouvée si en avant, comme par exemple sur le final de « Burn you down »… Comment voyez-vous cette évolution ?

(CN) En fait sur chaque album on tente de dépasser le précédent, je pense. On veut faire mieux à tous les niveaux, que ce soit pour l'écriture comme pour le jeu, on monte en intensité en tout. Pour ce qui concerne le chant – je pense que Paul te parlera de la guitare – avoir Toby Jepson à la production, lui qui a été chanteur personnellement, même un chanteur renommé avec les Little Angels, ça a été très bon pour moi. Il m'a réellement fait donner le meilleur de moi-même et me poussait continuellement. Avoir une telle confiance en ton producteur est important, il est chanteur lui-même et sait de quoi il parle, dès le début je suis parti en lui faisant confiance car il savait de quoi le disque avait besoin. Mon interprétation s'en est retrouvée grandement améliorée.

(PM) Moi je pense que nous avons adopté une approche « less is more », en ce qui concerne la production. Pour la guitare, tu n'en as généralement qu'une par titre, les soli sont Live, avec une guitare rythmique en dessous pour l'amplifier, peut-être, mais on a fait généralement avec deux pistes seulement. Ce dont ça avait besoin, pour sonner plus, était d'être poussé en avant. Je crois que l'album sonne assez sec, et on n'a pas eu besoin de trop pousser sur le mix. Ou alors sur la batterie, mais la guitare elle est assez sèche, assez directe, et sans doute en avant oui… ça te fait bien ressentir l'énergie de l'album et sa lourdeur… Mais ce n'est pas du Metal non plus !

(UR) Et de tous ces titres, vous avez choisi « Spectacular » pour faire office de single. C'est sans doute le titre le plus moderne, celui qui se rapproche le plus du son actuel… Pourquoi vous l'avez choisi ?

(CN) Ah bah je pense que c'est le plus commercial en effet. C'est sûr qu'on espère qu'il sera plus passé par les radios, il n'y a pas le mystère : les vidéoclips restent la meilleure promotion pour un nouvel album, donc nous restons pragmatiques tout simplement. Mais le titre lui-même représente assez bien l'état d'esprit de notre album : « nous pourrions être spectaculaires ! »… Voilà la forme d'optimisme qui est la nôtre en ce moment, donc au niveau personnel nous nous retrouvons parfaitement dans son texte.

(UR) Bon, je sais ne pas être le seul à voir dans « Spectacular » une nouvelle influence : U2.

(CN) [comme gêné] … OK.

(PM) Bon, U2 n'est pas aussi Heavy… Ouais, cette guitare peut finir par sonner The Edge, avec sa tessiture… Ça aurait pu sonner encore plus U2 avec des sons de lasers ! Mais bon OK je vois ce que tu veux dire, oui.

(UR) Je pensais plus au vieux U2….

(PM) Je crois que pendant le mix Toby nous a parlé de « U2 meets Metallica »…C'est pas loin !

(CN) Mais ça me va.

(UR) [on va finir sans Paul pour cause de phoner] Il y a donc un vidéoclip pour « Spectacular », je ne sais pas à quel point vous avez été impliqués dans sa réalisation ?

(CN) On en a discuté avec le metteur en scène avant, pour être d'accord sur les grandes lignes. Il fallait que la vidéo représente bien le thème, à savoir la vitalité et l'esprit des jeunes. Nous-mêmes s'il y a une chose que nous aimons bien c'est faire la fête et boire ! Alors on s'est décidés pour filmer une fête vers Belfast, faire jouer le groupe au milieu, capturer ce qu'on pouvait avec les caméras et construire un clip avec tout ça… Et au final c'est ce qu'on a eu : une image de jeunes faisant les fous.

(UR) A propos de boire… vous les avez filmées comment vos drinking sessions ? Une par soir ?

(CN) Même pas, toutes le même soir !

(UR) Sérieux ?

(CN) Je suis sérieux ! Nous avons donc passé une soirée à boire dix types d'alcools irlandais différents. Et dix semaines avant la sortie de l'album nous avons commencé à poster une vidéo par semaine sur notre site internet… Tu auras peut-être noté que plus les semaines avançaient et plus j'avais l'air… tu sais, yeux rouges, mâchant mes mots… C'était vraiment rigolo à tourner en tout cas… et puis quelle belle excuse pour se faire payer à boire toute la soirée à Belfast par le label !

(UR) Pas trop dure, la fin de soirée, alors ?

(CN) Ecoute on a commencé vers midi, pour finir à 9h du soir… Et honnêtement une fois l'équipe vidéo partie on a encore pu se prendre des pintes !

(UR) Bon, après, vous êtres Nord-Irlandais aussi… !

(CN) Yeah [un « yeah » qui sonne comme un « amen »]

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