T R A N K
Interview réalisée par Doro', le 10 septembre au Black Dog, Paris

 
 

Pour la sortie du premier album de la formation savoyarde TRANK, le 15 sept 2020 dernier, nous avons rencontré Michel et Julien, chanteur et guitariste. On a donc beaucoup parlé de « The Ropes » mais pas que !

Bonjour Michel et merci de m’accorder cette interview. Peux-tu m’expliquer en trois mots qui est TRANK ?

Michel : Merci à toi ! Alors en trois mots ça va être un peu compliqué (rires). On va dire que c’est un groupe de Rock Alternatif…
Julien : Salut !
Michel : Tu es là toi ?! Tu te joins à nous ? On a une question En 3 mots c’est quoi TRANK, à part de la musique qui déchire ? (rires) Ça te va ?
Julien : Ouais ! (rires)

Ce n’est pas trop compliqué d’allier la partie rythmique et lead pour un seul musicien ?

Julien : En fait tu réfléchis à tes partitions complètement différemment ce qui fait que tu réapprends certaines chansons.
Michel : Il y a aussi le fait qu’on approche le live et le studio de manières différentes. Quand on est en studio on a le luxe de faire de l’enregistrement avec des pistes multiples ce qui veut dire que typiquement pendant un solo Julien va malgré tout assurer les parties guitare rythmiques, la continuité du riff pendant le solo on va dire.
En live, la façon dont on arrange les morceaux permet à David (basse) d’utiliser un peu la même technique que les gens de Royal Blood (groupe de Rock britannique) : un splitter, qui est en gros une technique qui lui permet de jouer les solos de la guitare rythmique, depuis la basse.

C’est pratique ça ! Ça doit faire gagner du temps.

Michel : Exactement ! Et de la puissance aussi.

Quels seraient vos trois arguments pour convaincre un auditeur de venir écouter votre musique ?

Michel : c’est inclassable. Ce serait le premier argument, ce qui nous parait intéressant à nous. Depuis le début de la journée on a à la foi eu la question et le commentaire sur le thème : « J’aime bien ce que vous faites mais je n’arrive pas à dire exactement ce que c’est »..

C’est peut-être parce qu’il y a beaucoup d’influences ?

Michel : Oui et c’est aussi suivant les goûts de la personne à qui on parle. Le genre auquel on va être rattaché va être différent. Certains vont dire qu’on fait du Rock Alternatif, d’autres une espèce de Metal Electronique, d’autres encore ne vont pas définir notre style mais vont parler des influences qu’ils entendent dedans. Donc peut-être que le premier argument ce serait ça : un style complètement délibéré qui ne rentre dans aucun standard, ni genre.
Julien : C’est comme un CD en fait. Tu peux te dire celui-là je le mets avec mes CD Rock, celui-là avec le Metal et il y a un CD que tu vas laisser dans la platine : c’est « The Ropes ».
Michel : … et le but c’est effectivement d’être ce CD-là.

Et si je n’ai pas de platine je fais comment ? (rires)

Michel : Rassure toi, le CD sera aussi disponible sur les plateformes de streaming, en téléchargement de toutes les manières possibles et inimaginables. On travaille même à la réalisation d’un vinyle pour le début de l’année prochaine. Il va y avoir plein de manières de l’écouter.
L’autre argument, je ne sais pas si c’en est vraiment un, c’est à la fois une musique très accrocheuse et très intense et c’est très délibéré. On veut que ça soit accrocheur. On veut que les gens puissent danser dessus. On veut que ceux qui aiment les riffs accrocheurs se retrouvent dans ce qu’on fait. On veut avoir cette énergie qu’on partage avec les gens sur scène et pouvoir répondre à ça, et en même temps dans ce qu’on fait, il y a une petite pointe de noirceur, une petite pointe de menace et de perversion, que ce soit dans l’atmosphère ou dans certains sons qu’on emploie, dans le choix des textes, et tout ça c’est le reflet du fait qu’on a des goûts et des influences différents, qui sont assez éclectiques mais qui se complètent. Et parmi ces influences là il y a beaucoup de groupes de Metal, de Cold Wave d’où moi je viens, des groupes comme Depeche Mode ou Killing Joke ou d’autres comme ça, qui arrivent à faire de la musique accrocheuse avec des émotions, qui arrivent à donner aux gens une espèce d’exutoire. Il s’agit de faire la musique sombre qui repousse les auditeurs à un moment, mais de prendre des émotions intérieures et de les transformer en choses auxquelles on aimerait participer et partager avec les autres. Du coup, on cherche cet équilibre un peu clair/obscure.

C’est plutôt réussi. Quand tu parlais des influences Cold Wave, je me suis retrouvée dans mes jeunes années où j’en écoutais beaucoup…

Michel : Oui il y en a, mais pas que. On retrouve aussi l’influence majeure de Julien par exemple, qui aime beaucoup le Rock alternatif contemporain. C’est un très gros fan de MUSE, il aime beaucoup Bring Me The Horizon et des trucs comme ça et ça se ressent à la fois dans son jeu et dans le son de sa guitare. Ce côté un peu flamboyant, facilement épique, qui fait que les grandes salles sont l’environnement naturel de ces chansons.

Vous aviez des concerts prévus avant le confinement ?

Michel : On avait pas mal de choses qui étaient prévues et qui ont été annulées. Notamment notre présence sur un gros festival en Italie auquel on se réjouissait de participer. On se dit beaucoup qu’on est classés comme « inclassables » mais il y a une influence Metal qui est présente malgré tout, par certains aspects. Il y a tout de même beaucoup de personnes qui viennent nous voir et nous donner des commentaires très positifs sur ce qu’on fait. Quand on a joué en première partie d’Anthrax, on a expliqué au manager que c’est pour ça qu’on a été choisis. Quand on a joué avec eux, il avait refusé 18 groupes avant nous

Parce que c’est eux qui choisissent leurs premières parties ?

Michel : Oui ! Ils font partie de ces groupes qui choisissent eux-mêmes avec qui ils jouent, en accord avec leur manager. Quand ils ont entendu les singles qu’on leur avait envoyés, qu’on a enregistrés en 2018, ceux qu’on utilise comme cartes de visites pour obtenir des premières parties, ils ont tous sauté dessus car le thème leur plaisait. Ils ne voulaient pas une photocopie mal foutue de ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes, mais c’est de la musique que les fans de Metal peuvent adorer. Parce qu’il y a suffisamment de puissance dedans et d’influences perceptibles du Metal pour que ce soit intéressant pour eux.

Vous êtes actuellement en promotion pour votre tout premier album. Que pouvez-vous me dire sur la réalisation de « The Ropes » ?

Michel : Sa réalisation, c’était long (rires).
Julien : On a pris notre temps (rires).
Michel : Le travail sur l’album s’est étalé pendant environ 2 ans avec une très forte concentration de l’enregistrement pendant l’été/automne 2019, sachant qu’il y a des choses qui avaient déjà été posées auparavant. Le mixage et le mastering pendant la première moitié de 2020 parce qu’on avait une idée assez claire du son que l’on voulait obtenir. On est plus que perfectionnistes, on est 4 à l’être, et on voulait vraiment que la réalisation finale de l’album rende justice à l’idée qu’on avait des chansons.
On a passé beaucoup de temps sur l’enregistrement avec notre producteur et ingénieur du son Yvan, en mode « vieille école », pour avoir un maximum d’éléments analogiques et une richesse harmonique, avec un choix de micros très précis. On a passé plus de temps à choisir et tester les micros que d’autres groupes passent à faire leur album mais on était contents du résultat.
On voulait compléter cette richesse de matériaux avec un mix qui nous permettait de retrouver la puissance et le tranchant que l’on peut avoir en live et pour ça on est allé voir un ingénieur de mix, Brian Robbins (ingénieur du son de Bring Me The Horizon, Asking Alexandria), qui travaille à New York et avec qui on a mixé l’album à distance, pendant le confinement. Puis il a été masterisé par Andy Van Dette (Porcupine Tree).

C’est pas trop compliqué de travailler un album à distance ?

Michel : Ce type est très pro, en plus d’être une vraie crème, il a l’habitude de travailler comme ça et donc on a mis en place assez vite une méthode de travail. On lui a envoyé une note d’intentions assez détaillée sur chaque chanson, sur la façon dont on voulait que ça sonne dans l’ensemble, puis on a travaillé instrument par instrument, avant qu’il commence le mix, et lui, de son côté, faisait un premier mix qu’il nous envoyait par la suite.
On faisait chacun nos commentaires qu’on consolidait avec le groupe, qu’on lui renvoyait, un deuxième mix, et ainsi de suite jusqu’à ce que la chanson soit finie. Puis on passait à la suivante jusqu’aux mix finaux. C’était long et on a mis beaucoup de temps, d’énergie et de soin dedans, y compris à se rendre la vie plus compliquée que pas mal de groupes. Quand Brian a reçu les premières parties à mixer, il a reçu un vrai choc, mais positif, car c’était la première fois en 8 ans qu’il avait reçu les pistes d’un album de Rock avec de la vraie batterie. Tout le monde travaille avec des batteries virtuelles, et nous on voulait retrouver le grain et la richesse d’une vraie batterie. Pour nous à l’enregistrement c’était un vrai cauchemar car on avait 20 micros juste pour la batterie, et c’est aussi un cauchemar pour l’ingénieur de mix parce que quand tu as une batterie virtuelle, toutes les parties sont séparées, tu peux monter ou descendre ce dont tu as besoin. Une vraie batterie, il ne faut pas oublier les cymbales, il y a un peu de grosse caisse, il y a un peu de tom… il y a donc un vrai jeu d’équilibre hyper complexe à mettre en place pour un ingénieur du son, qui disparait complètement quand il est question d’une batterie virtuelle. On tenait vraiment à avoir ce grain organique et analogique au maximum et Johann a un jeu de batterie qui est très riche, plein de textures, plein de nuances… Il se passe plein de choses avec les cymbales, les toms, il était impossible de rendre ça avec une batterie virtuelle. On ne s’est pas rendu la vie facile mais…

Il est là ! (rires)

Michel : Tout à fait !

Sans transition aucune, quel est le dernier film que vous avez vu ?

Julien : Tenet de Christopher Nolan ! Je suis un grand fan depuis les années 2000 jusqu’à Inception. Mais là, ça reste très compliqué à suivre à première vue. Il faudrait que je le voie trois ou quatre fois pour vraiment comprendre.
Michel : Si j’ai le droit de choisir une série, je suis sur Peaky Blinders en ce moment. Je viens de revoir l’intégrale des Soprano avec mon fils qui est maintenant assez grand pour les voir (rires). Le dernier film que j’ai dû voir c’était Judge Dredd. La deuxième adaptation, de Pete Travis, avec Karl Urban, qui est extraordinaire. Il est très réussi. Cette adaptation est sortie directement en DVD/BR en Europe, contrairement aux Etats-Unis qui a eu le droit à sa sortie en salle. En fait, j’aime bien fonctionner par cycles, comme les cinémas parisiens (rires). En ce moment avec mon fils, on est dans les films de Comics que tu n’as pas vus et qui ne font pas partie du Marvel Cinematic Universe. Je suis très fan de Marvel, mais il y a d’autres choses à côté qui sont très bien. Un des derniers qu’on a vu était Hancock et là je lui ai montré Judge Dredd, un peu brutal mais très bien fait.

D’après vous, « The Ropes » pourrait s’adapter à quel type de film si c’était une BO ?

Michel : Ça va sonner super arrogant pour moi, on s’en fout ? (rires) Je pense qu’un film de David Fincher serait assez adapté. Quelque chose qui serait très travaillé sur le plan visuel, c’est l’héritier direct de Ridley Scott, visualiste et styliste des années 80/90. [D.Fincher] C’est surtout quelqu’un qui est capable de filmer de manière magnifique des choses assez complexes, assez tordues et perverses, donc on va dire que ce sera un thriller psychologique avec une petite composante vaguement SM dirigée par David Fincher. Ce serait parfait !
Il y a un teaser du prochain clip que l’on peut voir sur Instagram et Facebook, qui donne une idée de ce que l’on va avoir dans l’album, à savoir le thème du Shibari. La totalité des visuels de l’album sont en fait des photos de tournage du clip. Le thème des liens entre les gens, manifesté ici par les cordes, est récurrent dans toutes les chansons du disque.

Donc ça parlera de Shibari tout au long de l’album ? (rires)

Michel : Non pas que ! (rires). Ça parle de la relation et de la complexité des liens, choisis ou non, entre les gens avec diverses métaphores et analogies. Il se trouve que, dans le cas du titre éponyme « The Ropes », ça se manifeste par l’idée des cordes. Quand on a parlé de ça à Alban, notre réalisateur, il a sauté tout de suite sur cette idée en nous disant qu’il était très proche de personnes fanatiques et usuelles du Shibrai. Pour lui, c’était une très bonne idée. Ce thème permet de créer un visuel très fort entre les chansons et pour nous de rester à l’écart de certains clichés du Rock et du Metal en particulier.

Comment appréhendez-vous cette sortie ?

Julien : Je vois ça comme une naissance. Comme un bébé. On espère par la suite que les gens feront la même chose qu’avec un vrai bébé en nous disant « Il est vraiment beau ce bébé ! » (rires)
Michel : On est très impatients que le gens puissent découvrir nos chansons et encore plus impatients d’aller les défendre sur scène. Mais, dans un premier temps, on souhaite que les gens se laissent immerger dans l’album, dans les chansons. Les premières critiques qu’on a sont très positives.

J’ai beaucoup aimé l’album, cependant, il y a quelque chose qui m’a marquée. Je trouve que c’est un peu toujours le même style dans chacun des morceaux. Ce n'est pas une critique mais plutôt un constat, du fait que j’écoute beaucoup de styles de musiques différents. Je pense que c’est très bien construit et très bien produit, mais ça manque globalement de variations.

Michel : C’est drôle que tu penses ça car depuis ce matin tout le monde nous dit l’inverse. Ça nous a d’ailleurs un peu surpris parce qu’effectivement on a une signature sonore très marquée, et c’est ce qu’on entend depuis ce matin. Ce que les gens aiment c’est que d’un morceau à l’autre, l’atmosphère et le niveau d’énergie varient beaucoup.
Julien : Il ne faut pas que tu aies Tenet dans la tête quand tu vas le réécouter ! (rires)
Michel : Après il y a aussi le fait que c’est un premier album et que c’est important pour nous de définir une identité. Il y a beaucoup d’albums aujourd’hui qui apparaissent comme une collection de singles dont on a l’impression que chacun est là pour voir ce qui va marcher. On a de la chance d’être dans ce projet-là par passion et non pas pour en vivre, donc on fait très exactement la musique qu’on a envie d’entendre. Ce qui veut dire que, dans cet album là, on a mis un peu l’essence de qui on est, musicalement. On a déjà commencé à composer le deuxième album tout en restant dans un esprit voisin, mais avec des différences assez marquées par rapport au premier.

Vous n’avez pas encore sorti le premier que vous être déjà sur le deuxième ?

Julien : Il faut garder cette dynamique ! Ce qu’il se passe maintenant, c’est que les morceaux, on commence à les connaitre parfaitement, et on a toujours envie, en tant qu’artiste, on a toujours besoin de créer. Ça vaut mieux que de se poser des questions tout le temps ! (rires)
Michel : Les deux trucs qui te nourrissent quand tu es dans un projet comme ça, c’est la scène et la création, et en ce moment il n’y a pas de scène. Donc on n’a même pas le choix d’une certaine façon.

Quels sont justement vos projets à venir, à défaut d’une scène ou deux, vu les problématiques dans l’événementiel en ce moment ?

Julien : Il y aura la release party qui aura lieu le 7 Novembre au CCO de Villeurbanne, juste à côté de Lyon.
Michel : Si tout va bien, on pourra voir des gens (rires). Au-delà de ça, on va s’efforcer de compenser dans une certaine mesure, l‘absence de scène, en continuant de sortir régulièrement des clips. Pendant la période du confinement, on a enregistré quelques reprises qu’on a bricolées chacun de notre côté, en collaborant à distance les uns avec les autres, ce qui a permis d’alimenter le projet. Il y a des choses qui ont été enregistrées en live unplugged en studio il y a quelques temps, qu’on va sortir ou ressortir, pour montrer un autre aspect du groupe. On aime bien se livrer de temps en temps à cet exercice qui est de réduire une chanson à son minimum, le plus pur, avec une guitare sèche, une batterie, une voix et rien d’autre.
On a aussi été approchés par pas mal de gens au fil du temps qui ont voulu nous remixer. On a donc en banque toute une rafale de remix teintés d’Electro, Indus etc… qui sont prêts à sortir d’une manière ou d’une autre, avec lesquels on va continuer de faire découvrir notre musique aux gens, par des angles un peu différents. On va donner du contenu aux gens, continuer dans la création du deuxième album, en attendant de pouvoir aller défendre celui-ci sur scène, ce qui, effectivement, nous manque énormément.

Avez-vous un petit mot à rajouter pour terminer notre entretien ?

Michel : Je vais répondre à ta question par une autre question. Est-ce qu’il y a un genre de musique en particulier que tu couvres plus ? Est ce qu’il y a un genre en particulier auxquels s’attendent plus tes lecteurs ?

Je suis plutôt axée sur le Hard Rock, le Power, les choses comme ça et je pense que mes lecteurs sont plutôt ouverts à tout type de musique, en général. L’avantage de la radio Ultrarock, c’est que toutes sortes de musiques affiliées au Rock et au Metal y sont diffusées et on retrouve cette diversité dans le média en lui-même, par les chroniques de CD et le live-reports.

Michel : Je pense que le « dernier mot », on devrait le donner au manager d’Anthrax. Je crois que c’est lui qui a dit le truc le plus flatteur sur nous. Son commentaire disait « Vous ne faites pas du Metal, vous faites de la musique que les fans de Metal peuvent adorer ».

Je suis d’accord avec lui. Vous ne faites pas du Metal au sens propre.

Michel : Pour nous non plus ce n’est pas ça. L’influence y est mais ce n’est pas ce qu’on veut montrer.
Il y a un truc qu’on a adoré, dans le fait de jouer pour des premières parties de groupes comme Anthrax ou Disturbed, c’est la réaction du public. Celui d’Anthrax a été dingue alors qu’on y allait vraiment un peu angoissés. On fait plutôt du Francis Cabrel à côté d’eux, ou du Annie Cordy (rires).
Julien : Avec une disto ! (rires)
Michel : La réaction de gens qui nous ont vus et du manager du groupe qui est venu nous voir en backstage après, nous ont complètement confirmé ce qu’on pensait. Pour le coup, même si on ne se catégorise pas comme un groupe de Metal, on aime jouer pour ce public-là de manière générale, car on pense qu’il a les oreilles beaucoup plus ouvertes que ce qu’on peut croire depuis l’extérieur. C’est un genre de musique qui est très marqué, non seulement en termes de musique mais aussi de style vestimentaire, qui peut paraitre comme un genre de clan pour ceux qui ne sont pas habitués.

Où avez-vous joué où avec Anthrax ?

Michel : A Moscou, devant des fans de Thrash russes ! Vu de l’extérieur, c’était pas gagné (rires).
Julien : D’autant plus qu’on a eu un grand moment de « frayeur » avec eux.
Michel : On devait faire un soundcheck de 30 minutes, qui devait se terminer 30 minutes avant l’ouverture des portes et l’équipe technique a un peu merdé, le soundcheck d’Anthrax a débordé un peu sur notre créneau, on s’est retrouvés avec 7 minutes de soundcheck montre en main, mais à devoir le faire devant les 1.500 premières personnes qui étaient déjà entrées dans la salle. Donc on les a fait participer au soundcheck, je me baladais sur scène avec le micro en leur demandant s’ils m’entendaient et en leur faisant des signes pour leur demander si on montait ou descendait le son de la batterie et de la guitare, etc. Après ça, on a eu 3 minutes pour aller se changer et revenir sur scène pour commencer le concert. C’était assez drôle !

C’est sympa de faire participer le public dans ces moments-là, c’est plutôt rare. Ça permet de les impliquer un peu dans la vie du groupe, c’est cool comme idée imprévue.

Michel : Je pense que c’est important quand tu fais la première partie d’un groupe de ne pas te comporter comme si tu étais Bono (U2). L’autre option, c’était quoi ? De se mettre à gueuler sur l’équipe technique parce qu’ils étaient en retard ? De faire un scandale parce qu’on n’a le temps de rien ? De faire comme si le public n’était pas là ? Non, en réalité on est la dernière chose qui se tienne avant le groupe qu’ils sont venus voir, donc on est aussi là pour leur faire passer le meilleur moment possible et pour les surprendre avec un meilleur moment que celui auquel ils s’attendaient.
Julien : J’ai un bon souvenir aussi c’est quand ils ont fait sortir la salle [après le concert], ils ont fait sortir par petits groupes pour fluidifier la sortie, et nous, on était à côté du merch, à la sortie, ça faisait un peu comme un sas et du fait tout le monde a pu s’arrêter et on a pu discuter avec certaines personnes, échanger 2-3 mots, prendre quelques photos… c’était super. C’est comme ça aussi qu’on a pu voir à quel point les gens avaient aimé notre prestation.
Je me rappelle qu’il y avait une petite fille qui était avec sa mère, elle devait avoir 12 ou 13 ans, nous on attendait et on regardait les gens passer, elle vient vers la barrière et se dirige vers David, notre montagne de bassiste (rires), elle devait dire deux ou trois mot en anglais et elle lui dit « I like your playing » avec une toute petite voix et bam, David lui fait un gros câlin comme ça, c’était chou ! C’était tellement adorable. En gros, on débarque de nulle part, on arrive comme ça et les gens nous disent qu’ils ont passé un bon moment. Dans ce cas, le nôtre est encore meilleur. Ça fait plaisir, vraiment.

Tout comme ça fait plaisir de vous avoir rencontrés aujourd’hui. Merci à vous pour cet échange passionné !
Michel : Merci à toi et à bientôt.


Pour en savoir plus sur TRANK c’est par ici : https://www.trankmusic.com/

Doro'




 

 
 
 
 

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