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TUNGS10



Interview réalisée par Doro', le 14 juin au Dr Feelgood, Paris.
 

Pour la sortie de « The Lost Manuscript », nous avons rencontré Madeleine et Cédric, les compositeurs principaux de ce jeune groupe breton (la Bretagne, ça vous gagne !), respectivement chanteuse et guitariste, et nous avons passé un agréable moment à échanger avec eux.


Bonjour à vous deux et merci de m’accorder cette interview. Pouvez-vous me présenter votre projet ?

Madeleine : En fait on est pas mal de scientifiques dans le groupe et il y a un groupe à Morlaix qui s’appelle Carbone et on s’est dit « Ah c’est marrant, il y a un groupe qui a un nom scientifique ». Pour le coup le carbone c’est pas du métal mais on s’est dit « Et si on cherchait un nom dans le tableau périodique des éléments ? » et on a regardé un peu ce qu’il y avait dans les métaux et on s’est dit ah tiens « tungstène » ça sonne sympa, ça sonne bien, c’est cool. Du coup il n’y avait plus qu’à le transformer un peu avec le 10 à la fin, pour former un jeu de mot qui, d’ailleurs, bien souvent, ne marche pas (rires). En France, ça ne marche pas très bien, mais à l’étranger, bizarrement, ils arrivent même à trouver d’autres jeux de mots autour de Tungs10 donc c’est super ! (rires)
Cédric : Du coup, on a essayé de travailler le logo en fonction. On a réussi à avoir un truc qui était bien avec la sonorité et cette espèce de jeu de mot.
Madeleine : C’est plus fun pour avoir un visuel après.
Cédric : Il se trouve qu’après ça, quand on a décidé de partir sur l’univers steampunk, il s’est avéré que ça fonctionnait super bien et que le logo nous correspondait.

Du coup, le style du groupe c’est quoi ? Du Steampunk, du Metal ou du Mélo ?

Cédric : Metal mélodique.
Madeleine : Metal mélodique et pour l’aspect steampunk post-apocalyptique c’est plutôt dans le visuel et dans l’histoire qu’on porte dans ce deuxième album. On espère qu’il y en aura un troisième n’est-ce pas ? (elle se retourne vers Cédric)
Cédric : Je ne sais pas si on peut définir le steampunk comme un style musical en fait.
Madeleine : Oui c’est vrai que c’est pas facile. C’est plus visuel que musical en fait.

C’est un univers qui est très récurrent dans vos clips (je n’en ai vu que deux) mais c’est vrai que le post-apo’, le steampunk et la science-fiction reviennent souvent…

Madeleine : Je pense que pour les premiers clips on n’avait pas encore tout à fait défini l’univers et ça s’est décidé au fur et à mesure. C’est vrai que, de toute façon, on aime bien l’aspect fantastique, surnaturel et le steampunk apporte tout ça. Cette espèce de sphère fantastique, complètement délirante.

C’est pour ça que vous avez choisi le décor d’un château pour votre dernier clip ?

Cédric : En fait on cherchait un endroit ou faire vivre nos personnages.
Madeleine : On cherchait de la vieille pierre…
Cédric : …et puis pour ça, en Bretagne, on a plein de châteaux donc on en a contacté un grand nombre et on a eu une réponse positive qui venait du château de Kerjean, qui était, en plus, celui qu’on visait parce que c’est le plus beau château de la région, à mon sens. Il y a toute une aile qui a brulé et ils ont gardé juste la façade. Il est superbe, ce château. Malheureusement, quand on a tourné, il était en travaux…
Madeleine : …donc il n’y a pas de plans larges parce que…
Cédric : …parce qu’il y avait des engins de chantier partout, malgré une belle journée ensoleillée. Mais, la veille, il y a eu des torrents d’eau.
Madeleine : Et c’était au moins de janvier, il faut quand même le signaler car on a l’impression qu’il fait beau et chaud mais non (rires). On a pris la très mauvaise habitude de tourner nos clips généralement entre décembre et janvier et, du coup, on se caille toujours à chaque fois qu’on fait nos clips (rires).
Cédric : Un bon clip, c’est quand Madeleine est malades après ! (rires)
Madeleine : Exactement ! C’est qu’il est réussi. (rires)

Ça me rappelle ce moment où il y a un plan où tu es toute seule sur une montagne, et tu as l’air d’avoir très chaud… mais en fait non, du coup. (rires)

Cédric : Il y avait à peu près 90km/heure de vent ce jour-là… c’était incroyable ! (rires)
Madeleine : Alors, franchement, on a eu du bol parce qu’une heure avant le tournage, il pleuvait, deux heures après, il pleuvait et il y avait beaucoup de vent.
Cédric : On avait du mal à stabiliser le drone et c’était l’enfer ! (rires)
Madeleine : Ma mère me disait « Mais c’est pas dangereux là où tu as grimpé ? » et je lui ai répondu « Non non t’inquiète, c’est juste un aspect visuel. ». En fait, la réalité, c’est que le rocher faisait deux mètres de haut mais avec le cadrage, ça fait très très haut.
Cédric : Ouais ce n’était pas si haut que ça, finalement. On n’a fait que filmer la côte qui est vraiment très belle de ce côté-là.
Madeleine : C’est la baie de Morlaix, dans le Finistère nord.
Cédric : Ça a été difficile de faire un choix dans les rushes et les plans après.

Donc c’est toi qui t’occupes de faire le montage des clips ?

Cédric : Tout à fait !

Autoproduction à fond donc ?

Madeleine : Ouais ! Tout est fait maison. Tant le visuel que l’auditif, effets spéciaux, enregistrements, post-production… (elle se tourne vers Cédric) est ce qu’il y a quelque chose qu’on a pas fait nous-mêmes ? Ah si, j’avoue, on n’a pas imprimé nos t-shirts parce qu’il y a un moment où on ne peut pas tout faire (rires).
Cédric : Et pour la promotion du coup, on passe par Replica.
Madeleine : Oui, c’est vrai (rires). Il y a un moment, on avait quand même besoin d’avoir un coup de main.

Ça se passe bien avec Replica ?

Madeleine : Grâce à lui [Roger Weissier] on est là !
Cédric : Mais bon, on ne va pas dire du mal de Roger alors qu’il n’est pas loin (rires). Il doit nous écouter en plus (rires). On dira du mal de lui quand on sera en off (rires).
Madeleine : C’est notre première expérience d’attaché de presse et je trouve que c’est vraiment un succès pour l’instant.
Cédric : En fait, on ne connaissait pas Replica Promotion et c’est des contacts de Loud TV qui nous l’ont suggéré. On ne recherchait pas de label car on avait déjà produit l’album nous-mêmes, on avait plus que le pressage à faire. Souvent, c’est un service qui est proposé par les labels, donc on n’avait pas grand intérêt à signer à ce moment-là. En discutant avec Loud TV, ils nous ont conseillé de contacter un attaché de presse en nous suggérant d’aller vers Roger, et Arno Strobl de Rock Hard nous a dit la même chose. Du fait de ces nombreux retours positifs, on a fini par le contacter. Ça permet aussi de nous détacher d’une partie qui est très contraignante pour nous. On n’a pas les contacts donc ça nous demande beaucoup plus d’investissement et de temps. C’était le bon moment pour nous de faire appel à un attaché de presse car on avait suffisamment abouti notre projet pour faire appel à un promoteur.
Madeleine : On avait envie d’avoir un truc solide à proposer avant de faire appel à d’autres professionnels.
On voulait que la personne qui nous représente ait quelque chose à montrer. On ne voulait pas un truc bancal et on voulait aussi montrer qu’on était capables de faire les choses par nous-mêmes, mener les choses au plus loin qu’on peut. Bon, maintenant, il y a des choses qu’on ne peut pas inventer… le carnet d’adresses, ça ne s’invente pas, ça se travaille très longuement. Puis c’est vrai que, quand on est au fin fond de la Bretagne, ce n’est pas facile de rayonner. On était mûrs et on a réussi à avoir un peu de budget pour ça car, mine de rien, ce n’est pas gratuit, il faut le savoir. On a sagement économisé et puis maintenant ça paye.

Avez-vous des concerts prévus pour promouvoir cet album ?

Cédric : On a plein de dates prévues en Bretagne pour le moment. On joue le 19 Juin à Clisson pour le Off du Hellfest, puis le 22 Juin avec Les Ramoneurs de Menhir à Guingamp, puis le 29 Juin à Plouvorn, à côté de Morlaix…
Madeleine : …sur une belle scène en extérieur aussi !
Cédric : Ensuite, on joue le 5 juillet sur une scène extérieure, sur une date à mi-chemin entre Brest et Morlaix…
Madeleine : …puis on va à Brest le 6 Juillet. En bref, on va enchainer quelques dates sur trois semaines et demie. Ça va être assez intense. Une sorte de petite tournée locale (rires). On fait le triangle Brest-Nantes-Morlaix. Ça va être un très bon exercice pour nous et pour roder notre promotion d’album.
Cédric : Puis, ensuite, on reprend quelques concerts fin août.
Madeleine : On aimerait bien faire des covers peut-être pour enrichir Tungs10 de petites choses. La cover est un très bon exercice de style.
Cédric : Ça fait aussi partie de la stratégie qu’on a pour se faire connaitre sur les réseaux sociaux.
Madeleine : En effet, aujourd’hui, on ne peut hélas pas passer à côté des réseaux pour se faire connaitre, donc on essaye de s’ouvrir des portes. Et, honnêtement, je trouve ça génial de faire des covers !

Vous le sentez comment le Hellfest ?

Cedric : On espère qu’il y aura du monde ! (rires). Nous, on est préparés, le set est rodé. Ça fait quand même plusieurs mois qu’on le travaille.
Madeleine : On est prêts ! On a densifié le set au maximum, on a essayé de mettre le meilleur de ce qu’on avait pour que ça rentre dans 30 minutes de set.
Cédric : On a hâte !
Madeleine : On a hâte, c’est clair ! Ça va être hyper intense. Et puis, en plus, il y a plein d’autres groupes qui ont l’air sympa à côté. La scène en extérieure a l’air vraiment bien et on a de la chance d’avoir un certain confort de jeu pour nos concerts à venir en fait.

Est-ce que vous avez des messages spécifiques que vous souhaitez transmettre à travers vos morceaux ?

Madeleine : Alors pas sur cet album là parce qu’on peut considérer que c’est un roman, plutôt une fiction. Une sorte d’album-concept donc on ne porte pas de messages profonds. C’est finalement assez détaché de nous. C’est complètement romanesque.
Cédric : Personne n’est vraiment revenu à la vie. (rires)
Madeleine : On avait envie d’emmener les gens vers un univers fantastique…
Cédric : …qui marchait bien avec le coté steampunk et post-apo’.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Cédric : Pour cet album, c’est plutôt l’histoire de Frankenstein. C’est un couple et la femme va tomber malade, décéder, puis son mari va essayer de la ramener à la vie. On raconte un peu tout ce cheminement.
Madeleine : J’ai toujours cette image d’Indiana Jones qui part à la quête de son manuscrit perdu. Il y a cet aspect de quête avec un univers un peu magique, mystique et un peu glauque aussi.

Pourquoi ne pas avoir écrit cette histoire en breton par exemple, pour mettre en avant les origines du groupe ?

Madeleine : Alors aucun de nous ne parle breton (rires). On connait les standards pour pouvoir se repérer sur la route bien sûr (rires). J’ai l’impression que l’anglais c’est plus facile à travailler pour ce type de mélodies.
Cédric : Les sonorités sont plus faciles que le français par rapport au style qu’on veut travailler.
Madeleine : Je trouve que c’est une grosse prise de risque de chanter en français. Les quelques groupes de Metal qui chantent en français, je trouve que ça ne fonctionne pas parce que c’est trop scandé. Le français est une langue très particulière que j’aime beaucoup. J’aime beaucoup manipuler la langue française.
Cédric : Mais il y a des consonances assez dures.
Madeleine : Tu peux faire des figures de styles…
Cédric : …mais c’est plus percussif que l’anglais…
Madeleine : …qui est plus fluide pour le Métal je trouve.
Cédric : C’est vrai que nous, on est sur un style où la rythmique et l’instrumentation sont assez lourdes, par contre le chant vient s’opposer à ça avec un truc qui est beaucoup plus doux et lié, du coup, c’est vrai que l’anglais se cale assez bien sur ce style-là.
Madeleine : Et mine de rien ça nous permet d’être compris par un plus grand public, parce qu’on ne se limite peut-être pas seulement à la France et c’est vrai qu’on a des auditeurs internationaux quand même donc c’est chouette (rires).
Cédric : On le voit sur les chiffres qu’on récupère du streaming, on a entre 30 et 40% d’auditeurs étrangers.
Madeleine : Même s’il y a beaucoup d’auditeurs français, on constate qu’ils restent timides. On le voit au niveau des programmations, il y a des pays qui sont beaucoup plus réceptifs à ça et ça aurait été dommage, finalement, de se bloquer à la frontière française. Déjà qu’il faut sortir de la Bretagne, n’est-ce pas (rires) ?!
Cédric : N’est pas Rammstein qui veut (rires)
Madeleine : Exactement ! Parce que c’est vrai qu’eux, ils assument leur chant en allemand. Je trouve très bien d’assumer ça. Rien ne nous empêche un jour d’écrire en français mais, pour l’instant, ça nous plait bien et ça marche bien comme ça.

C’est vrai qu’en écoutant l’album, j’ai imaginé les paroles en français à certains refrains et ça fonctionnerait effectivement moins bien en français…

Madeleine : C’est vrai que « laisse-moi partir » ou « laisse-moi vivre » ça ne marche pas bien (rires), traduit de « Let me leave », tout dépend comment on l’interprète. Je crois qu’à l’origine, je ne sais plus ce qu’on a mis dans les paroles, il y avait une phrase qui était Let me leave (Laisse-moi partir) et Let me live (laisse-moi vivre) et finalement on a gardé la première pour une question de sens dans le morceau.

En préparant l’interview, je n’étais pas trop inspirée pour les dernière questions et j’ai un ami qui connait un peu votre groupe et qui m’a dit qu’il avait une question pour vous : « peux-tu leur demander ce qu’ils ont mangé au petit déj’ ce matin ? »

Cédric : (rires) rien !
Madeleine : Oui c’est vrai. Rien. Juste un café au lait (rires)
Cédric : On s’est réveillés à 4h30 ce matin donc du coup on est au café depuis (rires). Donc réponse pourrie (rires)
Madeleine : Merci pour cette question ! (rires)
Cédric : On est déjà en train d’imaginer ce qu’on va manger au déjeuner ! (rires)
Madeleine : Quel a été ton ressenti quand tu as écouté l’album ?

C’est vrai qu’au départ j’ai un peu du mal avec le Metal sympho/mélo quand il y a une voix féminine au chant, mais c’est pas contre toi du tout ! (rires)

Madeleine : Non mais t’inquiète, j’ai beaucoup de problèmes avec les voix féminines aussi (rires). C’est vrai que j’avais beaucoup d’a priori avant d’en faire moi-même.

Comme je disais tout à l’heure à Cédric en off, le fait qu’il y ait vos deux voix qui se complètent, qui ne sont pas du tout sur le même niveau, ça donne un ensemble, ça lie vraiment tout le reste et ça donne une sorte d’unité entre les instruments et les voix. Je trouve ça hyper intéressant. Au départ, je me suis dit que ça ressemblait à Evanescence ou Nightwish, des groupes que je n’écoute plus d’ailleurs (rires). Quand ça part trop dans le lyrisme, j’ai toujours un peu de mal. Mais, au fur et à mesure des morceaux, je me suis dit « Ah non, en fait ça va, ça passe ! » (rires). C’est super structuré et les deux voix se complètement vraiment bien je trouve.

Cédric : On n’est pas du tout dans le côté lyrique.
Madeleine : On cantonne souvent le chant féminin au lyrique et, en fait, il y a tellement de possibilités sans faire de lyrique.
Cédric : On retrouve beaucoup de chant guttural, comme dans Blazing War Machine par exemple.
Madeleine : Avoir deux types de voix permet de s’exprimer différemment.
Cédric : On se rapproche un peu de ce que fait Lacuna Coil en termes de styles de chant. C’est pas du lyrique et il y a aussi un chanteur qui growle un petit peu.
Madeleine : Il fait un petit peu de voix claire aussi, je crois, mais moins maintenant. C’est légèrement saturé. Distordu ? Quelque chose comme ça (rires).

C’est la fin de notre échange, avez-vous un dernier message à transmettre aux lecteurs d’Ultrarock ?

Cédric : Merci beaucoup pour l’interview et n’hésitez pas à aller nous écouter sur les plateformes et découvrir nos clips sur Youtube.
Madeleine : Venez nous voir en concert et venez nous voir après, surtout, on ne mord pas et on sera ravis de discuter avec vous.
Cédric : Continuez à nous envoyer des messages sur Facebook et n’hésitez pas à nous donner vos retours.
Madeleine : Exactement, on est prêts à recevoir tous nos auditeurs.

Merci beaucoup et bon courage pour votre journée promo bien remplie…

Cédric : Un grand merci à toi.
Madeleine : Merci beaucoup et bonne continuation à toi aussi.


Le site : https://www.facebook.com/tungs10theband/

Doro'



   

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