Ecoute ULTRAROCK en live sur ton ordi
ou sur les ondes de la radio RGB 99.2
Ecoute les émissions en Replay !


W O R M F O O D

interview réalisée par Kzaf



À l’occasion de la sortie de leur nouvel album «L’Envers », Renaud Fauconnier, guitariste du groupe WORMFOOD depuis 2010, nous fait l’honneur de nous accorder quelques minutes de son temps pour parler de bouffe pour lombrics.

Ultrarock : Salut Renaud, 5ème album déjà pour Wormfood, mais le second pour toi c’est bien ça ?

En fait, c’est le premier album auquel je participe vraiment puisque je n’ai rejoint le groupe que pour la tournée du précédent. Situation assez particulière pour ne pas dire ingrate de devoir s’approprier des morceaux si rapidement en mettant de côté sa propre personnalité, avant de commencer à composer L’Envers. Avec du recul, ce n’était pas plus mal, ça m’a permis de vraiment m’imprégner des différentes ambiances de Posthume et de France pour essayer d’assimiler les singularités du groupe.

Il n’y a plus qu’un « survivant » du groupe original ?

C’est exactement ça. Me concernant, j’avais rencontré Emmanuel (Lévy, chanteur/guitariste, fondateur du groupe) un petit peu avant, on avait sympathisé et quand le groupe a explosé, ils sont finalement revenus vers moi. Il m’a embauché en tant que guitariste et j’ai pensé à deux amis, deux collègues d’école de musique, Thomas et Vincent qui font respectivement de la batterie et de la basse. Pierre le claviériste est arrivé ensuite.

C’est à cette époque que le groupe a décidé de passer au chant en français ?

Oui et non, on se revendique groupe francophone. Mais Posthume était déjà chanté en français à 80%. Pour le dernier album on voulait initialement composer tout en français, on s’est tout de même permis un morceau en anglais.

Qu’est-ce qui motive ce choix, assez couillu mine de rien ? Composer en français, ça ne doit pas être si évident pour convaincre ?

Ce n’est pas évident c’est vrai. Le public français, souvent, n’est pas fan de métal en français. C’est une langue qui n’est pas bien tonique comparée à l’anglais ou l’espagnol. Ce qui motive ce choix, je pense qu’Emmanuel serait le mieux placé pour en parler puisque, parmi les métiers qu’il a faits, il a été prof de lettres et il aime beaucoup la littérature, elle est importante pour lui comme pour nous. Il a aussi cette idée d’intelligibilité pour le public, ce sont des morceaux qui racontent des histoires et c’est très important du coup d’avoir un son en français, clairement compréhensible, pour immerger au plus l’auditeur.

J’ai même été assez impressionné par le style. Pour être honnête, lorsque j’ai lu le descriptif, « black métal en français », je me suis dit que je n’allais rien comprendre. Franchement, je suis assez épaté par la poésie dans les paroles et la musique. Du black métal romantique, poétique et dark.

Peut-on vraiment considérer que c’est du black métal ? La question reste ouverte. On a été placé dans plusieurs styles de musique. Celui qui revient le plus souvent c’est « avant-garde métal », ce n’est pas une critique, mais pour moi ce n’est pas un style en fait, c’est juste un terme pour dire que ça ne rentre dans aucune case. Jamais on ne s’est posé la question du style dans lequel on composait. Que ce soit après avoir composé ou encore moins avant. Ça se fait naturellement. On ne veut pas se mettre de barrières en s’inscrivant dans un style précis.

C’est vraiment involontaire…?

On n’a pas cherché plus que ça, non. On écoute tous du métal, mais aussi beaucoup de choses très différentes. On se rapproche par l’amour de la musique, et la bonne musique on la trouve dans tous les styles musicaux sans aucune exception. Je le considère ainsi en tout cas.

Pour ce qui est de ton rôle dans la composition, dans la création de ce disque-là, tu es plutôt impliqué dans la partie rythmique ? Vous êtes-vous relayés pour ce qui est de la guitare solo ?

Emmanuel m’envoyait des ébauches de morceaux sous forme vidéo ou audio. Mon premier boulot était de les retranscrire et de les rédiger « au propre ». La connaissance du solfège et de la théorie musicale ne l’a jamais passionné, contrairement à moi. Puis, je l’envoyais à tous les musiciens. Chacun travaillait sur sa propre partie. On rédigeait rapidement les ébauches de batterie, qu’on soumettait à Thomas, notre batteur, pour qu’il nous rende tout ça bien vivant sur sa batterie. Pierre avait travaillé sur des parties clavier, qu’il nous a envoyées. Ensuite, sont venues les basses et enfin les paroles. Sur les premiers morceaux, on a un petit peu tâtonné puis au bout de 2 ou 3 morceaux, la machine était bien huilée et ça allait beaucoup plus vite.

Votre travail de composition, finalement, s’est vraiment axé sur la musique plutôt que sur les paroles ?

Emmanuel avait les premières ébauches de morceaux, ce que j’appelle l’ossature, quand il faisait ses premières compositions, il avait déjà un thème en tête, mais pas de narration. À partir de ce qu’on avait fait de ses compositions, en termes d’arrangements, c’est là que les paroles ont pu s’inscrire et c’est vrai qu’on a pu obtenir un effet narratif qui nous tient à cœur. L’idée est que cet album raconte des histoires comme une pièce de théâtre qui contient plusieurs scénettes, on peut le voir comme un rebut de nous-mêmes, c’est également ce qu’explique l’artwork de l’album.

Justement, tout ce package, l’artwork, me font penser à un environnement cinématographique, très travaillé, c’est ce que vous recherchiez ?

C’est tout à fait ce qu’on recherchait oui. Dans le choix du format de l’album tout d’abord, un format A5 qui est un format DVD, c’est ce qui nous plaisait. Laisser place au génie créatif, n’ayons pas peur des mots. L’auditeur peut s’attendre à avoir affaire à un DVD plutôt qu’un vulgaire disque, de manière inconsciente bien sûr, puisqu’il est vendu comme un cd. La pochette elle-même représente le petit théâtre de Marie-Antoinette. Ce côté théâtral nous tient à cœur et c’est cela que l’on voulait défendre.

Scéniquement vous essayez de tenir cette ambiance ? Ce concept dramatique ?

Exactement, on aimerait beaucoup arriver à ce genre de mise en scène. Ça fait plusieurs mois qu’on répète en studio pour préparer le live, essayer de restituer l’album de la manière la plus brute et fidèle possible.

Pour l’instant c’est encore assez flou ?

Chacun a des idées, mais on ne les échange pas, parce qu’en répétition on pense à la musique avant tout. Pour l’instant en tout cas.

Pour ce qui est de l’enregistrement de cet album… ?

On est allé chez notre ami Axel Wursthorn, compositeur de Carnival in coal, qui a son studio. Wormfood enregistre là-bas depuis France. J’ai apprécié l’expérience et le personnage qui est devenu un ami. Il y a certains moments où je l’ai vraiment mis à contribution comme un véritable directeur artistique, une espèce de fonction qui n’existe plus vraiment dans la musique, mais je sais qu’il a bon goût et qu’il connaît bien le sujet.

Vous avez mis combien de temps pour l’enregistrer ?

Énormément de temps puisqu’on a mis 3 à 4 ans. Il y a les aléas de la vie, nous ne sommes pas des professionnels. Nos métiers respectifs ne rendent pas les choses évidentes, mais au-delà de ça, on voulait absolument prendre notre temps. L’écriture de texte a duré un an. Il m’arrivait par exemple de passer plusieurs mois sur un solo parce que je ressentais que si je le finissais dans le mois il allait être bâclé. Énormément d’esquisses, jusqu’à arriver à un résultat satisfaisant sur le moment.

Vous avez une ambition assez forte pour cet album ?

On espère qu’il touchera le plus grand nombre de métalleux et de non métalleux d’ailleurs. Mais c’est sûr qu’on ne l’a pas composé pour plaire au plus grand nombre, on n’aurait pas sorti cet album si on avait envie être diffusé sur M6. Notre ambition c’était de faire un album très fidèle par rapport à ce qu’on avait en tête et donc très personnel.

En France ça risque d’être compliqué d’avoir une exposition médiatique, c’est certain, mais à l’international il y a quelque chose à faire, vous avez des touches avec des labels ou des distributeurs ?

Notre label c’est toujours Apathia records depuis Décadent qui était la réédition d’Eponyme et Season of Mist pour la distribution internationale.

Tu as déjà eu l’occasion de faire des tournées assez sympa ?

On avait pas mal tourné avec Wormfood, en effet, on avait fait quelques dates à l’étranger dont on garde de bons souvenirs. Ca nous avait permis de roder le show et aussi tout bêtement de devenir amis. J'ai aussi fait une minuscule tournée européenne avec un groupe de black métal, Borgia. Je suis aussi parti à Tahiti il y a pas longtemps avec mon groupe de jazz et c’était assez sympa.

Si tu le pouvais, de quelle grosse tête d’affiche rêverais-tu de faire la première partie ?

Nous aurions adoré tourner pour Type O Négative. Malheureusement, c’est un peu tard et c’est bien triste. Il y a beaucoup de groupes que j’adore dans le milieu, mais je ne sais pas si ça serait très cohérent de tourner avec eux.

Kzaf

 





ULTRAROCK
3 rue de La Terminale
95800 Cergy Saint Christophe

ultrarockcontact@free.fr


Toute l'année, nous recherchons
des chroniqueurs ou des chroniqueuses
pour le site, tenté ?

© essgraphics 2011
!-- phpmyvisites -->