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I R O N   M A I D E N POPB, Paris 05/06/2013

Pour le « métalleux de base » (notez le mépris dans ma voix) l'évènement de l'année est le Hellfest, mais pour un initié comme moi (n'est-ce-pas) c'est le désormais quasi-annuel passage d'Iron Maiden à Paris. Allez, depuis le temps que je suis ces passages, l'heure était venue de vous narrer à quoi ressemble l'un d'eux. Ça se passait le 5 juin, c'était à Bercy comme d'habitude, et, cette année, nul doute que le groupe fêtait de plus la disparition de Maggie…

Un concert de Maiden, ça se passe généralement comme ça : le public est présent dès le matin, donne de la voix dès le matin, et semble autant en festival qu'un spectateur du Hellfest : les abords du Palais Omnisport sont réellement transformés en centre de rassemblement où tout un chacun semble connaître tout le monde. On se prend en photo, on filme, comme en famille… ce qui est un peu le cas. Que l'on soit venu de province (très souvent) ou qu'on ait juste pris le métro, l'ambiance est vraiment au festival.

A l'intérieur, idem. Chacun semble considérer le spectacle comme ayant déjà commencé sans devoir attendre l'heure. Olas, « Iron man » repris… et tout ceci encore une fois dans la plus parfaite communion et proximité. Et pourtant, avec le temps, bien des facteurs auraient été à même de l'émousser, cette communion : public de plus en plus jeune, jeunes couples qu'on n'aurait guère imaginés il y a peu, étrangers ayant traversé le Rhin pour une raison inconnue… tiens, il y a même un roux. Et désormais les vieux de la vieille aux effigies des tournées 80s côtoient les jeunes perdus, absolument pas au courant du thème de la tournée.

Je vous le rappelle ? Cette année, c'est la tournée hommage à « Maiden England » (1989, donc celle pour « Seventh Son Of A Seventh Son », leur meilleur album – ceci est une déclaration absolue n'appelant pas contestation), accompagnant la sortie du 3 e volet des vidéos « Early Years ». Mais il va falloir être patient, car à 19h30 c'est Voodoo Six qui investit la scène pour 40-45mn. Evidement, je ne vois rien, comme il se doit à un concert de Maiden, d'autant plus que j'ai malencontreusement oublié de grandir depuis la dernière tournée. Mais je glisserais quelques mots quand même sur le quintette car, malgré l'indifférence du public, ils le méritent : il s'agit d'un Hard Rock assez mélodique et un rien Bluesy, au beau feeling 80s. Formé par la section rythmique des Dirty Deeds, il sort cette année son second opus avec le chanteur Luke Purdie, après deux disques en compagnie de Henry Rundell, passés sous silence ce soir, ce qui peut se justifier par l'écart vocal entre les deux, Rundell étant carrément plus Hard 90s que Purdie, ce dernier étant bien plus dur, assez Rock, et apparemment enrhumé ce soir, ce qui ne l'empêchera pas de se pousser, atteignant du coup des airs de Gilian dans les moments les plus puissant.

De leur précédent album, on aura « Something for you », concluant les 8 titres de ce soir sur une note très Heavy sous des airs 90s, et « Take the blame », chanson groovy contrastant joliment au milieu de ce show. Tout le reste est tiré de « Songs To Invade Countries To », le petit dernier dont ils sont particulièrement fiers, et on ne peut pas leur en vouloir. Le show s'ouvre comme l‘album sur « Falling knives », intro comprise, mettant tout de suite à l'honneur le bassiste Tony Newton, et c'est effectivement lui qui brille sur les morceaux, constituant, selon moi, le vrai atout du groupe : ce soir c'est « Sink or swin », « Lead me on », et « Your way », des titres 80s portés par une rythmique formidable tenant autant de Kingdom Come que Mob Rules, avec une lead magnifique et un mid-tempo envoûtant. Le reste est constitué de « All that glitters » et « Waiting in line », titres moins personnels, serait-ce cet aspect Rock qui fait mieux ressortir le timbre dur de Luke.

Bon, je m'étends, alors qu'on attend tous que ça finisse en fait. Je salue quand même au passage l'accueil poli du public, voire l'intérêt de certains car, avec les fans de Maiden, c'est pas gagné… Fidèles à eux-mêmes en tout cas, ils font monter la sauce seuls, saluant chaque musique de fond (l'équipe ne prenant pas de risque, c'est des classiques Hard Rock, Purple, Sabbath, Lizzy, Leppard, ne provoquons pas la foule), saluant les tests de lights, ovationnant, sautant déjà, suant torse-nus et lançant des verres comme au cœur d'un concert « normal ». Lorsque UFO retentit évidement, tout le monde est au courant, c'est bon : c'est à Maiden dans moins de 5mn. La scène est magnifique, avec ses Eddies prisonniers des glaces et ses lights intenses, les projecteurs eux-mêmes camouflés aux couleurs de l'album, et les backdrops présenteront les anciennes pochettes relookées aux couleurs de Seventh Son ! La tension monte encore d'un cran avec une vidéo avec glaciers à l'honneur débouchant sur le fameux « Seven deadly »… 25 ans après, que du bonheur.

« Moonchild », s'il n'est pas le meilleur titre de l'album (non, toujours pas de discussion), est en tout cas une des introductions les plus efficaces que je connaisse, et voir ça en Live, c'est… dantesque. Semi-déception, la tracklist de 1989 n'est pas vraiment respectée, et l'on se contentera de naviguer aléatoirement entre titres de « Seventh Son » et classiques présents sur « Maiden England »... Et même pas en totalité, vous verrez. On saute donc à « Can I play with madness », de cette 1e catégorie, puis « The prisoner », de la seconde… Le bond dans le temps se sent sur cette dernière, les fans les plus âgés et typés Punks se manifestant soudainement. Comme d'autres titres non-Dickinson de la soirée, le tempo se verra notablement alourdi. Et tout ce qui n'est pas statique est bienvenu chez Iron Maiden de nos jours...

Bruce sonne un brin plus moderne. Plus fatigué aussi, sa voix étant soutenue tout du long. En revanche, l'homme est plus théâtral que jamais et se fera plaisir sur les titres de ses prédécesseur et successeur particulièrement. Mais poursuivons : le rythme est déjà cassé, comme je l'annonçais, avec « 2 minutes to midnight », n'ayant rien à faire dans « Maiden England ». Je parlais de statique, voilà bien un titre qui refuse de céder sa place sur leurs tournées. Mais à en juger par l'ampleur du refrain repris par le public, les mécontents sont minoritaires… Du propre aveu de Bruce, qui s'amuse toujours à manier notre langue sur scène, ce « n'est pas chanson sérieuse », et le moment est donc opportun pour fêter l'autre évènement de la soirée, car monsieur McBrain ne fête rien de moins que ses 61 ans aujourd'hui même…

« Afraid to shoot strangers », elle, est à la fois sérieuse et une des plus belles surprises de la soirée. Bruce, là encore, se fait plaisir sur le titre de Blaze et le transforme en jeu d'acteur réellement prenant. « The trooper », là encore, vient passer en touriste, avec les mêmes drapeaux britanniques agités par le même Bruce grimé en soldat de la guerre de Crimée… Un titre squatteur, là encore, mais recueillant les mêmes suffrages, comme en témoignent les slameurs apparaissant jusque sur les images des caméras. Passons, une foule d'adorateurs de Belzébuth va pouvoir se délecter de « Number of the beast » qui, s'il n'est pas le titre le plus attendu, aura le mérite d'annoncer que nous aurons enfin, enfin, enfin droit à des rappels différents. Ouf ! Une gâterie nous attend juste derrière avec « Phantom of the opera », où une nouvelle fois le titre de Di Anno fournit un incroyable terrain de jeu à Bruce, et à tout le monde, le titre se voyant là encore considérablement alourdi. Passons vite fait sur « Run to the hills », qui n'a d'autre mérite que d'époumoner la salle (et de faire apparaître Eddie en capitaine de cavalerie, allez), passons de même sur « Wasted years », qui partage ce mérite avec celui de voir son texte connu du public, et nous arrivons à… au morceau-titre ! A ce moment précis (je n'ai pas noté l'heure, dans l'excitation) ma vie avait franchi ce stade du moment qu'elle devait avoir vécu pour pouvoir cesser sans regret. Oui, « Seventh Son » au complet, break inclus. Avec mise en scène : le Clairvoyant derrière Nicko, les aveuglants lights verts, les feux d'artifice rythmés sur l'instrumentation. Bruce enfile une redingote et affecte une coiffure donc nous n'éluciderons jamais la signification profonde (une sorte de mèche triangulaire), et fournira son petit record du soir avec sa fameuse tenue de note. Le solo sera quelque peu enrichi par les 3 guitaristes (nouveau bon point), particulièrement Dave sur qui l'âge semble devoir éternellement sublimer la dextérité.

Ce moment d'intensité passé, nous ménageons le patient en lui assénant « The clairvoyant », avant-dernier extrait de l'album… Nouvelle coiffure ubuesque pour Bruce (si quelqu'un peut m'expliquer), nouvelle montée d'adrénaline (oui encore) dans la foule où même les gradins refusent obstinément de s'asseoir, et un petit parfum Prog plus évident que sur l'album, noté-je curieusement… Les pré-rappels, eux, ne changeront jamais : « Fear of the dark », « Iron maiden », voilà. Que dire ? Rien, le premier titre arrache un nouveau sursaut d'énergie à la salle, le second aussi (si si, regardez les téléphones voler), arrachant aussi au passage une nouvelle débauche d'effets (dont le Eddie de la pochette surplombant les Drums), et d'amusants « et vous » à Bruce en lieu et place des « and you »…

Bon, et ces rappels rafraîchis alors ? Ben il faut avouer qu'ils ont de la gueule, débutant avec « Aces high », speech de Sir Churchill inclus. Bruce, casque d'aviateur sur le melon, semble effectivement éprouvé mais se pousse encore. On a ensuite droit à « The evil that men do », évidement grande habituée des setlists, mais la voir dans ce contexte fait plaisir : elle reste quand même un des meilleurs titres du groupe (chut). Et puis « Running free ». Oui, évidement, et toujours avec cette présentation des membres que Bruce se sent obligé de nous déballer. Soit, soyons bons princes, affectons de ne pas les connaître. Jannick, « danseuse avec les fous »…

Une heure trois quarts de show, en gros, une set-list « historique » mais encore parsemée d'indécrottables classiques. De belles surprises de l'ère Blaze et Di Anno, et évidement cette apothéose que fut « Seventh Son Of A Seventh Son ». Un concert peut-être un brin au dessous de l'évènement, mais animé de cette rare fraîcheur sur les titres les moins statiques. Nicko a 61 ans, les autres ne suivent pas loin derrière, mais Maiden, lui, n'est pas encore prêt à demander sa carte Vermeil.

The Outcast


 



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