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LEPROUS + BLINDEAD + NEMOST Le Divan Du Monde, Paris 08/11/2013

 

Le groupe qui a la fastidieuse tâche d'ouvrir la soirée et de chauffer le public, dans une salle encore peu remplie, est une jeune formation parisienne formée en 2005 dénommée NEMOST.

Le premier constat, dès le début du show, est que le groupe a bien peu de place pour bouger avec le matériel conséquent des deux groupes à venir… Les musiciens n'ont pas eu d'autre choix que d'être alignés avec, de gauche à droite, le batteur, le bassiste, le chanteur, le guitariste soliste et
le guitariste rythmique.

Ne connaissant pas le groupe avant de venir, on ne peut juger de l'interprétation des titres mais seulement partager avec vous notre ressenti de la musique. Le groupe propose des titres heavy aux structures alambiquées avec, à la fois, des parties thrash/speed (avec double pédale à la batterie et double-croches aux guitares), des arpèges cristallins et des passages plus brutaux. De même avec le chanteur, qui alterne voix claires, voix gutturales et des lignes de chant plus mélodiques et fédératrices, rappelant un peu l'excellent groupe français FALKIRK. Bref, dans l'ensemble, les compositions sont assez progressives et on pourrait « coller » à NEMOST l'étiquette d'un groupe de thrash-progressif mélodique.

Tout au long du show, les titres semblent plutôt bien en place et le groupe bénéficie d'un jeu de lumières plutôt sobre. En outre, en dépit du peu d'espace, le chanteur, le bassiste et le guitariste soliste semblent vraiment prendre plaisir à jouer sur la scène. Le batteur et le second guitariste sont, quant à eux, moins extravertis (ou peut-être plus concentrés ?). Lors de quelques occasions, le chanteur arrive à faire participer le public et, bon point, il n'est pas maladroit, ni timide quand il prend la parole pour parler de son groupe ou présenter les morceaux suivants. Le public, quant à lui, semble peu réceptif mais reste néanmoins poli. Au final, le groupe a assuré une bonne première partie et grimpera peut-être les échelons s'il arrive à insuffler d'avantage d'originalité et de parties immédiatement mémorisables dans ses prochaines compositions.

La batterie de NEMOST vite démontée et écartée, le changement de groupe est opéré très rapidement. BLINDEAD, un groupe Polonais formé en 2003, entre alors en scène et bénéficie de la totalité de sa surface, le batteur jouant sur la batterie du cogneur de LEPROUS.

Contrastant immédiatement avec le groupe précédent – par son professionnalisme aussi bien musical, sonore que par sa mise en scène – BLINDEAD joue un metal lourd lorgnant vers le hardcore et le sludge avec un petit côté progressif dans son approche de la composition (sans l'aspect technique) et l'ajout de samples.

Le groupe est constitué d'un line-up « classique » avec un chanteur, deux guitaristes, un bassiste et un batteur. Et les musiciens sont accompagnés tout au long de leur show de puissantes lumières, blanches et bleutées, et d'un système de rétroprojection occupant l'intégralité de l'espace derrière situé le batteur (LEPROUS aura finalement un visuel plus petit).

Le chanteur a une belle voix grave, assez suave, mais il a bien peu de charisme sur scène. Il fut le musicien le moins habité et sa tenue se limitait à un vulgaire T-shirt blanc inapproprié aux lights. Les deux guitaristes, sans être mauvais, n'étaient pas transcendants ni par leur jeu, ni par leurs idées et jouaient très souvent les mêmes riffs… En outre, un des guitariste utilisait quelquefois une guitare 12 cordes mais elle n'était pas du tout mise en valeur par la sonorisation et les compositions. Les musiciens qui sortaient finalement du lot tout au long du concert furent le bassiste et surtout le batteur du fait de sa frappe, bien lourde, et de son groove original sur de nombreuses parties.

Le chanteur s'exprimant rarement et surtout pas du tout entre les morceaux, les films diffusés en continu sur l'écran ont permis de combler les vides imposés par les changements d'instruments. Ces films comportaient des séquences avec des danseuses classiques, des gros plans de visages (d'hommes, de femmes ou des visages entourés de bandelettes) ainsi que des paysages avec des travellings lents vers l'avant ou vers l'arrière. Malheureusement, cette mise en scène très artistique et plutôt appropriée à la musique du groupe, donc réussie, n'a pu combler les lacunes en termes de composition et d'énergie car, après 3 ou 4 morceaux, un sentiment de lassitude s'est installé pour ne plus nous quitter. Notre gros reproche reste l'utilisation d'une recette en matière de composition et de structuration avec, pour chaque morceau, un début lent, plutôt calme, puis une montée lourde et une fin super heavy… A en juger la réaction d'une bonne partie du public, nous ne devions pas être les seuls à penser cela. Il était temps d'être réveillé !

 
     
 

A l'entrée en scène de ces prodiges norvégiens, la salle est vraiment bien remplie, ainsi que l'étage du « Divan », ouvert pour cette date. Comme à leur habitude, les membres du groupe déboulent sur scène avec un dress-code très classe : chemises sombres, pantalons slim noirs, gilets, … autant d'éléments qui contrastent avec les coiffures extravagantes de certains membres.

LEPROUS est un groupe de metal progressif. « Encore un ! » vous pourriez dire, tellement le style est devenu courant depuis 10 ans. Ok, encore un, mais LEPROUS est un groupe de prog' qui mérite que l'on s'y attarde car il ne puise (pompe ?) pas son inspiration parmi les ténors du genre tels Dream Theater ou Symphony X. Certes, vous trouverez quelques passages que le groupe de Petrucci & Co. pourrait prétendre avoir enfantés, mais c'est très léger et, globalement, LEPROUS a réussi à trouver un style assez unique, innovant, le distinguant de la masse de la production actuelle dans ce style. En écoutant leurs créations, vous découvrirez que ces musiciens extrêmement doués (évidemment vu le style) ont dû plutôt manger du King Crimson, du Porcupine Tree, du Cynic, du Pain of Salvation et du Opeth. Il faut aussi préciser que les musiciens de LEPROUS ont commencé très jeunes (et le sont toujours) : repérés en 2006 par Ihsahn, de feu Emperor car originaire de la même ville, ils sont embauchés depuis comme son ‘live backing-band' . Ce fait explique aussi pourquoi le groupe n'a pas peur d'explorer le côté sombre du prog' et comporte des touches de black metal et d'indus. Pour finir, sachez que Bilateral , leur second opus, était à peine sorti fin 2011 qu'il était déjà classé parmi les meilleurs albums de tous les temps dans ce genre, à côté des groupes cités ci-dessus.

Revenons maintenant au concert. Déjà leur dix-neuvième date en France mais leur seconde tournée en tant que tête d'affiche…

Le groupe envahit donc la scène avec énergie et prestance et chaque musicien semble être heureux d'être là. La première partie de la set-list est plutôt axée autour de leur troisième et nouvel album, Coal , beaucoup plus intimiste, sombre et atmosphérique que les précédents, notamment du fait de l'ajout de nombreuses parties à ambiance avec beaucoup de chœurs. Viennent ensuite les titres plus énergiques des deux autres albums, et l'on devine la démarche consciente des musiciens qui ont sans doute voulu créer un set tout en progression.

Au fur et à mesure du concert, on sent les musiciens de plus en plus habités et, à partir du single « Restless », tous headbanguent comme des furieux.

Einar Solberg, le chanteur de la formation, est de plus en plus déchainé. Alternant voix de tête et voix de coffre, lignes de chant chaleureuses, montées dans les aigus ou cris gutturaux, il est impressionnant dans ses changements de registres même s'il a quelques difficultés sur certains passages. Assurant aussi le clavier avec des parties pas toujours aisées, il saute, réalise des mouvements désarticulés et mouille littéralement sa chemise, au sens propre comme au figuré, jusqu'à rentrer en transe et à en perdre même quelquefois l'équilibre. En le voyant chanter ainsi, on peut se demander s'il arrivera à assurer ses complexes lignes de chant de la sorte tout au long de sa carrière car sa prestation est toutefois inférieure à celle de novembre 2012…

     

Tor Oddmund Suhrke et Øystein Landsverk, les deux guitaristes également à l'origine du groupe, ne sont pas en reste : Ils assurent à la fois par leur jeu de guitare et leurs partitions respectives très complémentaires mais aussi par leur attitude et leurs interventions lors des chœurs. Landsverk, qui exécute la plupart des solos, enchaine gimmicks, cocottes et riffs monstrueux avec une incroyable dextérité et un sacré toucher tout en finesse. Les interventions des deux gratteux sont très dosées et mettent en valeur le travail de composition du trio qui laisse la part belle à la section rythmique, au clavier et au chant pour mieux percuter lorsque les guitares reviennent de nouveau. Cet effet en est aussi parfaitement renforcé visuellement quand les deux musiciens se perchent en avant du chanteur, sur des boites remplaçants les retours habituels, lors de l'exécution de certains gros riffs.

Concernant la section rythmique justement, il est intéressant de noter que le bassiste présent, Martin Skrebergene, est un nouveau membre qui a intégré la formation le 8 août dernier, soit 3 mois avant le concert, et que Baard Kolstad, le batteur présent, les a rejoints le 31 août (car le batteur originel n'a pu assurer toute la tournée). Et malgré cette intégration plus que récente, les deux musiciens ont assuré ; ils étaient en place et n'ont fait qu'un avec les membres originaux du groupe. Au final, celles et ceux qui étaient présents, mais ne le savaient pas, n'auraient pu le deviner (Pour les curieux, je leur recommande chaudement de visionner un solo de batterie réalisé par ce batteur de session, à l'âge de 15 ans, en pleine rue… https://www.youtube.com/watch?v=ZuOiqbungqI ).

Pour accompagner son show, le groupe était mis en valeur par des nombreuses bandes de LED bleues, vertes, oranges, rouges et blanches disposées sur les côtés de la scène et le long des amplis, ainsi que par des stroboscopes, le tout parfaitement employé en fonction de la chaleur et de l'ambiance des morceaux. De plus, répartis de part et d'autre du batteur, 4 écrans plats diffusaient des montages vidéos dérivés des clips tournés de «  Restless  » et «  The Cloak  », ainsi que des séquences plutôt étranges, en gros plans, telles que des bouquets de roses découpés au couteau, des carottes arrachées par des mains qui fouillent la terre ou des yeux avec du maquillage qui coule…

Côté public, en comparaison du concert du 20 octobre 2012, une plus grande partie chantait à l'unisson avec le chanteur, témoignant de la fan-base grandissante du groupe. Pas de place pour l'ennui ce soir, nombreuses étaient les personnes qui dansaient et headbanguaient. Certain(e)s étaient même en transe sur certains titres. Il y a même eu plusieurs mosh-pits et une partie du public fermait les yeux pour mieux se laisser envahir par la musique du groupe.
 
     
 

Etonnamment, même si la communication avec le public était rare, le chanteur se limitant à remercier la présence du public, introduire certains morceaux et présenter les deux nouveaux arrivants (qui en profitaient pour faire des petits solos), les émotions véhiculées par la musique semblaient suffisantes pour chauffer sérieusement la salle. 

Coté prestation, en plus de l'énergie déployée, le groupe fut, comme à son habitude, appliqué et a interprété ses titres à la perfection. Le son était particulièrement bon, avec chaque instrument bien audible, et les musiciens occupaient parfaitement la scène.

En guise de final, le groupe nous a proposé deux bombes, « Passing » et surtout «  Waste of Air  », un des titres les plus brutaux de leur répertoire, avec des rythmiques bien lourdes et chirurgicales jouées sur des guitares 8 cordes. Ce titre fut l'occasion pour les gratteux de se positionner une dernière fois en hauteur de part et d'autre du chanteur, et de headbanguer comme des damnés !

LEPROUS a réalisé ce jour une excellente prestation, aussi bonne que leur date précédente en tête d'affiche dans cette belle salle qu'est le Divan du Monde et les deux groupes de première partie étaient bien meilleurs et intéressants. LEPROUS aura largement interprété son nouvel album, en jouant 7 titres sur 9. L'album Bilateral n'a pas été oublié avec 5 titres mais seuls 2 titres de Tall Poppy Syndrome, leur premier opus, ont été joués et, étant données les nombreuses réactions positives suscitées avec ces deux titres, je ne devais pas être le seul à regretter l'absence d'un ou deux titres supplémentaires. Côté prestation, le groupe a confirmé son statut atypique dans le monde du metal prog' et, si vous n'avez jamais vu un groupe de ce style faire danser et pogoter le public, guettez leurs prochaines dates et lancez-vous !

Nous, On y sera.

 

Set List :

•  Foe

•  The Valley

•  Chronic

•  The Cloak

•  Restless

•  Dare You

•  Thorn

•  Forced Entry

•  Coal

•  Acquired Taste

•  Echo

•  Contaminate Me

Rappel

•  Pasing

•  Waste of Air


Grrreg Britain

 


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