En première partie, Haunted Hunters est le projet acoustique/folk/alternatif de Max Müller, chanteur du groupe français Spark Gap. Empruntant au blues et au folk, il dévoile ses rages et ses amours, ses angoisses et ses joies, seul en scène avec sa guitare sur fond de loops créées live . Brin de voix agréable et énergie communicative.

Mike Tramp déclarait récemment que les albums l'ayant le plus marqué sont Queen II, Johnny The Fox de Thin Lizzy, Harvest de Neil Young et The River de Bruce Springsteen. On comprend comment et combien à l'écoute de son dernier album Cobblestone Street et surtout lorsqu'on a, comme votre serviteur, la chance de partager avec lui un moment scénique intense comme ce soir-là au Forum.

Il convient de parler de partage et non d'un simple concert, tant l'ex- frontman de White Lion tient à cet échange interactif avec un public auquel il parle abondamment entre les titres, souvent pour remercier des bonnes vibrations envoyées. Dès les premières notes, c'est l'investissement du bonhomme dans ses chansons qu'on ressent et ce sont sa sincérité et sa simplicité qui transpirent, bien avant ses aisselles (ouais, je sais, la métaphore n'est pas des plus distinguées…). L'impression première ne sera pas démentie, durant tout le set et jusqu'à la méga distribution de médiators (il les fait sérigraphier par milliers ou bien ?) suivie d'une séance de dédicace à laquelle il se prête volontiers, disponible et affable. Un artiste, musicien avant tout et sincèrement tourné vers un public auquel il livre ses chansons comme autant de moments d'introspection. C'est sympa un gars qui chante avec ses tripes sans se perdre dans la contemplation de son nombril ! Grand bien ferait à beaucoup de prendre exemple sur ce Mike Tramp lucide sur sa carrière, sur le succès et le barnum du hard dans les 80's, capable de relativiser tout cela et d'une saine distanciation d'avec son parcours. Honnête et pragmatique, le regard que porte le quinquagénaire sur le jeune homme de 25 ans qui chantait Wait est à la fois instructif et éminemment respectable.

Grand fan de sa voix, de ses compositions pour White Lion, j'avoue que j'allais au Forum pour voir la bête, en redoutant un poil de me raser au bout (Bouteil) de quelques titres. Je dois avouer que si Cobblestone Street et ses clins d'œil au Boss période The River a retenu mon attention, les précédentes livraisons de Mike avec le R'n'R Circuz m'avaient (beaucoup) moins convaincu. Et bien je me gourais, mes amis ! Ce show m'a emballé. Un régal de bout en bout (encore !). Ainsi dépouillées se révèlent les qualités intrinsèques de compositions qu'on connaît par cœur dans leurs arrangements hard rock. Pour ne citer que celle-là, qui aurait donné cher de Lady Of The Valley sans le solo d'anthologie de Vito Bratta (le très talentueux ex-gratteux de White Lion, aux abonnés absents depuis la séparation du groupe) ? Et bien sachez que, seul avec sa sèche, le vagabond vous dresse le poil ! Un titre comme Stand Up For Freedom , assez lisse et peu intéressant dans sa version MTV hair metal de 89, prend une toute autre dimension, simple, directe et accrocheuse unplugged  : mon meilleur souvenir de la soirée.

On comprend bien, à savourer cette prestation seul en scène, que c'est le mélange à la fois unique et improbable entre les traits de génie guitaristiques de Bratta (influencé par Van Halen mais au background stylistique éclectique, proche d'un Randy Roads par certaines fulgurances) et les préoccupations à la fois introspectives et sociétales de Tramp (sa voix et sa gueule d'ange aussi, d'accord) qui firent de White Lion cet ovni du hard rock des années 80, à mon humble avis, un grand groupe de classic rock ayant su surfer sur la vague du hair metal (qui ne possède pas Pride dans sa discothèque se doit de l'acquérir au plus tôt !).

Au Forum, ce premier jour de juin, les petits veinards attablés autour des bougies (ambiance piano bar cosy) ont pu constater la cohérence de l'évolution artistique d'un grand chanteur (pas une note à côté et l'émotion au rendez-vous) doublé d'un songwriter émérite. Comme en plus Mike clôturait ce soir-là la première partie de sa tournée européenne, il souhaitait faire de ce show (entièrement filmé, d'ailleurs) un moment spécial et mémorable. Le moins que je puisse écrire est qu'il a réussi ! Le bonhomme n'étant pas avare (pas loin de 30 morceaux, tout de même), cela ne gâche rien. Il nous a ainsi gratifié de certaines des meilleures plages de Cobblestone Street, ainsi que d'un best of de White Lion (il fallait voir les anciens ados à bandanas et vestes à franges, que nous somme un peu restés, hein, reprendre en cœur les Wait , Tell Me , Hungry et autre Little Fighter ) et Freak Of Nature, les deux groupes auxquels il a collaboré avant de se lancer comme artiste solo (nous avons pu apprécier également quelques titres de ces albums).

Au final, le charisme posé et les évidentes qualités artistiques de Tramp le classent définitivement parmi les grands auteurs-compositeurs-interprètes du rock. Seul en scène avec sa gratte, il capte la lumière comme peu de frontmen (beau gosse, va…). Son propos et son timbre (un organe bien conservé à 50 piges) lui suffisent pour tenir aisément son auditoire à bras le corps. Un môssieur du métal, c'est certain, la classe en plus.

P.S. Le bougre (merci Mike) a réussi un grand coup (pour moi) : celui de me redonner l'envie d'écrire en me désinhibant concernant mon jeu de guitare limité au style « feu de camp ». Comme toi, Mike, je suis venu, j'ai vu et j'ai vaincu (euh, non, ça c'était Jules César…). Comme toi Mike, alors, j'ai quelques heures de vol au compteur, il me reste peut-être deux ou trois trucs à dire et puisque « la musique est un cri qui vient de l'intérieur » (ô na ba mo ka gnosso ke na mi kononiosso…), je m'en vais de ce pas le faire simplement avec mes tripes et ma planche. Na !

Bouteil Bout

La set list  :

Cobblestone Street (Cobblestone Street, solo 2013)

Cry For Freedom (Big Game, White Lion 89)

Better Off (Capricorn, solo 97)

Love Don't Come Easy (Mane Attraction, White Lion 91)

Ain't The Life I Asked For (Cobblestone Street, solo 2013)

Candle (Gathering Of Freaks, Freak Of Nature 94)

You're All I Need (Mane Attraction, White Lion 91)

Hungry (Pride, White Lion 87)

Endless Highway (Recovering The Wasted Years, solo 2002)

Revolution (Cobblestone Street, solo 2013)

Have You Ever (Capricorn, solo 97)

Tell Me (Pride, White Lion 87)

All The Fallen Men (Fight To Survive, White Lion 85)

Road To Valhalla (Fight To Survive, White Lion 85)

Rescue Me (Freak Of Nature 93)

We'll Be Alright (Cobblestone Street, solo 2013)

Hymn For Ronnie (Stand Your Ground, Mike Tramp & The Rock ‘N' Roll Circuz 2011)

Wait (Pride, White Lion 87)

What Am I (Freak Of Nature93)

What Are You Gonna Do (Cobblestone Street, solo 2013)

Going Home Tonight (Big Game, White Lion 89)

Lady Of The Valley (Pride, White Lion 87)

Broken Heart (Fight To Survive, White Lion 85)

Little Fighter (Big Game, White Lion 89)

Born To Run (Springsteen cover)

Rappel :

More To Life Than This (More To Life Than This, solo 2003)

When The Children Cry (Pride, White Lion 87)

Once (Cobblestone Street, solo 2013)

Farewell To You (Mane Attraction, White Lion 91)