M Y R A T H




La set list  :

Sour Sigh
(Tales Of The Sands 2011)

Braving The Seas
(Tales Of The Sands 2011)

Under Siege
(Tales Of The Sands 2011)

Merciless Time
(Tales Of The Sands 2011)

Tales Of The Sand
(Tales Of The Sands 2011)

Madness
(Desert Call 2010)

Wide Shut
(Tales Of The Sands 2011)

Beyond The Stars
(Tales Of The Sands 2011)
demandée à Zaher par un membre (fin connaisseur) du public et aussitôt entonné par des musiciens attentifs au plaisir de leur auditoire : merci messieurs !

M Y R A T H
Le Forum (Vauréal) 18/11/2011

A Ultrarock, Myrath, on est fans ! Depuis qu'on a écouté Desert Call (2010), on est allé rechercher Hope (2007) et on se délecte à présent de Tales Of The Sands. Myrath, c'est ma découverte de l'année 2010. A en juger par le buzz autour du groupe tunisien, pas uniquement la mienne… Pour ma part, après la grosse baffe Desert Call l'an passé (cf la chro.), j'en ai repris une (sacrée couche) en 2011, avec leur quatrième album (le troisième hors de Tunisie et le second avec Zaher Zorgati au micro) : ces magnifiques « Contes des Sables » réussissant le tour de force de dépasser en qualité un « Appel du Désert » qui plaçait pourtant déjà la barre très haut (cf la chro.)

En octobre 2010, ils ouvraient pour le Furious Zoo de Renaud Handson au Pacific Rock de Cergy (95) et nous les avions manqué (« nous », c'est Frebbb et moi, leurs « fans number ones » en France). Vexés comme deux poux (assis sur un tabouret), nous les avons guetté toute l'année et les voici de retour… Au Forum de Vauréal (95). De là à considérer la ville nouvelle de Cergy-Pontoise comme une terre d'accueil pour tunisiens talentueux… Blague à part, les programmateurs du Val d'Oise pourront se targuer d'avoir eu le nez creux et se vanter d'avoir soutenu avant les (couillons de) parisiens les nouveaux maîtres du métal progressif ! Bref (c'est lui), en attendant Myrath en tête d'affiche (il est grand temps !) nous voici en live report sur la tournée européenne du middle eastern réunissant (de façon œcuménique) Orphaned Land, Arkan, Myrath et Artweg. L'occasion pour moi de saluer une intelligente initiative de promotion de la paix par l'expression culturelle, des valeurs oh ! combien importantes en ces temps troublés dominés par le cynisme fiduciaire.

Je ne m'étendrai pas sur les trois autres groupes, si ce n'est pour saluer la (belle) prestation de la chanteuse d'Arkan et le niveau guitaristique chez Orphaned Land (qui sera rejoint sur un titre tout en vocalises par Zaher). Nous nous concentrerons ici sur la (remarquable) prestation de Myrath qui, décidément, n'est plus à sa place en opening band . Dans des conditions techniques pas optimales (mais pourquoi donc c'est toujours trop fort et qu'il faut des bouchons pour percevoir les fréquences médium ?) et servis par un (Dédé) matos réduit (le batteur devait se sentir un poil à l'étroit derrière son set de nain), nos métalleux orientaux s'en sortent par le haut avec les honneurs et sous les acclamations d'un public conquis par tant de pêche, de mélodie, de professionnalisme et d'humilité. Ces mecs-là sont des grands et ce fut pour votre serviteur un plaisir de valider que derrière des enregistrements impressionnants (Tales Of The Sands est dans mon top 10 de la décennie et Myrath en est la révélation), se trouvent des musiciens talentueux et généreux, aptes à proposer sur scène une prestation au niveau de leur travail en studio. Tous excellents instrumentistes, ils dégagent une cohésion de groupe qui sert admirablement leur musique.

Mention spéciale à Zaher Zorgati, qu'il convient définitivement de classer parmi les plus grands vocalistes rock. Ce qu'il apporte en mélodicité et en douceur (il y a du rahat al-hulqum* dans cette voix), en plus de ses indéniables qualités techniques, transcende les compos de Myrath, tandis que ses acolytes le mettent savamment en valeur, sans que jamais il ne s'accapare pour lui seul le devant de la scène. Démonstratif (relativement aux émotions évoquées par son texte) sans outrance, il sait entraîner son public et le petit épisode de vocalises arabisantes auquel il nous a convié était particulièrement agréable. Placés comme nous l'étions, à quelques mètres du bonhomme, nous avons été impressionnés par son aisance vocale. Jamais une note à côté, il module délicatement ses lignes de chant et explore toute l'étendue de sa tessiture sans sembler forcer : lorsqu'il sature sa voix, c'est un effet recherché et non une limite atteinte. Insolente maturité artistique qui m'évoque (dans un registre différent) le jeune Jorn Lande des années Ark.

Si je me laisse aller, je vais faire la moitié de ma chronique sur la voix… Il ne faudrait pourtant pas passer sous silence la qualité du travail des autres instrumentistes. En maître d'œuvre à la fois impérial et humble (les quelques mots échangés avec lui après le set aux abords du stand merchandising l'ont prouvé), Malek Ben Arbia domine son sujet guitaristique de la tête et des épaules : riffs imparables et parties lead toujours mélodiques, musicales avant que d'être démonstratives, un gage de maturité artistique et de sensibilité humaine. Peu mis en valeur par le light-show (des plus light justement), Elyes Bouchoucha soutient et enjolive subtilement la musique de Myrath, pilotant au Triton® jusqu'aux sonorités traditionnelles enregistrées sur disque par des instruments en bois. Ses chœurs complètent parfaitement la voix lead de Zorgati (n'oublions pas que c'est lui qui assurait le chant sur l'album Hope). Myrath compte un seul guitariste dans ses rangs et, par conséquent, le bassiste doit remplir l'espace musical afin d'assurer son soutien durant les soli. C'est une tâche dont s'acquitte remarquablement Anis Jouini, probablement l'un des meilleurs de sa génération (il a six cordes à sa basse et c'est pas que pour impressionner les filles !) Quant à Piwee Desfray, il reprend fièrement les baguettes derrière Saif Ouhibi. On s'aperçoit avec plaisir que les musiciens du groupe ont arrangé leurs morceaux pour la scène et qu'ils ne se contentent pas de reproduire le disque à grand renfort de bandes enregistrées. Cette façon de jouer « à l'ancienne » ajoute encore une dose de respect pour leur travail au cocktail d'admiration pour leurs compos et d'appréciation de leurs qualités d'interprétation que nous ressentons dès les premières mesures et jusqu'à la dernière note d'un set essentiellement axé autour de Tales Of The Sand (une bombe mélodique, s'il est besoin de le rappeler).

A ce propos (l'ai-je déjà écrit ?) huit titres, c'est (beaucoup) trop court pour de tels musiciens qui, cependant, n'auront pas besoin de plus pour séduire l'assistance et la transporter loin sur leur tapis volant musical. Car, je l'ai écrit ailleurs, on voit du pays avec Myrath ! Leur musique fait voyager le mélomane comme le profane. D'aucuns, salauds racistes de ce côté de la Méditerranée, traitent les (immigrés) arabes de voleurs… Ces gars-là sont des voleurs ! Ils volent les idées noires, les mauvaises pensées et petites bassesses du quotidien pour les transmuter, tels des alchimistes au grand cœur, à grands coups d'énergie positive, en possibilités d'ailleurs. Myrath, un remède contre la morosité : un magistral coup-de-pied au cul mélodique !

En conclusion. Longue vie à ce groupe, aussi doué sur disque que plaisant sur scène ! Qui réussit avec son dernier album l'ambitieux pari de l'efficacité prog'métal : la technique servant la musicalité, la mélodie prime toujours sur la démonstration. Humbles et proches de leur public, ces mecs-là iront (très) loin pour peu que les sirènes du show-business ne les mangent pas. Espérons que leur sensibilité artistique et leurs qualités humaines les préservent des chausse-trappes démagogico-financières ainsi que des paradis artificiels, tant ils réussissent, par leur musique, à nous en approcher (du paradis)… sous la magique voûte céleste étoilée du désert.

P.S. Comme une grosse midinette de base, je me suis payé leur T-shirt ( Forever And A Day ), afin d'afficher partout mon soutien (et aussi un peu parce que leur logo est chouette et que le texte calligraphié en arabe en jette) ! Ca m'était plus arrivé depuis Mötley Crüe, Guns'N'Roses et Whitesnake en ‘87… Hein ? Comment ? On me dit dans l'oreillette que le guitariste n'était pas né… Bon. Je réécoute une fois Tales Of The Sands, je m'envoie une camomille, un suppo et papi se met au lit !

Bouteil Bout.


*Le « loukoum », littéralement « le repos des gorges », c'est le cas de l'écrire.



   
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