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SPIRITUAL BEGGARS + ZODIAC La Scène Bastille, Paris 22/04/2013

C'est à la Scène Bastille que nous donnent rendez-vous Spiritual Beggars pour promouvoir chez nous « Earth Blues », leur dernier-né et second album avec Apollo. En cette fin d'avril, il fait enfin assez bon à Paris pour apprécier une heure d'attente au milieu d'un public extrêmement clairsemé, lui : déception. Le public Stoner français n'existe pas. Un coup d'œil nous révèle un rassemblement de fans Metal ou pas, plutôt Hard Rock ou Rock, arborant volontiers des t-shirts 70s, apparemment enthousiaste, mais silencieux. Ici, on finit un bouquin de fantasy dans son coin, là on tombe sur des connaissances, parce que ce « public français Stoner », on en a vite fait le tour… grosse déception, donc.

C'est au milieu de cette salle quasi-vide qu'apparaît donc la première partie, le quartet allemand Zodiac. Formé il y a trois ans, il gravite autours de Nick Van Delft, vocaliste et guitariste assez délicat, révélant un jeu fin et une voix sensible, bien que manquant de puissance… Cette personnalité un peu retenue peut plomber un peu la dynamique mais, en même temps, donne un aspect posé plus personnel à leur musique. Il partage les cordes avec Stephan Gall, contrepoids plus sec et nerveux de son jeu, ainsi qu'avec le bassiste Ruben Claro, au jeu lui aussi plutôt rond, la batterie de Janosch Rathmer apportant le surplus d'attaque nécessaire. Leurs 40 minutes de show seront constituées de la moitié de leur album « A Bit Of Devil », dont je retiens essentiellement le morceau-titre, parcouru d'une belle ambiance, et le dernier morceau – de l'album comme du show – « Coming home », extrêmement 70s, très riche instrumentalement… Le reste est composé d'un nouveau titre, beaucoup plus Hard Rock scandinave, et d'une reprise de ZZ Top (« Blue jean blues », présent sur l'album, si je ne m'abuse), où Nick peut enfin faire preuve de la richesse de son chant comme de son jeu, tellement à l'aise dans ce registre… En quelques mots : une première partie extrêmement satisfaisante.

Les absents ont toujours tort, mais ils sont nombreux. Le groupe démonte son matos lui-même, pour laisser Ludwig Witt monter son kit lui-même aussi. A l'ancienne. La scène se couvre d'effigies de Ganesh comme d'images byzantines et les pédales d'effet se multiplient au sol… « Come to the sabbath » de Black Widow retentit et les suédois investissent la scène. Bien loin du monde d'Arch Ennemy, Michael se présente à nous en réel hippie, bandana vissé au crâne. Per Wiberg semble aussi se croire dans les seventies, tout de blanc vêtu, contrastant avec un Sharlee au look bien metalleux et un Ludwig en maillot de corps. C'est « Inner strength » enchaîné avec « Beneath the skin » qui ouvrent le bal, pour une setlist étrangement concentrée sur la seule période 2000-2005 : « Left brain ambassador », « Young man, old soul », « Wonderful world », « Fools gold », « One man army », « Sedated », « Throwing your life away », et évidement « Mantra ». Lorsqu'ils décident d'enfin faire place au nouveau répertoire, ils nous laissent apprécier « Wise as a serpent », « Turn the tide », « Dreamer », « One man's curse » et « Kingmaker », apparemment déjà adoptée par le public, à en juger par la timide réponse qu'obtient enfin le groupe à ses harangues, se confrontant jusque là à une passivité aussi lourde que la rythmique de leur musique… Sur scène, ces nouveaux titres bénéficient surtout de l'étonnante simplicité du son Live du groupe, et se faufilent assez agilement dans cet habit 70s, dont le principal responsable est Wiberg, ici, bien plus fondamental qu'Ammot, ce dernier pâtissant d'un son pauvre, de surcroît... Mon bon point va à « Turn the tide », au riff ultra-efficace et au final écrasant. Mais l'impasse sur leur seul autre album avec Apollo est étonnante. L'homme du show en tout cas, qui tiendra notre attention tout du long, c'est Apollo. D'un professionnalisme sans faille, il maîtrise chaque intonation de sa voix, même lorsqu'elle commence à lâcher sur la fin de cette heure et demie. Son professionnalisme en serait presque trop convenu… Mais son chant reste d'une profondeur parfaite et, surtout, d'une chaleur incroyable. Chaque accélération, pause, chaque mot est pesé, réfléchi, et rendu du mieux possible. Et, au final, on obtient un panel complet de ses possibilités, assez génial, avec une efficacité certaine dans les registres les plus gras, une force dans les plus aigus où il n'hésite pas à verser dans le Hard Rock à l'ancienne sans complexe (« Turn the tide », ce soir), de ce ton vibrant qui le caractérise, et sans modération. Il se changera pas moins de 3 fois pendant le show d'ailleurs (faut dire qu'il commence à prendre de la bidoche, aussi). Michael, lui, se livre plus sur les moments les plus délicats (« Dreamer »… le genre de choses qui l'a poussé à monter les Beggars, quoi), et se fait plaisir en nous offrant en rappel « Blind Mountain », remontant enfin au-delà de « Ad Astra ». L'honneur de conclure le show sera réservé au surpuissant « Euphoria », au plaisir général…

Le professionnalisme de tous les membres, au-delà d'Apollo, est saisissant, le show en paraissant presque millimétré, avec ses montées, ses retombées, et ses pauses. Le groupe est étonnamment simple sur scène, pour une musique si suggestive, et le son, malheureusement, est pauvre. Le chant de ce phénomène d'Apollo est notablement peu présent… et pourtant, vu l'affluence de zombies, nous sommes au premier rang. Du coup, l'instrumentation privilégie la rythmique, la faisant bien plus ressortir que le décorum instrumental sur album. C'est une dimension scénique qu'on découvre presque au groupe… Un bien beau spectacle, qu'on aurait aimé partager avec un public plus présent.

The Outcast


 



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