BOISSON DIVINE La Halha

Brennus Music

 

 

Tandis que les beaux jours se profilent, que le déconfinement se dessine (mais pas pour les festivals, trop tôt) et que les envies de vacances loin de chez soi se font plus pressantes, on n’a pas forcément tous la possibilité de partir, alors voici une petite invitation pour un ailleurs musical : ça ne chante ni en français, ni en espagnol mais en gascon, ça sonne épique et heavy mais avec une bonne couche de folk et de pagan dessus, c'est BOISSON DIVINE et leur troisième album : La Halha. On peut déjà saluer l'ascension plutôt fulgurante, tant par la rapidité que la qualité du son, pour un groupe seulement formé en 2013.

Il y aurait eu des milliards de jeux de mots potentiels à faire avec le nom du groupe, mais ç’aurait été ternir l'éclat du trésor qu'ils nous offrent : un album dense de mélodies entraînantes et exigeantes (cinquante-huit minutes, dix titres, dont un de huit et un autre de dix minutes, pour du heavy folk, c'est plutôt exigeant), mixant parfaitement guitares saturées, banjos, chœurs et instruments traditionnels (notamment la cornemuse ou biniou ou veuse, enfin bref le truc avec des tuyaux qui change de nom dès qu'on fait cent bornes). Tout est proprement et distinctement audible, c'est plutôt cool. Précisons que c'est bien le folk qui est mis en avant, on n’est pas dans du métal pipeau parodique ou humoristique, ici, on a affaire à une vraie démarche musicale qui met en avant la culture de sa région.

Je passe rapidement sur l'instrumentation (qui est très bonne, rien à dire) pour insister un peu plus que d'habitude sur le chant : déjà, c'est du chant clair en permanence, une tessiture plutôt aigüe pour les voix d'hommes (alto/ténor pour le chant principal, et une voix de femme), voix qui sont toujours justes, soutenues, claires, formant des chœurs superbes avec des soutiens solides à la tierce. Ça donne des merveilles dont les mecs doivent être conscients, ne serait-ce par exemple que sur le titre "La Sicolana" dont l'intro est uniquement chantée, ce qui donne un son au rendu très médiéval, à la quinte juste, à (au moins) quatre voix. Et, juste après, les grosse grattes qui défoncent, parce que bon, c'est du métal aussi ! Evidemment, l'autre donnée intéressante, c'est le chant en gascon, qui offre une couleur qu'on n’a pas forcément l'habitude d'entendre. Je l'associais généralement au breton, au norrois, ou à d'autres langues à racine slaves, et je suis ravi d'ajouter une couleur linguistique supplémentaire à ce répertoire. Petite mention à deux autres titres : "Libertat", mot transparent je pense, dont le clip devrait passer dans tous les appartements qui ont manqué de courants d'air ces derniers temps, et le titre clôture "Milharis", pièce de dix minutes, avec les six premières minutes en heavy et les trois dernières en ballade mélodique pour relaxer le tout et faire une belle fin apaisée.

Que dire de plus pour vous convaincre que c'est bien ? Seulement que ce n'est pas un hasard si les textes de BOISSON DIVINE sont étudiés dans les classes bilingues français/gascon et que le groupe a d'ailleurs fait un projet acoustique en 2019 avec quatre-vingt élèves sur scène.

Bref, BOISSON DIVINE, c'est un grand cru, servez-vous sans modération (j'ai pas pu m'en empêcher, je ne suis qu'un pauvre chroniqueur).


Le site : http://www.boissondivine.com/

Romain Tortevoix

 

 
 
 
 

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