Depuis le temps, ça a fini par se savoir : je suis germanophile (je l’assume totalement, mes parents sont au courant et m’acceptent comme je suis, ainsi que ma femme et mes enfants qui sont fiers de mon courage à en parler). J’ai enchaîné pas mal de groupes teutons dans différents genres et, pour une fois, je vais voir un peu plus près ce qui se passe chez nous.
Alors CONSCIENCE : groupe parisien de progressif, soit de rock soit de métal, à votre bon cœur messieurs-dames, la frontière étant parfois bien floue. In The Solace Of Harm’s Way est leur troisième album depuis leur formation en 2001 et, surtout, le premier depuis six ans et Aftermath of a Summer Snow. On est donc sur une attente de type « TOOLesque », au moins pour les fans. Au vu du produit final, pas de mauvaises surprises, on est sur un bon gros morceau de travail à tous points de vue.
Seize pistes pour une bonne session de cinquante-cinq minutes de progressif aux compositions variées. En termes d’ambiance, on a une prépondérance des chants lyriques en chorus, beaucoup de doubles voix, des guitares bien mélodiques et un ensemble qui s’écoute avec une certaine légèreté, détail qui me fait plus penser à du rock qu’à du métal prog, mais je chipote. Les guitares lourdes façon métal sont présentes de temps à autres, mais plus en retrait dans l’ensemble de l’album.
A la façon d’une pièce symphonique, le thème musical d’In The Solace of Harm’s Way revient périodiquement sur l’album, décliné à chaque fois de façon différente, à intervalle relativement régulier, au travers de plusieurs pistes instrumentales généralement de courtes durées, comme des intermèdes entre des pièces plus denses. D’ailleurs, en ce qui concerne la durée des morceaux, même si certains tapent les sept voire huit minutes (« At The Hands Of The Clock » et « In Reach »), on a une majorité de morceaux plutôt courts pour du prog, entre trois et quatre minutes, choix intéressant puisqu’il privilégie la diversité des thèmes explorés à la surinterprétation jusqu’à la nausée des mêmes motifs. De fait, on a des titres qui s’enchaînent bien, tant à la fois thématiquement que musicalement, et l’exécution globale est impeccable, propre, on a une réelle impression de clôture à la fin de l’album. Le diptyque « Ascending Rain » et « See Outside » me file des frissons, je n’ai pas d’explication rationnelle à donner, c’est juste chouette.
Si je devais dire du mal de cet album, ce serait un peu la même que pas mal de groupes de prog’, comme VANDEN PLAS l’an dernier, à savoir : oui je trouve ça cool de mettre de l’instrumental dans vos titres, de l’orchestral, de la musique savante, appelez ça comme vous voulez, mais malheureusement comme à chaque fois, je trouve que ça fait artificiel. Comprenez par là que j’entends un synthé imiter un ensemble et que, malheureusement, je n’entends que ça. Ce n’est pas un défaut de composition, c’est une limitation technique pour laquelle je ne pourrai que conseiller d’enregistrer un vrai orchestre (souvent trop cher) ou de faire jouer les passages par un autre instrument, quitte à simplifier, par exemple se limiter au piano/synthé, ou tout jouer à la guitare en son clair.
Cet enculage de mouche mis à part, retenez que nous avons ici un bon album de progressif français bien exécuté et cohérent dans son concept, ça devrait être déjà suffisant pour vous y mettre.
Manger et consommer local, c’est bien, profitez-en quand, en plus, c’est bon !
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Romain Tortevoix