L I N D E M A N N Live in Moscow

Universal


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Une voix de basse caractéristique, un roulement de "R" inimitable et des paroles dans la langue de Goethe, Lindemann, Till de son prénom, fait partie de ces chanteurs devenus iconiques tant leurs présence et leur jeu avec le public les ont élevés au panthéon des dieux de la scène.

Partons du principe que vous avez découvert la musique avant-hier et le métal ce matin au petit déjeuner : Lindemann, c'est avant-tout le chanteur historique du plus grand groupe de métal allemand, j'ai nommé bien sûr RAMMSTEIN. Oui, je sais qu'il y a débat avec SCORPIONS, mais comme j'aime bien les deux, je n'ai pas envie de me fâcher avec les fans dans un débat stérile (puisque de toute façon il n'y a pas de débat).

Après vingt-cinq ans de carrière et sept albums studio, une pluie de récompenses et la preuve qu'on peut devenir des stars planétaires dans une langue plutôt associée aux voitures, aux points Godwin et aux pornos obscurs, Till a profité d'un break du groupe pour se faire son petit projet bien à lui, imitant son guitariste Richard Zven Kruspe qui a fait EMIGRATE pour souffler de RAMMSTEIN. Till, lui, a fait LINDEMANN (ça va, on n’est pas perdu), avec deux albums, d'abord "Skills in Pills"(en anglais) en 2015, puis "F&M" pour Frau und Mann (en allemand) en 2019, transformant ce qui n'aurait dû être qu'un petit exercice d'une fois en vraie dynamique de groupe bis, avec tournées en Ukraine, au Kazakhstan, quelques dates en Europe et, évidemment, vu le titre de cette chronique, en Russie.

Petite précision : je parle d'un projet solo depuis le début, mais c'est en réalité un duo, Till ayant approché le suédois Peter Tägtgren, connu notamment pour PAIN et HYPOCRISY avec un deal simple "moi je chante, et toi tu fais...tout le reste". Et il l'a fait ! En studio, Peter est crédité pour tous les instruments. Même si son nom n'est pas sur la pochette, il est présent partout, sur tous les artworks, pas de problème de représentation, on n'essaie pas de le gommer comme un simple technicien, il est bien là.

Aujourd'hui, les deux hommes se sont séparés en excellents termes, officialisant la fin du projet LINDEMANN. Till a prévu d'en faire un autre, appellé cette fois... TILL LINDEMANN (vraiment, Till je t'aime beaucoup, mais va falloir qu'on revoie ta façon de nommer tes projets). Et, comme une forme de cadeau d'adieu, sort ce "Live in Moscow", qui est la captation des deux concerts donnés dans la capitale russe, concerts doublés pour cause de COVID-19, ce qui a permis de choisir les meilleures prises pour les chansons.

Un petit mot sur la présentation : l'artwork est magnifique avec son esthétique communiste d'un goût absolument divin pour tout nostalgiquobolchéviste qui se respecte. "Et le son ?", me direz-vous. Simple, c'est évidemment un best-of des deux albums, quoiqu’avec dix-sept titres, c'est quasiment les deux albums en entier, moins deux ou trois scories un peu plus passables. Tous les titres qui tabassent sont là. Même si Till s'éloigne de RAMMSTEIN, il reste dans sa zone de confort avec un son plutôt Indus. On note toutefois quelques effets bien sympatiques, que ce soit une basse ultra funk sur "Platz Eins", qui donne envie de trémousser son popotin, ou la ballade "Knebel"en folk guitare pendant les trois quarts du morceau avant de faire un break de l'enfer absolu et sombrer dans le brutal indus (oui je sais, je viens de l'inventer, mais vu le son, ça le justifiait). Evidemment les deux super tubes y sont, "Fish on" et sa métaphore sur la pêche que je vous laisse imaginer, "Golden shower" que... je vous laisse imaginer aussi, sans oublier la suprêmement triste ballade "Home Sweet home". Et dans tout ça, toujours les thèmes chers à Till, à savoir violences, faits divers, pratiques sexuelles en tout genre. De la pure poésie.

C'est du tout bon. C'est la trajectoire en étoile filante d'un groupe éphémère qui a cartonné tout de suite, qui savait qu'il n'allait pas durer, qui n'avait pas le temps de faire de la merde et qui s'est éclaté à faire deux très bons disques et les petites tournées qui vont avec. Si vous en avez l'occasion, essayez même de voir ce concert, chaque morceau disposait d'un habillage vidéo sur scène digne des productions habituelles de notre cher teuton. Juste une précaution par contre : c'est "not safe for work", vu le contenu des vidéos, les concerts étaient interdits aux mineurs. Mais, on ne va pas se mentir, pour vous, c'est un argument de vente, pas vrai ? On s'est compris.

Achète ce disque, camarade métalleux, c'est la consigne du Parti ! Le Parti de la bonne musique, bien sûr.


Le site : https://www.lindemannworld.com/
Romain Tortevoix

 


 
 
 
 

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