LOWRIDER Refractions

Blues Funeral Recordings


 

C’est au début de l’année 2020 que le groupe suédois Lowrider revient sous les projecteurs brûlants de la scène Stoner Rock avec ce ‘Refractions’, signé chez Blues Funeral Recordings. 
A vrai dire, je ne sais pas si on peut parler de retour inespéré ou d’un nouveau départ, car leur dernier et premier album, s’intitulant ‘Ode to Io’, date tout de même de l’année 2000 ! Il aura fallu deux longues décennies pour que le quatuor inchangé sorte ce nouveau matériel sonore. Pour autant, ne nous y trompons pas, ce groupe aura marqué la scène stoner suédoise avec son premier album très influencé par le précurseur et patron du genre, le bien nommé ‘Kyuss’. Malgré une affiliation forte à Kyuss, le premier opus, riche en qualité et énergie, aura permis aux Lowriders de se placer comme des favoris dans une scène stoner suédoise bouillonnante, aux côtés de compatriotes comme Dozer, Truckfighters, Demon Cleaner ou encore Greenleaf, qu’ils croisent souvent en studio d’enregistrement.
A noter quand même que le groupe aura fait deux apparitions remarquées au Desertfest de 2013 et au Hellfest de 2014.
 
Les présentations étant faites, parlons maintenant un peu plus du son de ce Lowrider, cuvée 2020 et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le premier titre ‘Red River’ envoie sa surcouche de gras avec une basse particulièrement bien mise en avant. Ce morceau met rapidement en place les briques d’un stoner puissant et psychédélique, pour le côté instrumental, où s’ajoute le chant aérien et léger de Peder Bergstrand qui semble se poser et se mélanger parfaitement à la musique. On passe un moment très agréable en ayant hâte d'écouter le reste, malgré le thème plutôt inquiétant d'une rivière de sang incarnée par la chère et tendre du protagoniste. 
On sent bien, sur cette nouvelle galette, l'écart avec l’album de 2000, la production est logiquement meilleure, permettant de moderniser qualitativement le son. Il faut dire qu’en début 2000, nous étions plutôt sur un aspect volontairement crasseux de ce style musical, comme pour le rendre plus authentique. La fougue de leur adolescence fait place à une énergie musicale plus mesurée et mature ici. 
Paradoxalement, le groupe fait plusieurs clins d'œil à son passé, en commençant par le nom du titre ‘Ode to Ganymède’, à comparer avec ‘Ode to Io’, le nom du premier opus. Io et Ganymède étant deux des lunes les plus importantes de Jupiter. Les souvenirs se prolongent avec le titre ‘Ol' Mule Pepe’, repris tout simplement du premier album, mais totalement remasterisé avec la production moderne. Ce titre sera d'ailleurs le plus traditionnel du desert rock des fin 90s / début 2000 avec son rythme lent et son instrumentation puissante, tout en maintenant une forme de tranquillité solaire. Une dernière référence au passé en écoutant le titre ‘Sun Devil / M87*’ qui transforme le titre ‘Sun Devil‘, auparavant joué en acoustique sur le premier opus. Ce titre cent pour cent instrumental est joué désormais en version électrique, il nous embarque dans un périple nappé de psychédélisme jusqu’aux galaxies les plus lointaines pour côtoyer les objets célestes les plus redoutables : Le terrible trou noir M87* de la galaxie du même nom et un soleil aussi inquiétant que le diable en personne.
Revenons quelques instants sur le titre ‘Ode To Ganymède’ qui, à mon sens, démontre très bien le savoir-faire des Lowriders sur cet album. Le titre évolue toujours dans un psychédélisme bien senti avec des guitares et un vocal calme, tendant même vers une forme de mélancolie plaintive. La suite du voyage ajoute d’autres couches avec des notes de guitare presque infinies et magnifiées par l’utilisation intéressante d’un orgue Hammond. Un morceau qui, vous l’aurez compris, vous propulsera directement aux confins du système solaire, auprès de la géante Jupiter, pour observer son superbe satellite Ganymède.
Le titre ‘Sernanders Krog’ ne sera pas non plus en reste pour séduire l’auditeur, avec une première partie accompagnée en douceur par le chant, toujours aussi immersif, du chanteur-bassiste. Le titre s’élève ensuite dans une longue partie instrumentale hypnotique où l’on côtoie toujours plus près l’immensité cosmique. Les huit minutes de ce morceau accrocheur passent à la vitesse de la lumière et marquent un des titres les plus réussis de l’album.
Le titre de fin, ‘Pipe Rider’, de plus de onze minutes, devient le titre le plus long de l’histoire du groupe, il clôture l’album dans une odyssée galactique baignée copieusement de guitares exacerbées. Le couplet “Give me something new, Something that feels true, Refractions of a view, Fragments from our youth” résume, à lui seul, l’esprit de ce deuxième album, avec ce lien indissociable entre le passé et le présent. Quand on sait que ce titre a vu le jour depuis l’inspiration d’une musique de jeu vidéo et un son en ‘MIDI’, il y a eu un beau travail d’imagination !  
 
Alors, ce ‘Refractions’ poussera-t-il la réflexion des plus réfractaires ? La réponse est sans doute oui pour toutes celles et ceux qui se laisseront emporter par cet album à l’indice de réfraction élevé. Le regard porté vers les cieux, l’auditeur voyagera dans l’immensité du cosmos à travers des environnements aux formes inattendues, comme l’évoque la pochette de l'album.

Les Lowriders sont de retour et gardent bel et bien leur grade de référent sur les terres, ou plutôt l’espace ici, de la musique stoner psyché. Bravo, messieurs, on se dit à... dans moins de vingt ans, j’espère.


Top titres : Ode to Ganymede, Sernanders Krog, Pipe Rider.
ToaD





 

 
 
 
 

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