PAT O'MAY Welcome to a New World

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Avec une carrière qui couvre près de quatre décennies, Pat O’May, bien connu des guitaristes de France et d’ailleurs pour son mix de rock, heavy et influences ethniques, son travail en solo mais également sur la saga celtico-prog-rock Excalibur d’Alan Simon, revient avec un album concept autour du thème de l’éveil et de la prise de conscience et avec une évolution musicale loin d’être anodine.

L’album ouvre sur une ambiance familière pour les gens qui connaissent la musique de Pat O’May, une nappe de synthé, une narration pour introduire le thème de l’album et une cornemuse qui nous offre un thème mélodique sur un riff heavy rock, suivi d’une ambiance celtique folk, avant d’entrer dans le vif du sujet avec un “I Shall Never Surrender” où la rythmique et le travail des voix nous emmènent directement dans un univers prog-rock qui évite le côté démonstratif pour laisser l’espace à une écriture où le groove et l’ambiance ont la priorité, et c’est franchement très plaisant. Les variations d’atmosphères font passer les plus de 8 minutes 30 de ce premier morceau tout en souplesse, et on se dit que si tout l’album ressemble à ça, on va passer un bon moment.

Et c’est le cas... Les morceaux s’enchaînent et on retrouve les mêmes qualités d’écriture et de performance dans chaque titre. On sent que tout le groupe est une unité parfaitement rodée à jouer ensemble, et pour cause : Pat, Christophe Babin (basse), et John Helfy (batterie) se connaissent par cœur, à travailler ensemble depuis un bon moment tant en studio que sur scène. C’est particulièrement flagrant sur les titres les plus groovy de l’album, comme “Anything I Want” ou “We Can Hear You Calling”.

Si l’album explore bon nombre d’ambiances, grooves, textures, langues, influences, à aucun moment on ne perd l’identité qu’il propose de la première à la dernière note, ce qui donne une expérience d’écoute totalement cohérente, pas si fréquente dans ce style musical.

Le travail sur les voix et harmonies vocales est particulièrement impressionnant tout au long de l’album et une grande place leur est laissée, amenant des atmosphères très originales.

L’album reste un concentré de bon gros rock dans son essence, en témoignent des titres comme “The Warrior” ou “Simple Mind”, mais même ceux-là font la part belle au groove et aux ambiances de façon à ne pas être de simples “morceaux de rock”. Et si le côté ethnico-celtique est plus discret qu’à l’accoutumée, il reste présent par touches appuyées, notamment dans les parties lead de Pat tout au long de l’album.

A titre personnel, cet album contient à peu près tout ce que j’aime en rock moderne : une section rythmique qui groove terriblement, un guitariste dont le talent réside à la fois dans l'énergie et la capacité à s’exprimer totalement sur son instrument parce qu’il est plus qu’au point techniquement, une écriture efficace sans être simpliste, très loin s’en faut, un travail des voix qui va au-delà des basiques lead/chœurs pour proposer des textures vocales variées et créatives, et un thème traversant l’album qui s’inscrit dans son époque.

En effet, comment ne pas se projeter dans le questionnement du personnage de No Face face à cette déconnexion émotionnelle et sensorielle qu’il cherche à tout prix à “guérir” tout au long des douze morceaux de l’album ? Et quel est le prix à payer pour retrouver cette connexion ? Et ne sommes-nous pas tous un peu No Face ?

A noter également que la production de l’album est qualitativement excellente et que le mastering a été réalisé aux studios Abbey Road… Pourquoi se priver quand le résultat est celui proposé ici ?

En bref, un album qui va se retrouver en rotation sur ma playlist pour un bon moment, le temps d’en apprivoiser les subtilités car, si il séduit dès la première écoute, on sent rapidement que le laisser s’installer et mûrir, comme un bon vin, va en révéler toute les qualités. Et j’attends avec impatience de découvrir ça en live, car les concept albums transposés sur scène proposent souvent une expérience qui va au-delà du simple concert, et si No Face, le personnage central de l’histoire, est coupé de ses sens, ce n’est heureusement pas notre cas, ce qui nous permet d’apprécier à sa juste valeur un album comme celui-ci.

Le site: https://www.patomay.com

Chris


 
 
 
 

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