PINK FLOYD Live At Knebworth 1990

Warner Music


 

Une fois n'est pas coutume, je vais pouvoir faire étalage de mon érudition de fan absolu, sans cacher mon inculture crasse derrière une analyse se bornant à des détails de production ou de points de solfège. Aujourd'hui, on va parler du plus grand groupe de musique de tous les temps : PINK FLOYD. Il paraîtrait que certaines âmes chagrines prétendent qu'il y aurait débat à ce sujet, ce qui me fait doucement rigoler, tandis que je contacte l'inquisition du bon goût pour purger les hérétiques.

Je me fais donc plaisir avec cette chronique, gare à vous, lecteurs (et désolé, correctrice), mais ça risque d'être plus long que d'habitude, même si je vais essayer d'être synthétique (ce qui est limite blasphématoire dans le cas présent, mais passons).

Live at Knebworth 1990, c'est donc un concert dans un bled un peu au nord de Londres pour une association caritative, un bon gros festoche qui, à la date qui nous intéresse, a vu défiler d'autres sympathiques gaillards, que ce soit les DIRE STRAITS, GENESIS ou encore un certain McCartney qui a dû faire deux ou trois trucs (et y'en a d'autres).

Par contre le PINK FLOYD de 1990, c'est pour ainsi dire celui de la deuxième époque. Celui qui, après le succès monstrueux de "The Wall", a vu la scission définitive entre son chanteur/bassiste Roger Waters et les autres membres du groupe, pour "différences artistiques". C'est l'époque des multiples procès du premier intentés aux trois autres pour l'usage de la marque, des titres et du nom PINK FLOYD, ce qui ne les empêchera pas de tourner avec un succès toujours non démenti, la guitare de David Gilmour et les claviers de Rick Wright restant le coeur musical de la plupart des titres (sans chercher à diminuer le travail des basses/percussion).

PINK FLOYD 90's, c'est l'album "A Momentary Lapse of Reason" et le live "Pulse", qui résument cette époque. A savoir des compositions plus accessibles, radio-friendly, sans y perdre nécessairement en qualité musicale, mais avec une inspiration un peu en-deça au niveau des paroles, Gilmour étant plus un excellent guitariste qu'un parolier. C'est aussi la consécration d'un son définitivement devenu "Rock de Stade", lightshows gigantesques et feux d'artifices glorieux. On délaisse en grande partie les longues pistes planantes pour des titres plus "cacthy", l'expérimental étant toujours présent sur album, moins en live, même si on ouvre toujours avec "Shine On You Crazy Diamond" qui a presque l'air d'être expédié avec seulement ses cinq premières parties. Et bon, c'est aussi la prise de poid de saint David, mais ça, musicalement, ça ne se perçoit pas trop.

En fait, c'est la période idéale pour commencer PINK FLOYD. Si vous n'y connaissez rien du tout à part un "Zeu Wouôle" vite’ef, tous les titres sont des standards faciles d'accès et on vous épargne les constructions formidables mais plus exigeantes, type celle de "Meddle" ou "Atom Heart Mother". On en fait vite le tour, ce qui permet de savoir si on peut aller au niveau supérieur et s'enfiler "Live At Pompeii", pour moi, le meilleur (faux) live du groupe.

Et par extension, c'est aussi la portion la moins intéressante du groupe pour les fans absolus, car tout ce qui compose cet album-live n'est que de l'ultra-classique. Evidemment que tout est bien. "Wish you were here" est toujours une ballade magistrale. "Money" reste le 7/4 le plus cool de tous les temps, notamment en live et sa variation légèrement funky/reggae. "Comfortably Numb" est ... je vous le dirai en fin de chronique.

Mais c'est aussi ce côté ultraspectaculaire qui me plaît moins. Le côté spatial, mystique, des Pink Floyd, expérience aussi grandiose que très personnelle, y perd un peu de son charme, le public faisant presque "parasite", perturbant la transe offerte par la musique. D'autres groupes s'y prêtent beaucoup mieux, on apprécie l'énergie du public sur des titres proches d'hymnes, façon AIRBOUNE, MUSE ou AC/DC, mais là, pas forcément.

Le format festival joue certainement un rôle aussi dans la sensation que les morceaux sont enchaînés rapidement et font plus office de best-of de l'époque que d'un ensemble vraiment raisonné, thématique de titres qui s'enchaînent bien. "Sorrow" est le titre le plus récent, à ce moment, et passe... sans trop de pêche. "Run Like Hell", en clôture, fait beaucoup trop léger et feelgood derrière l'impérial "Comfortably Numb", peut-être aussi parce qu'il a toujours été un titre un peu "forcé" pour remettre un peu de rythme dans le monolithe sombre qu'était "The Wall". Et c'était aussi la période de la gêne absolue, quand les trois pauvres choristes essayaient de faire une prestation correcte sur "The Great Gig In The Sky" et (selon moi) échouaient à chaque fois.

Au final, la qualité intrinsèque... C'est un bon disque en soi, mais c'est un disque médiocre quand on considère que c'est du Floyd, que ce soit en tant qu'album ou en tant que live, "Pulse" lui est supérieur à tous points de vue. Moins d'une heure, c'est par ailleurs trop court. Après, pour découvrir, c'est très bien, l'amateur aura un aperçu de la qualité et de la richesse du Floyd et pourra choisir de s'immerger dans cet océan de musique divine ou apprendre à nager plus tard (mais pas trop longtemps, mécréants !).

En conclusion, pour les rares âmes égarées qui essaieraient de discuter une éventuelle hiérarchie des groupes de rock, je me permet de leur rappeler la sainte parole :

10) Il.

9) ne.

8) sert.

7) à.

6) rien.

5) de.

4) classer.

3) le.

2) rock.

1) "Comfortably Numb" by PINK FLOYD.


Le site : https://www.pinkfloyd.com/
Romain Tortevoix



 
 
 
 

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