SQUEALER Insanity
Pride and Joy Music
Depuis au moins six mois, je ressentais un manque profond, un mal-être latent, une détresse de camé dont je ne savais pas déterminer l'origine. Mais, maintenant, je vais mieux, car, pour la première fois depuis tout ce temps, j'ai écouté...un groupe allemand. Le bonheur, ça tient à peu de choses.
Oui, certains d'entre vous sont peut-être déçus en croyant tomber sur un groupe français, le vénérable SQUEALER des années 80, reformé en 2009 et qu'on salue chaudement, mais là, "Insanity" est la dernière sortie thrash du SQUEALER teuton, formée en 84 et à la carrière bien remplie aussi. "Insanity" est leur neuvième album studio, après "Behind Closed Doors", sorti en 2018.
Ami germanophobes, ne fuyez pas (même si vous avez mauvais goût), ça chante dans la langue de la perfide Albion. On a du thrash bien épais, METALLICIen sur les bords, notamment du fait de la voix du chanteur Sebastian Werner parfois à la limite de singer James Hetfield, avec une composante de blues bien épaisse, contrebalancée par des portions plus speed "énervées". Typiquement, le contraste entre "Bad Tasting Sin" et "My Journey". Ce dernier titre est d'ailleurs une petite pièce de six minutes qui permet d'apprécier à leur juste valeur la qualité des guitares, de bonne facture sans atteindre des hauteurs vertigineuses. "Power of Bliss" fait office d'intermède de pur power, et le titre éponyme est effectivement le titre-témoin, une bonne synthèse de l'album en combinant speed/thrash, voix qui se promène dans les tessitures, et guitares au niveau pour un résultat pêchu et correct. À noter : le dernier titre, "Black Rain", avec, en guest, Roland Grapow, guitariste de MASTERPLAN et ex-HELLOWEEN, ainsi que Zak Stevens, le frontman de SAVATAGE, pour une ballade bluesy de clôture tranquille et bienvenue.
Dans l'ensemble, c'est bien... Mais c'est pas incroyable. L'exécution n'est pas en cause, c'est plus l'écueil majeur du genre (le thrash) qui entre en jeu : une répétitivité qui ne permet pas aux titres de se démarquer suffisamment, au contraire d'un ANVIL, par exemple, qui se débrouille toujours pour renouveler assez sa recette. On note toutefois un effort sur les changements de rythme, les titres plus blues permettent un peu plus de relief. Ça aurait pu être ma conclusion globale...
... Mais il y a un truc qui tire tout l'album vers le haut, un tube intersidéral bien cheesy, une anomalie AOR qui rentre dans la tête et fait pardonner le manque d'ambition de l'ensemble, c'est "Low-Flying Brains". Situé au milieu de l'album, le contraste flagrant, le changement de ton par rapport au thrash/speed, ne fait que magnifier la majesté de ce titre, qui pourrait n'être qu'une chanson FM de plus et qui devient, d'un seul coup, un hymne absolu.
Au final, "Insanity" n'est pas transcendant. Pour les thrasheux affamés, les fans de Hetfield en manque, ou les curieux qui se disent « pourquoi pas ».
Au pire, "Low-Flying Brains" justifie l'achat.
Le site : http://www.squealer.de/
Romain Tortevoix
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