THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA Aeromantic II

Nuclear Blast

 

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Trois petits accords de synthé. C'est tout ce qu'il faut pour que THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA nous replonge dans les années 80, en tout cas celles qu'on fantasme, soit parce qu'on ne les a pas vraiment vécues car trop jeunes, soit parce que les souvenirs enjolivent toujours un peu la réalité, avec ce biais cognitif universel du "c'était mieux avant".

Je vais vous l'avouer tout de suite, sur moi, ça marche du feu de dieu. J'ai beau savoir qu'objectivement, les années 80, ça craignait un max pour plein de raisons, d'un point de vue musical, j'ai envie de dire "shut up and take my money" dans la langue de Ben Harper, soit "veuillez faire silence et piquer mon blé", dans la langue de Francis Lalanne. J'adore ça, c'est plus fort que moi.

Pour rappel, le NFO, ce sont des gros métalleux bien vénèr' (des mecs de SOILWORK, ARCH ENNEMY, vous voyez le topo) qui se sont rendu compte, en 2007, qu'ils aimaient bien les vieux tubes gentillets à papa qui passaient sur la bande FM, le fameux son de BOSTON. Et si on faisait pareil pour voir ? Bien leur en a pris, car cet album AEROMANTIC II, deuxième partie du dyptique dont le premier volume est sorti en 2020, est déjà leur sixième album pour un succès qui ne se dément pas.

Donc on a des nappes de synthé, de la pop/rock avec une prépondérance de la voix, des guitares en retrait, à peine plus fortes que le piano, qui sont là pour supporter le chant mais ne font pas spécialement étalage de virtuosité. En gros, ils sont cantonnés au rôle de choeurs. Un énorme boulot sur la mélodie et les paroles, le tout calibré pour la FM, toujours entre 3:45 et 4:45, jamais plus ni moins.

C'est simple, sur le disque, il y a douze titres, et bah y'a... douze tubes, qui ont tous l'air de sortir d'un autoradio cassette de la R11 de papa un vendredi sur la route des vacance, sous la neige à deux heure du mat'. La force de NFO c'est de produire des titres originaux alors même qu'on reconnaît leur influence marquée, sans jamais sombrer dans le plagiat. "Change" et son intro qui sonne GENESIS, "Violent Indigo", c'est Jump de VAN HALEN, "How Long" fait penser à Baba Yaga des WHO, "You Belong to the Night", c'est BOWIE...Mais ! A chaque fois, dès qu'on flaire la référence, hop, la mélodie change du tout au tout, et vous avez un bon morceau original qui aurait pu sortir sous Gorbatchev.

Maintenant, trouver à dire du mal d'un truc que j'adore... L'exercice de style est réussi, les douze titres sont tous de bonne facture, mais leur calibrage systématique, tous dans les mêmes durées, les mêmes thèmes et le même côté feel good revendiqué fait que, même si on apprécie tout l'album et qu'il n'y a pas vraiment de scories, on a du mal, au final, à détacher certains titres en particulier, il n'y a pas de moment de bravoure qui soit mémorable, rien qui ne se démarque spécialement. C'est juste très bon, sans jamais être exceptionnel. Peut-être "White Jeans", mais aussi parce que le clip est top, donc c'est un peu de la triche. Et peut-être le titre de clotûre, "Moonlit Skies", qui sonne un peu plus synthwave.

C'est seulement bon, mais c'est ce que je voulais. Après mon humeur massacrante et mon café noir de dark metal, j'ai de temps en temps envie d'un grand saladier de bonbons qui, je le sais, va me rendre malade après, mais sur le coup c'est super bon. C'est ça, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA.

Pour un peu, je rembobinais le CD en auto-reverse.


Le site : www.facebook.com/thenightflightorchestraofficial/

Romain Tortevoix

 


 
 
 
 

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