Depuis la diffusion de la fameuse série « Vikings », le succès de Wardruna semble être à son apogée. En effet, on peut remarquer l'apparition d'Einar, dans un épisode, et entendre plusieurs titres tout au long de la série, comme « Fehu » dans la première saison lors d'un raid, « Heima Thurs » durant le sacrifice de l'aigle de sang dans la saison 2, pour ne citer que ceux-là.

La formation voit le jour dans les années 2000 et, durant toutes ces années, a su garder son âme pagan tout en s'améliorant et nous proposant des sons de plus en plus épiques et mystiques.

Vous l'aurez compris, c'est donc en Norvège que nous partons pour cette chronique, mesdames et messieurs, embarquement immédiat pour une immersion dans les fjords, les forêts et les rituels.
L'album « Kvitravn », qui signifie le « corbeau blanc » en vieux norrois, nous plonge immédiatement dans l'ambiance grâce au timbre de voix reconnaissable d'Einar, aux instruments à cordes, aux percussions et autres plus insolites qui s'emballent et occupent une bonne partie du premier titre.
« Kvitravn » : Tout d'abord, jetez un œil au clip magnifique (d'ailleurs les clips de Wardruna sont de plus en plus esthétiques, cohérents et représentatifs de l'esprit du groupe). Les chants en chœur et le rythme lent qui monte crescendo de façon intense vous offrent des frissons !
« Skugge » : Digne d'un vrai poème conté par un skald, ce titre vous emmène dans l'ombre des portes de l'enfer scandinave, Helheim, le domaine de la déesse Hel. Ici aussi le rythme est très lent pour commencer, on se demande même si la chanson va garder ce rythme quand, soudainement, les paroles se répètent, l'ambiance monte en puissance, le rythme est de plus en plus intense, pour nous promettre une fin de chanson authentique.
« Gra » et « Fylgjutal » ne sont pas en reste et font également partie des morceaux avec lesquels vous pouvez vous laisser transporter et voyager.
On ne sait pas où est passé le titre « Lyfjaberg », qui semble avoir été composé pour teaser la sortie de l'album et qui mérite vraiment sa place dans celui-ci pour contribuer au rite chamanique (le titre fait référence à la colline de guérison, au sommet de laquelle l'esprit peut se purifier). Jetez un œil au clip de celui-ci , il vous… purifiera !
N'oublions pas la talentueuse Lindy Fay Hella qui apporte et révèle la touche chamanique de l'album grâce à son chant Kulning et qui, au passage, a sorti son premier album solo en 2019.

Rappelons-le, le concept de Wardruna est de se baser sur les croyances nordiques pour reproduire et réaliser les sonorités que pouvaient créer les peuples scandinaves il y a plus de 900 ans. Le challenge est réussi avec cet album car, au fil des années, leur musique est de plus en plus aboutie, les méthodes toujours les mêmes et la créativité est au rendez-vous.
Beaucoup de formations qui se disent « Pagan », « Ambiant », « néofolk », etc. n’utilisent malheureusement que des instruments modernes et classiques. Ici, Einar crée tous les instruments à partir de reconstitutions, puis il apprend ensuite à en jouer. Il déclare que « la fabrication de ces instruments est un processus au cours duquel il ramène les animaux tués à la vie ». Il a quand même acheté certains instruments comme la corne de chèvre ou de bouc. Il utilise aussi le nyckelharpa, un instrument de musique traditionnel à cordes frottées d'origine suédoise. Le groupe emploie également des sonorités naturelles telles que le bruit des arbres, de l'eau, des pierres ainsi que des torches. Chaque source de son utilisée dans un morceau est en rapport avec la signification de la rune traitée, par exemple le bouleau pour « Biarkan », l'eau pour « Lagr » etc. Et cela se ressent lors des écoutes de l'album (et des précédents, d'ailleurs), ce qui le rend authentique et, quelque part, historiquement immersif !

Pour conclure, cet album vous envoûte et votre corps est rempli de frissons, c'est ce qu'on demande pour un groupe ambiant qui semble respecter les us et coutumes de ses ancêtres et connaît sur le bout des doigts son sujet.

Le site : http://wardruna.com/
Esthell