C R Y P T A
Interview de Fernanda Lira réalisée par Romain Tortevoix via Skype, le 27 mai

 

A l'occasion de la sortie de leur premier album "Echoes of the Soul", j'ai eu le plaisir de discuter avec la chanteuse et bassiste de CRYPTA, Fernanda Lira.

 

Salut Fernanda, comment ça va, où que tu sois ?

Ça va, je suis très impatiente de la sortie prochaine de notre album, mais pour ce qui est du "où"...je suis chez moi, ce qui veut dire au Brésil, où les choses ne sont pas exactement top, les campagnes de tests sont lentes mais personnellement, je vais très bien, mon humeur est liée à la sortie prochaine du disque.

CRYPTA a tout juste été créé en 2019, mais avant ça, tu as déjà dix ans de carrière en tant que chanteuse et bassiste pour NERVOSA, donc dans un premier temps, pourquoi avoir décidé de quitter, toi et Luana Dametto (à la batterie) ce premier groupe, et dans un deuxième temps d'où vient le projet CRYPTA ?

Je sais que les gens s'attendent certainement à un truc du genre : "Grosse bagarre !", mais c'est pas ça du tout. Nos relations étaient simplement devenues très distantes, usées, ce n'était plus comme avant lorsque j'ai décidé d'arrêter. Comme dans n'importe quelle relation, ça arrive en amitié, en affaires, en mariage (beaucoup !), en gros c'était pareil. Quand les choses ne s'alignent plus. Ca faisait quelques temps que je ressentais ça, mais j'avais beaucoup travaillé pour ce groupe, qu'on avait créé à partir de rien, c'était tout ce que je faisais, tout ce sur quoi je me concentrais, pendant presque dix ans. Donc ça a été une décision compliquée. La première fois que ça m'a traversé l'esprit, j'ai eu très peur, genre "non la mauvaise idée ! Sors de ma tête, je ne veux pas te voir !". J'avais vraiment besoin de digérer cette idée.

Le déclic qui m'a fait changer d'avis, c'est le moment où on s'est retrouvé en train de se forcer à commencer un nouvel album. On était pas motivé du tout, et ça ne marchait tout simplement pas. On n'arrivait pas à créer quoi que ce soit qu'on appréciait réellement, les chansons ne sortaient pas, c'était horrible. Pour moi ce n'était plus possible, je suis quelqu'un de très passionné, la musique est mon moyen d'expression privilégié, si intense et qui véhicule tant d'émotions que je ne peux juste pas faire semblant. J'essayais d'écrire, ça ne marchait pas. "OK", c'est le signe qui me dit que ça ne va pas le faire. Et on avaient toutes remarqué ça. Simplement, il fallait que quelqu'un ait les tripes et le courage pour faire quelque chose à ce sujet, et quand j'ai dû prendre cette décision ça m’a presque tuée, c'était la plus difficile décision de ma vie.

Maintenant que j'ai du recul, je suis très fière de moi, d'avoir pris cette décision si lourde mais dont je sentais qu'elle rendrait la vie de tout le monde meilleure.

Luana m'avait dit que ça lui manquait de jouer du death metal, moi ça me plaisait aussi de changer du registre thrash pour passer au death, du coup l'idée a germé de faire un side-project. Je sentais que ça me ferait du bien d'avoir un projet différent, changer d'atmosphère, d'environnement, de processus créatif, ça a eu un effet plutôt rafraîchissant, même à l'époque où on pensait encore jouer pour NERVOSA.

En fait, j'étais tellement heureuse que CRYPTA soit là à m'attendre lorsque j'ai quitté NERVOSA, car sans ça, ça aurait été bien plus difficile. Lors de mon départ j'étais vraiment très mal, émotionnellement j'étais en miettes, quand bien même je savais que c'était la bonne chose à faire et que je ne le regretterai pas. C'était comme le deuil d'un parent. Sans CRYPTA ça aurait été très difficile de repartir de zéro. Je n'aurais probablement pas eu la force. Mais comme c'était là, qu'on était parties à écrire, prêtes à tout défoncer, ça a beaucoup facilité la reprise de ma carrière.

Comment s'est passée la formation du groupe ? Tu connaissais déjà Luana à la batterie, comment avez-vous recruté vos deux guitaristes, Sonia Anubis et Tainá Bergamaschi ?

Wow ! J'adore que tu prononces correctement le prénom de Tainá, c'est tellement dur d'habitude pour les gens de le faire correctement, mais t'a géré! (ndr : n'étant pas lusitanophone, ça s'appelle un gros coup de bol !). Donc moi et Luana on a toujours été très proches et on était ensemble dès le début, et on savait d'entrée qu'on voulait deux guitaristes. J'ai commencé à écouter du metal avec la New Wave of British Heavy Metal, toujours des trucs blindés de riffs démentiels dans tous les sens, et c'était vraiment mon fantasme initial.

OK, mais qui serait la première à nous rejoindre? On a toutes les deux dit immédiatement : “Sonia”, parce qu'on était des fans tout simplement, ça faisait des années que je suivais les activités de Sonia, depuis qu'elle jouait de la basse dans une de ses formations précédentes de metal extrême. Elle est suprêmement douée, pour l'avoir vue jouer avant en live elle a une super présence sur scène et elle est aussi une créative, toujours à poster de nouvelles choses. Je me suis dit qu'elle correspondrait bien.

Pour Tainá, c'est une histoire totalement différente. Elle a intégré le groupe peut-être un an après sa formation, c'était assez surprenant, elle est brésilienne comme moi et pourtant je n'en avais jamais entendu parler ! Je n'avais pas vu de vidéo, aucun ami en commun, rien ! Comme une totale inconnue. Elle a vu que Luana et moi recherchions du monde pour un side-project, elle nous a contactées directement en nous disant “je pense que ce sera du death metal, je sais pas si vous avez une guitariste, mais je veux venir dans le groupe”. Je me suis dit “ho, elle ne se prend pas pour n'importe qui celle-là !”. Puis j'ai eu l'occasion de lui parler et il s'avère que c'est juste la personne la plus gentille du monde, je l'adore. Elle m'a dit “je peux vous envoyer des démos” et j'ai dit “ok ! Envoie.“ Et elle nous a envoyé sa version de Crystal Mountain de DEATH. Et elle déboîtait. Solo parfait. Je me suis dit “ok, c'est elle”. Bon y'a bien eu quelques visios pour prendre la température, évidemment, connaître sa personnalité, ses sensibilités... Elle était parfaite.

Et voilà comment on a formé CRYPTA.

Parlons du premier album de CRYPTA, "Echoes of the Soul", qui va bientôt sortir (le 11 juin prochain). On a déjà pu écouter "Starvation" et "From the Ashes" en tant que singles ce mois-ci, j'aimerais que tu me donnes les détails concernant le concept global de l'album, le temps que ça a pris pour faire tout ça, et si vous avez eu des problèmes particuliers lors de sa réalisation (que ce soit les problèmes évidents comme la pandémie ou d'autres peut-être plus spécifiques) ?

ça... va être une longue réponse ! Je vais commencer par le processus, notamment le fait qu'on l'ait fait intégralement à distance, on n'a jamais été toutes physiquement présentes au même endroit au même moment. Pour moi ça allait, on faisait déjà ça avant car on n'habite pas dans les mêmes villes, donc c'était visio et google docs. Puisque Tainá n'est arrivée qu'un an plus tard, l'écriture de l'album est en réalité plus un projet du trio initial. Lorsqu'elle nous a rejoint, on avait peut-être 9 chansons sur 10, en tout cas structurées. On a écrit ça de façon assez fluide et démocratique, chaque chanson contient des idées et des influences de nous toutes. C'est pour moi la source de l'originalité de l'album, sa multiplicité d'idées et de directions.

Tainá est arrivée et elle a intensément participé au processus de préproduction, lors du décorticage titre par titre, lorsqu'on modifiait les structures, changeait les riffs, elle a suggéré énormément de bonnes choses, sans parler de ses propres solos, ça va de soi. Elle a pour ainsi dire créé toute seule le titre pour la version japonaise qui s'appelle “I resign” qui défonce tout.

On a mis à peu près un an pour préparer cet album, puis de mai jusqu'à janvier pour la préproduction. Après tout, on avait le temps avec la pandémie, on ne voulait pas le rusher et manquer de temps pour en faire la promo, donc on a pris tout notre temps pour être sures de parfaire notre vision des choses. On a été très perfectionnistes. Puis on a décidé de le sortir en juin cette année, ce qui voulait dire enregistrer en janvier. Heureusement, c'est tombé pile entre la première et la deuxième vague de la pandémie, donc c'était pas aussi tristement grave que maintenant, ce qui a permis aux filles de voyager et de venir enregistrer ensemble.

Bien sûr, ce n'était pas une session d'enregistrement normale. Gérer le coup de la pandémie a demandé énormément de planification, de logistique pour garantir la sécurité du processus pour tous, donc on a fait en sorte que tous, musiciens ou personnels du studio soient testés de façon quotidienne, nous avons loué une maison tout près du studio, et on a fait attention d'y passer le plus clair de notre temps, moi y compris ! J'y ai passé cinq semaines sans voir ma famille ou mon petit ami, j'étais seulement là avec les filles. Cinq semaines maison-studio puis studio-maison. Tout passait par des livraisons, et si on devait sortir, on se faisait tester pour être sûr de pouvoir revenir au studio. C'était intense, mais c'était aussi une bonne expérience pour qu'on apprenne à se connaître, savoir comment on se comportait en tant que groupe.

Pour le concept d’ « Echoes of the Soul », je voulais marquer une différence au niveau des paroles puisqu'on change de genre par rapport à NERVOSA. Partir sur du death metal était nouveau pour moi, je voulais marquer le coup. Et c'est une vraie différence. Souvent les gens disent “bof, ce ne sont que des variantes de metal extrême”, mais non, ce sont des genres très marqués et très différents. En même temps, je ne voulais pas m'attarder sur les poncifs du death metal, que ce soit le gore, ou les démons, je voulais explorer les dimensions plus sombres du voyage de notre vie, la psychologie, qui peuvent parler à tous. En même temps, alors que j'étais sur ma lancée, je me suis rendu compte que ça me manquait de faire des chansons de protestations sociales. Lorsque je me suis rendu compte que l'album en était dépourvu, j'en ai injecté un tout petit peu dans trois des titres de l'album, mais de façon un peu plus poétique que “dans ta face”. J'ai un peu proposé ça comme un appât. “Starvation” en est le résultat, je critique le système dedans. “Blood-stained heritage” également, qui critique les théories racistes et toute leur violence. Pour adapter ça au death metal, j'ai fait en sorte qu'absolument toutes les paroles parlent de la mort d'une façon ou d'une autre, que ce soit littéralement avec “Starvation” et la personne qui meurt de faim, ou métaphoriquement avec “Kali” qui traite de la mort de l'ego. “From the Ashes” parle de la mort du cycle, la fin et le commencement. Enfin, toutes les paroles sont connectées à moi d'une intime façon, que ce soient mes croyances ou mes façons de penser. Elles parlent toutes directement à mon âme. C'est pourquoi ce sont des “Echoes of the Soul”. Voilà pour le concept.

Je t'avais dit que ce serait long!

C'est quoi vos influences principales ? DEATH ? CRADLE OF FILTH ? CHILDREN OF BODOM ?

C'est très curieux que beaucoup de gens fassent la liaison de notre son à celui de CRADLE ! Déjà ils ont des synthés et des claviers, c'est pas notre cas. C'est une sacrée différence. En tout cas si ressemblance il y a, elle n'est pas intentionnelle. On nous a aussi comparé à du Black metal, mais je n'en écoute pas. J'ai beaucoup de death, de thrash, de heavy. On nous dit que certains de nos riffs sont très Black metal, mais non, CE SONT LES MIENS ! Mais notre son, CRYPTA, est un hybride de nos références et de nos albums favoris, on est toutes d'accord et on ne s'en cache pas. Des groupes comme MORBID ANGEL évidemment, mais plein de nuances différentes de la scène nous touchent aussi. J'aime quand c'est brut, quand c'est cru.

Mon style est très inspiré par le death old-school de Floride des 90's, OBITUARY, DEICIDE, DEATH, CANNIBAL CORPSE, et aussi des groupes polonais comme VADER. “Starvation” est totalement sous influence VADER/MORBID ANGEL. Luana est aussi sur la même époque, mais de la scène suédoise, quasiment un langage musical différent. Sonia a plus grandi avec des mélodie épiques qui tranchent pas mal avec mon côté frontal, quant à Tainá elle aime DEATH, GOJIRA, des groupes qui ont ce côté technique, sans négliger la mélodie. Tu mets tout ça dans le chaudron, et tu as CRYPTA !

C'est quoi ton titre préféré, et/ou celui dont tu es la plus fière (pas nécessairement le même) ?

Ho que c'est compliqué... C'est comme choisir ton enfant préféré ! Mais bon, puisqu'il faut choisir, c'est probablement « Possessed », je l'adore, elle est différente, écrite en triolets, une façon d'écrire qui change des autres aussi...

Aucun rapport avec le groupe POSSESSED ?

Non, on nous le demande souvent, mais aucun rapport. La chanson décrit réellement quelqu'un qui est possédé, et c'est probablement ma préférée. Quant à celle dont je serais la plus fière, ce serait « Under the Black Wings », qui est bien heavy, vraiment un truc qui fait headbanger. Ceci dit, je pense que la meilleure c'est « From the ashes », bien que ce ne soit pas ma préférée. On l'a choisie comme premier single pour ça, on trouve vraiment qu'elle représente un peu de tout ce qui fait CRYPTA, chaque nuance de l'album est dedans. C'est la chanson la plus complète.

Un truc qui m'a plu dans l'album c'est un vrai travail sur l'atmosphère, vous n'avez pas eu peur de faire des intros très posées et des pauses qui calment un peu la tension avant de repartir à fond, que ce soit "Under the Black Wings" ou les outro de Dark Night of the Soul", c'est quelque chose que vous aviez prévu dès le début ou plutôt une idée en cours de projet ?

C'est une très bonne question ! Tout le monde ne prend pas le temps de faire attention aux nuances, et ça me fait plaisir que tu l'aies fait. On savait qu'on voulait une intro et une outro pour l'album, un gimmick qu'on trouve dans tellement d'albums mais qui nous plaît. Ensuite, on voulait pouvoir faire fonctionner l'imagination des gens. Dès le début, on pouvait relier l'artwork avec la première chanson. Entre le moment où tu tiens le CD dans tes mains, tu vois la pochette et l'intro démarre, tu as vraiment une plongée progressive dans l'ambiance. Pareil pour la fin, on dit que ça part dans une flamme avec « From the Ashes » et on entend une flamme, comme la fin d'un cycle consumé mais aussi probablement le début d'un autre.

On pensait aussi au live en faisant ça, je suis fan des concerts avec ces entrées en matière atmosphériques, ces coupures dans le son qui articulent le tout. Et puis ça permet d'avoir un petit moment pour reprendre son souffle entre les chansons, après tout pas mal d'entre elles sont plutôt intenses avec beaucoup d'informations à traiter et de portions techniques, ce serait cool de pouvoir souffler deux secondes.

En gros ça enrichissait l'album en permettant aux gens de s'y projeter. Tu y trouves les trompettes mentionnées dans « Under the Black Wings » et le feeling oriental de « Dark Night of the Soul »

Mon privilège de reporter, je peux poser une question par rapport à MA chanson préférée : "Kali". Je suis super fan, j'étais accroché dès le début avec la batterie de toute façon, que peux-tu me dire sur cette chanson ?

Marrant, c'est aussi la chanson préférée des gens de chez Napalm Records, ils adorent aussi Kali et ça nous a surpris, je trouvais que c'était une des chansons les plus simples, du fait de la répétition du chorus, mais apparemment les gens l'adorent ! En ce qui me concerne ça fait partie des chanson dont j'ai très hâte de voir ce que ça donne en live, dans le top 3, pour le chorus d'une part, je me VOIS le faire sur scène en train de sauter partout, ça va être tellement bien ! On avait plusieurs riffs, et ça a juste été naturel à dérouler. Toutes les autres chansons avaient une structure assez cadrée jusque-là, et avec Kali on s'est dit « tentons quelque chose », et c'est pour ça qu'on répète si souvent le chorus par rapport aux autres chansons. C'est un peu un monstre de foire, et à la fin on l'adorait. Le break du milieu défonce, les solos sont super cool... On l'aime beaucoup.

Concernant les paroles, j'ai eu une sacrée phase d'introspection l'année passée et j'ai commencé à beaucoup étudier la notion d'ego. Pas tant la notion de psychologie, mais plutôt l'ego de la philosophie orientale. Kali, la déesse était très présente dans ce processus et c'était un peu ma façon de lui rendre hommage.

C'est quoi le futur proche de CRYPTA ? Ici en France on commence à ne plus annuler les concerts/festivals, tandis que les conditions sanitaires évoluent et que les gens se vaccinent de plus en plus chaque jour qui passe, est-ce qu'on peut espérer vous voir bientôt ?

On aimerait carrément venir ! Bien sûr ça dépend de la façon dont les vaccins seront distribués, ici au Brésil ça n'avance pas, c'est terrible, il y a actuellement une enquête qui a découvert que notre gouvernement a refusé 11 vaccins différents... Donc c'est lent ! J'ai aucune idée de quand ça va se terminer, mais à un moment donné ce sera bon. En même temps, comme a bien eu le temps de se poser et de planifier beaucoup de choses, on a énormément de choses à annoncer concernant l'Europe très bientôt, encore que « bientôt » soit pas forcément un terme très contractuel... On évalue aussi quelques possibilités pour l’Amérique du nord... Et même si ici au Brésil c'est l'un des pires endroits de la planète quasiment sans rien de positif, on va se débrouiller pour faire quelque chose. On a déjà une tournée planifiée apparemment, ne manque juste que définir les dates. Ce sera dès que possible, et je peux te dire que ce sera spécial. Je peux te le garantir tellement la scène me manque...

Prenons un peu le temps de parler plus spécifiquement de toi Fernanda : En tant que chanteuse, plutôt growler ou shrieker ? Tu avais l'air de t'essayer aux deux assez aisément...

Plutôt shrieker je pense ! J'aime le cri aigu, c'est typiquement ma signature, je les utilise beaucoup dans l'album. Je sais que certains trouvent ça pénible, mais c'est comme ça, je suis plus à l'aise à chanter comme ça. Mais c'est vrai que j'ai commencé à growler pour CRYPTA, pour marquer mon virage death metal. C'est un ingrédient du death, bon c'est vrai que si tu prends le groupe DEATH et Chuck Schuldiner, il y a des cris aigüs, mais en général le growl est très présent, et je voulais expérimenter. La seule personne avec qui je suis en compétition, c'est moi-même, et j'aime beaucoup tester des trucs, voir si je peux faire ci et ça, donc je me suis dit « ok essayons un truc nouveau pour CRYPTA », et je suis très satisfaite du résultat, sans oublier de pratiquer d'autres techniques, j'explore des notes plus profondes, mais la base reste la même. J'explore d'autres choses que je pourrais utiliser dans d'autres albums d'ailleurs, mais je garde ça pour une autre fois. Ma signature, ça reste le shriek (ndr : là elle m'a pété les oreilles avec son shriek de scène. C'était douloureux mais super cool).

Est-ce que tu as des projets en dehors de CRYPTA, que ce soit des collaborations avec d'autres groupes, des projets solos, voire quelque chose totalement en dehors du metal ou même de la musique (d'autres activités, que ce soit artistiques ou même militantes)?

J'ai fait des collaborations, c'est toujours sympa de travailler avec d'autres musiciens , ça permet de rencontrer et de faire connaître notre son, mais pour ce qui est de projets concrets actuellement, je n'ai juste pas le temps en ce moment ! Honnêtement, j'adorerais ça, pendant des années j'ai rêvé d'avoir mon projet solo ou duo, où je ne chanterai qu'en chant clair, dans mon autre passion musicale qui est le blues, j'aimerais faire un projet blues/soul/jazz, façon Etta James, Amy Winehouse, Aretha Franklin, ou Nina Simone, et je SAIS que si j'avais une semaine de libre j'écrirais probablement un album, mais j'ai juste PAS LE TEMPS. Ça finira par arriver, lorsque je serai retraitée du metal. Je suis tellement concentrée sur CRYPTA, que ce soit l'écriture ou la promotion... ça viendra. Les collabs, par contres ça pourrait arriver.

Tu sais que le regretté Lemmy [Kilmister] disait « si tu crois que t'es trop vieux pour le rock, bah... tu l'es » ?

Oui, c'est un peu ça ! Le metal fera toujours partie de moi.

Y'a quoi dans ta playlist, si c'est pas du métal ?

J'écoute beaucoup de choses, si tu vas voir ma playlist spotify, tu vas péter un câble et te dire « mais c'est quoi son problème ? » , c'est très diversifié, surtout pour garder une « oreille fraîche pour le chant clair », tu vas trouver Amy Winehouse, Lana Del Rey, et Beyoncé. Putain que j'aime Beyoncé ! Elle est tatouée sur ma jambe ! Elle m'a appris tellement de trucs au niveau de la voix, c'est une performeuse extraordinaire, elle m'inspire énormément. Les gens me demandent « Comment tu peux faire un growl de quinze secondes sur « From the Ashes ? » - « Beyoncé m'a appris à respirer !».

J'écoute beaucoup de blues old-school, genre les 50's, voire des traditionnels du 19ème siècle ça peut me parler. La soul également et ses chanteurs, la funk aussi, un peu de hip-hop, surtout d'un point de vue des paroles pour voir comment ils appréhendaient la façon de composer des protest songs en gardant une manière poétique, donc je suis très éclectique. Et des fois j'écoute juste de l'instrumental.

Si tu veux des noms, je te dirais THE MARS VOLTA, j'adore ce groupe au chanteur si incroyable, et du Childish Gambino. Trop de gens croient que ça se résume à « This is America ». Mais c'est pas le cas. Son album solo est démentiel. Beaucoup de Nina Simone et d'Aretha Franklin dernièrement.

Sinon en metal, évidemment NAPALM DEATH et beaucoup de CANNIBAL CORPSE vu qu'ils viennent de sortir un nouvel album, mais aussi un groupe brésilien du nom de SURRA.
Bref, n'hésitez pas à venir jeter un coup d'œil à mon spotify, vous seriez surpris... Et vous allez probablement me détester !

Tu me parles de funk, toi qui fais de la basse, un concept à creuser peut-être ?

Ho non ! Tellement compliqué ! Le jeu qu'il faut doit être tellement fluide, j'ai juste pas du tout la technique. C'est vrai que j'ai prévu un jour d'aller explorer cet aspect, mais pour l'instant je ne m'en sens pas capable. Toutes ces années à jouer du métal... Des fois je regarde les joueurs de funk sortir des pizzicato de basse, c'est juste des techniques tellement différentes, je me vois pas le faire. Remarque, je pourrais essayer, ça pourrait être un certain challenge...

C'est tout pour moi, voudrais-tu dire quelque chose à tes fans, as-tu un message à faire passer, ou peut-être une question que j'aurais oublié de te poser ?

Non, je trouve que c'était très bien, j'ai beaucoup aimé l'interview, tu as vraiment creusé le sujet, donc d'abord merci spécifiquement à toi d'avoir pris le temps de me contacter, après cette longue période difficile ça fait beaucoup de bien d'avoir de gens qui me questionnent vraiment sur ce que j'ai fait et qui se montrent vraiment intéressés. Donc merci beaucoup à toi pour cette interview si sympa (ndr : oui j'étais gêné, mais ça fait plaisir quand même). Et pour tous ceux qui la liront, merci pour tout votre soutien, votre patience car je sais qu'on a mis un certain temps pour le sortir, merci de nous avoir accompagnées, continuez de soutenir l'art, votre scène metal locale, vos groupes locaux, vos amis, car dans des temps si difficiles de pandémie, nous savions que l'art était la chose dont nous ne pouvions pas nous passer. On écoute de la musique tous les jours, on regarde des films, on lit des livres... On sait que l'art permet d'alléger le fardeau de supporter la pandémie, alors soutenons l'art. Gardons la flamme de l'art et du métal bien en vie. C'est tout ce que j'ai à dire, merci !

- Merci beaucoup Fernanda pour avoir pris le temps de répondre à mes questions, je vous souhaite tout plein de bonnes choses pour la sortie d'Echoes of the Soul, et le succès de CRYPTA en général.


Le site : https://www.cryptaofficial.com/
Romain

 

 
 
 
 

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