Interview réalisée par Doro', le 25 février au Black Dog, Paris.

 
 

Pour la sortie imminente du deuxième album de DUSK OF DELUSION, nous avons rencontré Matthieu et Claude, les guitaristes du groupe, pour nous parler un peu plus en détails de « Watch Your 6 ».

Bonjour à vous deux et merci de m’accorder cette interview. Pouvez-vous présenter votre groupe en quelques mots ?

Matthieu : Moi c’est Mattieu à la guitare et Claude, à la guitare et aux chœurs. Je me charge principalement de tout ce qui est solo guitare.
Claude : Moi je me charge plutôt de la guitare rythmique, les arrangements, les duels guitares avec Matthieu et les chœurs. Je laisse vraiment le plus gros du taf à Matthieu.
Matthieu : J’ai une vraie passion pour le solo en soi, dans son entité brute, sur le travail que ça amène et que ça demande. C’est vraiment un travail qui demande de la discipline et ça me convient.

Comment se passe le travail des compositions ?

Claude : Il se fait principalement entre Matthieu et Julien, le bassiste. Globalement moi je fais surtout un travail d’arrangement. Je pars vraiment des bases des morceaux qu’eux produisent pour rajouter après des lignes de guitares supplémentaires, des parties mélodiques, ce genre de choses.

Matthieu : Sur cet album, Claude a composé un morceau qu’il nous a apporté tout frais, tout cuit, qui est celui avec le titre en Russe : « BO3JIE OKHA ».

Pourquoi avoir choisi d’écrire le titre de ce morceau en Russe et pas aussi les paroles complètes ?

Claude : A la base, il avait été écrit en anglais, comme tous les autres titres de l’album. Il devait s’appeler « By The Window » et, quand Benoit a posé le texte sur ce morceau, il est parti sur une partie de l’histoire de la révolution russe à travers le regard d’un homme du peuple qui voit la montée du bolchévisme et la chute du tsarisme et, vu que le morceau se basait en Russie, on a l’idée de pousser le concept jusqu’au bout en mettant un titre en Russe et non en anglais, pour appuyer sur l’ancrage historique et le contexte du morceau. On est beaucoup trop mauvais en Russe pour écrire les paroles dans cette langue (rires).
Matthieu : C’est une bonne question quand même. Pourquoi on n’a pas chanté en Russe ?

Juste déjà le refrain aurait pu être intéressant.

Matthieu : Oui c’est vrai. On n’y a pas pensé. C’est trop tard maintenant, c’est déjà enregistré (rires).

Vous pouvez le retravailler pour vos prochains live peut-être ?

Matthieu : Oui pourquoi pas. Avec une petite chorale derrière pour les chœurs (rires). La petite Chorale de l’Armée Rouge pourrait être pas mal (rires). Je crois qu’ils ne font rien cette semaine, on va leur demander.

Cette idée m’amène à cette question : qu’est-ce qui vous a motivés à faire de la musique ?

Matthieu : J’ai commencé à apprendre un instrument de musique en 1991 et en fait j’ai toujours baigné dans la musique parce que j’ai deux grands frères, qui sont beaucoup plus âgés que moi, qui ont toujours écouté de la musique. Un de mes frères écoutait déjà du Metal quand je suis né donc j’ai été un petit peu baigné dedans très tôt déjà. J’en suis arrivé à la guitare en découvrant un guitariste suédois qui s’appelle Yngwie Malmsteen et j’étais vraiment un hardcore fan de lui. J’ai commencé la guitare à cause de lui, avec une imitation de Stratocaster. Je n’ai pas arrêté depuis et ça fait pratiquement trente ans que je fais de la musique.

Claude : Moi ça fait moins longtemps. J’ai commencé assez tardivement car, contrairement à Matthieu, je ne viens pas d’une famille de musiciens. A la base, je devais me mettre à la batterie pour rejoindre mon meilleur ami qui s’était à la guitare et on s’était dit que c’était vachement cool si on jouait ensemble. Et, finalement, je me suis mis à la guitare parce que c’était moins cher. Ne rigolez pas, c’est la vraie raison ! (rires)

Et moins encombrant aussi…

Claude : Accessoirement oui (rires). Etant au lycée à ce moment-là, l’aspect budgétaire a joué un peu. Je me suis rendu compte que je kiffais vraiment la guitare et j’aurais peut-être été un peu malheureux, finalement, si je m’étais mis à la batterie. J’adore la batterie quand même. Je me suis donc mis à la guitare assez tardivement, vers mes 16 ans, et c’est pour ça que je ne suis pas bon d’ailleurs et que je suis à la rythmique (rires). Aujourd’hui, ça fait donc 16 ans que je joue de la guitare.
Matthieu : Ce qui explique que je suis deux fois meilleur que lui (rires).
Claude : Ce qui explique que tu aies dix fois plus de lead ! (rire)
Mathhieu : Ouais ouais… On n’est pas nés dans la même époque aussi.

Pourquoi avoir choisi le nom « Dusk Of Delusion » ?

Claude : A la base, il a découlé du concept du premier album. Quand on a commencé écrire les morceaux, on n’avait pas de nom de groupe, ni pour l’album, ni pour les titres. On a commencé par la musique parce qu’on sait ce qu’on avait envie de faire à la base. Et on a commencé à plancher sur le concept du premier album et quand on a vu que l’axe partait sur ce côté de raconter un peu les travers de la société et les petites parts d’ombres que l’on peut tous avoir, on s’est dit qu’on était ceux qui mettent en lumière les défauts et le titre a un peu découlé de ça.

Dusk Of Delusion veut dire littéralement le Crépuscule des Illusions. En gros, on fait un peu tomber le rideau sur le paraitre et les illusions pour laisser paraitre la vérité derrière, qui n’est pas toujours jolie.

Matthieu : Je ne savais pas tout ça. C’est pour ça que le groupe s’appelle comme ça ? (rires). J’apprends des trucs, c’est génial ! Moi je voulais juste qu’il y ait un K dans le nom du groupe, c’était ma seule exigence (rires). Dusk ça me convient bien, ça me rappelle un de mes albums préférés de Cradle Of Filth, « Dusk... and Her Embrace », donc j’étais content qu’il y ait Dusk dans le nom de mon groupe (rires).

A propos de groupes que vous aimez, quel est le dernier disque que vous avez écouté ?

Matthieu : Alors moi c’est pas du tout un truc Metal. C’est « School Days » de Stanley Clark, donc plutôt Jazz. C’est un album de 1976 et c’est le quatrième de Stanley Clark, qui est un bassiste de Jazz.

Claude : Dans mes dernières écoutes, je me suis pas mal penché sur Lindemann, le projet solo du chanteur de Rammstein, que j’ai découvert un peu sur le tard. Je ne savais pas trop ce qu’il faisait en solo et j’ai vraiment beaucoup accroché et j’ai téléchargé pas mal de morceaux sur ITunes, en toute légalité, j’ai payé (rires). C’est vrai en plus !

Tu étais au dernier concert de Rammstein ?

Claude : Non, malheureusement j’étais en déplacement mais le dernier concert que j’ai fait c’était Dir En Gray à Bordeaux. C’était au Rocher de Palmer et c’était une très bonne soirée. Ça m’a rappelé mes années lycée, quand j’étais à fond dans le Visual K.

Est-ce que ces artistes que vous écoutez vous inspirent pour vos compos ?

Matthieu : Mon inspiration ne vient pas forcément de la musique que j’écoute mais plutôt de l’état d’esprit à un temps donné. J’écoute beaucoup de musique et je ne sais pas si c’est présomptueux ou pas, mais je ne me fais plus influencer par ce que j’écoute.

Claude : Oui c’est prétentieux (rires)

Matthieu : Je vais la tourner autrement alors. Ce que je j’écoute ne m’influence pas…

Claude : C’est pareil ! (rires)

Matthieu : C’est plutôt un état d’esprit qui m’influence, plutôt que ce j’écoute.

Claude : Pour ma part, le Visual K ne m’influence plus trop, même si j’en ai beaucoup écouté. J’ai dérivé vers d’autres scènes depuis. J’écoute des choses assez variées qui vont de Marduk à la Polyphonie Corse. Par exemple, pour le morceau que j’ai composé sur l’album, je me suis assez inspiré de Mastodon et en particulier pour la ligne batterie je voulais un truc qui sonne assez Prog’. Je me suis plutôt inspiré de la scène Sludge pour ce morceau.

Comment vous définissez le style musical de Dusk Of Delusion, qui semble vraiment très varié ?

Matthieu : Il y a tellement d’étiquettes maintenant qu’on ne sait pas vraiment. Au début, on s’était mis l’étiquette Neo Metal…

Claude : Ça collait au premier l’album.

Matthieu : Je pense que la dénomination Metal Moderne ou le Metal 2.0, que j’ai vue récemment, me plait pas mal, parce qu’il y a une notion d‘influence de la scène des vieux, comme nous (rires), Julien et moi qui sommes nés dans les années 70.

Claude : C’est vrai qu’on a trois décennies représentées dans le groupe.

Matthieu : On a donc cette influence de ce qu’on a écouté plus jeunes, principalement le Heavy et le Thrash des années 80. Je suis un gros fan d’Overkill, par exemple, et de Maiden et puis beaucoup de Prog. Je suis en train de me perdre là (rires). Donc il y a une partie de ces influences-là qui sont injectées et celles de Claude, Benoit et Nathan qui ont un vécu plutôt des années 90/2000 et des influences variées de ces vingt dernières années. Je pense que tout ça créé une synthèse de différents styles qui vont du MetalCore au Prog, qui permettent de définir le style de Dusk en Metal Moderne, je pense.

Claude : Banco ! La séance est levée ! (rires)

Quel est le dernier film que vous avez vu ?
Matthieu : Le dernier que j’ai vu c’est « Là-Haut » de Pixar. C’était hier soir à la maison.
Claude : Le dernier que j’ai vu au cinéma c’était « Joker » et il était sympa. En vrai j’ai bien aimé mais je pense que toute la médiatisation autour a été un peu trop poussée. C’est un bon film mais il ne mérite pas le tapage médiatique qu’il y a eu autour.

Si vous deviez écrire ou composer une BO pour un film, ce serait lequel ?

Matthieu : J’aurais bien aimé faire la BO de Mad Max Fury Road, qui est mon film préféré.
Claude : Moi je penche plutôt pour Retour Vers Le Futur I, où on fait la bascule entre les années 80 et 50, pour la guitare, le Rock’n’roll…

Si « Watch Your 6 » était un animal, ce serait quoi ?

Matthieu : Vu que la pochette est en noir et blanc, je dirais bien un blaireau mais c’est pas très flatteur (rires)
Ou un zèbre alors.
Matthieu : Une hydre à trois têtes !
Claude : Mais c’est pas un animal réel.
Matthieu : Ah oui. Une hydre alors (rires). Mais toi tu n’as pas répondu.
Claude : Bien sûr que si, j’ai proposé deux animaux : un blaireau et un zèbre. Tu ne m’écoutes donc pas (rires).
Matthieu : Absolument pas (rires).
Claude : C’est pour ça que le groupe dure depuis aussi longtemps. On a appris à cloisonner un peu sinon on part un peu trop dans tous les sens (rires).

Si c’était de la nourriture ?

Claude : Une ration. C’est la guerre !
Matthieu : (rires) Une soupe de légumes alors.
Claude : En brick ou en sachet ?
Matthieu : En brick c’est meilleur.
Claude : On ne se refuse rien.
Matthieu : C’est qu’on a les moyens (rires).

Ça me fait penser au thème que vous abordez dans cet album. Pourquoi avoir choisi la guerre comme thématique principale plutôt qu’un autre sujet plus fun ?

Claude : Parce que le fun a déjà été utilisé dans le titre du premier album [(F)unfair] .

Matthieu : C’était une volonté de Benoit, notre chanteur, de s’axer sur cette période, travailler sur cette période 14-18, pour deux raisons : c’est parce qu’il est prof d’Histoire et aussi car il est extrêmement friand et passionné de cette période-là. Mais, ce qu’on voulait éviter, c’était le cliché de la guerre autour du concept de l’album. La guerre 14-18 est notre fil rouge mais les thèmes abordés sont plutôt autour des sentiments.

Claude : On a abordé à peu près le même axe que sur le premier album. Au lieu de raconter historiquement et factuellement la guerre, on raconte des morceaux de vie et des ressentis de personnes anonymes qui ont vécu la guerre à travers leur vécu propre, à travers leurs yeux. Par exemple, dans le morceau « Letters To C » on raconte l’histoire d’un soldat qui, là où ses collègues et camarades essayent de trouver le réconfort dans les jeux ou l’alcool, trouve le soutien à travers les lettres et la correspondance qu’il a avec sa bien-aimée.

Matthieu : L’amour est l’un des thèmes qu’on a voulu développer. Mais on a aussi voulu développer le thème de la tristesse, la mort, la joie, le désespoir, la colère, la haine…

Chaque titre a pour base un sentiment qu’on vient d’évoquer et on développe une histoire fictive ou réelle, mais en tout cas basée sur des faits réels, ou du moins on essaye.

Claude : Après, il y a eu deux petites incartades dans l’album. On voulait « Serbian’s Gate » en ouverture parce que les évènements de Sarajevo ont quand même été le Casus belli qui a déclenché le premier conflit mondial, donc on voulait que ce soit l’ouverture de l’album. Et Verdun qui est un thème très factuel en soi.

Matthieu : L’idée, dans le titre « Verdun », c’était de raconter le quotidien de cette bataille, vu par un soldat.

Comment vous avez fait pour vous mettre « dans la peau » de ces personnages ?

Matthieu : Il y a beaucoup d’informations qui sont disponibles sur cette période : la correspondance des Poilus, les journaux de guerre, etc… Tous ces éléments forment de la matière qui permettent à Benoit de développer sa thématique et puis il s’est pas mal inspiré de ce qu’on a pu voir au cinéma, comme par exemples « Un long dimanche de fiançailles », « Les Gardiennes » ou « Joyeux Noël », mais aussi de poèmes comme « Le Dormeur du Val » de Rimbaud.

Claude : Il y a eu aussi un travail de composition de notre part où on a dû adapter la couleur générale des morceaux en fonction des émotions qu’on voulait transmettre. C’est pour ça que, même si on a un fil conducteur sur un style pratiqué, c’est vrai qu’il y a certains morceaux qui peuvent avoir une autre approche. Par exemple, « Smiling From Across » est très speed et joyeux parce qu’on y raconte la joie et un moment de fraternisation.

Avez-vous prévu de tourner en France pour promouvoir « Watch Your 6 » ?

Matthieu : On a déjà quelques dates de prévues et d’autres qui vont venir se rajouter, on espère.

Claude : On y travaille en tous cas.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première scène avec Dusk ?

Claude : C’était au No Man’s Land, à Volmerange-les-Mines, en première partie de Blazing War Machine !

Matthieu : On avait bien assuré pour un premier concert. C’est là qu’on a vu que le groupe pouvait fonctionner [en live].

Claude : Je connaissais déjà Matthieu car on avait déjà eu l’occasion de travailler ensemble par le passé. C’est d’ailleurs lui qui m’a proposé de rejoindre Dusk.

Matthieu : On était déjà rôdés avec nos projets précédents donc on n’a pas eu d’appréhension particulière pour ce premier concert. Je ne me suis pas posé la question de savoir si c’était un baptême du feu ou autre. De mon ressenti j’ai pris le truc comme c’est venu.

Claude : Même si, professionnellement, nos routes ont pris des chemins différents, même à l’époque, je fais un petit coucou à Romu au passage, parce qu’à la batterie, dès le début, j’ai senti que c’était une usine derrière.

Nous allons terminer notre entretien avec une dernière question. Quel est votre meilleur souvenir sur scène, avec ou sans Dusk ?

Matthieu : Sans aucun doute celui avec Mass Hysteria ! Je pense qu’on va être d’accord sur ça (rires). Et tous groupes confondus, j’ai eu la chance de tourner en première partie de Marduk il y a quelques années et ça a été une expérience extrêmement formatrice.

Mais comment tu t’es retrouvé dans cette histoire ? Tu as vu de la lumière et voilà ? (rires)

Claude : C’est ça ! En l’occurrence, je n’ai pas vu de lumière mais du noir, mais je suis rentré quand même (rires). Comme je te disais, je suis arrivé dans le Metal comme ça et, finalement, c’est la continuité. Pour faire rapide et court, il s‘avère qu’en 2011, le hasard a fait que j’ai bossé comme bénévole au Sonisphere et j’étais mis au même poste que Florian Lagoutte, que je salue. Ce qui est marrant, c’est qu’on ne se supportait pas et qu’on ne pouvait vraiment pas se voir pendant ces trois jours. Jusqu’au moment où on a réalisé qu’on bossait super bien ensemble et qu’on s’aimait bien et, à la fin du festival, il m’a dit que, s’il avait besoin de moi, il m’appellerait. Six mois plus tard, j’ai eu un coup de fil et il me dit « Je monte un groupe de Death Black, est-ce que tu veux être à la basse ? », j’ai répondu oui et on a commencé le projet. A l’époque, on travaillait avec Amenophis pour la promo et ils nous ont proposé la tournée Marduk. On s’est dit qu’on n’aurait jamais cette chance deux fois dans nos vies et on l’a saisie. On s’est retrouvés sur les routes avec Marduk pendant six semaines et quarante-trois dates, et on a fait le tour de l’Europe. C’est comme ça qu’on a sympathisé avec Magnus Andersson, le bassiste de Marduk à l’époque, à qui on fait appel aujourd’hui pour faire tout ce qui est mastering de nos produits.

Matthieu : C’est difficile de te répondre comme ça. Il y a effectivement des souvenirs forts mais pas forcément avec Dusk. Avec mon ancien groupe de Hardcore, qui n’existe plus maintenant, on a joué à la Havane à Cuba. On a fait deux soirs de suite au Maxim Rock, une grosse salle de concerts à La Havane. C’était assez incroyable de jouer devant un public qui ne te connait pas, mais qui a tellement peu d’occasions d’avoir du Rock ou du Metal. On parle d’un pays où le Rock était encore interdit il y a quelques dizaines d’années. C’était une expérience assez incroyable de jouer là-bas. Je crois que le premier groupe de Metal Extrême à avoir joué sur cette île, c’était Sepultura en 2007. Les gens se procuraient quand même du Rock et du Metal par d’autres réseaux et moyens détournés et donc, dès qu’il se passe quelque chose là-bas, une certaine ferveur se met en place et le public y est plutôt réceptif.

C’est maintenant officiellement la fin de notre interview. Merci beaucoup à vous pour cet échange.

Matthieu : Merci à toi d’être venue et à bientôt !

Pour en savoir plus sur DUSK OF DELUSION c’est par ici : http://www.duskofdelusion.com/


 

 
 
 
 

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