ULTRAROCK : D'où vient le nom de votre groupe ?
Laurent Guerin : Je cherchais un nom qui sonnait bien. Je voyais quelque chose d'assez compact, d'assez droit. BUCHERON, pour un groupe qui envoie du bois, ça va droit au but. Quant à la question du « s » ou non, en regardant bien, il y avait plus de groupes qui s'appelaient LUMBERJACK que LUMBERJACKS. Du coup, on a décidé de se différencier un peu en mettant un « s ».
Arnaud Gerard : Et en y réfléchissant bien, je trouve que ça sonne vachement plus metal. Y'avait pas une influence ?
Laurent Guerin : Si ! L'idée du projet, c'était plus un truc dans le trip assez couillu, du lourd, du gras.
Quelles sont vos inspirations ?
Hou là !
Rémi Marinier : On écoute tous plein de choses !
Arnaud Gerard : Moi je suis guitariste à la base. Et je suis plus funk à la guitare que rock. Les ambiances sont variées dans ce groupe. On n'est pas metal ! Enfin ça dépend de ce que tu mets dans le metal.
Rémi Marinier : On a des influences heavy.
MACHINE HEAD, ALTER BRIDGE, SEVENFOLD, AUDIOSLAVE, KISS
Arnaud Gerard : Après, c'est déjà largement compliqué comme ça pour nous de nous définir. Moi, aujourd'hui, je suis incapable de nous définir. Je sais qu'on est rock, qu'on n'est pas metal. Mais qu'on a des tendances sur l'instrumental un peu punchy, un peu metal. Mais voilà, nous, dans la globalité, on dit stoner, on dit heavy rock.
Arnaud Creuser : Y a ce côté « gros son ». Mais qui reste rock.
Arnaud Gerard : Chacun a sa propre notion du heavy metal.
Laurent Guerin : On fait du rock de bûcheron ! Le stoner, c'est un tempo assez lourd et gras. On a un tempo assez lourd, mais ce n'est pas du stoner. Stoner, c'est le même rythme tout le long. C'est plus ce qu'on envoie que la vitesse.
Un premier EP autoproduit en 2014, Moment To Balance , beaucoup de salles de concerts franciliennes. Et un premier album Alone? sorti le 05/05/2018. Où vous puisez toute cette énergie ?
Arnaud Gerard : L'énergie, elle est dans le projet. Et l'expérience.
Laurent Guerin : Il était hors de question de rester tranquille.
Rémi Marinier : Et tous les retours, ça motive pour continuer.
Arnaud Gerard : Y a aussi l'article dans Rock Hard ! Et le Motoc ! On a généré tout ça. Et ça fait du bien d'avoir cette reconnaissance. C'est vachement gratifiant. Pour un groupe qui n'en est qu'à son premier album.
Rémi Marinier : C'est une concrétisation du projet. Ça donne envie de continuer. Et puis il y a une bonne entente dans le groupe.
Arnaud Gerard : On n'est pas obligés d'être d'accord sur tout, et c'est un enrichissement aussi. On a fait un super album, qui sonne super bien et qui est bien abouti. Et notre énergie, elle est là. Et on la défend. Car aujourd'hui, c'est dur de te faire reconnaître et d'avoir envie. Car on n'en vit pas. Peut-être un jour, mais pour l'instant, on n'en vit pas. Il faut faire connaître le groupe et ne surtout pas rester sur ses acquis.
Laurent Guerin : Motocultor, c'est génial ! C'est pas la fête de la saucisse ! Ca amènera un peu de lumière sur le groupe. Mais c'est une étape.
Arnaud Gerard : L'énergie, elle est dans le projet, le nouveau line-up avec l'arrivée d'Arnaud, avec l'apprentissage des morceaux comme ils le sont aujourd'hui. Mais c'est vrai que l'enregistrement de l'album a métamorphosé le groupe et les chansons. Il faut tout désapprendre et repartir avec une personne en plus. Avec une volonté de construire quelque chose. Il a fallu reconstruire tous les morceaux du groupe. Et ça participe à l'émulsion et au côté punchy du groupe. Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui. Et c'est vrai qu'on est à fond. Cette semaine, j'ai été à fond dans la promo, et on a essayé de trouver des idées pour aller plus loin, pour trouver des axes d'amélioration pour nous faire connaître, que ce soit en France comme à l'étranger. Et quand tu vois ça, tu dis : ouais, il y a un truc à faire ! Faut y aller ! Même si c'est dur parce que tu as une réponse sur cent mails, il suffit d'une réponse. Du coup, il faut être patient.
Un enregistrement en studio, ça permet de faire un point, finalement ? C'est un autre rythme, une manière différente de procéder que le live, pour lequel d'ailleurs votre efficacité est reconnue.
Arnaud Gerard : Même si il y a un peu de live en studio ! (Rires)
Laurent Guerin : On essaie de reproduire en live ce qu'il y a sur l'album. J'avais déjà travaillé avec Edgard (Edgar Chevallier) et je lui ai dit : « Edgar, tu sais,quoi ? Les morceaux on sait comment ils rentrent mais on sait pas comment ils vont sortir. Tu as carte blanche. Tu fais ce que tu veux. »
Pour quelle raison avez-vous décidé de rechercher un deuxième guitariste ?
Laurent Guerin : Edgard avait beaucoup d'idées au niveau des arrangements des guitares et il était un peu embêté avec ça. Je lui ai dit qu'on était déjà en train de penser éventuellement à une deuxième guitare.
Arnaud Creuser, comment as-tu fait la rencontre avec LUMBERJACKS ?
On connaissait déjà Nono (Arnaud Creuser).
Arnaud Creuser : J'avais suggéré l'idée. J'étais chaud pour venir. Mais j'avais posé la question : « Mais vous en avez parlé ? Vous êtes sûrs ? » Parce que ce n'est pas rien d'ajouter un guitariste. Tu n'as plus la même position sur scène. Ça change plein de choses.
Arnaud Gerard : Moi, à la base, j'étais pas pour un deuxième guitariste.
Rémi Marinier : Parce qu'on en voyait pas l'intérêt au début.
Arnaud Gerard : Ca tournait bien une gratte. Ca faisait un peu la spécificité du truc.
Rémi Marinier : Mais quand on a vu en studio toutes les subtilités que ça pouvait apporter...
Arnaud Gerard : C'était presque acté.
Rémi Marinier : On a travaillé plus les mélodies pour qu'elles collent au chant. On se freinait un peu avant. On a travaillé le son. On a travaillé toutes ces petites choses qui font que l'album est plus rock. Le deuxième gratteux était indispensable après.
Arnaud Gerard : Mais en plus, comme c'est un album qui a été recréé, on repartait de zéro en fait. Et à la première audition, il s'est branché. Il connaissait déjà son morceau. Donc voilà ! Ça s'est fait sans douleur, naturellement.
Hervé Lucas : Même au niveau des backs, il a ramené. C'est vrai qu'autant on les faisait avec Rémi, mais c'était moins naturel. Et comme Nono aime bien les backs, on disait : Ah ben ça, c'est pour Nono ! Du coup, nous on a gardé certains trucs, mais on lui en a refilés pas mal aussi.
Arnaud Creuser : D'ailleurs, j'ai arrêté de jouer de la guitare, je fais que des backs. (Rires)
De quelle manière avez-vous travaillé sur cet album ?
Arnaud Gerard : En règle générale, c'est instrumental, mélodie et paroles.
Laurent Guerin : On fait un clin d'œil à notre ancien batteur qui était très posé sur la mélodie.
Arnaud Gerard : Et du coup, je vais schématiser, les riffs, c'est un peu répét avec des idées, on enregistre. Ya des trucs qui sortent. Après j'essaie de poser un yaourt avec une mélodie dessus, puis ce sont les paroles. Une fois qu'on est vraiment fixés sur la chanson. On fait tout ensemble.
Laurent Guerin : C'est ce qui amène ce côté varié justement. Mais il y aura une évolution à mon avis sur le prochain album, je pense que ce sera encore différent. Parce qu'on va se permettre de prendre un peu de temps pour composer. Rémi a déjà beaucoup d'idées d'avance. Nono sera mis à contribution aussi. Donc on aura plus de temps pour faire un tri, de voir. On sera moins dans l'urgence. Parce que c'est vrai que des fois, c'était : « le riff qui est sorti il est bien. Bien, il faut une suite ! Qu'est-ce qu'on fait après ? »
Rémi Marinier : Ça vient comme ça, au fur et à mesure. Parfois, c'était moins naturel. C'était juste pour trouver un riff parce qu'il fallait trouver un riff. Donc il y a beaucoup d'idées qu'on a trouvées comme ça aux répét'.
Laurent Guerin : Et puis y aura la patte de Nono aussi. Deux grattes, ça apporte d'autres perspectives.
Hervé Lucas : On va plus travailler les compo' sur le deuxième. Le studio a revu notre façon de composer. Ne serait-ce qu'au niveau des arrangements, Ed' (Edgar Chevallier) en stud' nous a apporté plein de trucs. Ne serait-ce que la structure des morceaux. On a un œil complètement différent. Du coup, rien qu'au niveau des structures, on va revoir la chose différemment pour que ça soit plus efficace. Toutes les idées qui sont un peu trop metal et qu'on a apportées avec Lolo, déjà ça a dégagé en stud', et je pense qu'on en refera plus pour la suite, parce que ça colle pas.
Laurent Guerin : On va essayer ! (Rires) La voix évolue, donc on pourra se permettre d'autres choses.
Arnaud Gerard : Je ne sais pas, je ne me rends pas compte.
Laurent Guerin : Tu as plus de possibilités vocales.
Arnaud, tu prends des cours de chant ?
Arnaud Gerard : Oui, je prends des cours de chant. Je sais que pour moi c'est obligatoire, car je ne suis pas chanteur à la base. C'est vrai que ma vraie carrière de chanteur a débuté avec LUMBERJACKS. J'ai eu deux profs. Et ma voix continue d'évoluer. Je sais que je tiens plus longtemps les sets, je suis plus présent. Et le sport aussi m'aide beaucoup à tenir la cadence. Tout ça, ça permet vraiment d'apprendre à respirer. Mais oui, ça va évoluer. Tant mieux pour le groupe, pour le futur, pour la scène si on veut partir un peu en tournées qui durent dix jours. Il faut tenir la cadence. Même les gros groupes ne sont pas à 100 % tous les soirs. C'est juste humainement pas possible. Parce que c'est un instrument qui est difficile parce que c'est ton corps. C'est pas comme une guitare. Je ne dis pas que c'est plus difficile. Mais c'est un instrument humain. Et beaucoup de personnes considèrent le chant non pas comme un instrument mais comme le chant. On se donne les moyens d'aller plus loin. Et pour l'instant, le résultat est plutôt pas mal. Même si on aimerait plus.
Laurent Guerin : Il faudra du temps. Il y a l'énergie mais également le facteur « temps » qui fera que le groupe se fera connaître. Mais pour l'instant, par rapport à l'investissement que tu donnes pour le groupe, ce que tu mets en place et les retombées. On est encore dans un état qui est super compliqué. Mais il arrivera un moment où tu commenceras plus à récolter ce que tu as semé. Mais pour l'instant, on sème.
Arnaud Gerard : C'est comme la richesse, plus tu as de sous, plus tu en gagnes. C'est exactement pareil avec un groupe. Plus tu es connu, et plus tu vas être connu. Mais là, on est sur un palier en dessous où il faut réussir à avoir ce palier supplémentaire qui est là pour le coup très difficile à atteindre. Là il est immense parce que y a pas de palier intermédiaire. Tu fais des concerts, mais c'est pas ça le vrai palier. Le vrai palier, c'est d'être connu. Qu'on nous demande de faire des festivals, qu'on sache qui tu es. Qu'on reconnaisse la musique. Voilà ! C'est ça le palier supplémentaire. Et puis on est qu'au premier album. Y a des mecs qui sont à leur troisième album, ils n'ont pas autant de notoriété que nous. Et puis, y a tout le travail derrière. C'est super important.
Laurent Guerin : C'est vrai qu'on est très basés comm', à notre niveau (les réseaux sociaux). On le fait entre nous. On passe par une agence aussi qui nous aide un petit peu. Et dès qu'il y a des concerts. Heureusement qu'il y a des bons photographes pour les lives aussi.
Arnaud Gerard : On fait tout pour atteindre ce palier.
Tous vos textes sont écrits en anglais. Pourquoi ce choix ?
Arnaud Gerard : Pourquoi pas ? Moi, je suis super fan des groupes anglais. Je ne suis pas très groupes français. Même des NOIR DESIR, j'ai jamais vraiment accroché. Pourtant c'est bien, ça sonne bien. On voit aussi des groupes comme MALEMORT, qui chantent en français, qui ont une énergie pour ce truc. Intégrer du français dans du rock, c'est pas donné à tout le monde. Et puis pour moi, c'était juste naturel. C'est vrai que j'y ai même pas réfléchi en fait. J'ai écrit les paroles en anglais direct.
Laurent Guerin : C'est une question de culture. Et puis on s'appelle LUMBERJACKS ! Sinon, on se serait appelé BUCHERONS. Mais tu vois c'est bizarre. Un groupe avec un nom anglais qui écrit en français. J'apprécie le chant français. Certains groupes comme NOIR DESIR, j'adore comment il écrit. MASS HYSTERIA, FFF. Et moi j'apprécie quand les textes sont vachement bien foutus. Je suis sensible à ça. C'est pas donné à tout le monde. Et il faut que ça sonne. Les Anglosaxons sont plus sensibles à la façon dont sonnent les mots ; alors qu'en France, on fait plus attention aux textes. Il faut vraiment avoir des bons textes et que ça sonne.
Arnaud Gerard : Le chant, c'est nouveau pour moi en tant que frontman ; et les paroles pour moi, ce ne sont pas les textes. Moi c'est l'émotion dans la musique. Mais ça c'est le guitariste aussi qui parle. Et quand j'ai dû écrire des textes, j'étais dans la merde. Parce qu'il faut que ça sonne. Je ne sais pas spécialement écrire. Et le fait d'écrire en anglais, c'était peut-être un peu plus facile. Et puis l'album, c'est une globalité. Ca fait une histoire. J'ai entendu du positif sur les textes. Je prends des cours d'anglais également une fois par semaine. Ça me permet un peu aussi de voir pour le prochain album où je vais. J'essaie de peaufiner mon accent.
Une fois que tu as le sujet. Un sujet qui nous plaît à tous. Les phénomènes paranormaux. C'est quelque part assez simple de trouver des paroles qui se tiennent et qui font un album.
Dites-m'en plus sur les thèmes principaux que vous abordez ?
Hervé Lucas : On est tous intéressés par la question d' Alone. On se l'est tous posée. On a tendance à se dire qu'on n'est pas seul. Et Arnaud a abordé ça dans le sens « Est-ce qu'ils sont déjà là ? Est-ce qu'on les a déjà rencontrés ? »
Arnaud Gerard : Il y a également un mélange de science-fiction. Et les paroles ne sont pas basées sur des fakes relatés. Y a aussi des trucs tirés de films à droite à gauche. Boobs (The Girl With Four Boobs In The Crowd) , c'était basé sur le film Total Recall . Et cette chanson n'est même pas dans le thème de l'album.
A Last Chance To Change, elle est inspirée de Le jour où la Terre s'arrêta . Même si la chanson n'est pas faite autour de ça, il y a quand même l'idée qui est derrière. Tout auteur va de toute façon puiser ses idées à droite à gauche.
Laurent Guerin : Il y a des milliards de galaxies avec des milliards de systèmes solaires et on serait les seuls ? Non, mais sérieux, on serait les seuls ? Ça, c'est typiquement humain de se dire qu'on est les seuls, les plus grands, les plus forts !
Arnaud Gerard : La question est ouverte dans l'album. Chacun se fait son idée.
Il y a d'autres thèmes principaux que vous souhaiteriez aborder dans un autre album par exemple ?
Arnaud Gerard : Je me suis posé la question déjà. Pour l'instant, je n'ai pas de réponse. Est-ce qu'on continue dans cette idée-là avec une suite ? Parce que je n'ai pas tout exploité. Est-ce qu'on change complètement de sujet ? Est-ce qu'on part sur quelque chose de plus engagé ? Pour l'instant, je réfléchis encore. Et puis, ça fera peut-être aussi partie des autres façons de travailler. Tout le monde sera peut-être mis à contribution pour savoir ce que chacun aimerait bien entendre dans le prochain album. Mais pour porter un sujet engagé, il faut être engagé soi-même. Et je n'ai peut-être pas la même ouverture d'esprit que sur les extraterrestres. Avoir un chant un peu plus metal, peut-être. Mais ça restera sûrement du scream (screaming).
Hervé Lucas : On a vraiment une première partie qui est assez sympa et qui balance le truc. Après tu rentres dedans ou tu rentres pas.
Arnaud Gerard : Une chose que l'on n'a pas dite est que cet album est un album à thème. On a ajouté des choses avec une ambiance. Avec Mistery (Mistery Light), on a une ambiance qui s'installe, mi-tempo. Sur tous les morceaux de l'album, tu as cette ambiance qui en découle. Et cette ambiance qui s'installe freine peut-être ce côté metal. On a un style différent des autres, qui a été inventé. On est vraiment dans un univers à part, tout en restant accroché à du rock. Et c'est ce qui fait notre personnalité je pense.
Vous allez jouer au Motocultor, vendredi 17 août 2018. Pouvez-vous m'en dire quelques mots ?
Arnaud Gerard : Nous on arrive, on fait notre show. On sait où on va. Et c'est ça le point positif. De pouvoir jouer un peu partout. On passe vendredi, le public est frais. J'ai entendu dire que le public du Motocultor est hétéroclite. Ils viennent faire la fête. On rentre sur scène confiant, on sait où on va.
Et l'énergie, elle est sur scène. Vu les ventes de CD aujourd'hui, tout passe par le digital et la scène. Il faut être au top.
On est en 2018, vous parlez d'un deuxième album. C'est pour quand ?
Laurent Guerin : 2020 ! On n'a pas travaillé dessus, mais on a les idées. La priorité, c'est de faire un max de lives, de faire tourner l'album au maximum.
Le site : https://fr-fr.facebook.com/lumberjacksheavy
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