NEEDLE SHARP
Interview réalisée par Doro', le 26 juin au Black Dog, Paris

 
 

Pour la sortie du deuxième EP du groupe francilien NEEDLE SHARP, nous avons rencontré Laellou, chanteuse de cette formation de Rock énergique..

Bonjour Laellou. Peux-tu nous dire qui se cache derrière NEEDLE SHARP ?

Nous avons Gus à la basse, Romain à la guitare, Nohan à la batterie et moi au chant. On vit assez loin les uns des autres suite à quelques déménagements de certains membres, mais on va faire avec. Ils reviennent assez souvent sur la région parisienne de toute façon. On connait bien notre set donc si on doit faire des répét’ ou des choses à distance, normalement ça fonctionne. Bien qu’on était à deux répét’ par semaine avant, ça nous change un peu notre organisation mais on est toujours en contact proche, on s’appelle au téléphone régulièrement. On apprend à travailler différemment.

Peux-tu définir « Dark Lies Effect » en 3 mots ?

« Energie », « Fusion » et côté paroles « Oppression »

Pourquoi avoir mis autant de temps à produire un deuxième EP ?

Le premier est sorti en 2014. Nohan venait d’arriver dans le groupe. Le style du groupe était plus Heavy à ce moment-là et on était cinq. On devait tout réadapter pour des sets acoustiques et amplifiés. A la suite, ça a pris du temps pour recomposer toutes les chansons pour quatre. Ça faisait longtemps qu’on voulait ajouter des sons et on s’est dit que maintenant qu’on est quatre c’est plus facile pour travailler et moderniser certaines titres pour les rendre un peu moins Heavy et plus modérés.
Donc on a pris le temps de faire ça, de réadapter les deux sets. Puis on a sorti le single en 2017, en prévision de se dire on va enregistrer l’EP entier en 2018. Ce qu’on a fait d’ailleurs. On devait le sortir juste après mais je suis tombée malade, j’étais en anémie tout le temps donc il m’était impossible de vendre l’EP sur scène à ce moment-là. Je n’avais pas l’énergie pour faire ça. On a décidé d’attendre un peu que ça aille mieux mais ça a empiré en fait jusqu’à ce que je me fasse opérer, en janvier de cette année en fait.
On a attendu encore un peu de voir la suite, ce que donnaient mes traitements, puis il y a eu le confinement. On s’est dit, tant pis il est prêt, on le sort quand même. En soi, on est lents dans la compo, de base, mais entre les changements dans le groupe et mes problèmes de santé, on a perdu facilement 3 ans du coup.

Pourquoi ne pas avoir attendu de meilleures conditions pour sortir cet EP ?

Tout simplement parce qu’on ne savait pas que ça allait arriver de cette manière-là. Début mai, ils ont annoncé le déconfinement, début juin donc on ne savait pas de quelle manière ça allait pouvoir se faire, vu que ça faisait déjà longtemps qu’on avait enregistré l’EP, que le clip était prêt aussi, donc on n’avait pas envie d’attendre plus longtemps et que cet EP ait moins de sens qu’aujourd’hui, car il reflète vraiment ce qu’on est capable de faire.

Peux-tu me dire de quoi parlent vos textes ?

On va être sur des relations personnelles ou plus ouvertes sur la famille ou les amis. « Feel It » parle de la manipulation que l’on peut trouver dans un couple, peu importe qui manipule qui. Ça parle d’expériences personnelles mais ça peut aussi parler du fait que peu importe ce qu’on a vécu à un moment ou un autre, même si on est encore avec la personne, mêmes des potes aussi, qui ont ce ton lorsque tu ne fais pas ce qu’ils veulent, ils essayent de te faire culpabiliser.
« One More Lie » est un peu plus d’actualités car on est dans une période de remaniement de gouvernement et ce titre parle principalement de manipulation par les médias et les politiques, qui nous mentent encore et encore, à croire qu’on aime ça, donc ils continuent à le faire. Tu as le son en live sur le titre, des gens qui sont presque en train d’applaudir en signe de protestation, il y a une espèce de truc qui dit « On conteste mais on en demande encore ».
« What Your Learn » aborde un sujet dont je ne veux pas spécifiquement parler donc je laisse les gens interpréter comme ils le veulent. Ça parle d’oppression, plutôt dans le cadre de la religion mais les gens peuvent interpréter le reste comme ils veulent.
« Broken » c’est plus du vécu, c’est à un moment donné quand ta vie stagne, ou n’importe quoi d’autre qui stagne, tu as un peu envie que ça change et finalement tu as toujours ce moment d’hésitation entre le « Est-ce que je le fais ou pas ? ». Il y a toujours ce moment où te demandes comment tu inverses la manœuvre quand il y a un truc qui ne va pas. Globalement sur « Dark Lies Effect » on est sur de la violence quotidienne et tout ce qui est « sympa » au quotidien (rires).

Quel est le dernier film ou la dernière série que tu as vu ?

Je suis en train de regarder la dernière saison de « Dark ».

Si « Dark Lies Effect » était la BO d’une série ce serait laquelle ?

Pas celle de Dark du coup, parce que ça ne marche pas vraiment, bien qu’il y ait une histoire de manipulation là-dedans, mais c’est pas complètement raccord non plus. Je ne sais pas vraiment sur quel genre de film je le verrais, un film politique ou religieux. Dans cette idée que tu ne sais pas si tu es manipulé ou pas, tu as justement cette série qui est sortie sur Netflix, « Messiah », sur laquelle l’EP pourrait marcher. Justement, tu ne sais pas si le personnage est juste un grand manipulateur ultra-doué ou si, finalement, c’est vrai. La fin reste sur « Fais-toi ton idée », comme dans notre EP (rires).

Si c’était un des 4 éléments ?

Le feu ! Ce serait bien de tout cramer et de tout recommencer (rires). Dans cette idée de renouveler les choses, car tu vois on est dans « le monde d’après » mais je ne l’ai pas encore vu.

Si cet EP était un animal, ce serait lequel ?

J’avais pas pensé à ça (rires). C’est quoi l’animal le plus fourbe ?

Le chat !

Oui, ça marche pas mal, le chat. Vu que c’est assez rythmique et qu’un chat peut être assez rapide et, à côté de ça, il peut venir à côté de toi juste pour être caressé en mode « Je suis sympa mais en fait non ».

Si c’était un dessert, ce serait quoi ?

Il y a peu de desserts qui correspondent. Je vois un truc un peu acide, comme un kiwi, car il y a des moments avec un peu de fusion. Un agrume c’est trop acide. Quand on enregistré en studio avec Arnaud, il nous a dit « Votre style il est agressif mais moelleux ». Donc je trouve que le kiwi ça marche bien.

Si c’était un des 7 Péchés Capitaux ?

Je crois que le mieux c’est la Colère. Tout dans cet EP parle de manipulation, ce sont des trucs qui agacent.

A propos de trucs qui agacent, je ne suis pas très calée technique donc je ne sais pas si ça vient de l’enregistrement ou autre… mais je trouve que ça manque globalement de peps au niveau du rendu. Je n’ai pas retrouvé ce que j’ai vu en live, du fait je suis assez mitigée sur cet EP, qui est pourtant très bien produit.

Si tu écoutes Rage Against The Machine par exemple, c’est enregistré comme nous, en live sur bandes, et on a beaucoup l’habitude maintenant avec les enregistrements numériques d’avoir un peps qui n’est pas naturel, qui est ajouté avec du trigger. Là, on a vraiment un enregistrement live, sur bandes, du coup c’est que de l’analogique.
Ça nous plaisait parce que le rendu est très naturel et ce n’est pas surproduit. Donc c’est quitte ou double en fait. Depuis ce matin dans les interviews, il y a des gens qui ont adoré, vraiment, qui m’ont dit qu’ils étaient contents de retrouver le grain de l’analogique, c’est un son pur, etc… et d’autres personnes qui disent « Oui mais d’habitude le groupe a une patate énorme ! ». On a fait ce choix là car, malgré le manque de patate, il y a quand même une énergie live qui est là et ça permet aussi à tous les instruments d’être au même niveau, et qu’on puisse les entendre tous bien comme il faut.

Justement, ils sont peut-être trop au même niveau. C’est le manque de variations qui me manque finalement.

Justement en live, on est vraiment dans l’énergie et dans la patate. On est clairement un groupe de live mais justement tu ne peux pas écouter forcément tout ou entendre tous les instruments. Dans l’EP on voulait que les gens nous entendent tous, parce que, mine de rien, on s’embête vraiment à faire des arrangements dans nos compos, que personne n’écoute vraiment en concert. On a vraiment fait ce choix que tous puissent se faire entendre et que ça ne soit pas recouvert par le reste.

Pour terminer notre entretien, peux-tu me parler des projets à venir de NEEDLE SHARP ?

On espère pouvoir reprendre le chemin de la scène en 2021, si on peut avant, mais ça dépendra car les conditions sanitaires ne nous motivent pas vraiment pour le moment, donc on va attendre de voir ce que ça donne. Jouer devant un public où il y aura 2 mètres de distanciation, c’est pas évident à gérer quand tu joues et pas non plus évident pour le public en face. Donc on va attendre de voir ce que ça donne. Puis, d’ici un an ou un an et demi, préparer un petit album et pas un EP, ce serait bien.
On a commencé fin 2011, début 2012. Si on n’avait pas eu les changements de line-up, ça aurait été différent. On a sorti le premier EP en 2014, l’idée c’était d’en sortir un autre en 2016 pour présenter un album en 2017. Donc changement line-up qui retarde tout, après je suis malade… donc oui, 2 EP en huit ans c’est pas beaucoup (rires). Souvent, on nous fait la remarque, d’ailleurs, mais la vie a fait qu’effectivement nous ne sommes pas des serial-composeurs, vu qu’on a tendance à composer ensemble en répét’, ça prend vachement plus de temps aussi.
Donc tout ça a fait que ça a pris plus de temps qu’on pensait, mais maintenant, il est là ! (rires)

Merci pour cet échange et à bientôt sur scène, j’espère !

Merci à toi et bonne journée !

Pour en savoir plus sur NEEDLE SHARP, c’est par ici que ça se passe : https://www.facebook.com/NeedleSharp91/

Doro'


 

 
 
 
 

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