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S H A Â R G H O T


Interview réalisée par Emmanuelle NEVEU, Février 2018
 

JOIN THE MAD PARTY, c'est l'injonction que vous jette à la tronche le cynique SHAARGHOT et ses sbires que nous avons rencontrés au HARD ROCK CAFE, Paris en ce froid mois de février 2018.
C'est au charismatique guitariste Brun'o KLOSE que revient la tâche de s'exprimer sur le Shaârghot et ses mystérieux desseins (création de projets grandioses !) GO 

 

Es-tu un membre fondateur de SHAARGHOT ?

Le groupe existe depuis 2011 et je suis arrivé en 2014, lorsqu'Etienne a décidé, après avoir réalisé le volume 1, de monter le projet scène. Celui-ci s'est concrétisé en février 2015 avec notre premier concert au Glazart où on jouait avec Little Big.

C'était le début d'une longue liste de concerts ?

On a 30 ou 35 concerts à notre actif en 3 ans et que de très bons concerts, je t'assure.

Je me souviens d'un concert mémorable à Issy les Moulineaux et toi ?

Evidemment. Issy les Moulineaux avec Punish Yourself, « Le Réacteur » transformé en piscine. Il a fait extrêmement chaud. Aussi chaud dehors que dedans lorsque je suis sorti vers 23h. J'en ai triplement souffert avec mon costume de scène. C'était abominable, j'étais collé à l'intérieur (rires).

J'ai découvert ce soir là un univers, une créature, un concept, vraiment innovants. Raconte-moi cette naissance…

Ce monstre cynique est né de l'imagination d'Etienne, très attiré par l'univers post-apocalyptique, le steampunk, le cyberpunk, les comics. Toutes ces influences artistiques ont maturé dans son esprit pour créer quelque chose qui n'existait pas encore. Je pense que, de toi à moi, il est quand même un peu le Shaârghot en dedans.

Schyzo, mégalo mais pourquoi cynique ?

Il s'amuse, tu vois, les personnages qui pèsent le sont toujours, c'est son coté « homme mystère ».

Comment le vois-tu évoluer ?

Déjà, il va prendre du poids en vieillissant (on va éviter le « Manson 2 »), musicalement ça va évoluer mais on ne sait pas encore de quelle manière. L'idée principale c'est de toujours s'amuser et de proposer un show dans un monde qui n'existe pas.

Le personnage du Shaârghot est plus complexe qu'il n'y paraît, c'est un concept de liberté ?

Exactement. La petite histoire raconte qu'il est né d'une expérience ratée. Le Shaârghot amène à une libération, à se lâcher au delà de « faire la fête ». Lors de nos shows, il faut rentrer dans l'univers qu'on propose et oublier qui l'on est dans la société. Le lieu est clos, personne ne va te juger. Si tu joues le jeu, tu te retrouves forcément avec du noir qui te rappellera, le lendemain, « le lâcher prise » de ta soirée de la veille.

Qu'as-tu apporté au groupe ?

Au départ, je venais faire de la musique avec Etienne car j'avais stoppé cette activité. Puis, rapidement, on s'est rendu compte qu'on était complémentaires. Au niveau visuel, on s'auto alimente dans les idées et, musicalement, ayant les mêmes influences, c'est naturellement que je me suis investi dans le projet. C'est une vraie fusion artistique. J'ai le côté posé, une certaine maîtrise de soi nécessaire au projet. Je ne pensais pas que cela allait prendre une telle ampleur en trois ans.

C'est un projet assez complexe mais qui fonctionne tellement bien !

Effectivement, très très complexe. Malgré tout, cela demande de l'assiduité et de la rigueur. On n'a pas le droit à l'erreur car, sur scène, en raison de la structure du groupe, du rythme, de la manière d'envoyer les samples, c'est un rouleau compresseur qu'on ne peut pas arrêter.

Est-ce que tu reconnais Etienne sur scène ou devient-il vraiment quelqu'un d'autre ?

On voit quelques petits regards ou mots en passant pour s'amuser un peu mais c'est furtif. Tout est millimétré. On reste dans nos personnages sur scène, quoi qu'il arrive. C'est pourquoi je parlais plus haut de « maitrise de soi ». Notre batteur joue dans plusieurs groupes et a également une bonne maitrise de la scène.

Tu évoquais vos shows comme « des rouleaux compresseurs, qu'on ne peut pas arrêter »…

Techniquement, c'est faisable, mais on perdrait le public si cela devait arriver. C'est une prise de risque à chaque fois mais c'est stimulant. Il se passe toujours quelque chose à chaque show et ce n'est pas forcement nous sur scène, souvent le public réagit et c'est le spectacle qui continue dans la salle.

Peinture noire et hématomes …. Ca te rappelle quoi ?

La mésaventure du public qui se trouve devant nous sur scène ? La peinture noire, cela veut dire « bienvenue dans le clan ». C'est un signe de reconnaissance et les hématomes sont conséquents aux wall of death, slams et pogos gigantesques.

Vous avez des preuves ?

(rires) les photos qu'on nous envoie ! avec des petit messages « super concert » et les mecs sont détruits devant leur miroir de salle de bain. Quand je les vois se mettre du noir partout, ca me fait penser qu'ils vont bien galérer pour l'enlever. Une rubrique sur notre page existe, on va surement l'améliorer car ca vaut le coup d'œil.

D'ailleurs ce maquillage noir, assez visqueux, vous l'avez trouvé comment ?

C'est un maquillage gras et je te donne un scoop : pour enlever du gras, il faut du gras, de l'eau chaude et de la patience.

Vous avez pensé à trouver un sponsor « huile » ?

On y travaille, on a de la visibilité à présent, ca pourrait les intéresser. La marque de maquillage aussi !

Comment a évolué votre musique entre le Shaârghot vol. 1 « Mad Party » et l'EP « Break your Body » ?

Le volume 1 était épuré au niveau de l'atmosphère musicale qui s'en dégageait. Cette atmosphère que l'on créé sur scène ne se ressentait pas dans nos débuts. On a donc créé un visuel sonore lié à nos postures et sur l'EP on a mis en scène les ambiances, les sons plus lourds, les bruitages plus en avant, pour un rendu plus puissant.

Il vous faut une scène conséquente pour évoluer, n'est-ce pas ?

On est quatre musiciens, plus le personnage qui doit faire les captations vidéo et les décors. Effectivement ça prend de la place.

Votre photographe a un rôle particulier dans le show ?

Je te l'accorde, c'est le cinquième membre et il est indispensable. Il se fait maltraiter et fait tout pour, je te rassure. Il est né au Glazart (lors du concert avec Little Big d'ailleurs). A l'époque, Etienne lui avait donné le rôle de faire des vidéos de propagande pour Shaârghot, qu'on peut encore voir, et qui annonçait son travail, au fur et à mesure. Il nous a donc accompagnés lors de ce premier show mais il a été tellement euphorique qu'il en est devenu insupportable et hors maitrise. Il a commencé à débrancher le câble du micro, à appuyer sur la pédale des effets de guitare. Au troisième morceau, Etienne en a eu marre et l'a dégagé dans le public. Le jeu s'est instauré de cette manière pendant tout le concert et, au final, on nous a dit que le concept du « photographe maltraité » était génial. On a été surpris, du coup, on l'a gardé.

Rien à voir donc avec Rammstein et son claviériste ?

On nous fait souvent le rapprochement, il est vrai mais, tu vois, rien à voir. Lui, c'est en permanence !

Parle-moi de la scène électro en France ?

On est peu mais, en France, le souci, c'est le relais de la musique dark électro qui n'est pas fait. En Allemagne, on sent un intérêt, avec un gros label « Out of Line» qui a signé tous les groupes dark électro intéressants dans le monde, HOCICO, COMBI CHRIST, forcément, il existe une effervescence car ils ont la structure de production.

Vous avez déjà joué en Allemagne ?

Pour une seule date, en août 2016, au M'ERA LUNA qui regroupe sur deux jours 30 000 personnes. On a eu l'honneur d'ouvrir le festival et on a été relayés en live par la chaine allemande NDR. Pour nous c'est une bonne carte de visite. On a eu des propositions ensuite pour jouer en Allemagne mais les conditions n'étaient pas envisageables pour nous.

Ca fait du monde à déplacer ?

Nous offrons plus qu'un concert, c'est un show qui ne peut être tronqué de même un seul membre. On reste fidèles à nous mêmes, on ne veut pas se renier donc les choix s'imposent. On ira sûrement un jour. Pour le moment, l'accueil est aux Pays-Bas, Suisse, Belgique, Italie, bientôt en Pologne. On prend les choses d'une manière sereine, on se donne les moyens, les demandes vont arriver.

Quels sont les derniers coups de cœur de Brun'o Klose en matière de musique ?

Je viens d'acheter l'album vinyle « Mutter » de Rammstein (ma base). Ce matin, sur Spotify, j'ai écouté le dernier album de GOJIRA. Et, pour finir, HORCSK, groupe français qui mélange une vraie batterie, type NIN, mixé avec de l'électro indus métal, tout en étant très électro : je te conseille.

Emmanuelle NEVEU
© essgraphics 2011