T O Y B L O Ï D
Interview réalisée par M@x Born le 1er juillet, au Black Dog à Paris

 
 

C’est dans la cave voûtée du Black Dog que nous sommes allés chercher aujourd’hui, un peu de fraîcheur musicale. Loin de l’ambiance Black Metal du rez-de-chaussée, nous avons échangé avec Lou et Greg, respectivement guitariste-chanteuse et batteur du groupe rock TOYBLOÏD. :

La dernière fois que je vous ai vus sur scène, c'était juste avant le confinement, à l'Empreinte avec MANU et CACHEMIRE, il commençait à y avoir déjà moins de monde dans les salles, je vais commencer par vous demander comment avez-vous vécu ce confinement ?

Greg : Tout était en train de s'aligner pour TOYBLOÏD, on allait sortir l'album avec une masse de concert, ça m'a un peu cassé le moral et, du coup, je n'ai rien fait en rapport avec la musique pendant deux mois et demi.

Lou : moi, je me suis plus mise la tête dans la guitare, avant je n'avais jamais le temps, je voulais absolument apprendre des solos et, franchement, vive AC/DC !!! J'en ai profité pour bosser ma guitare, continuer à composer et, contrairement à avant où je me servais de mon iphone et de ma guitare pour y balancer ce qui me passait par la tête, je me suis lancée dans Garage Band sur Mac. Ça m'a aidée à mieux m'exprimer, trouver des mélodies, des effets, ça m'a décomplexée. Je vais pouvoir bientôt faire écouter les compositions que j'ai faites !

Cet album est prêt depuis un petit moment, janvier 2019, il sort quasiment un an et demi après sa finalisation, en dehors des contraintes du confinement j'ai envie de vous demander pourquoi ?

Lou : ça a pris du temps car, à la base, il devait sortir en avril et une journée promo comme celle d'aujourd'hui n'était pas possible, par exemple, c'était mort, cela aurait été absurde de le reculer encore, c'est un gros bébé, ça fait deux ans qu'on l'a dans les pattes et ça fait du bien !

Greg : En fait, je suis rentré depuis quatre ans dans le groupe qui avait déjà deux ou trois nouveaux morceaux, on a ensuite composé et enregistré ensemble, nous avions des démos et on bossait avec un label, un manager, un tourneur et nous nous sommes séparés de tout le monde car nos avis étaient différents, ça nous saoulait d'attendre deux mois pour faire des réunions pour qu'on nous dise "ce morceau n'est pas terrible". On a souhaité sortir cet album complètement en indé, tous seuls, nous avons choisi la personne qu'il fallait pour enregistrer. Une fois fini, nous avons cherché un tourneur, c'est une partie dont tu ne peux pas t'occuper tout seul. Nous avons de l'ambition avec ce groupe-là, être exposés un maximum, faire plus de concerts. Par exemple, se retrouver en tête de gondole à la Fnac, ça fait partie des choses impossibles quand on fait tout soi-même.
C'est tout ce côté business qui a pris autant de temps, tout était fini, l'album avec la pochette finalisée. Les prises batterie, ça faisait quasiment deux ans que je les ai finies.

Tu referais des trucs aujourd’hui dessus ?

Greg : oui mais c'est un défaut que j'ai, même deux semaines après, j'ai envie de tout refaire, mais ce n'est pas grave, ça fait partie du truc.

En un an et demi en termes de maturité musicale, il y a le temps de se passer beaucoup de choses

Lou : oui c'est ça, la manière de jouer en live n'est pas du tout la même qu'en studio. Tout ça a pris beaucoup de temps car on a décidé du jour au lendemain de se mettre en DIY, d'assumer tout financièrement, complètement libres artistiquement. Oui, ça a mis du temps, mais ça valait le coup.

Greg : nous sommes complètement libres sur cet album concernant la direction artistique, musicale, visuelle, sur les textes.

Lou : on a écumé les rencontres avec des labels qui ne croient pas en ton projet et qui te le disent tout de suite, les labels où les gars te prennent de haut.

Greg : d'autres qui te font miroiter des choses.

Lou : il y a eu des hauts et des bas, le fait d'avoir un tourneur, un label qui soutient le produit en nous disant "ok on a juste à mettre le disque dans les bacs", c'est un soulagement.

Le tourneur c'est RAGE TOUR qui s'occupe de TAGADA JONES, NO ONE IS INNOCENT, ULTRA-VOMIT, c'est du lourd !

Lou : LES RAMONEURS DE MENHIR, franchement nous sommes ravis, il y a un côté familial, nous parlons la même langue, tous ces mecs sont musiciens en plus, du coup l'organisation d'un concert est faite en fonction du confort, pour nous, c'est la première fois que l'on voit ça.

Greg : ils savent très bien ce qu'on pèse dans le game, pas de salles trop grandes, pas de salles trop petites, il y a une vraie conscience de notre potentiel.

Ce qui peut être complexe car vous avez joué dans le circuit des salles moyennes ou modestes mais aussi dans des festivals, les premières parties d'INDOCHINE…

Lou : la scène est le nerf de la guerre et l'ADN du groupe, on a commencé par les concerts et on continue par ça, on passe plus de temps sur scène qu'en studio à faire des arrangements des remixes, c'est important et vital pour la vie du groupe.

Une chose m'a interpelé quand je vous ai vus à l'Empreinte, c'est de voir Madeleine, votre bassiste, avec un sweat SLAYER alors que votre style est à des années-lumière du thrash.

Lou : haha oui c'est pas du SLAYER !

J'ai du coup, envie de vous demander comment vous avez commencé à jouer de la musique et quels groupes vous ont donné cette envie ?

Greg : mes parents voulaient que je fasse de la musique, ils sont hyper calés en Rock, mon père est un gros fan de Punk, moi je voulais faire du violon au conservatoire mais il n'y avait plus de place...

Lou : tiens c'est drôle !!

Greg : ... du coup j'ai fait du tambour, je trouvais pas ça ouf, le conservatoire, mais mon prof était batteur et la batterie j'ai trouvé ça incroyable comme truc ! Au lycée, mes premiers groupes c'était KORN, SYSTEM OF A DOWN, MARYLIN MANSON, les groupes de Neo Metal, LIMP BIZKIT, mes premiers CDs sont OFFSPRING, LIMP BIZKIT. Très vite, ma grande sœur et le grand frère d'un pote écoutaient du METAL plus véner et j'ai découvert le DEATH, j'avais 16-18 ans. Avec un pote, on était les deux seuls métalleux du lycée et on faisait tous les concerts, ABORTED, BENIGHTED, MESHUGGAH, GOJIRA à l'Elysée Montmartre - en petite configuration car il n'y avait pas assez de monde. En même temps, je découvrais les PIXIES, les TURBONEGRO, les choses un peu plus PUNK, les RAMONES, mais AC/DC aussi…

C'est clair qu'il y a du RAMONES dans ton jeu !

Greg : ouais j'aime beaucoup les morceaux simples de deux minutes avec une petite mélodie incroyable, celui qui te reste dans la tête. Je n'ai pas fait de groupe de métal car il faut bosser la double pédale, haha ! Mon jeu pour TOYBLOÏD est simple et épuré en essayant d'avoir une grosse frappe sur la caisse claire, je trouve que ça colle au style, je sers les morceaux.

J'ai beaucoup pensé à SMASHING PUMPKINS en vous écoutant, ce groupe vous parle ?

Greg : oui carrément !

Lou : c'est ouf, l'arrivée de la musique dans ta vie c'est mot pour mot la mienne aussi, un papa punk, qui en plus de ça est musicien. Pareil que toi on m'a dit : "va au conservatoire",
- "je veux faire du violon"
- "ben non tu vas faire de la guitare comme papa"
- "bon ben d'accord, ok"
Et à 15 ans tu découvres KORN, SLIPKNOT, MARYLIN MANSON, tu veux jouer comme eux, tu veux trop faire ça. Quand j'étais petite, mes parents m'ont mis quatre albums dans les mains : L7, PATTI SMITH, BLONDIE et AVRIL LAVIGNE, j'ai grandi avec ça et mon premier concert c’était CHER à BERCY, ça passait de la POP au ROCK, au METAL, j'ai toujours énormément kiffé les deux, j'ai aucun complexe à aller voir LADY GAGA et GOJIRA le lendemain. Faire un groupe de ROCK, je trouvais ça cool, je voulais faire comme les mecs, faire mon messie, être torse nu, headbanguer. Ma route a croisé celle de Madeleine et le groupe a commencé, j'avais 16 ans.

Justement tu parles de ta rencontre avec Madeleine, j'ai vu plusieurs versions sur la création du groupe, quelle est la vraie histoire ?

Lou : la vraie de vraie, Madeleine a posté une annonce dans ROCK & FOLK, à l'ancienne, a rencontré notre très très ancienne guitariste, elles ont fait des répèts avec plein de musiciens aux studios LUNA ROSSA, je suis arrivée par le biais d'une copine qui connait une copine qui connait Madeleine. Pour résumer, la première fois que j'ai vu Madeleine, c'était devant une salle de concert. On a répété, répété, on nous a fait faire une première partie et voilà, c'était parti, enfin, la machine était lancée.

On parle un peu matos ?

Greg : je n'ai pas forcément de rêves de batteur, je ne suis pas un geekos de matos. Ma batterie c'est une ELEVEN DRUMS (http://www.elevendrums.com/), c'est un luthier à SAINT MALO qui fabrique des batteries à fûts pleins, comme des lattes, des blocs de bois de tonneau, ça fait un son plus costaud. Sa boite a fermé, malheureusement, le batteur de NO ONE joue dessus également, c'est super dommage car ça fait plaisir de travailler avec un passionné. C'est pas du sur-mesure, les dimensions sont pas règlementaires. Au niveau cymbales, j'aimerais bien être endorsé par PAISTE. Ça va peut-être se faire et c'est cool, le batteur de KORN jouait dessus et c'était mon idole quand j'étais gamin.

A toi Lou, tu es endorsée ou pas ?

Lou : On l'était avec FENDER mais la boite ne fait que vendre en France, pour tout le côté marketing il y a trois pôles, l'Angleterre, Etats Unis et Australie. Autant te dire que les appeler pour avoir un jeu de cordes gratuit, c'est un peu compliqué. J'ai commencé dans le groupe par une GIBSON SG et un ampli FENDER, j'avais économisé pour acheter tout ça. Ensuite, je me suis tournée vers les TELECASTER avec une tête SOVTEK qui est une marque russe qui n'existe plus. Pour tout mon matos, je fais à partir d'une guitariste que j'aime bien, beaucoup même, c'est la chanteuse guitariste de BLOOD RED SHOES (https://www.bloodredshoes.co.uk/), un duo rock anglais de BRIGHTON, je les suis depuis le premier album, à l'époque de My Space. J'aime trop son son, je suis allée voir ses concerts, j'ai pris en photo ses pédales, son matos, j'essaie aujourd'hui d'être au plus proche de son son, j'ai abandonné ma tête SOVTEK, je rejoue sur mon ampli FENDER, très peu d'effets, disto, je ne suis pas trop delay et tout ça.

Greg : Madeleine joue sur FENDER Precision directement dans l'ampli, souvent on la félicite sur son son.

Cette formule en trio, c'est plus simple pour vous ?

Lou : oui, on est comme ça depuis le début, en fait.

Greg : je suppose que ça doit être plus facile à sonoriser, en plus, moi qui les voyais en concert avant, j'ai toujours trouvé que le son était gros, crunchy, une grosse façade, même à trois.

Le titre de l'album est MODERN LOVE mais, sur la pochette, j'ai eu du mal à comprendre que ce sont deux femmes qui s'embrassent, on a plus l'impression d'un couple hétéro.

Lou : Tant mieux, tant mieux que ça joue sur cette ambiguïté, quand j'ai vu la photo pour la première fois j'ai eu la même impression que toi : trop cool on dirait un couple hétéro et c'est ça qu'on voulait !! Néné (https://www.facebook.com/nene.anisee) fait très mec sur la photo, tu as raison, issue du milieu burlesque, je fais souvent des show drag king avec elle, elle est finlandaise, arrivée en France il y a quelques années, de voir une vieille femme qui joue le mec et met ses couilles sur la table, je trouve ça génial. Pat, (https://fr-fr.facebook.com/missboterowhoelse/) je l'ai croisée pareil, dans le milieu du burlesque, mon meilleur ami qui tient un cabaret la fait jouer de temps en temps, personnage de fou !
On voulait faire un bisou et on savait pas trop qui mais il était évident qu'il fallait faire un truc coup de poing. Je leur ai dit : "allez, on prend deux vieilles dames", elles ont tout de suite dit oui. Elles se connaissaient et je trouve ça cool.

En choisissant le titre MODERN LOVE, quel message veux-tu faire passer ? Il est lié à ta propre expérience ?

Lou : ça vient d'une image que j'ai vue en Irlande, celle d'un marin qui roulait un patin à un soldat, une image forte, sûrement pour les droits pro-gays, dessus il y avait taggé Modern Love, ça correspondait à mon univers, hyper fort. Une photo d'un baiser c'est beau, inspirée d'une pochette de SEBASTIAN ( pochette par ici : https://www.discogs.com/fr/SebastiAn-Total/release/3304916) où c'est lui qui s'embrasse, sublime photo en noir et blanc. MODERN LOVE ça parle de cet amour sans sexualité précise, sans genre précis.

L'amour universel en quelque sorte ?

Lou : oui voilà, Universal Love (rires)

Greg : le fait de prendre deux femmes âgées permet aussi de parler du fait de vieillir ensemble alors qu'elles sont du même sexe.

C'est juste de l'amour.

Lou : oui, le message est bienveillant. Quand tu tapes sur Google « deux vieilles gouines », tu as 10 pages de porno et peut être un article sur deux femmes qui viennent de se marier aux Etats Unis à 70 ans, avec un pasteur ayant accepté de les unir.

La reprise des concerts c'est en septembre à La Maroquinerie ?

Lou : vivement le 16 septembre !! La plupart de nos dates ont été reportées, Rage Tour a tout reprogrammé pour 2021.

Ça risque d'être saturé en concert 2021 !

Greg : les groupes américains ne vont peut-être pas revenir en 2021, ça va être le feu aussi bien pour les groupes que pour ceux qui viennent aux concerts, une vraie attente !

Rendez-vous le 16 septembre ! Merci à vous

 

Le site : https://fr-fr.facebook.com/toybloid/

M@x Born


 

 

 
 
 
 

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