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W A L N U T   G R O V E   D  C


Interview réalisée par Aidan, le 7 Mars 2018
 

Rendez-vous avec Walnut Grove DC, dans les studios de La Sirène à La Rochelle.
Au programme, une bonne bière, leur actu, Roskov, La Sirène, et plein d'autres choses !

 

Ultrarock : Il y a Walnut Grove aux States, et Walnut Grove d'ici (DC), à La Rochelle. Ça sonne tellement bien ! Histoire de tirer tout ça au clair, pourquoi ce nom ?

Sylvain : Petite anecdote ! Au début, c'était un projet entre copains, qui n'était pas non plus destiné à être poursuivi. Comme on avait quelques morceaux, à un moment, on s'est dit qu'il allait falloir trouver un nom au groupe. On a fait un petit débriefing à l'apéro entre copains. Et vu que Cédric a tendance à taper très fort sur sa batterie, à faire des copeaux quoi, voire de la sciure, même [RIRES]... on l'appelait un peu Charles Ingalls, la petite maison dans la prairie, Walnut Grove... C'est parti d'une connerie, et du coup c'est resté et on trouvait que ça sonnait bien. Donc Walnut Grove, mais pas « groove » comme on entend parfois ! Walnut Grove, ce n'est pas un jeu de mot pourri, où on fait de la funk ! Et puis DC, ça fait « d'ici ». Voilà tout simplement ! [RIRES]

UR : Coup d'envoi de votre nouvel album, "Roskov", le 2 février à La Sirène. C'était important pour vous, que cette nouvelle aventure commence par-là ?

Thibaud : Pour plein de raisons ! La Sirène, on répète ici depuis que ça a ouvert en 2011. Ils nous accompagnent depuis le début, en nous laissant les studios accessibles, en nous permettant même de faire parfois des journées de résidence avant des concerts importants. Ils nous avaient aussi permis d'enregistrer des morceaux avant d'aller en studio pour enregistrer l'album. Voilà, donc du coup on a fait ça au Club de La Sirène, où il y a 400 places. Format idéal pour un groupe comme nous, sur La Rochelle. Le lieu est vraiment adapté pour notre musique.

S : On joue aussi à la maison ! Le fait d'être de La Rochelle, c'était un peu légitime. On n'avait pas joué depuis un an car on préparait l'album. Donc la release, c'était aussi un tournant pour nous, en début d'année. On appréhendait un peu quand même, c'est normal !

T : Il y a aussi une chose qu'on peut ajouter, c'est que de toute façon sur La Rochelle, il y a de moins en moins de lieux. Il n'y en a quasiment plus d'ailleurs. Le Barbarella a fermé le weekend dernier. On y avait fait notre release party il y a quatre ans, pour notre premier album. Ce qui avait été très chouette ! Mais là c'était impossible de la faire là, car ils n'ont plus de matos, trop de problèmes avec le voisinage, etc. comme dans beaucoup de villes ! Donc La Sirène était de toute façon l'endroit idéal et presque incontournable.

UR : Je me souviens encore de la release de votre EP en 2014, au Barbarella. Il avait fait d'ailleurs très chaud ce soir-là ! Quatre ans, c'est une période assez longue entre deux albums. Vous avez fait quoi pendant toute cette période ? Je ne dis pas que vous n'avez rien fait, d'accord !
[RIRES]

Cédric : J'ai continué à couper du bois ! [RIRES]

S : C'était un peu long c'est vrai ! Suite au premier album, on a eu la chance d'avoir un effet qui nous a permis de faire pas mal de dates. Dans le coup, ça nous a un peu monopolisé du temps par rapport à la composition. On n’est pas tous dispo en même temps pour s'y consacrer pleinement. Les premiers jets avaient gardé ce côté brut. On voulait prendre le temps de se donner les moyens de faire un truc plus réfléchi, de travailler sur des compos plus cohérentes. Donc ça prend du temps ! On a tous des boulots à coté...

C : On a eu un changement de guitariste en plus.

S : Oui, on a eu un changement de line-up, ce qui fait que ça n'a pas non plus facilité les choses, dans le sens qu'il faut repartir avec quelqu'un de nouveau. Ce n'est pas évident parce qu'on a un groupe qui est déjà en place depuis un petit moment. Le temps de se retrouver, de repartir sur autre chose, et de garder ce côté homogène dans la création, c'est toujours un peu compliqué. Dans le coup, ça nous a pris un peu de temps, c'est clair ! Sinon globalement, on a préféré prendre notre temps, et sortir un album plus correct.

T : Comme dit "Vincent", on a tous des boulots à coté, une vie de famille malgré tout, on essaie vraiment de faire notre musique sérieusement. On aime bien déconner, y'a pas de soucis, mais après on essaie de faire le truc de la manière la plus pro possible, avec le temps qu'on a. Bosser un set pour faire des concerts, plus composer un album, il y a un moment on a même arrêté de faire des concerts pour s'adonner à la composition. Ça nous a pris un an à composer l'album, voire plus. Ceux qui ne font que ça tous les jours le font sûrement plus vite, et encore !

UR : A quel moment, on se dit qu'il est temps de revenir sur le devant de la scène ?


S : C'est un petit milieu, il ne faut pas trop se faire oublier ! C'est bien d'essayer de jouer au maximum, parce que ce n'est déjà pas facile pour n'importe quel groupe en France. La carotte, c'est de jouer le plus tôt possible. Donc c'est difficile à gérer ! On a la chance d'avoir quelqu'un pour nous aider, en l'occurrence on a fait appel à Steve de Tornado Prod, qui a pu nous organiser quelques dates. C'est un travail de longue haleine !

UR : Le titre de l'album "Roskov", fait tout de suite penser à un mot russe. Avec toute cette actu autour de la Russie, est-ce qu'il faut chercher de ce côté-là ?

T : Oui et non ! Après c'était plus pour trouver un titre, comme ça aurait pu être Batavia. [RIRES]

UltraRock : C'est moins rock ! [RIRES]

S : Moi j'écris les paroles, je ne fais jamais de titres. Donc souvent, on travaille sur des morceaux et Thibaud attribue souvent des noms aux morceaux qu'on s'envoie par mail. Il fait sa propre interprétation des morceaux... avec des termes un peu bizarre. [RIRES]. Donc des fois ça marche ! Pour Roskov, c'est un truc qui est parti de nos répètes, on trouvait que ça collait bien. Et vu que c'est un morceau avec lequel on arrivait vraiment bien sur la compo, on s'est dit que ce serait bien de le garder pour le titre de l'album. Un coté punchline bien efficace, d'où le petit potard en cyrillique sur la pochette. On a joué le jeu jusqu'au bout !

UR : Quelles sont les difficultés pour un groupe qui a envie de percer aujourd'hui ?

T : Ce qui est difficile aujourd'hui, c'est de tourner et de trouver des concerts. Comme on disait tout à l'heure, il y a de moins en moins de lieux, de bars... Les patrons ont vachement de contraintes administratives, il faut qu'ils aient un sas, un limiteur pour ne pas dépasser les 105 db qui est la norme. Ils doivent déclarer les artistes, ce qui est complètement impossible... déclarer quatre personnes comme nous, ça va leur coûter 600€/ttc. Un bar qui remplit 50 personnes, le calcul est vite fait, c'est pas gérable ! C'est pour ça qu'ils arrêtent de faire des concerts. Donc du coup, c'est dur de jouer en fait, et c'est limite ce qui est le plus dur pour nous. Faire un album, oui ! On est obligé de faire un album pour se faire connaître, avoir une actualité. Et puis c'est chouette de composer, sortir un squeud. Mais la priorité, le but principal, c'est d'aller jouer, faire de la scène. Mais c'est très dur !

UR : Est-ce qu'Internet vous aide ?

T : C'est vrai que ça aide beaucoup. Ça a contrebalancé ! Facebook notamment, Youtube. Par contre maintenant, c'est beaucoup de vidéos et de photo-vidéos, minimum.

S : Il faut vraiment une actu très spécifique, sinon les gens ne suivent pas.

T : C'est vrai ! Par contre, on a vu plus d'un artiste faire le buzz, comme on dit, via les réseaux sociaux.

S : Le coup de génie, c'est faire une reprise qui marche ! Ce que font pas mal de groupes de metal, de pop rock, dans tout. Ils se font connaître plus avec une reprise, refaite à leur sauce, même après quatre ou cinq albums, alors qu'on ne les connaît pas. Donc il y a ceux qui passent par cette case-là, ou qui s'associent avec un artiste, comme on a fait !
Voilà, tu vas y venir j'imagine ?

UR : Non pas du tout ! [RIRES]

S : Ça n'a pas été calculé non plus, mais c'est ça qui est intéressant. C'était une suite de rencontres, le fait d'avoir joué avec Lofo(fora), le courant est bien passé avec Reuno. Il le dit lui-même, en rigolant : "On s'est reniflé les fesses, et ça l'a fait!" [RIRES] C'est carrément ça ! On a eu un bon feeling avec lui. Donc on y a été au culot... C'est Seb qui avait proposé le truc, de balancer un mail à Reuno, de voir si ça le branche de faire un morceau featuring avec nous.

T : Le morceau "Roskov" avait un refrain où il n'y avait pas de chant, c'était parfait ! On l'a choppé par le Facebook de Lofofora car on n'avait aucun contact. Un mois et demi après, il nous a recontactés !

S : Il n'y avait rien de calculé et ça a été un coup de cœur ! C'est ça qui était cool, parce qu'au-delà du morceau, c'est toute l'histoire derrière. Parce que c'est Mr Reuno, il a 25 ans de métier, c'est le "papa" pour nous. Donc le fait qu'il ait accepté de faire ça, c'est clair que c'est une réussite.

UR : Vous avez déjà pensé à une reprise ?


S: On y pense mais on n'arrive pas à se mettre d'accord. C'est pas évident de faire une reprise, il faut faire le bon choix. Il faut se l'approprier et c'est ça le plus dur.

T : Faire une reprise en la faisant à l'identique, c'est hyper dur ! Avec Mudweiser, sur la tournée, on a une petite surprise. Chaque groupe va se fusionner sur chacun des sets, pour une, voire deux reprises.

UR : Vous êtes passés par un crowdfunding pour réaliser "Roskov". Cela vous a-t-il permis d'aller plus vite et plus loin ?

T : Au début, on n'était pas trop chaud d'aller quémander du fric. Mais en fait, on s'est rendu compte rapidement que les gens étaient super contents, et même qu'ils voulaient absolument participer. Ça leur faisait plaisir, et ils voulaient être solidaires du projet et nous filer un vrai coup de main.

S : Financer comme ça un groupe qu'ils aiment bien, c'est super ! Du coup, les gens se sentent impliqués dans le truc. Et même pour nous, c'est cool. Ils ne filent pas du pognon juste pour donner du pognon. On a fait en sorte qu'il y ait des vraies contreparties. Ça nous a vraiment permis de faire les choses dans de bonnes conditions, faire un truc de qualité. C'est quelque chose (le crowdfunding) qui ne se fait pas en France depuis très longtemps. Et la démarche a évolué !

T : Par contre, c'est de la gestion ! On a eu 130 donateurs... On s'est vu un jour pour faire les paquets, c'est beaucoup de boulot. Mais franchement, on s'est rendu compte que les gens étaient contents de participer. Donc du coup, ça fait plaisir ! On avait moins de "scrupules", de gêne... Aujourd'hui, ça manque de solidarité dans beaucoup de domaines. Un peu de soutien, d'entraide, finalement on en manque pas mal !

S : Ça fait du bien de savoir que les gens sont là pour toi, jusqu'à t'aider financièrement, faire un effort. C'est quand même pas rien ! Au début, on était même dépassés par les évènements. On ne pensait pas que ça aurait autant de succès. On avait fixé une limite et du coup, on a dû augmenter, pas pour faire plus de fric, mais parce que les gens voulaient participer. Donc on a récupéré... je ne sais plus ?!

T : 75.000 euros ! [RIRES]

S : Ouais on part en vacances la semaine prochaine ! [RIRES] On fait notre prochain album aux Bahamas ! [RIRES]

UR : Mais est-ce que Internet, Facebook, le crowdfunding, cette facilité ne noie pas vraiment le talent ?

Thibaud commence à chanter : "Je t'aime le lundi, Je t'aime le mardi, Je t'aime... le samedi aussi" ! [RIRES]

T : Je vais dans l'extrême là, mais c'est ce que les réseaux sociaux peuvent aussi amener. C'est tellement ridicule ! C'est une espèce de marmite, où il y en a certains qui arrivent malgré tout à percer, même si c'est de la merde.

S : On a un copain qui fait des trucs auprès des gamins, qui s'appelle Captain Parade. Ils font du rock, ils apprennent un peu la musique aux gamins. Et les gamins adorent, et ça marche super bien ! Ce sont des zicos et ils connaissent bien leur truc. Et la plupart des gamins qu'ils rencontrent, leur culture musicale, c'est Jul, Maitre Gims... ils ont aucune notion musicale, et instrumentale, quelle qu'elle soit. Ils font des écoles, du CM1 jusqu'aux plus grands, et il y a une pauvreté musicale mais incroyable. C'est hyper flippant ! Peut-être qu'on va y revenir...mais Il y a tellement, un tel business autour de ça, que c'est tout ou rien. On n'est pas le pays du rock n' roll, mais il y a quand même pas mal de gens qui ne perdent pas la notion du côté artistique. Heureusement il y a encore un noyau de puristes.

UR : C'est quoi le programme à venir pour les Walnuts ? Concerts ? Tournée ?

S : Acheter un deuxième bras à Cédric [RIRES] On se perd là ! [RIRES]

T : On part dans un peu plus d'une semaine faire un petit tour de France. Ça va être cool ! On va faire neuf dates. On ne part pas deux ans non plus, mais ça va être vraiment bien, car on va faire une boucle, la Bretagne, Paris, une belle date au Gibus, le nord-est, l'est, le sud-est... Après on a deux ou trois dates en Belgique en avril. Ça va nous faire du bien, ça va être un super kiff de partager ça avec les gars de Mudweiser, et d'aller se frotter au public de l'est, de se faire connaitre un peu là-bas. De prendre du plaisir !

S : Et le fait de bien s'entendre avec eux, c'est cool ! Et on ne va pas se mentir, ils ont quand même plus de suivi que nous, parce qu'il y a Reuno dans le groupe. C'est clair ! Ils ont plus de notoriété, et le fait de faire ça avec eux, ça nous amène un plus pour le groupe. Et même si ce n'est pas le cas, c'est quand même cool de faire ça avec eux. C'est le plus important pour nous ! Là on part 9 jours avec quatre autres mecs, tu as plutôt intérêt à bien t'entendre avec eux, de ne pas sentir mauvais, de pas puer des pieds [RIRES] On ne va pas tout dire ! Mais ça va être une super expérience ! On a fait notre deuxième album, on le défend, on a l'intention d'en découdre sur scène, parce que c'est ce qui nous fait bander. Maintenant on bosse à fond pour pouvoir sortir un truc sur scène à la hauteur de l'énergie qu'on veut montrer. C'est ce qui est important !

UR : Un petit mot de la fin ?

T : Tiens Cédric, le mot de la fin, tu n'as rien dit de toute l'interview. On ne t'a pas entendu ! [RIRES]

C : Oui mais je n'aime pas ça ! [RIRES] Bon pour le mot de la fin... viendez à nos concerts et vivement dans plus d'une semaine. Ça va être la grande classe !

S : Hâte d'aller sur les scènes, et d'aller défendre le ROSKOV en question.

Et merci à toi, c'était cool !


Le site  :
Walnut Grove DC : https://www.facebook.com/walnutgrovedc/
La Sirène : https://www.facebook.com/lasirene17larochelle/

Aidan

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