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l   i   v   e       r   e   p   o   r   t   s
 


 
CERNUNNOS PAGAN FEST
23 et 24 février,
Ferme Du Buisson, Noisiel

Le Ragnarök s'invite en Gaule


JOUR 1 -------------------

Basé depuis 2 ans à la Ferme du buisson de Noisiel, ce lieu remplit parfaitement son rôle pour ce festival. L'Abreuvoir et la Halle sont les deux salles de concert, tandis que le Caravansérail sert, lui, d'abri géant pour artisans médiévaux et pour une petite scène où l’on pourra retrouver quelques sympathiques activités, spectacles, concerts...
Pour faire simple, ce festival est à base de musique païenne sous toutes les formes possibles.

À l'entrée de la Ferme, on arrive devant le bâtiment principal ; dédié à l'espace dédicaces, au merch (pour le malheur de notre porte-monnaie), et... aux toilettes ! Terriblement utiles pendant les festoches, où, on le sait, l'alcool coule en assez bonne quantité. Et il y en a, de l'alcool ! Hypocras, hydromel, bière, vin, autant de beaux noms donnant soif que de raisons de passer plusieurs fois au petit coin.

Juste avant l'entrée des festivaliers, marquée par une arche avec une tête de cerf, un petit marché médiéval est ouvert à tous les visiteurs, ainsi qu'une zone d'animations, un petit campement, et le bar, qui vend aussi des crêpes. Une bonne idée pour toutes les personnes qui n'ont pas pu/voulu s'acheter un pass mais qui voulaient quand même profiter de l'ambiance !

Et c'est donc parti ! Vêtu moi-même d'un kilt aux couleurs de la nightwatch (noir et vert), je dois dire que pour une fois, en portant cet accoutrement, je me suis fondu dans le décor ! Nombre de festivaliers étaient costumés pour l'occasion, et c'était sympa à voir.

Arrivé un peu tard (vers 15h30), les hostilités commencent pour moi à l'Abreuvoir avec Vanaheim, groupe néerlandais de pagan et folk metal assez jeune, puisque formé en 2015. Après un départ assez houleux au niveau du son (les voix étaient entendues inégalement, une corde cassée par le bassiste, un son mal réparti sur les instruments), le groupe met l'ambiance avec un son lourd et puissant, ses envolées mélodiques et ses chants épiques. Le chanteur (dont j'admire les sabots jaunes exquis) saute même dans la foule ! Le public (dont je fais partie, évidemment) est ravi pendant leur show de 45 minutes.

On passe ensuite à Cemican dans la Halle, groupe de folk mexicain dont les membres impressionnent avec leur accoutrement disons... Atypique ! Personnifiés en divinités mortelles mexicaines, avec leurs coiffes, maquillages et vêtements, le simple fait de les voir sur scène nécessitait le coup d'œil ! Ils dévoilent un son très heavy, avec des instruments traditionnels, et leur mise en scène est soignée.

Nytt Land démarre ensuite sous l'Abreuvoir. J'avoue avoir été surpris par cette formation. Avec sa musique planante qui nous vient tout droit de Russie, notre esprit voyage, et d'ailleurs, les yeux sont fermés pour beaucoup d'entre nous. Pour profiter simplement du son. Les percussions accentuaient à merveille les récits nordiques transcrits, en plus, par des voix impressionnantes.

Aorlhac tranche et me fait me réveiller de ma transe aussitôt après, avec son son violent, puissant et très black ! J'ai apprécié notamment le scream, pour une fois en français, qui a une teinte vraiment spéciale. Le public est aussi au rendez-vous dans la Halle, ça pogote, mais je décide de m'éclipser du devant de la scène subtilement pour me diriger vers le fameux Caravansérail.

Après avoir été attiré par le doux fumet laissé par les brøds (pains vikings à garnir), je pénètre finalement dans l'antre. Et là, j'entends avec surprise le son d'une guitare sèche, joyeuse, folk, et qui a fait s'amasser un petit public. Je me rapproche donc, et je découvre Dourgan, décrit comme un guitariste breton. Une envie de sautiller me prend, de danser également, et d'autres personnes ont d'ailleurs déjà cédé à la tentation. Je reste un temps et puis, je vais finalement manger un de ces fameux pains vikings. Il y a une longue file d'attente, j'ai donc dû patienter relativement longtemps avant de me faire servir ce qui allait constituer le salut de mon estomac vide, et de mon foie un peu trop lubrifié d'alcool.

Une fois requinqué, je file en direction de l'Abreuvoir pour voir de quoi les frisons Baldrs Draumar sont capables. Leur show est acoustique, prenant, entraînant ! Et la petite info qui fait plaisir, c'est que le groupe fête avec nous ses 10 ans depuis sa démo. Les voix sont vraiment vibrantes, les guitares bénéficient d'un son excellent, l'instru en général est d'ailleurs très claire, même les instruments traditionnels. Il n'en fallait pas plus pour que la foule soit à fond dans la musique, surtout avec une partie parlant d'un mouton... Qui fait bêler toute la salle. Une franche marrade, et on passe pour des joyeux lurons !

À peine le groupe a le temps de finir qu'en face Zywiolak commence. Et je dois avouer que je ne m'attendais pas à ça. Du heavy folk, avec instruments traditionnels, ainsi que des paroles sur la démonologie polonaise... Et pour le dernier point, ça se ressent. Il y a deux voix : un homme, qui donne un son rocailleux et grave, et une femme. Cette femme, elle, chante comme si elle était possédée. Criant, chuchotant, rajoutant un son clair, aigu, en accompagnement, son charisme est indéniable. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour moi, je n'accroche pas, même si les membres sont vraiment doués dans ce qu'ils font et qu'ils sortent des sentiers battus.
Je sors donc après environ trente minutes, pour me balader et me poser un peu avant ce qui m'attend.

Je reviens pour Horn, qui violente l'Abreuvoir de sa rage black, très puissante et rythmée. Le groupe est mené par un chanteur-bassiste dont la musculature est au moins aussi impressionnante que la quantité d'alcool que peut ingurgiter Gérard Depardieu. Ces allemands font chahuter tous les présents, mais malheureusement, le groupe doit composer avec le fait que le concert suivant, dans l'autre salle, soit une des têtes d'affiches, Manegarm. Beaucoup attendent déjà là-bas, et je les rejoins un peu avant la fin du show, qui m'a vraiment donné du plaisir.

Vous savez, pour la petite anecdote, j'avais apporté un petit carnet sur lequel noter des éléments à chaque concert, animation, ou petit détail que je voyais. Et bien, devant Manegarm, je n'ai RIEN écrit. Rien du tout, tellement j'étais absorbé.
Non seulement les interactions avec le public sont dynamiques et drôles, mais en plus des musiques tout à fait renversantes, nous avons la chance d'assister à la première mondiale de leur nouveau titre « Sveablotet » bien punchy en live. La foule est enflammée tout le long du set et Manegarm emmène son public comme sur un langskip parti en conquête de nouveaux territoires, prêt à en découdre. Le maintenant classique et inévitable « Odin owns ye all » se profile et c'est l'apocalypse, les pogos déferlent et les slammeurs ne cessent jamais de faire goûter leurs chaussures aux chevelus devant la scène, et cela sonne la conclusion du show.

Je rentre donc chez moi, de belles images dans la tête, les oreilles qui sifflent, de la bière plein mon kilt grâce à une inconnue qui n'a pas su viser sa bouche avec son verre, mais je suis prêt pour le lendemain.

JOUR 2 -------------------


Bouchons. Des bouchons sur la route. Je les maudis ! Je suis arrivé bien plus tard que prévu, juste avant Skiltron, qui joue à 15h25 à la Halle,
À peine le temps d'aller chercher un déshydrateur de gosier (aussi appelé communément « bière »), je fonce dans la salle pour ne pas louper le concert.

J'arrive donc à temps et réussis à me faufiler à l'avant pour profiter. La présence de la cornemuse suffit déjà à me convaincre et à peine le groupe (de 15 ans cette année) débute que je me prends à headbanger sur les sonorités heavy, power et celtiques. Je remarque cependant que le public féminin est plutôt très réceptif au cornemuseur, torse-nu, bougeant sans cesse, avec une présence surprenante tant au niveau de la sonorité de son instrument que de son charisme. Les festivaliers répondent présent et le groupe les exhortent toujours plus à bouger, et le fameux titre « Bagpipes of war » est un bel exemple d'ambiance du festival : tout le monde danse, pogote, slamme, chante, le tout dans la joie, la bonne humeur et l'alcool !

Je décide de me passer de Himinbjorg qui, même en effectuant un set vraiment propre, d'après ce que j'ai entendu, est un peu difficile d'accès pour moi. Un son très black, voire death bien musclé, mais pas assez mélodique pour ravir réellement mes oreilles.
Je me balade donc dans l'enceinte de la Ferme, prends un petit hydromel au passage et me dirige vers le Caravansérail, où Scurra fait sonner une musique médiévale chantante pendant que je m'occupe à faire du lèche-stand.

Mais je me dépêche ! Car il est 17h05, et un groupe que j'attendais impatiemment va jouer à la Halle : Obscurity.
Et j'ai été tellement déç... Pas du tout ! J'ai adoré, et ça a été pour moi le meilleur concert du festival, même en prenant en compte un deuxième renversage de bière, cette fois-ci sur mes chaussettes hautes en laine et qui n'ont pas pu sécher jusqu'à la fin du festival.
Les allemands nous servent du viking brut, sans fioriture, on voit qu'ils prennent du plaisir à jouer et, en bonus, c'est l'anniversaire du chanteur !
Beaucoup comparent ce groupe à l'Amon Amarth allemand, mais il n'en est rien pour moi. Le public répond présent à chaque interaction avec le groupe, et le titre « Blut und feuer » (mon préféré, au hasard...) donne des ailes, fait hurler tout le monde à chaque refrain et fait monter l'ambiance à son apogée. En parlant de monter... Le chanteur invite à la fin certaines personnes du public à monter pour headbanger avec eux, sur scène ; j'ai aussitôt profité de l'occasion pour pousser mon père qui m'accompagnait, et j'en garde une très belle vidéo !

À la fin, pris d'une faim de fenrir (j'espère que vous avez compris la blague, sinon je pleure), mais voyant tout le monde qui attend son brød, je décide de sortir du festival pour manger un peu de fast food bien gras.
En revenant, je passe au merch pour acheter la fameuse bière du festival au miel, ainsi qu'un sweatshirt.

Je jette ensuite une oreille à Bucovina dans la Halle. Je dois bien admettre que ces roumains savent y faire. Du bon petit metal rapide et tranchant, qui amène même le public à faire un wall of death ! Malheureusement, le groupe prend du retard, et je dois m'en aller car à l'Abreuvoir va jouer Helsott.

Il est 20h05 environ, et le groupe californien monte sur scène. Il s'agit de sa première fois en France, et, connaissant le groupe depuis un certain temps déjà, j'avais plutôt hâte de le retrouver « en vrai ». La voix du chanteur est puissante, profonde et violente, la basse ressort bien et donne de la puissance aux rythmes, la guitare est incisive, et tous ont l'air de prendre du plaisir. Mais moi, ce qui m'attire le plus, c'est la batterie. Je crois ne jamais avoir vu une telle performance avec cet instrument. Le batteur, semble-t-il, est pris d'une rage aussi inexplicable que l'existence même de l'ornithorynque ; il headbang à tout va, chante, sourit, tout en battant furieusement, puissamment et avec un dynamisme soutenu jusqu'à la fin.

Aussitôt fini, aussitôt parti ! En face, va commencer Finntroll et, pour rien au monde, je ne louperais ce concert. J'écoute leur musique depuis la sortie de Trollhammaren, à mes 9 ans. Et oui, c'est un bébé qui vous écrit ce bon gros pavé (César !). Sauf que, et ce n'est pas faute d'essayer, je ne les avais encore jamais vus ! Une honte pour moi, mais heureusement cette fois, je peux rectifier mon erreur.

Et c'est parti. Leur son épique, elfique, violent, dansant et puissant me fait bouger les cheveux telle une éolienne. L'ambiance est à son comble, la Ferme entière vibre au son du groupe qui clôture ce festival. Dans la foule, c'est un carnage. Tout le monde bouge, danse, crie, chante. Il fait chaud, très chaud, mais il fait folk metal, et ça compense (comment ça, ça ne veut rien dire ?). Les titres comme Solsagan détonnent, et je sens presque mes oreilles pousser en pointe tellement je suis en transe.
Je décide d'abandonner la barrière pour aller vers l'arrière de la salle, pour profiter du son et pas des pogos, puis, pris d'une soudaine soif, je cours vers le bar pour une bière et... Il n'y en a plus. Damned ! Tant pis, je repars dans l'édifice qui est devenu la grotte des trolls et je continue la fête, jusqu'à la fin ; malheureusement, le chanteur ne souhaite pas faire la classique photo de concert avec la foule... Je suis triste.

Et voilà qui marque la fin du festival.

Pour conclure, j'ai particulièrement aimé l'ambiance présente, les animations et les concerts. Je n'avais jamais encore participé à ce rassemblement metallique, mais ce ne sera certainement pas la dernière fois que j'y vais. L'affiche est particulièrement intéressante avec des groupes venant de tous horizons, qui ont chacun leur particularité et donnent de la variété dans le milieu du folk, pagan, viking, et même black.

Mes seuls regrets ont été des stocks du merch du festival (t-shirts, sweats et bières spéciales) beaucoup trop justes, qui ont presque tout fait tomber en sold out dès le premier soir. J'ai aussi entendu que le nombre d'exposants était moins élevé que l'année précédente mais, à vrai dire, comme je n'y étais pas... Cela ne m'a pas forcément dérangé ! Même si j'en aurais effectivement voulu un peu plus.

À l'année prochaine donc !


Tom



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