Je suis retourné au Hellfest.
C’était bien.
C’était pas mieux.
C’était un peu nouveau.
C’était toujours le Hellfest.
Je vais d’abord placer mon billet d’humeur sur un certain nombre de choses, des pensées, des avis, des points de détail (comme baverait Jean-Marie, sauf s’il cane d’ici la sortie de ce report). Si les élucubrations de mon cerveau fumeux vous débectent, vous pouvez scroller direct plus bas et admirer mes photos dégueulasses, et les autres, superbes, de tout plein de bonnes gens qui ont daigné me les proposer pour illustrer cette bafouille.
Si si, passez cette partie, sinon vous allez vous taper beaucoup de texte, genre comme une page d’un vrai magazine en papier et tout, comme Rock&Folk. Mais si, vous savez, comme Ultrarock en moins bien et en papier, forcément y’a ni Freb ni Ess ni Lulu dedans.
Pourquoi c’était toujours bien et toujours le Hellfest ? :
Simple, j’y ai retrouvé ce que j’y cherche à chaque fois : une ambiance particulière avec sa déco unique et son échelle inégalée, une affiche démentielle et peut-être la meilleure d’Europe (avec le Wacken, forcément moins bien car à plus d’une heure dix de chez moi), garnie de groupes américains qu’il me serait impossible de voir autrement et aussi facilement à moins d’avoir un train de vie digne d’un oligarque russe (avant 2022). Chaque jour, c’est une orgie de concerts exceptionnels, avec une offre super éclectique qui peut vraiment combler tous les gens non monomaniaques, dans à peu près tous les styles qui sont sortis un jour d’un ampli pas trop dégueulasse.
Y’en a un peu plus, je vous le mets ? L’orga est toujours top, que ce soit bouffe, chiottes, point d’eau, sécu, merch, camping, navettes, et évidemment l’apéroooooOOOOOOOOOooooooOOOOOOOOO.
Pourquoi c’était un peu nouveau ? :
Cette année, on revient à un format week-end unique, l’année dernière étant la particulière session de rattrapage de fest repoussé suite au COVID. Mais, en même temps, on inaugure (à priori de façon pérenne) le principe du week-end à quatre jours. C’est … Significatif.
D’un côté, bah c’est ENCORE PLUS de métal. Et on (je ?) n’en a jamais assez. Pour être clair, c’est dès le jeudi après-midi, concerts à partir de 16h30 sur site. Et J’ai kiffé tout ce à quoi j’ai participé, aucun regret.
… Mais de l’autre côté, quatre jours, c’est long. Usant. Je précise que j’ai une très bonne condition physique, que j’étais aux concerts pour ainsi dire du premier set jusqu’à deux heures du mat’. Et je suis du genre à pogoter comme un débile et circlepiter régulièrement, c’est bon pour le fractionné. Le résultat, je l’ai payé le dimanche soir, les derniers concerts étaient toujours très bons, mais dans la douleur.
Il y a un vrai impact violent du quatrième jour sur la fatigue d’un corps humain. Le double HF, l’année précédente, avait été un peu similaire, le dimanche soir, j’ai fait l’impasse sur METALLICA, trop crevé. Donc c’est du nouveau, c’est bien, mais pas forcément mieux, pour ma santé en tout cas. Et je n’ai pas évoqué l’aspect financier qui pèse encore plus avec une journée supplémentaire.
Les travaux :
La tente Valley a été déménagée à côté de la Warzone, aérant pas mal la circulation du site, et offrant de très bonnes conditions d’écoute en extérieur, avec un petit vent c’était nickel pour planer.
Et à la place de l’ancienne Valley, la nouveauté c’est le nouveau site de merch, le Sanctuary, sorte de grand temple dédié à la consommation (oui, je vois aussi l’ironie de la chose, et j’en suis la victime consentante, comme vous). C’est… Vraiment mieux. Ne laissez pas les files d’attente vous décourager, elles sont très longues mais elles avancent beaucoup mieux qu’avant, et on est servi plus vite. Je l'ai testé le samedi, il y avait encore pas mal d'articles et très peu en rupture, évitez simplement de vous réveiller trop tard le dimanche.
Juste à côté de la Temple a été relocalisé le merch artist, ce qui permet de centraliser un peu les choses, c’est pas plus mal, même si, n’y allant personnellement jamais, je ne peux pas vous en dire grand-chose.
Tout ça veut dire aussi que les spots centraux de merch ont, du coup, été réaffectés… en débits de boisson. Plus de spots où boire un coup, on ne va pas se plaindre, d’autant que l’un d’entre eux a été dédié « bar à cocktail ». Le « Moscow Mule » est redoutable. Mention spéciale au petit malin qui a mélangé de la Suze et du Red Bull et trouvé le nom qui va avec…
Le camping payant :
Le truc nouveau, pour moi, c’est le test du camping Easycamp (le payant, celui pour les nantis). J’ai payé le camping puisque je ne payais pas mon pass, en sale chroniqueur tout corrompu que je suis.
Alors, est-ce que c’est bien ? En tant que camping, c’est bof. Ce que vous payez réellement, c’est le fait de pouvoir rentrer vous écrouler dans votre pied-à-terre en seulement 30 minutes depuis les mainstages à 2h du mat’, au lieu de 1h30 dans la transhumance du metalcorner.
Est-ce que ça vaut le coup ? Pour moi qui suis en forme, non. J’aurais pu faire l’effort du camping loin et bruyant mais osef avec des boules quies.
Pour quelqu’un qui a des articulations usées, un âge avancé, ou une condition physique un poil fragile, ça fera la différence entre un bon festival et une torture, c’est vraiment à vous de voir.
En termes de tarif, ça correspond quand même à un quatre étoiles en bord de méditerranée haute saison, vous êtes prévenus. Vous y trouverez un logement sobre et équipé (évitant de trimballer la tente, les matelas, les duvets), des douche/chiotte spécifiques, un point de vente de bouffe, et même un bar à huîtres (oui, c’est vraiment un spot de droite).
Donc, l’année prochaine, je prendrai mon chariot, et retournerai vraisemblablement au camping gratos avec la plèbe grouillante et bruyante.
Hé, c’est ça la vraie expérience Hellfest.
Évidemment, c’est toujours un festival généraliste, énorme, donc les TRVE trouveront toujours quelque chose à redire, les agoraphobes trouveront qu’il y a trop de monde, les vampires qu’il y a trop de soleil et les incultes trop de bruit.
A tous ceux-là, je leur répondrai de ne pas s’inquiéter, je ferai (et fais déjà) des reportages de fests à échelles diverses, des énormes comme des petits de village. On en reparlera prochainement.
Point Arte Concert : je précise, pour chaque concert auquel j'ai assisté, si vous avez la possibilité, pour les fans, de le voir en replay sur la chaîne Youtube « Arte Concert ». Pour info, vous avez un an pour le mater, à compter du jour d'upload. Après, ils sont retirés pour une exploitation classique (Arte n'a pris qu'un an de droits). Enfin, mes indications ne sont valables que pour la sortie de ce report, il est probable qu’Arte n'a pas tout sorti, l'année dernière, il en publiaient encore jusqu'à quatre mois après l'évènement.
Bon, on attaque le Running Order ?
---------------- Petite journée intro jeudi 15/06 aprèm, 16h30 :
Comme chaque année, y’a trois concerts en même temps, et on fait ce qu’on peut mais on doit manger/dormir donc on en rate encore un peu plus, à cumuler avec les trois interviews que j’ai pu faire et qui sortiront (un jour). J’ai la sensation d’avoir fait un maximum de concerts, mais pardon d’avance aux fans qui me cracheront dessus car je n’ai pas vu leur « Groupe Favori Best-Ever Of The Weurlde ».
POESIE ZERO : dans le genre on attaque fort, ça se pose là. Groupe revendiqué keupon engagé, c’était une super énergie. Par contre il faut être armé psychologiquement et accepter un chanteur qui passe son temps à insulter le public et remettre en cause le festival (et le choix d’inviter des gens controversés, Phil Anselmo ou Johnny Depp). Ils en profitent d'ailleurs pour inviter le premier girl's band non officiel, les VULVES ASSASSINES, pour un featuring sur le titre « technopolis », et ramener sur le devant de la scène le manque criant de femmes. Je passe sur les polémiques pour confirmer que leur set, c’est le feu. Ça faisait longtemps que j’avais pas vu un tel résultat, juste avec une gratte et un laptop. [Arte concert : oui]
HARAKIRI FOR THE SKY : Je n'en ai pas vu assez. Je suis arrivé en cours de set post interview, j'étais mal placé, je n'ai pas pu en profiter correctement. Ce qui est d'autant plus problématique au vu de leur musique post-black qui nécessite une écoute attentive dans la durée. Donc je m'arrêterai là pour le duo autrichien. [Arte concert : non]
ARCHITECTS : Très grosse prestation des britanniques, c'était un peu mon set de rattrapage après les avoir manqués en 2019, et le moins qu'on puisse dire c'est que Sam Carter avait l'air content d'être là, et ce devant une audience monstre, beaucoup plus impressionnante que la fois précédente, où ils terminaient la journée. Un énorme groupe actuel, à voir (même si en général c'est un peu tristoune, notamment du fait de la tragédie du décès de leur guitariste initial) [Arte concert : oui]
KISS : C'est toujours bien... mais on les a déjà vus en 2019. Donc on a maté ça de loin quelques morceaux et puis on est passé à autre chose. C'était quand même à priori une des dernières chances de les voir, car il s'agissait de leur dernier hellfest et de leur dernier concert en France, car il est question de retraite derrière. Info à prendre avec des pincettes, c'était déjà censé être leur dernier Hellfest les éditions précédentes. [Arte concert : non]
BEHEMOTH : Nergal ne m'a jamais déçu, et ça n'a pas changé cette année. Behemoth est un show énorme musicalement ET visuellement, ce dernier aspect étant trop souvent délaissé alors qu'il y a tant à faire. Le quatuor polonais nous a tous mis en transe avec son blackened death frontal et surpuissant. La grosse baffe. [Arte concert : non]
PARKWAY DRIVE : Un peu comme ARCHITECTS, c'est le groupe Metalcore de ces dernières années. C'était énorme, c'était rempli, archi blindé et ça a surpris Winston McCall, le chanteur, qui n'en revenait pas. C'était le feu. Énorme pit... bien qu'un peu teubé, on sentait que certains n'y allaient jamais (ou était plus torchés que de coutume), car il y avait beaucoup de mauvais gestes. Le seul autre point noir, c'était la seule ballade en chant clair, la justesse était un peu trop approximative, ce qui est peut-être une séquelle des problèmes de voix qu'a connu le chanteur. [Arte concert : oui]
----------------Vendredi 16/06 :
ACOD : Un des premiers groupes de la journée, les marseillais d'ACOD ont déroulé dans la temple leur set de Blackened Death très solide et efficace. J'en ai malheureusement loupé la moitié à cause d'un souci à l'extreme market, mais je me rattrape avec une interview qui sortira un de ces jours. [Arte concert : non]
NOTHING MORE : Groupe texan assez sympathique, leur set relativement léger nous a un petit peu occupé le matin. C'était sympathique sans plus, même si le chanteur donne de sa personne. [Arte concert : non]
ELEGANT WEAPONS : Un peu dans le même ordre d'idée, C'était sympa sans plus. Pour moi, c'est typiquement le syndrome du supergroupe : tous les musiciens sont des stars, mais l'empilement de leurs talents ne donne pas de chef d'œuvre absolu, seulement des chansons correctes, bien jouées et chantées (et bien fringuées, la sape or et noir, ça rendait bien pour les photos). [Arte concert : non]
GREG PUCIATO : Honnêtement un peu déçu malgré une très bonne prestation de Greg. Non pas que c'était mauvais, mais dans mon esprit je partais vers un autre type de son, n'écoutant pas The Dillinger Escape Plan. Malgré tout, il faut reconnaître une présence scénique forte, une voix unique et je ne peux pas cracher décemment sur un chanteur qui reprend ALICE IN CHAINS. [Arte concert : non]
FLYING BRICKS : Petite parenthèse pour un groupe Manceau (donc des voisins), seul groupe dont on parlera en Hellstage, pour un set très pro et carré, pas de pains, un chant juste qui sait faire réagir son public, on vous suivra et on vous aime les copains. [Arte concert : non]
FLOGGING MOLLY : Pour eux j'ai loupé DEF LEPPARD que j'aime bien et BLOODBATH que j'aime beaucoup. C'est vous dire si j'adore les californiens et leur punk-folk celtique. C'est parti pour une heure non-stop de pure bagarre . L'énergie de Dave King et du reste du groupe est une maladie contagieuse intense et joyeuse dont on ne voudrait jamais guérir (ok, peut-être une pause pour souffler de temps en temps, à la rigueur). Après ça, j'ai dû aller me changer et... loupage de GORGOROTH. Tant pis. [Arte concert : oui]
MACHINE GUN KELLY : Clairement, mon idée préconçue, c'est que c'était du rock à gonzesse (on est un peu beauf quand on a des préconceptions). Mais... C'était quand même bien joué, chanté, rappé. Et, moi qui déteste le rap, si je vous dis que c'était bien, ça vous donne une idée du niveau de la prestation. A défaut d'être client, c'était un très bon set filer, le temps de se positionner pour la suite... [Arte concert : non]
MÖTLEY CRÜE: C'était super, mieux que je pensais. Je m'attendais à un show un peu pathétique de vieux camés qui galèrent et doivent payer des impôts, j'ai eu un set impressionnant, cool façon eighties et des musiciens en place (ou presque). Je savais John 5 au taquet, (même si Mick Mars, qu'il remplace, n'était pas dégueu), mais le point noir, c' était le chant de Vince Neil qui lutte... La justesse était ok, mais le souffle manquait, on a senti le léger playback pour aider, et même les stripteaseuses ne suffisaient pas à cacher la misère. Mais le spectacle global était cool, c'était légèrement beauf régressif, y'avait tous les hit. J'ai chanté tout du long, fan que je suis. [Arte concert : non]
SUM 41 : histoire de finir, mais clairement moins emballé, je me suis mis devant SUM 41, groupe de la jeunesse et du collège. Les trois premiers titres sont cool, et puis... non, pas envie, dodo. Le peu que j'ai vu des canadiens était plutôt bon, Deryc Whibley tenait sa place. [Arte concert : non]
-------------Samedi 17/06:
NATURE MORTE: On les a écouté en dilettante, dans la file d'attente du sanctuary. Du black atmo, parfait pour glisser dans du métal douuuucement après un réveil compliqué, une écoute passive très bonne dès potron-minet, merci au trio parisien. [Arte concert : non]
KING BUFFALO : On continue sur la douceur ouatée des guitares matinales avec les new yorkais de KING BUFFALO et leur très joli et mélodique stoner (même si j'en ai loupé dix minutes à cause du point cashless qui marchait pas, bordel). Set trop court (40 min) surtout avec des titres d’entre 7 et 10 minutes chacun. Parfait pour planer dans une autre galaxie. [Arte concert : non]
GRANDMA'S ASHES : Premier girl's band officiel, et encore, c'est en replacement d'une annulation, les
cendres de grand-mère nous ont balancé un gros son blues/stoner avec des passages funk de grande qualité. Que dire, sinon que 45 minutes c'est trop court, que la chanteuse rappelle qu'il n'y a que 9 femmes pour plus de 200 artistes, et qu'elles ont terminé sur mon titre préféré. Et que c'est un groupe français. On a quand même de sacrées pépites chez nous. [Arte concert : non]
SOUL GLO : On va chercher un peu la bagarre avec le hardcore psychobilly de SOUL GLO, mais déception suite à deux problèmes. Problème 1 : le chanteur Pierce Jordan est blessé, il ne bouge donc pas, ce n'est pas l'idéal pour diffuser la violence dans un pit de hardcore. Et problème numéro 2 : pas assez fort, le micro, et quand la voix est fondamentale, ça ne pardonne pas. Surtout dans un registre, le psychobilly, où la voix est à la fois chant et presque une percussion, c'est un manque criant. Sans ça, c'est juste hardcore bof sans plus. Petit moment sympa où le chanteur se plaint de manquer de beuh et qu'un membre du public lui fait passer son joint, à son plus grand étonnement. Je n'incite pas, j'apprécie juste le moment de générosité, de partage et d'interaction avec le public. Déception donc, même si le pit était assez bon pour une petite séance de sport. [Arte concert : non]
ARCH ENEMY : On est arrivé à la fin d'Arch Enemy et... sans plus. J'ai jamais été un fan plus que ça, passé la surprise initiale de voir un petit bout de nana growler comme un ours, je n'ai jamais rien trouvé de spécial à leur musique. Efficace sans plus. L'idée, c'était de se rapprocher des mainstages, car il y avait coup sur coup deux groupes de légende qui enchaînait derrière, donc j'ai écouté Alissa White-Gluz poliment en attendant la suite, et ça passait bien. [Arte concert : non]
PORCUPINE TREE : Ou le premier groupe de... pas métal. Dire que l'attente était énorme est un euphémisme pour peut-être le groupe le plus important du rock prog des année 90s. Il fait partie de ces groupes d'anciens dont je n'osais pas imaginer pouvoir un jour les voir sur scène, et quel moment, quelle émotion. Il faut bien imaginer qu'à ce moment on en est déjà à presque trois jours de hellfest et que nos oreilles sont déjà bien fatiguées d'ouïr des guitares saturées, alors passer à des douze cordes cristallines, des instruments acoustiques et un chant clair quasiment murmuré, ça donnait l'impression de se rincer les oreilles ou d'avoir un massage relaxation intime des tympans. C'était bon à ce point-là. Doit-on mentionner que le Hellfest est le premier concert pour leur reformation après un hiatus de douze ans ? Qu'il a dit (démagogie ou non) qu'il venaient au Hellfest car c'était le seul festival suffisamment ouvert d'esprit pour les recevoir ? Que leur musique est toujours aussi exceptionnelle ? Que Steven Wilson a toujours une gueule d'étudiant malgré 55 balais (un peu comme Keanu Reeves qui doit être un vampire). Qu'ils ont fini par « Trains » qui est une chanson juste parfaite ? Que l'un de mes concerts préférés dans un festival du métal n'en est justement pas, du métal ? [Arte concert : non]
POWERWOLF : Pourquoi suis-je resté à Powerwolf et son power gentillet alors que je suis pas fan ? Parce qu'après eux, c'était le fameux deuxième groupe de légende. Mais quitte à rester, on passe un super moment avec les loup-garous préférés d'Allemagne. Parce que tout le monde chante, que les mélodies sont sympathiques, et qu'ils ont fait l'effort de sortir un de leur titre dans la langue de Mcflo et Carlital : « Bête du Gévaudan ». C'est un vrai bon groupe populaire et accessible, super pour initier des gens au metal gentiment. Et ce chanteur (Attila Dorn) est adorable.
IRON MAIDEN : Évidemment. J'étais obligé. Le groupe de heavy peut-être le plus consensuel, le plus mythique parmi les vieux encore en activité, j'étais moralement obligé de les voir en tant que chroniqueur Ultrarock, pour pouvoir dire « J'ai vu Maiden en concert ». Et C'était bien. Je suis malgré tout un peu déçu, dans la mesure où ils défendaient un nouvel album et n'étaient donc pas en mode pur best-of, on a évidemment pas eu tous les grands classiques. Mais ne boudons pas notre plaisir : on a quand même affaire à des musiciens tous exceptionnels à leurs postes. Tous bons malgré leur âge, un peu comme la dernière fois que j'ai vu les Stones. Un micro-pinaillage pour le titre « Fear Of The Dark. Ils le font tellement en automatique, en pure habitude, que, paradoxalement, ils ne sont pas super en place les uns aux autres, et le résultat est un peu brinquebalant. Au final, j'y retournerai pas forcément, mais j'ai passé un bon moment et j'ai vu un groupe mythique. Check. [Arte concert : non]
THE HU : OK, je ne les ai toujours pas vus, perso, mais des amis m'ont passé des images que je souhaite malgré tout vous partager, et puis c'est le groupe préféré de mon gamin, donc obligé de vous dire que les mongols ont encore réussi un super set qui a enflammé la Temple et, si vous me croyez pas j'ai envie de vous dire >>> : [Arte concert : oui ]
WITHIN TEMPTATION : Un autre groupe fileur sympa, je suis resté positionné en mainstage pour finir surtout avec celui d'après. Les néerlandais étaient aussi le seul groupe de métal sympho de mon festival, et c'était agréable de changer un peu de registre. On peut dire qu'ils ont de la bouteille après 20 ans de carrière, la chanteuse (Sharon den Adel ) est toujours au cordeau, même si c'est un poil tristoune, entre« Supernova » en hommage au père décédé, puis un autre morceau dédicacé à un membre du groupe parti en Ukraine. À part ça, c'était magnifique. C'est beau, pas forcément énervé ou rock dans l'âme, mais beau. C'est pas ma came mais, quitte à attendre, c'est un privilège de pouvoir entendre ça. C'était ma dernière pause assise et relax avant le grand final... [Arte concert : non]
CARPENTER BRUT : De la synthwave, darksynth, autrement dit techno boîte de nuit années 80 façon film d'horreur, les synthés modulaires qui créent du son au lieu d'imiter, j'adore. C'est un peu de la triche, ce son est une madeleine de Proust pour les gens de ma génération (écoutez la B.O. de Stranger Things pour voir de quoi je parle). Une montée en puissance de fou. Un pit infernal comme il se doit, même si (comme toujours) trop de slammers. Beaucoup du dernier album « Leather Terror », et featuring de quasiment tous les chanteurs de ce dernier album, notamment notre fameux Greg Puciato, c'est un vrai privilège du hellfest que de les avoir quasi tous en live. Avec le petit finish en reprise de « Maniac », chanté par Monsieur Yann Lignier de KLONE (comme les musiciens live de CARPENTER BRUT d'ailleurs). Magnifique point d'orgue de clôture d'une journée riche en moments grandioses. [Arte concert : oui]
----------------Dimanche 18/06 :
ALEISTER : On étaient devant, notamment pour pouvoir dire... qu'on a au moins une fois été devant. A l'aurore du Hellfest, on a pu apprécier le Trash francomtois du quatuor, bien frontal et efficace, à l'ancienne. Avec nos bières dès 11h du matin, c'était cool pour démarrer les headbangs, bien que, comme trop souvent, leur set était trop court (30 minutes) et qu'ils ont terminé avec « Liar », super titre de fin de « Nightmare », leur nouvel EP. Et j'ai chopé le T-shirt, et donc c'est trop cool. [Arte concert : non]
FLORENCE BLACK : On change d'univers pour les ballades heavy bien mélodiques des gallois de FLORENCE BLACK. C'est un peu mon coup de cœur dernièrement, avec leur titre « Sun & Moon » qui est un classique instantané. Voix nickel, mélodies aux petits oignons, bonne présence en main stage, évidemment trop court... [Arte concert : non]
Et là on s'est mangé la pire calamité du fest, la flotte. Et celle de Loire-Atlantique est du genre vénèr', épaisse, froide, et clairement pas au courant qu'on est censé, à ce moment, être presque en été. Ça a été l'occasion d'une pause sieste autour d'une flammeküeche froide et mouillée, avant d'y retourner écouter des dieux vivants, les types de :
VEKTOR : Exceptionnel. Mes dieux vivants du thrash technique ont assuré un set exemplaire et impressionnant de précision, le tout avec le sourire qui te ferait croire que ce taf monstrueux est quelques chose de facile (rien n'est plus faux). Trop bon. Si je les adore, c'est aussi parce qu'en dépit de la technicalité démentielle, ça reste mélodique, donc joli, donc écoutable et pas moche. C'est fun, c'est à voir, des guitares à l'unisson qui font fi des triples croches dans des gammes obscures. [Arte concert : non]
SHE PAST AWAY : Dans le genre contraste radical, on fait rarement plus violent : de la Cold Wave, avec ses synthés à l'ancienne, la boîte à rythme qui occupe l'espace et un guitariste chevelu à la Robert Smith, voix d'outre-tombe et une présence assez en retrait très statique. Presque drone, le côté très lancinant invite à la transe. Le duo turc a proposé une expérience unique. A voir, même si c'est un peu redondant à la longue. [Arte concert : non]
ELECTRIC CALLBOY : Les allemands ont bien sûr tout secoué comme à leur habitude. Un groupe super bon enfant et bienveillant, toujours à changer de costume, très humoristique, dansant et entraînant. Vraiment le groupe, tu peux presque y emmener ta mère et qu'elle passe un bon moment même si y'a un poil de bagarre. Un bon gros fix de bonne humeur. [Arte concert : non]
AMON AMARTH : Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un grand fan du metal viking en général et d'AMON AMARTH en particulier, c'est pour moi un autre set filer en attendant vous aller voir qui. Je n'ai malgré tout pas passé un mauvais moment au niveau du show proposé à base de Drakkar et de dragon gonflable, mais leur musique un brin poussive ne me transporte pas. [Arte concert : oui]
CRISIX : Remplacement au pied levé de Incubus, je ne pouvais pas être plus heureux. Non pas que je n'apprécie pas les américains, simplement les espagnols de CRISIX et leur thrash hyper nerveux, c'est résolument mon délire, et selon moi le meilleur joker du monde. C'est simple, ça me rend débile, je saute partout et m'embarque dans les circle pits et la bagarre. Il diffusent une telle énergie, font toujours leur super medley avec un bout d'antisocial dedans, le guitariste vient dans le circle pit, on ne peut pas ne pas les aimer. Et y'a une certaine poésie dans le fait qu'ils obtiennent ce retour en mainstage : à l'édition précédente, le batteur avait été absent pour cause COVID, et il a pu être là ce jour. C'est choupinet, j'adore. [Arte concert : non]
TENACIOUS D : C'est pour eux que j'ai supporté Amon Amarth, et ça valait tellement le coup. Jack Black est impérial, Kyle Gass aussi. C'est un spectacle de bout en bout, au sens que tout est scripté de A à Z et bien fait. Chacun des titres est entrecoupé de saynètes et de sketchs, la plupart repris du film « TENACIOUS D and The Pick Of Destiny ». Pas très spontané mais super bien en place. Etant un fin gourmet et expert en humour, je ne puis que préciser m'être fortement gaussé de façon drôlatique. D'ailleurs, un peu comme PORCUPINE TREE, avoir autre chose que du metal, ça reposait un peu. Les fans ont eu tous les ingrédients du mythe, le robot pour le « métal », le diable, le saxoboom. Si ça ne vous parle pas, soyez heureux, vous avez un univers à découvrir. Grosse déconne du début à la fin, « Master Exploder » déboîte toujours. Les fans ne s'y sont pas trompés, comme la demoiselle avec ce panneau que je ne traduirai pas : « Jack marry me... Or just a gentle fuck ? » [Arte concert : non]
RISE OF THE NORTHSTAR : J'en ai vu qu'un petit bout, c'est toujours du bon hardcore français qui met tout le monde d'accord, super moments à bagarre mais... j'étais trop claqué. Ils ont toujours leur image maîtrisée, et un public tenu et réactif, rien à dire, foncez. [Arte concert : non]
SLIPKNOT : Je n'ai hélas pas tout vu et j'étais un peu loin, je dirais seulement que Corey Taylor a toujours l'air en grande forme, le SLIPKNOT des beaux jours existe encore avec les nouveaux musiciens qui font perdurer l'esprit, malgré les décès tragique de Joey Jordison et Paul Gray, mais surtout c'était assez bon pour me faire réviser mon jugement sur le groupe. Pour faire simple, je les ai découverts au lycée et ce n'était, à l'époque, pas ma tasse de thé. Pourtant, j'ai maintenant envie de redécouvrir leur discographie. Un concert qui redonne l'envie d'écouter, c'est plutôt bon signe quant à sa qualité. [Arte concert : non]
TESTAMENT : Et on termine par une valeur sûre, le thrash old-school de Testament, ancien mais toujours bien pêchu et contagieux. Les mecs sont en or, Chuck Billy est toujours une crème au sourire communicatif et à la bonne humeur inoxydable, et les gars sont cool à faire une distribution permanente de plectres. Rien de révolutionnaire, que du classique, bien fait et avec amour, parfait pour clore un Hellfest bien riche et crevant. J'avoue bien volontiers qu'à ce moment-là, j'étais au bout de ma vie, mal au dos, mal aux pattes, mal au portefeuille... Mais tellement bien dans mes souvenirs tout neufs. [Arte concert : non]
Oui, j'y retourne l'année prochaine. Soit en tant que chroniqueur Ultrarock, soit en tant que festocheur lambda, soit en tant que bénévole, soit en tant que resquilleur, mais on n’en a pas fini avec Clisson.
Merci aux nombreux photographes qui ont contribué à ce petit dossier, JC Forestier de Nawak Posse pour ses œuvres d'art, Orane Lanois pour le soutien moral, Coach Ben pour la bière et les souvenirs.